Les Communautés permettent la vaccination gratuite des bébés et des enfants contre un certain nombre de maladies infectieuses pouvant avoir des conséquences graves.
L’offre des producteurs de vaccin évolue rapidement, et chaque année, le Conseil supérieur d’hygiène (fédéral) met à jour le calendrier de base des vaccins recommandés. Actuellement, le Conseil recommande de vacciner les jeunes enfants contre pas moins de 11 maladies.
Sa dernière proposition concerne la vaccination contre les infections à pneumocoque, contre lesquelles un vaccin, le Prevenar ® (Wyeth) est disponible en Belgique depuis le 1er octobre 2004.
Ces infections sont heureusement rares (on parle de 59 cas sur 100.000 enfants de moins de 5 ans dans notre pays, et d’une centaine de cas chez les moins de 2 ans (1)), mais peuvent être fatales ou laisser des séquelles neurologiques et/ou auditives chez leurs victimes. Le Conseil recommande de vacciner les bébés dès l’âge de 2 mois, ce qui nécessite l’administration de 3 doses à 2, 3 et 4 mois, et d’une quatrième dose entre 12 et 18 mois (pour les enfants âgés de 24 mois à 5 ans une seule dose suffit).
Le vaccin est actif contre les 7 sérotypes à l’origine de la plupart des infections invasives à pneumocoques. Dans les pays ayant l’expérience d’une vaccination généralisée, on a pu constater une baisse d’environ 85% de ces infections chez les jeunes enfants.
Le problème c’est que ce vaccin est cher, très cher même (68 euros la dose et il en faut 4, sans compter le prix des consultations), qu’il n’est pas remboursé individuellement par la sécurité sociale et pas non plus pris en charge par la collectivité.
A côté de l’argument de l’accessibilité financière, des considérations de santé publique plaident aussi en faveur d’une approche collective de ce problème. En vaccinant les enfants à grande échelle, la circulation des bactéries est compliquée, et on limite la consommation des antibiotiques utilisés pour combattre les infections.
Initiative prématurée
Voici quelques mois, la Société belge de pédiatrie a mené une campagne d’information au ton alarmiste sur ce sujet, incitant les parents à faire vacciner leurs enfants sans tarder.
On est en droit d’estimer que la SBP a agi un peu à la légère dans ce dossier, et qu’elle aurait dû tenir compte du caractère discriminatoire et culpabilisant de son message pour les familles n’ayant pas les moyens de se payer le luxe de faire vacciner leurs bébés contre les infections à pneumocoques.
Si le bien-fondé d’une vaccination massive des nourrissons semble incontestable, il eût mieux valu sensibiliser d’abord les diverses autorités sanitaires du pays (il faut un certain temps pour dégager les budgets nécessaires, qu’ils émanent du fédéral ou des entités fédérées), et aussi faire pression sur le fabricant pour en obtenir un prix acceptable en échange de volumes plus importants.
Sinon, il est à craindre que s’il est intégré dans la liste des vaccins ‘gratuits’ du jeune âge, le seul Prevenar ® nécessitera plus de moyens que l’ensemble des autres vaccinations, et qu’il ne sera plus possible de développer une politique de protection de la santé abordable budgétairement et digne de ce nom. Surtout que l’offre de vaccins utiles ne s’arrêtera pas de sitôt…
Christian De Bock
(1) Une incidence plus importante que celle des infections à méningocoque de type C avant la campagne de vaccination systématique de 2002.