Vous avez bien lu le titre de mon éditorial, il n’y a pas d’erreur ! Éducation Santé existe depuis bientôt 40 ans, le premier numéro est paru en décembre 1978…
Bref flashback
Nous avons vérifié dans nos archives quelles étaient les préoccupations de la revue à l’époque. C’était hier, c’était un autre siècle, c’était un autre monde. Et pourtant…
La Mutualité chrétienne avait investi le champ de l’éducation sanitaire en 1976, deux ans avant le démarrage de la revue. Les services d’éducation pour la santé flamand et francophone de l’organisme assureur étaient fort proches, ils développaient des projets communs, ils échangeaient des contenus dans leurs publications respectives, ils partageaient même leurs locaux et un collaborateur graphiste. Autres temps…
En décembre 1986, au lendemain donc de la signature de la Charte d’Ottawa, Éducation Santé consacrait un épais numéro aux réalisations de l’organisme assureur au cours de la décennie écoulée.
Tout devait changer
La politique de prévention collective avait été confiée aux Communautés linguistiques du pays quelques années auparavant.
Avec d’autres, du côté francophone [1], nous plaidions pour «l’établissement d’une réglementation concernant l’attribution des subventions et l’organisation d’une structure de coordination [2]».
Nous avons été entendus puisqu’un an plus tard, une première réglementation voyait le jour, suivie en 1997 par le décret du 14 juillet organisant la promotion de la santé en Communauté française de Belgique, décret qui fit les frais de la 6e réforme institutionnelle de notre pays en 2014.
Rien n’a vraiment changé ?
Quelques mois avant la signature de la Charte d’Ottawa, la revue déplorait la «permanence du modèle médical». Les faits sont têtus, la même constatation peut toujours être faite 30 ans plus tard au simple énoncé des montants totalement disproportionnés consacrés à la prévention et à la ‘réparation’ dans notre pays comme dans d’autres au sein de l’Union européenne et au-delà.
Et pourtant, que de chemin parcouru entretemps: mise en place de formations supérieures de grande qualité, maturation théorique considérable, professionnalisation des intervenants, mobilisation ‘politique’ au sens noble du terme pour plus d’équité, démarches collectives, idées fécondes qui percolent lentement, y compris dans des milieux a priori hermétiques…
Le présent numéro d’Éducation Santé entend témoigner des difficultés d’implantation de ce qui apparaît, aujourd’hui encore comme un changement radical de paradigme. Il entend souligner aussi les avancées, les progrès, les succès réels engrangés à l’égard des stratégies défendues dans la charte.
Dites-le avec des fleurs
Nous avons choisi d’illustrer ce numéro quelque peu austère par des fleurs, normal pour célébrer un anniversaire. Mais pas n’importe quelles fleurs!
Ainsi, la photo de couverture propose une vue du Festival canadien des Tulipes, cette fleur étant le symbole de la ville [3]. Cet événement a lieu chaque année au printemps dans la capitale, où on peut admirer plus d’un million de tulipes. Il évoque le séjour à Ottawa de la famille royale néerlandaise, réfugiée au Canada pendant la seconde guerre mondiale.
Les autres fleurs ont été choisies par quelques collaboratrices de la revue en réponse à une question ‘portrait chinois’: ‘Et si la promotion de la santé était une fleur, ce serait…’
Merci
Ce document de référence se terminait par un «appel pour une action internationale». À notre modeste échelle, nous y sommes très attachés dans l’espace francophone.
Vous en trouverez la manifestation concrète dans les pages qui suivent. Chantal Vandoorne (Belgique) et Anne Le Pennec (France) ont investi une énergie considérable dans ce numéro un peu particulier de la revue. Qu’elles en soient chaleureusement remerciées.
Sans elles en particulier, Éducation Santé ne serait pas ce qu’elle est, de même que la revue n’aurait pas pu se développer sans la collaboration bienveillante de centaines d’auteurs tout au long de ses bientôt 40 ans d’existence.
À eux, comme à nos très fidèles lecteurs [4], je dis simplement: merci.
[1] Le secteur francophone de la promotion de la santé, quelque peu désertique dans les années 70, s’était sérieusement étoffé au tournant des années 80.
[2] ‘Deux ans de libéralisme’, article non signé, Éducation Santé n° 30, décembre 1987, p3.
[3] Merci à Pascale pour l’idée!
[4] D’après la récente évaluation que nous avons réalisée en 2016, 75% des abonnés le sont depuis plus de 2 ans.