Pourquoi est-il difficile de faire un dépistage du cancer du sein? Comment le premier dépistage est-il vécu? Pourquoi certaines femmes ne participent-elles qu’une seule fois à une campagne de dépistage organisé? Quels obstacles rencontrent-elles?
Autant de questions auxquelles une recherche du Comité Départemental d’Éducation pour la Santé du Pas-de-Calais (nouvellement IREPS-Instance Régionale d’éducation et de promotion de la santé du Nord – Pas-de-Calais) a tenté de répondre.
L’échantillon est constitué de 20 femmes issues d’un milieu populaire. « Elles ont la particularité de fréquenter un centre socioculturel », précise Gilles Vangrevelynghe , qui a mené la recherche. « Ce sont des femmes qui ont connu le travail en usine , qui en général ont été licenciées et qui ont retrouvé un boulot , le plus souvent très précaire , parfois du travail au noir . Ce sont des femmes aguerries , cultivées , mais en retrait quand on entre dans le domaine du sanitaire .»
Pourquoi? Il ressort des entretiens qu’elles ne se sentent pas reconnues comme personnes par le milieu médical. Elles disent ne pas comprendre le jargon, la tournure des phrases. Elles ont peur d’être dépossédées de leur vie si elles ont un cancer. « Elles ont pourtant des représentations positives selon lesquelles on peut guérir du cancer », précise Gilles Vangrevelynghe, « mais quand elles évoquent leur dépistage , elles affirment que c’est de la blague de dépister , que le cancer couve .»
Au moins une fois
La majorité des femmes (14/20) ont participé au moins une fois à une campagne de dépistage du cancer du sein. Elles pointent le rôle de la pression sociale (incitation des médecins, encouragements de l’entourage). Quatre d’entre elles n’y sont pas retournées. Les contre-arguments avancés? Un manque de poitrine, la non-efficacité du dépistage… Pour les autres, la participation s’est révélée problématique dans la mesure où elle est intervenue hors délais. « Les femmes ont en quelque sorte dû se faire violence pour y retourner », explique Gilles Vangrevelynghe. « Elles évoquent toujours la pression sociale qui compte pour pousser à y retourner .»
Les six femmes qui n’ont jamais été dépistées avancent que nul ne leur en a parlé. À peine ont-elles vaguement entendu une info dans les médias. Ce qui les inciterait à participer? Que l’examen puisse être plus accessible, via un bus de dépistage peut-être.
Parmi les 20 femmes interrogées, 19 disent connaître un proche décédé d’un cancer du sein.
Recommandations
À partir de ces 20 témoignages, Gilles Vangrevelynghe propose des pistes pour aborder le sujet du dépistage via des animations ou pour favoriser la communication entre le public-cible et les médecins. Au nombre des propositions: un duo cancérologue-animateur (lequel aura fait un travail préalable avec les femmes) pour une séance d’information initiale, des ateliers consécutifs à la séance d’information (par exemple pour élaborer des affiches de promotion du dépistage). En matière de communication individuelle, on trouve aussi un appel aux interactions, un langage accessible, le respect des silences…
Véronique Janzyk , Observatoire de la Santé du Hainaut
Infos au 00 33 3 21 71 34 44 ou via http://www.cres-ndpc.org