Le secteur de la promotion de la santé, déjà sérieusement secoué ces derniers années, n’est pas encore au bout de ses peines.
Loin de moi l’idée de noircir le tableau. Nous pouvons mettre au crédit de la Wallonie et de la Cocof bruxelloise qu’elles préparent activement leurs dispositifs respectifs pour accueillir leurs nouvelles compétences socio-sanitaires.
La première a choisi de mettre d’abord en place l’Agence wallonne de la Santé, de la Protection sociale, du Handicap et des Familles, annoncée pour le 1er janvier 2016, qui lui permettra d’accueillir au mieux ses nouveaux champs d’action hérités de la 6e réforme de l’État (voir notre article dans la version numérique de ce numéro).
La seconde a opté pour l’élaboration d’un décret francophone bruxellois relatif à la promotion de la santé qui suit son parcours législatif en ce mois de septembre.
Le Conseil supérieur de promotion de la santé a eu la possibilité de remettre un avis sur ces deux initiatives. On verra prochainement si ses excellentes recommandations auront été entendues. Toujours est-il qu’il a pu ainsi collaborer de manière constructive à cette nouvelle évolution institutionnelle, ce qui n’allait pas du tout de soi voici quelques semaines à peine.
Autre élément positif, notre secteur s’est enfin doté depuis un peu moins de deux ans d’organes de plaidoyer, les plateformes bruxelloise et wallonne de promotion de la santé, qui ont en outre la bonne idée de s’informer mutuellement et de se concerter sur certains dossiers. Ce sont peut-être les prémisses d’une structuration formelle dont la promotion de la santé a besoin aujourd’hui plus que par le passé.
Un gros point d’attention est la gestion de la période de transition suivant le transfert de la promotion de la santé de la Fédération Wallonie-Bruxelles aux deux régions. Depuis le 1er janvier 2015, ce sont les régions qui doivent prendre en charge le subventionnement des équipes et des projets. Et cela prend plus de temps qu’espéré…
Une période de statu quo d’un an a été prévue, au cours de laquelle le financement du secteur est assuré sur base des engagements des années antérieures. Concrètement, la liquidation des soldes des subventions octroyées en 2014 et des avances pour 2015 sont maintenant à charge de la Wallonie et de la Cocof, selon une clé de répartition convenue de 2/3 Wallonie et 1/3 Cocof Bruxelles.
Et là, cela coince, les paiements des soldes et les arrêtés de subventionnement accusent beaucoup de retard par rapport à 2014.Au moment de mettre sous presse ce numéro de rentrée, les soldes 2014 et les avances 2015 d’Éducation Santé ont enfin été payés. Il n’en est malheureusement pas de même pour l’ensemble des associations concernées. Pour une publication comme la nôtre, éditée par une grande mutualité, ces délais de paiement étaient supportables. Pour une modeste asbl – et c’est le cas le plus fréquent dans notre secteur – cette situation est bien plus préoccupante. Et elle était tellement prévisible…
La sympathie des cabinets et la ‘compréhension’ des administrations sont une maigre consolation quand il s’agit de licencier ou de réduire le temps de travail du personnel ou d’obtenir un crédit d’institutions financières aussi enthousiastes à l’idée de prêter au secteur non-marchand que de renflouer la Grèce!
Avec d’autres, nous plaidions pour que les entités concernées par cette réforme prévoient une période de transition suffisamment longue pour ne pas mettre en danger un secteur chroniquement fragile. Il est regrettable que nous n’ayons pas été entendus…
Structuré depuis le début 1998, il n’aura connu qu’une bonne dizaine d’années de tranquillité, puisque déjà au début de la législature précédente, sa réforme était envisagée, au sein de la Fédération Wallonie-Bruxelles dans un premier temps, dans le sillage de la 6e réforme de l’État ensuite.
Pour les projets couvrant à la fois Bruxelles et la Wallonie. Les projets exclusivement wallons ou bruxellois sont intégralement pris en charge par une seule région.