Novembre 2001 Par A.-M. PIRARD Lu pour vous

Régulièrement, les professionnels de la santé s’interrogent sur le bien-fondé et sur l’utilité de leur action en promotion de la santé. Sans se le dire clairement, car le mot reste rébarbatif, ils sont donc demandeurs d’une évaluation de leur action. Evaluer, en effet, ne signifie rien d’autre que d’accepter de se poser de bonnes questions, accepter de remettre sa pratique en cause, accepter d’interroger les objectifs de son programme, accepter de discuter des valeurs qui les sous-tendent, accepter d’évoluer.
Tout ceci est plus vite dit que fait… Pour évaluer correctement une action, il faut en effet accepter le regard de l’autre sur sa pratique, mais aussi utiliser une démarche adéquate, mettre en œuvre une stratégie et des outils opérationnels. Pour cela, la seule bonne volonté ne suffit pas. La Mutualité française a donc rédigé un Petit guide de l’évaluation en promotion de la santé . Se fondant sur l’expérience professionnelle des acteurs de terrain et en collaboration avec eux, ce guide se veut résolument pratique et concret.

Un outil de travail

Le premier chapitre donne un aperçu synthétique du monde complexe de l’évaluation. Dans le maquis de références, de terminologies et de stratégies, l’auteur, Francis Nock , opère des choix et les expose clairement. Son but est de donner un outil pratique aux équipes engagées dans un programme qui fonctionne sur le terrain depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, et soucieuses de l’évaluer.
Le deuxième chapitre plonge donc dans le vif du sujet en définissant le cadre de l’évaluation. « Evaluer , c’est produire des connaissances sur lesquelles on applique un jugement pour prendre des décisions » affirme Francis Nock. Pour évaluer un programme, il faut donc s’assurer que ses objectifs sont clairement définis. L’évaluation sera alors l’occasion d’une discussion sur les valeurs qui animent les intervenants et fondent le programme. Il faudra ensuite définir les indicateurs à recueillir pour rassembler suffisamment de connaissances sur le programme et ses effets.

Soumettre son activité aux regards

L’observation de l’activité fait l’objet du troisième chapitre sous le titre explicite « Dire ce que l’on fait ». En effet, chacune des activités que l’on veut évaluer, nécessite un recueil de données spécifiques. Il faut partir des données «naturellement» disponibles (comptes rendus de réunions, éléments de communication, etc.) puis affiner les données recherchées. Il faut alors imaginer des grilles ou des fiches, les tester pour les améliorer, les analyser régulièrement. Fastidieux? Sans doute, mais indispensable pour avoir la distance qui permet de piloter le programme. Cette phase se fera en équipe, chacun acceptant de soumettre son activité au regard de tous. Toutefois, pour en savoir plus, il faut solliciter aussi les destinataires du programme. C’est l’objet du quatrième chapitre du Guide .

Rigueur et imagination

Comment utiliser les résultats? C’est l’objet du cinquième chapitre «Juger et décider». Maîtres mots de l’exploitation des données: rigueur et imagination. Rigueur dans l’analyse des données et dans l’examen des faits. Rigueur aussi dans l’interprétation des données, mais rigueur mélangée de curiosité et d’imagination. Il est utile de comparer les résultats obtenus avec les résultats d’autres enquêtes et utile aussi de les soumettre à différents intervenants ainsi qu’aux bénéficiaires du programme. Souvent, l’évaluation permet de répondre à certaines questions, mais elle en soulève d’autres…
Enfin, que faire des résultats? Les diffuser bien sûr et ceci sous des formes variées en fonction des objectifs poursuivis: rapport complet pour les décideurs et les principaux partenaires, résumé pour d’autres professionnels, synthèse vulgarisée pour le public…
Comme il se doit, le guide se termine sur une bibliographie détaillée qui permettra aux personnes intéressées d’approfondir encore la démarche.
Anne Marie Pirard
NOCK F., Petit guide de l’évaluation en promotion de la santé , Paris , Département Santé Publique de la Fédération nationale de la Mutualité française , 2000 , 89 pages .
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