La Semaine mondiale de l’allaitement maternel a lieu du 1er au 7 octobre, au moment même de la semaine de promotion de la santé du nourrisson en Communauté française.
La médiatisation de l’allaitement fait partie de son retour dans l’espace public de notre société. Si les journalistes font généralement l’effort de se documenter correctement, l’image qui accompagne le texte n’est pas toujours sélectionnée avec le même soin. Or, le message visuel s’imprime plus durablement que le texte, d’autant plus qu’à propos d’allaitement, il est souvent séduisant et attrayant. Mais attention, certaines de ces illustrations contribuent à entretenir des idées fausses ou des pratiques dommageables. Quelques exemples.
Le contexte et le décor
La quasi totalité des images sur l’allaitement montrent une jeune femme chez elle, en chemise de nuit, en peignoir ou dévêtue. C’est donner l’impression qu’allaiter exige la nudité, une complète intimité, la réclusion au domicile. Ne serait-il pas temps de véhiculer le message que l’on peut aussi allaiter en famille, au restaurant, dans un parc public ou même dans un bus, et ce avec aisance et discrétion? De même, trop d’images présentent un gros plan maman-bébé, certes esthétique et attendrissant, mais pourquoi ne pas montrer aussi la fratrie, ou le père, ou les grands-parents, en somme un tableau plus convivial que ces sempiternels duos clos?
Le père
Il est un cliché que les médias véhiculent encore trop souvent: un père s’occupe de son bébé en lui donnant… le biberon. Le bébé ne serait-il qu’un tube digestif? Son père ne pourrait-il communiquer avec lui que par la nourriture? Il y a tant de moyens de montrer son affection à un tout petit, en cadrant des pères donnant le bain, berçant, portant, promenant, admirant leur petit qui tète dans les bras de maman… D’autant que l’on sait maintenant que la technique de succion au biberon est radicalement différente de celle au sein. Un bébé confronté trop tôt aux deux techniques finit par les confondre et tète mal au sein.
La position du bébé
Dans nos pays, peu de jeunes mères ont déjà vu une autre mère allaiter. Leurs seules références visuelles sont donc les images des médias. C’est dire leur impact.
A éviter absolument: les bébés couchés sur le dos (comme pour prendre le biberon) et qui doivent tourner la tête pour attraper le sein; les bébés qui pincent le mamelon comme une paille; les mères qui dégagent le nez du bébé en comprimant le sein d’un doigt. Ces postures et ces manœuvres sont traumatiques pour le sein.
Un bébé bien placé a le corps tourné vers sa mère, son menton et son nez sont collés au sein, sa bouche est bien ouverte, ses lèvres sont bien retournées vers l’extérieur et il prend toute ou une bonne partie de l’aréole en bouche. Dans cette position-là, la succion est non-traumatique pour le sein maternel et efficace pour déclencher la réaction d’éjection du lait. Cela contribue à éviter des problèmes de gerçures du mamelon, si douloureuses, et à prévenir les problèmes de ‘manque de lait’.
La taille des seins
Dans l’imaginaire maternel ou érotique, de gros seins ont quelque chose de rassurant et réjouissant: ils évoquent la plénitude, l’abondance, l’assurance d’être comblé. Il est donc tentant de montrer un bébé tétant un sein opulent. Cette préférence générale des médias décourage les femmes qui ont des seins normaux ou menus. Or, la production de lait dépend surtout de la qualité de la succion du bébé et du bien-être émotionnel de la maman. Pas de la taille des seins.
Les situations d’urgence, de guerre, de catastrophe, de grande pauvreté
Il est classique d’en illustrer les reportages par une image de bébé au sein, flanqué d’un commentaire désespérant sur le dénuement de ces populations… Quel dommage d’associer ainsi allaitement avec famine et précarité!
Imaginons que ce même bébé reçoive des biberons de lait industriel (à supposer que ses parents puissent les payer). Irait-il mieux? Non! La stérilisation des ustensiles est probablement impossible, l’eau est douteuse, la poudre de lait est dépourvue des éléments protecteurs contre les infections. Les images d’allaitement dans ces situations très critiques sont en réalité porteuses d’espoir. Cet enfant-là, au moins, reçoit le meilleur. Soulignons-le. Et tant qu’à chatouiller la fibre humanitaire de l’occidental moyen, incitons-le à soutenir l’amélioration des conditions alimentaires et sanitaires des mères plutôt qu’à financer l’envoi de boîtes de lait en poudre!
Françoise Moyersoen , du Réseau Allaitement Maternel asbl, et Ingrid Bayot de Infact-Québec Pour plus d’informations:
‘Réseau Allaitement Maternel’ asbl, tél.: 081-31 04 39, fax 081-31 01 76;
Site de WABA: [L=http://www.waba.org.my]www.waba.org.my[/L] (textes en français);
Site CoFAM: [L=http://www.coordination-allaitement.org]www.coordination-allaitement.org[/L]