Novembre 2001 Par M. PETTIAUX Réflexions

Le géant du tabac Philip Morris fait preuve depuis quelques années d’une grande générosité en matière de dons.
En public, Philip Morris argumente ainsi (extrait des Directives de l’entreprise relatives aux contributions de Philip Morris):
Pourquoi nous donnons : la plus claire démonstration de ce en quoi nous croyons se trouve dans nos donations . Donner à manger à ceux qui ont faim et les aider à devenir auto suffisants , donner de l’espoir à une victime de violences familiales , réconforter quelqu’un vivant avec le sida , nourrir l’esprit créatif et sensibiliser les étudiants de tous âges , préserver l’eau et les ressources alimentaires naturelles . Nous cherchons à comprendre les besoins de notre société et à utiliser nos ressources pour contribuer à son bien être .
Nous nous préoccupons des gens les moins fortunés et nous nous efforçons d’améliorer leur qualité de vie . Par conséquent , notre mission consiste à répondre efficacement et avec compassion aux demandes d’assistance , notamment dans les domaines clés faim , violence familiale et culture sur lesquels nous concentrons nos dons . Dans leur ensemble , nos dons reflètent nos valeurs , encouragent les aspirations humaines et abordent les préoccupations humaines fondamentales .’
En privé, le son de cloche est quelque peu différent.
Lors d’un séminaire tenu à l’occasion d’une conférence mondiale de Philip Morris sur les affaires de l’entreprise, cette dernière explique pourquoi il est si important pour l’industrie du tabac d’aider d’autres organisations à travers des dons.
Donc toute la question d’avoir l’aide de tierces parties et de s’assurer de tout ce concept de tiers dans notre structure de défense a pour but de nous donner du poids , de nous donner du pouvoir , de nous donner de la crédibilité , de nous donner de l’influence , de nous donner accès aux endroits auxquels nous n’avons pas ordinairement accès .
On doit essayer de trouver qui l’on doit neutraliser à l’avance , qui constitue une menace potentielle , et ensuite comment on peut faire cause commune avec cette catégorie d’individus , de sociétés ou de groupes , de sorte telle à pouvoir les neutraliser .
Exemple : la cigarette auto extinguible . Qui est normalement concerné par la cigarette auto extinguible , de l’autre côté de la barrière ? Probablement la communauté des pompiers . Comme vous le savez , aux États Unis , nous avons mis très longtemps à aider tous les groupes organisés de pompiers professionnels et volontaires . Ils ont une aide monumentale de notre part . Et lorsque nous avons besoin qu’ils déclarent que ce ne sont pas les cigarettes qui provoquent les incendies dans 99 , 9 % des cas , nous obtenons leur coopération . Mais c’est parce que nous les avons cultivés et aidés à réaliser certains de leurs objectifs , et c’est parce que nous avons vu qu’ils représentaient un ennemi potentiel disposant d’une réelle crédibilité .
Votre ennemi potentiel , c’est la plus grande crédibilité . Nous leur avons fait changer d’avis et nous nous en sommes faits des alliés , des défenseurs tiers pour nous mêmes . La clé du succès est de trouver une cause commune , trouver ses amis naturels , trouver ses ennemis naturels et , si possible , les façons dont on peut les neutraliser .’
Inutile d’ajouter grand’chose à ce magnifique modèle de cynisme industriel. En 2000, Philip Morris a dépensé 142 millions de dollars aux USA pour financer les «bonnes actions», une paille à côté des fortunes que l’entreprise dépense en marketing et promotion des ventes.
Michel Pettiaux , FARES
Sources: Global Partnership for Tobacco Control. Essential Action. Washington DC 20036