Octobre 2021 Par SPF Santé publique, Sécurité de la chaîne alimentaire et Environnement Initiatives

Le concept « One Health » (aussi appelé « One World One Health ») trouve son origine dans les réflexions internationales engendrées à la suite des épidémies du début du 21ème siècle à propos des liens entre santé humaine, santé animale et écosystèmes dans la transmission des maladies parmi les humains, les animaux domestiques et la faune. Il a été approuvé en 2008 par de nombreuses organisations internationales dont l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), l’Organisation mondiale de la santé animale (OIE), le programme des nations unies pour l’environnement (UNEP) et la Banque mondiale.

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Elargi à l’ensemble des politiques de santé, ce concept définit une approche intégrée de la santé, centrée sur les interactions entre les animaux, les végétaux, les humains et leurs environnements. Elle synthétise en quelques mots une notion connue depuis plus d’un siècle : la santé humaine, la santé animale et la santé des plantes sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. Une politique sanitaire ne peut se résumer à une approche strictement biomédicale mais doit inclure l’ensemble des déterminants de la santé ainsi que les interactions entre ces différents déterminants.

Par exemple, une stratégie de lutte contre les pandémies ne doit pas se focaliser uniquement sur des mesures biomédicales préventives (désinfection) et curatives (vaccin) mais doit aussi s’attaquer aux facteurs menant à la propagation de maladies animales à l’homme et à leurs disséminations, comme :

  • la destruction des habitats naturels, qui augmente les contacts avec la faune sauvage ;
  • les conditions d’élevage intensives ;
  • les échanges internationaux permettant la dissémination des agents infectieux…

Cette approche encourage les collaborations, les synergies et l’enrichissement mutuel de l’ensemble des acteurs dont les activités peuvent avoir un impact sur la santé. Le but est d’atteindre une santé optimale pour les humains, les animaux et l’environnement.

Le concept « One Health » au cœur de la politique du SPF Santé

En Belgique, le concept « One Health » a été adopté par le Service public fédéral (SPF)  Santé publique, Sécurité de la Chaîne alimentaire et Environnement.

Depuis 2001, l’administration fédérale de la santé est en charge des « 4 piliers de la santé » : la santé des humains, de l’environnement, des animaux, et des végétaux (y compris la sécurité alimentaire). Le SPF Santé est organisé en directions générales distinctes, mais une équipe « One World One Health » coordonne des projets transversaux. Ceux-ci se caractérisent par une approche multisectorielle de la santé via ses différents piliers et en incluant d’autres enjeux tels que les préoccupations socio-économiques.

Cette approche nécessite de collaborer avec les autres administrations fédérales, les entités fédérées et les organisations internationales (Nations-Unies, Union européenne, OIE, OMS, COP, etc.). Le SPF Santé s’engage également dans une démarche prospective et scientifique afin d’identifier les mégatendances impactant nos projets, les potentiels risques futurs, et d’établir des stratégies basées sur les preuves scientifiques.

3 projets en cours

La lutte contre la résistance antimicrobienne

de nombreux patients, humains et animaux, sont infectés par des microorganismes (principalement des bactéries) résistants aux antimicrobiens (principalement des antibiotiques). En Belgique, cela coûte 24 millions d’euros par an et 76 586 jours d’hospitalisation supplémentaire.  Le SPF Santé coordonne un plan national intersectoriel axé sur la disponibilité et l’utilisation responsable des antimicrobiens, sur l’établissement d’un réseau capable de prévenir et de détecter rapidement les cas de résistances antimicrobiennes et de pouvoir y répondre, ainsi que sur l’utilisation des connaissances scientifiques disponibles. 

Les inégalités en matière de santé 

les inégalités sociales sont multiples et d’origine très différentes : conditions de vie inégales (ex : logement), conditions de travail, d’éducation, style de vie… Ces facteurs ne relèvent pas du secteur de la santé mais impactent notre état de santé et mènent à des écarts de plus de 10 ans d’espérance de vie entre les profils socio-économiques les plus faibles et les plus hauts. Pour réduire ces inégalités, le SPF Santé propose des actions pouvant être menées dans tous les secteurs et filières politiques au niveau fédéral, régional et communautaire. Par exemple, le SPF Santé est en train de construire un réseau de collaborateurs inter-SPFs et un outil d’évaluation de projet qui ont tous deux pour finalité d’amener les fonctionnaires à construire des projets où l’on s’assure que les citoyens les plus précarisés puissent au moins autant bénéficier d’un nouveau droit que les autres, ce qui implique notamment de veiller à ce que l’information leur arrive, qu’elle leur soient compréhensible, que la procédure administrative soit facilitée voire accompagnée, et idéalement que les bénéfices soit proportionnels au niveau de précarité.

Vers un système alimentaire durable

notre société doit changer la façon dont nous produisons et consommons notre alimentation pour répondre aux enjeux environnementaux (réchauffement climatique, perte de biodiversité, durabilité des ressources pour les générations à venir) et de santé. Le SPF Santé a lancé un projet de réflexion sur les chemins de transition qui permettraient d’améliorer la santé humaine, d’assurer la sécurité alimentaire et de réduire les impacts négatifs de nos modes alimentaires sur l’environnement. Ce projet nécessite de mettre autour de la table beaucoup d’acteurs et de secteurs différents afin de développer une approche commune et acceptée par tous.

Le réseau belge “One Health” (Belgian One Health Network)

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Le réseau BeOH a pour objectif de rassembler un ensemble d’expertises belges dans les domaines de la santé humaine et animale, l’environnement/nature/biodiversité, les sciences économiques et sociales, ou encore les sciences humaines comme l’anthropologie. Le concept « One Health » nécessite en effet de rassembler les initiatives et organisations citoyennes, scientifiques, et politiques afin d’opérationnaliser des approches intégrées, efficientes, et durables de la santé humaine, animale, végétale, et environnementale qui prennent en compte d’autres secteurs ainsi que les tendances mondiales. Le réseau BeOH permet de faciliter les collaborations et de soutenir les actions et communications de ses membres.  

Le réseau BeOH a été lancé en 2019. Cette année, le 23 novembre 2021, BeOH organise une conférence afin de travailler au développement d’une perspective « One Health » sur le Pacte vert pour l’Europe (Green Deal de l’UE). Les discussions porteront sur le soutien que notre pays peut apporter à certains plans d’actions et stratégies du Pacte vert via une approche « One Health ». Quatre thèmes seront particulièrement abordés : l’économie circulaire, la biodiversité, la transition vers un système agro-alimentaire durable et la réponse aux changements climatiques. 

Pour conclure, le concept One Health nait d’un constat que de nombreux problèmes de santé sont ancrés dans des chaines de réactions qui dépassent la capacité de comprendre et de répondre d’une seule profession de santé, d’un seul niveau de pouvoir, et d’un seul secteur. L’enjeu et le défi principal est d’arriver à collaborer (par exemple, entre ministres et entre niveaux de pouvoir), c’est-à-dire vouloir collaborer, savoir avec qui collaborer (y compris les nombreux acteurs du terrain), et être capable de collaborer (en instaurant une gouvernance participative et en allouant du temps de travail pour se rencontrer). C’est ce à quoi travaillent le SPF Santé, le réseau BeOH, et nombreux acteurs locaux et internationaux.