Janvier 2001 Par Christian DE BOCK Initiatives

Les chiffres sur la progression de la pandémie, publiés à l’occasion de la journée mondiale du sida, sont affolants: 22 millions de décès, 36 millions de personnes infectées aujourd’hui, dont les deux tiers en Afrique, plus de 5 millions de personnes contaminées en 2000.
En Europe de l’Est, les nouvelles ne sont guère meilleures, avec une véritable explosion en Russie, qui a connu davantage de nouvelles infections l’an passé que pendant toutes les années précédentes.
Notre pays n’échappe pas à cette tendance préoccupante, même si les chiffres sont moins dramatiques qu’ailleurs. Alors que l’évolution était stable entre 1992 et 1997, on remarque une augmentation de 10 à 15%, ce qui nous mène aux environs de 800 nouvelles infections. La majorité des patients résident dans les grandes villes de la Communauté française.

Un plan actualisé de prévention

Suite aux tables rondes organisées fin octobre, la Ministre Maréchal a présenté les grandes lignes de la future politique de la Communauté française en la matière, qui seront précisées et opérationalisées dans les prochains mois.

Détricotage: info ou intox?

On entend parler d’un important recul de la prévention dans notre Communauté ces derniers temps, certains allant même jusqu’à formuler l’hypothèse de l’existence d’un lien entre le ‘détricotage de la prévention’ et la recrudescence du sida.
Cette affirmation doit être nuancée.
S’il est exact que l’Agence de prévention du sida a été dissoute, qui accordait une priorité absolue aux grandes campagnes médiatiques, cela ne signifie pas pour autant que tout s’est arrêté du jour au lendemain. Les équipes qui avaient eu l’occasion de développer leur expertise par rapport à un aspect particulier de la problématique (populations migrantes, milieu de la prostitution, toxicomanes par voie intraveineuse, etc.) ont pu continuer leur travail, plusieurs campagnes médiatiques ont encore eu lieu, le sida bénéficie de deux Conseils d’avis qui ont la possibilité d’influencer la politique suivie, et bien entendu, la majeure partie des moyens financiers destinés aux programmes de promotion de la santé sont aujourd’hui comme hier dépensés dans ce secteur.
Si on peut comprendre les cris d’alarme actuels (il n’y aura jamais assez d’argent pour une prévention efficace et éthiquement acceptable), que doivent dire les équipes actives dans le domaine de la prévention routière ou du tabagisme, dont les victimes sont incomparablement plus nombreuses que celles du sida dans notre Communauté?

Cinq axes seront développés, dans le respect des principes d’équité, de solidarité et de lutte contre les discriminations qui inspirent depuis le début l’action de la Communauté française:

  • maintien de campagnes d’information et d’actions de prévention vers la population générale et des publics plus vulnérables;
  • implication des personnes atteintes par le VIH dans la prévention: la concrétisation de cette démarche doit faire l’objet d’une attention particulière au plan de l’éthique et impliquer une complémentarité des compétences communautaires et fédérales;
  • poursuite d’un travail d’amélioration de la compréhension de la maladie dans toutes ses dimensions;
  • prise en considération de la spécificité de la problématique (transmission sexuelle, résistance du public et des professionnels) dans le cadre plus général des MST et de la vie affective;
  • renforcement de l’accessibilité du dépistage en partenariat avec les autorités fédérales pour ce qui concerne le financement de l’acte médical de dépistage.

Séropositif ou malade?

La proportion de malades découvrant leur séropositivité au moment de l’apparition des signes de la maladie était de 21% en 1995 et de 41% en 1999 (48% chez les hétérosexuels). Cela ne laisse pas d’être préoccupant pour la prévention et peut être mis en rapport avec la diminution de nombre de dépistages pratiqués (de 600.000 à 500.000).
Point positif: depuis l’utilisation de nouvelles associations d’antiviraux, le nombre de décès liés au sida est en nette diminution en Belgique.

Nouvelle asbl, nouvelle campagne

En mai 2000, plusieurs acteurs travaillant dans le champ de la prévention du sida ont décidé de créer une nouvelle asbl, la Plate-forme prévention sida, dont la mission est de soutenir la concertation autour des axes à développer dans les campagnes de prévention et de mettre en œuvre ces campagnes.
La première réalisation s’adresse aux personnes séropositives et s’intéresse aux difficultés quotidiennes que ces personnes peuvent rencontrer sur les plans médical, social, juridique, psychologique. La brochure Vivre avec le VIH aide à mieux connaître la maladie, fournit des informations précises sur les traitements (qui sont comme chacun sait très contraignants), et des réponses pratiques aux questions que les patients et leur entourage se posent. Le tout est complété par des témoignages de personnes séropositives sur leurs expériences au quotidien.
La plate-forme rappelle aussi aux professionnels confrontés à la maladie les formations qui leur sont destinées.
Plate-forme prévention sida, rue de Tervaete 89, 1040 Bruxelles. Tél./fax: 02-733 72 99. Mél: plateforme@chello.be.