Septembre 2011 Par Christian DE BOCK Editorial

Ce n’est pas le cas chaque année: en cette rentrée 2011, notre pays, notre communauté, notre secteur vont avoir à relever des défis sérieux, vont vivre des moments assurément difficiles, mais aussi passionnants. Cela ne va pas sans angoisses face à de si nombreuses incertitudes, mais c’est aussi une opportunité pour renouveler en partie notre approche politique, institutionnelle, organisationnelle de la prévention. C’est enfin un contexte dont certains acteurs de la promotion de la santé entendent profiter au mieux pour structurer la voix des travailleurs du secteur, voix à peu près inaudible jusqu’ici.
La crise interminable que vit la Belgique depuis plusieurs années, et qui a pris un tour encore plus désastreux après les élections fédérales de 2010 va-t-elle se dénouer? Si c’est le cas, avec quel impact pour la ‘santé’, préoccupation première de nos compatriotes qui fait l’objet d’un saucissonnage très peu lisible entre multiples niveaux de pouvoir? Les Communautés et Régions vont-elles hériter de nouvelles compétences, et, surtout, des moyens de les exercer au mieux des intérêts de la population?
Dans ce contexte institutionnel instable et brouillé, quel sera le sort de la promotion de la santé et de la médecine préventive après la réforme profonde annoncée pour 2012? L’évaluation commandée par la Ministre Laanan est sévère, exagérément peut-être, quand on compare ce ‘bulletin’ médiocre (1) à la réputation flatteuse de notre Communauté dans l’espace francophone international. Espérons que le décret en préparation sera construit en bonne intelligence avec le secteur et ses experts, ce qui n’a pas vraiment été le cas de l’évaluation…
Ce numéro fait état de la dynamique ‘professionnelle’ lancée à Namur début juillet, le début des vacances n’ayant pas freiné l’enthousiasme de plusieurs dizaines de personnes désireuses de jeter les bases d’une représentation professionnelle des acteurs de la promotion de la santé francophone. Une initiative réellement enthousiasmante, et qui vient à son heure comme vous l’indiquent les lignes précédentes.
D’autres enjeux nous attendent encore, dont deux en particulier me semblent mériter notre attention: le premier est porteur d’espoir, il s’agit du pacte associatif apportant une reconnaissance renforcée par l’autorité publique de l’apport fondamental et de l’extraordinaire richesse du tissu associatif pour notre Communauté; le second est nettement moins exaltant, il s’agit de l’imposition des règles internationales de la concurrence commerciale au secteur non-marchand, lame de fond à laquelle la promotion de la santé n’échappera sans doute pas, sans guère de bénéfice pour la santé des gens. Puisqu’il paraît que l’implication de plus en plus forte du secteur privé dans le domaine de l’action sociale (au sens large) est irréversible, espérons au moins que cela fera l’objet d’un encadrement strict par les pouvoirs publics et d’un contrôle non moins sérieux par les usagers et l’associatif.
En somme, l’année sociale qui démarre risque de faire mal, peut-être, mais sera tout sauf ennuyeuse! Nous ne manquerons pas de points d’attention pour nos prochaines éditions…
Christian De Bock , rédacteur en chef, le 16/8/2011
(1) Voir l’article de Colette Barbier ‘Évaluation des dispositifs de santé en Communauté française: constats et recommandations’, Éducation Santé n° 269, juillet 2011, http://www.educationsante.be/es/article.php?id=1392