Mai 2002 Initiatives

Depuis juin 2001, le remboursement des spécialités pharmaceutiques pour lesquelles il existe des alternatives moins chères est plafonné au niveau du remboursement du médicament générique équivalent. Le but de ce système est de générer des économies importantes pour l’assurance-maladie.
Ce qu’on pouvait craindre, c’est qu’une partie de ces économies se fassent au détriment du patient, sauf modification radicale du comportement de prescription des médecins, ou alignement massif du prix des spécialités de référence sur celui des copies génériques.

Ce qui devait arriver…

Les Mutualités chrétiennes ont évalué le système en extrapolant les données concernant leurs membres pour la période de juin à novembre 2001. Le résultat est sans surprise: sur base annuelle, le gain pour la sécurité sociale est de l’ordre de 57 millions d’euros. Mais, comme on pouvait s’y attendre un quart de l’économie s’est faite par un transfert des coûts vers les patients!
Le remplacement de chaque spécialité par son équivalent le moins cher aurait permis une économie supplémentaire de près de 60 millions d’euros, dont 27,5 au profit du patient. On est malheureusement loin du compte.
Médecins et patients ont beau être régulièrement informés de l’existence et du prix des médicaments génériques, cela ne suffit pas.

Que faire

?
Premier élément: prescrire et consommer à bon escient . Ce n’est pas parce qu’une spécialité est moins chère qu’une autre qu’elle est pour autant indispensable voire même simplement utile. Nous sommes dans le peloton de tête en matière de consommation médicamenteuse, et les remboursements de référence n’y ont rien changé.
L’éducation du public au ‘bon usage’ est plus que jamais pertinente, mais n’est pas simple. En effet, cette démarche va à contre-courant des valeurs triomphantes de la consommation, qui font de l’équation ‘bobo = médoc’ une évidence bien difficile à nuancer. Et la détermination de l’industrie pharmaceutique d’obtenir le droit de faire de la publicité grand public pour des spécialités sur prescription donne froid dans le dos…
La mise en place d’éléments de comparaison des profils de prescription pourrait être un bon outil de conscientisation des médecins. Les médecins peuvent trouver ce type de données (seulement celles les concernant, évidemment!) sur le site www.mc.be, avec le module ‘Med-Dial’.
Ensuite, il faut continuer à enfoncer le clou , tant auprès des patients que des médecins, qui sont visés par une campagne de dénigrement systématique des génériques orchestrée par les producteurs des spécialités de référence. De ce point de vue, le système mis en place l’an dernier a quand même eu un effet tangible, puisque la part des produits génériques dans le chiffre d’affaire des médicaments ayant un équivalent générique est passée de 6% en janvier 2000 à plus de 30% en novembre 2001.
Autre piste intéressante, la prescription en DCI (dénomination commune internationale) doit être fortement encouragée. Dans ce cas, les pharmaciens devraient être tenus de délivrer le médicament le moins cher.

En attendant

La première édition 2002 du guide Les médicaments génériques d’Infor Santé vient de paraître. Les publications des autres organismes assureurs devraient suivre. Et n’oubliez pas non plus que plusieurs sites internet fournissent cette information en la mettant fréquemment à jour.
Les médicaments génériques, brochure de 40 pages disponible à Infor Santé, chée de Haecht 579/40, 1031 Bruxelles. Joindre deux timbres à 0.42 € pour les frais d’envoi.