Les firmes pharmaceutiques mettent avant des activités « désintéressées ». Mais leurs actionnaires sont leur priorité.
Les firmes pharmaceutiques ont des logiques financières que les soignants et les patients ont intérêt avoir en tête. Deux exemples avec la firme Pfizer nous le rappellent.
En France, la Fédération française des maisons et pôles de santé et la firme Pfizer ont communiqué en janvier 2016 sur l’aide que la firme apporte à la création d’emplois de coordonnateurs et de responsables des systèmes d’information au sein des maisons et pôles de santé. Cette firme pharmaceutique se donne l’image d’un acteur de santé publique, alors qu’elle répond en fait à une contrainte législative liée aux licenciements massifs de visiteurs médicaux, l’obligeant à contribuer à la création d’activités nouvelles par une ‘convention de revitalisation’.
Les firmes savent créer de la reconnaissance et saisissent les opportunités en palliant les insuffisances des autres acteurs, professionnels de santé et organismes étatiques, comme elles le font déjà dans le domaine de la recherche, de la formation, de l’information, de l’éducation thérapeutique, etc.
Loin de cette image d’entreprise citoyenne, la firme Pfizer a entrepris en 2015 sa fusion avec la firme irlandaise Allergan, pour 155 milliards de dollars, dans le but de domicilier ses activités en Irlande, pays pratiquant le dumping fiscal. Le président Obama a qualifié les industriels pratiquant cette évasion fiscale de «déserteurs» et de «non-patriotes».
Et début avril 2016, une modification réglementaire soudaine aux États-Unis a provoqué l’arrêt du projet de fusion Pfizer-Allergan, qui perdait tout intérêt. La firme a affirmé qu’elle continuerait à rechercher les solutions financières les plus favorables à ses actionnaires.
Le Conseil de l’Europe défend la primauté des intérêts de santé publique sur les intérêts industriels
Le Conseil de l’Europe est une structure basée à Strasbourg, qui réunit 47 pays européens. Il a notamment un rôle de ‘conseil’ et émet des recommandations aux États membres. Le 29 septembre 2015, son assemblée parlementaire a adopté une résolution sur la santé publique et les firmes pharmaceutiques.
Selon le Conseil de l’Europe, les interactions entre l’industrie pharmaceutique et les autres acteurs du secteur de la santé soulèvent des questions quant à leurs éventuels effets négatifs. Ces interactions sont susceptibles de créer des conflits d’intérêts, d’influencer les connaissances et le comportement des acteurs en question, et de donner lieu à des décisions biaisées.
Ces dernières années, malgré l’augmentation du nombre de nouveaux médicaments mis sur le marché, il n’y en a que très peu qui apportent un avantage thérapeutique significatif et qui répondent à des besoins de santé réels.
Pour résoudre les différents problèmes identifiés, le Conseil de l’Europe propose notamment que les professionnels de santé soient formés à réfléchir à l’influence de la promotion pharmaceutique et que leur formation soit financée sur fonds publics.
Il demande aussi à l’Organisation mondiale de la santé qu’elle propose des alternatives au modèle actuel d’innovation pharmaceutique fondé sur les brevets.