Par Alda GREOLI Dossier

Les anniversaires sont toujours des moments de joie, de convivialité, mais aussi l’occasion de s’interroger sur le passé et sur l’avenir.
Education Santé fête son 200e numéro, voilà le signe d’une revue qui a bénéficié elle-même d’un accompagnement de qualité et qui lui a permis de garder une grande forme et une grande santé; un peu comme le bon vin, elle a bonifié avec l’âge.
Je profite donc de l’occasion qui m’est donnée pour dire que si une revue peut avoir une telle qualité, qualité reconnue au-delà même de nos frontières, c’est parce qu’elle est réalisée au quotidien par une équipe animée d’une philosophie particulière.
Christian De Bock tout à l’heure nous évoquera le fait qu’ Education Santé est le résultat d’une collaboration entre les Mutualités socialistes et les Mutualités chrétiennes, aidées et soutenues par la Communauté française. C’est dans un même esprit que les Mutualités chrétiennes et socialistes ont développé, autour de la santé, une volonté d’éducation permanente et d’émancipation des consommateurs de soins de santé.
La promotion de la santé dans le but d’un ‘mieux-être’, d’un ‘mieux vivre’ ne peut porter ses fruits que si elle allie aussi un ‘mieux comprendre’ et un ‘mieux agir’ pour mieux participer. Cette émancipation des personnes en matière de santé ne doit pas s’accompagner, et c’est aussi important de le souligner, d’un transfert de responsabilité, entre la responsabilité collective que nous avons tous de maintenir les solidarités en matière de santé, et les responsabilités individuelles que certains tentent de nous infliger au travers d’un certain nombre de leurs conseils. Et je sais que je peux compter sur l’intervention tout à l’heure de Christian Léonard , qui mieux que moi encore, vous permettra de mettre à jour et de discuter autour de ce risque de transfert de responsabilité entre l’éducation collective et la prise de risque individuel.
C’est bien dans cette vision renforcée de la solidarité que nous avons voulu développer la promotion de la santé. Cette promotion de la santé doit garder en tête cet objectif d’autant plus difficile aujourd’hui que nous devons naviguer entre la logique du marché et la volonté de risque zéro pour la santé, aussi perverses l’une que l’autre. Je tiens vraiment à attirer l’attention sur ces difficultés que nous avons en éducation pour la santé, de rester sur notre objectif, alors que le marché lui-même a aujourd’hui adopté le vocabulaire propre à la promotion de la santé.

Entrer en résistance

Pour nous renforcer dans notre volonté d’entrer en résistance, la revue Education Santé est un élément d’un ensemble beaucoup plus large, beaucoup plus complexe qui allie à la fois la revue en tant qu’objet symbolisant la volonté que nous avons de promouvoir ce type de comportement mais aussi l’implication active de nombreuses associations et des personnes qui les composent.
Et donc, si nous le faisons entre mutualités, avec les associations qui nous sont proches, et celles qui font partie des réseaux plus vastes en matière de santé qui luttent pour les mêmes valeurs, c’est bien parce que nous estimons que, pour promouvoir réellement la santé, il s’agit d’impliquer au quotidien les gens, d’impliquer les bénévoles et d’impliquer des logiques de réseau. Sans ces logiques de réseau, et sans ces bénévoles, nous aurions ce que j’appelle des actions de «surf» sur l’opinion public, des actions qui ne s’ancrent pas dans le temps, condition indispensable pour une véritable éducation pour la santé.
Je pense qu’il est vraiment essentiel qu’on se rappelle à l’occasion de cet anniversaire que c’est par ce type de comportement et par cette volonté renforcée de solidarité que nous pourrons vraiment apporter un mieux-être à la collectivité.
Alda Greoli , Directrice du Département socio-éducatif des Mutualités chrétiennes