Un ménage belge sur huit est confronté à des difficultés financières du fait de ses frais de santé. Les ménages qui se retrouvent dans une telle situation reportent souvent des soins médicaux pourtant nécessaires ou sont contraints de s’endetter pour se soigner. C’est l’une des conclusions de l’étude réalisée auprès d’environ 6000 de ses membres par la Mutualité chrétienne (MC) et ses partenaires.
La MC a déjà réalisé plusieurs études sur l’accès aux soins des malades chroniques. Cette nouvelle étude permet pour la première fois de disposer de résultats représentatifs pour l’ensemble de la population belge et se focalise sur les ménages plutôt que sur les individus. Elle a été rendue possible grâce à la collaboration entre Altéo, l’Union chrétienne des pensionnés, Ziekenzorg CM, Okra et les services sociaux des Mutualités chrétiennes. Elle se base sur une enquête écrite qui a permis de recueillir près de 6000 questionnaires complétés au départ d’une sélection de 9000 personnes acceptant de collaborer à l’étude. La MC a pu ainsi dresser un tableau complet des frais de santé qui restent à charge des ménages après remboursement par l’assurance maladie ainsi que des frais non remboursés.
Situation inacceptable
Quatre ménages sur dix sont confrontés à des problèmes chroniques de santé. Un tiers de ces ménages, soit 12% des ménages belges, connaissent des difficultés financières. Les ménages ayant des problèmes chroniques de santé sont souvent des isolés ou des couples dont les enfants ne vivent plus à la maison. Leur âge moyen se situe autour des 55 ans. Les pathologies les plus fréquemment mentionnées sont les affections chroniques des articulations comme l’arthrose ou le rhumatisme, l’hypertension, les maux de dos importants et la douleur chronique.
Les ménages confrontés à des problèmes chroniques de santé dépensent en moyenne entre 155 et 226 euros par mois pour leurs soins de santé, après intervention de la sécurité sociale. Pour les ménages sans malade chronique, les dépenses de santé ne s’élèvent qu’à 77 euros par mois. La plus grande partie de ces dépenses est consacrée aux médicaments, aux frais de transport, aux aides à domicile (aides ménagères et familiales), aux consultations de généralistes et de spécialistes ainsi qu’aux hospitalisations.
La moitié des ménages qui rencontrent des difficultés financières en raison de problèmes chroniques de santé sont souvent amenés à reporter leurs soins de santé pourtant nécessaires. Les soins qui sont le plus souvent concernés sont l’achat de lunettes, les soins dentaires, les consultations chez le généraliste ou le spécialiste ainsi que les médicaments. 12% de ces ménages s’endettent pour pouvoir payer leurs soins. Ce sont les isolés, les familles monoparentales, les ménages vivant sous le seuil de pauvreté, les ménages avec un invalide et les ménages louant leur logement qui vivent les difficultés financières les plus aiguës.
Notre système d’assurance maladie remplit en principe une fonction de ‘filet de sécurité’ afin d’éviter que les ménages confrontés à des problèmes chroniques de santé ne s’enlisent dans les difficultés financières. L’étude fait apparaître qu’il existe de graves lacunes dans notre système d’assurance maladie pour les plus fragiles d’entre nous malgré le bon niveau de protection dont la population bénéficie dans l’ensemble.
Un revenu décent pour les invalides
La MC et ses partenaires formulent dès lors quelques recommandations à destination des pouvoirs publics:
-augmentation de l’indemnité minimum des chefs de ménage en invalidité de 150 euros par mois;
-instauration d’un pécule de vacances de 250 euros pour les personnes en invalidité;
-majoration des allocations familiales des personnes en invalidité de 100 euros par enfant et par mois.
-démarrage rapide d’un enregistrement obligatoire et complet de tous les médicaments prescrits (les malades chroniques consomment par exemple beaucoup d’anxiolytiques entièrement à leur charge);
-suivi de l’enregistrement de ces médicaments par une analyse pouvant donner lieu à une étude sur le remboursement éventuel, les conditions et, le cas échéant, l’intégration du ticket modérateur résiduel dans le Maximum à facturer;
-extension des conditions d’intervention pour les frais de transport. Actuellement, l’assurance maladie intervient dans les frais de transport des patients dialysés et des patients cancéreux; ce dispositif pourrait être étendu à d’autres groupes cibles (personnes subissant une transplantation, parents d’enfants malades chroniques par exemple).
Cette année, la MC et ses partenaires ont lancé une pétition ‘Chacun a droit à une vie décente. Les personnes en invalidité aussi’, qui a recueilli plus de 170.000 signatures et a été remise au Premier ministre.
D’après un communiqué des Mutualités chrétiennes