Novembre 2001 Lu pour vous

Chez les ados, les idées de suicide sont fréquentes: entre 15 et 19 ans, 23% des garçons et 35% des filles disent avoir déjà pensé au suicide. Mais c’est surtout leur récurrence, leur chronicité qui doit être prise au sérieux car elle représente un réel facteur de risque de passage à l’acte: ainsi, si seulement 8% des garçons et 13% des filles pensent souvent au suicide, 41% d’entre eux ont déjà fait au moins une tentative. Tout passage à l’acte révèle une intense souffrance psychique et une impossibilité à y faire face. Qu’il s’agisse d’un appel un peu théâtral, d’une pression sur l’entourage, d’une fuite, le geste témoigne d’un vécu dépressif, d’un profond désespoir qu’il serait dangereux de mésestimer, de banaliser car il existe toujours un risque élevé de récidive.
Il n’existe pas de profil type de l’adolescent suicidaire mais différents signes peuvent être repérés sans qu’ils soient spécifiques pour autant. Transformations radicales de l’allure, et/ou du comportement, perturbations de la scolarité (effondrement des résultats ou à l’inverse surinvestissement intense) adoptions de conduites dangereuses, automutilations, perception négative de soi, des autres, de la vie, plaintes somatiques fréquentes, troubles du sommeil, des conduites alimentaires, agressivité, anxiété majeure…
La prévention du suicide chez les jeunes passe par l’identification des sujets à risque. Mais si le fait semble acquis, comme du reste le fait que l’école soit le lieu de prévention par excellence, pas mal de questions restent en suspens. Qui doit être en charge de cette identification? En France, l’infirmière scolaire occupe une place privilégiée. Avec quels outils, quels critères? Le repérage des jeunes plus fragiles ou pouvant être considérés comme à risque ne doit pas aboutir à un étiquetage qui nuirait aux jeunes plus qu’il ne les aiderait. Quelles aides, quelles assistances, formations donner aux enseignants? Comment impliquer la famille? Quelles suites donner? ‘Bien souvent le jeune tente de se suicider non pas parce qu’il veut mourir mais parce qu’il veut vivre mais ne sait ni pourquoi, ni comment’.
L’Observatoire, revue d’action sociale et médico-sociale, trimestriel n°30, 2001, 100p. Prix du n°: 350 F (8.68 €) + 80 F (1.98€) de frais de port (possibilité d’abonnement également), commande par fax 04-232 31 79 ou par e-mail: revueobservatoire@skynet.be