Mai 2007 Initiatives

En cette année particulière qui célèbre les 125 ans de la découverte du bacille de la tuberculose par Robert Koch, l’heure est au bilan. Certes la tuberculose a régressé au cours du siècle passé, mais en ce début du deuxième millénaire elle reste un fléau mondial qui n’épargne aucun pays, ni aucune population. Avec 1,6 million de décès en 2005, elle reste actuellement une des maladies infectieuses qui tue le plus… alors qu’elle est pourtant curable.
Au cours des dernières décennies la résistance aux antituberculeux s’est également développée. La multiplication de bacilles devenus résistants aux médicaments majeurs du traitement classique (multirésistance) a mis le monde médical devant un véritable défi. La découverte de nouvelles molécules est un défi pour l’avenir d’autant que des souches «ultrarésistantes» apparaissent et grèvent les chances de guérison des malades.
Si la tuberculose est présente partout, elle se concentre toutefois dans les pays les plus pauvres, les plus touchés par l’épidémie de sida ou incapables de contrôler la maladie par manque de moyens ou de stratégie adéquate: l’Afrique, l’Asie, l’Amérique centrale et du sud ainsi que, plus proches de nous, les pays de l’Europe de l’Est. En 2005, 80% des 8,8 millions de nouveaux cas déclarés dans le monde ont été recensés dans 22 pays seulement.
Mais les bacilles tuberculeux ne connaissent pas de frontières. Les migrations sont responsables de leur dissémination notamment dans les pays dits ‘à basse prévalence’ où l’on a pu constater, depuis une vingtaine d’années, un changement dans l’évolution de la tuberculose (ralentissement de la décroissance, augmentation du nombre de cas…).
La lutte contre la tuberculose est donc un défi à l’échelle nationale mais aussi mondiale. L’OMS l’a bien compris en lançant son plan «Halte à la tuberculose» dont les objectifs visent à réduire de moitié d’ici 2015 les taux de prévalence et de mortalité enregistrés en 1990.
En Belgique, le registre belge de la tuberculose fait état de 1.144 cas déclarés en 2005, ce qui équivaut à 11 nouveaux malades pour 100.000 habitants. En 2006, un chiffre provisoire de 1.169 patients tuberculeux a été enregistré (11,1/100.000). Ils se répartissent de manière inégale entre les trois régions du pays avec une fréquence de la tuberculose par habitants nettement plus importante à Bruxelles.

/100.000

2005 2006 (chiffres provisoires)
Nombre de patients Incidence
Nombre de patients [ Incidence
/ 100.000
Région bruxelloise 343 34,1 398 39,1
Région wallonne 299 8,8 313 9,2
Région flamande 502 8,3 458 7,5
Belgique 1.144 11,0 1.169 11,1

En termes d’évolution, une relative stabilisation de l’incidence de la maladie est observée depuis 1993. L’immigration est certainement le facteur qui influence le plus notre situation épidémiologique. En une quinzaine d’années la proportion de malades d’origine étrangère est passée de 19% à plus de 50%.
La tuberculose à bacilles multirésistants (MR) est encore un phénomène limité en Belgique; le nombre de nouveaux cas oscille autour de 20 par an. Parmi les 90 patients MR enregistrés depuis 2001, deux peuvent être classés comme ‘ultra résistants’.
Ces différents constats doivent nous amener à adapter notre stratégie de contrôle de la tuberculose. Celle-ci est basée essentiellement sur le diagnostic précoce et le traitement adéquat des malades ainsi que sur l’organisation de dépistages ciblés parmi des groupes de population à haut risque de tuberculose (primo-arrivants, prisonniers, personnes précarisées, contacts de patients tuberculeux…).
Consciente de la priorité que constitue le diagnostic précoce et le traitement adéquat des malades en Communauté française, cette dernière attribue un financement substantiel (près de 1,4 million d’euro en 2007) à l’appui aux activités de dépistage et au FARES (Fonds des Affections respiratoires) avec pour mission de contrôler l’épidémie.
Quelle que soit la stratégie appliquée, il sera impossible d’arriver à une éradication de la maladie en Belgique sans qu’il y ait concomitamment des efforts qui soient réalisés pour mieux contrôler la tuberculose dans les pays à haute prévalence. Une solidarité à tous les niveaux doit donc être développée impérativement.
D’après un communiqué du FARES à l’occasion de la Journée mondiale de la tuberculose, le 24 mars 2007