Pour sa première assemblée générale sous la présidence du Prof . Jean Nève (1), le Conseil supérieur de la santé a invité le Prof . Serge Hercberg , président du Comité de pilotage du Programme National Nutrition Santé en France, à présenter les réalisations et les enjeux futurs de cette très ambitieuse initiative.
Le choix du conférencier n’était pas dû au hasard, vu que Jean Nève est un des acteurs du PNNS belge, dont les responsables suivent par ailleurs de près les avancées et les freins rencontrés chez nos voisins français. D’autre part, la thématique ‘nutrition, alimentation et santé, y compris sécurité alimentaire’ est un des principaux centres d’intérêt du Conseil (2), qui vient d’ailleurs de terminer un gros travail de mise à jour des recommandations nutritionnelles pour la Belgique.
Il était d’autant plus intéressant d’entendre l’orateur, que la Belgique planche pour le moment sur l’évaluation de son premier plan et la définition de nouveaux objectifs pour le second.
La France s’est dotée, dès 2001, d’une véritable politique nutritionnelle de santé publique, en mettant en place, sous l’égide du Ministère de la Santé, le «Programme National Nutrition Santé (PNNS)». Planifié sur une durée de 5 ans (PNNS1 2001-2005) et prolongé en 2006 pour 5 nouvelles années (PNNS2 2006-2010), il constitue un des plans de santé publique les plus ambitieux dans le domaine de la nutrition, jamais développés en Europe.
Les actions mises en oeuvre par le PNNS ont comme finalité de promouvoir, dans l’alimentation et l’activité physique, les facteurs de protection et de réduire l’exposition aux facteurs de risque vis-à-vis des maladies chroniques et, au niveau des groupes à risque, de diminuer l’exposition aux problèmes spécifiques.
Multisectoriel, il associe tous les acteurs concernés: l’ensemble des ministères (santé, agriculture, consommation, éducation nationale, jeunesse et sport, intérieur, recherche), les agences sanitaires, la Haute autorité de santé, la Caisse nationale d’assurance maladie, la Mutualité, l’Association nationale des industries alimentaires (équivalent de ‘notre’ FEVIA, mais avec un pouvoir d’influence plus considérable sur le monde politique), les associations de consommateurs, les associations des Maires de France et des Départements de France et divers experts scientifiques.
Sur un plan opérationnel, pour atteindre les objectifs qu’il s’est fixé, le PNNS développe un ensemble d’actions, de mesures, voire de réglementations. Ses différents axes stratégiques sont orientés vers la communication, l’information, l’éducation, l’environnement nutritionnel et l’offre alimentaire. Il intègre la formation, la recherche, la surveillance et l’évaluation.
Le PNNS s’articule entre le niveau national et le niveau loco-régional. Le niveau national conçoit des outils validés et offre un cadre de référence pour le développement essentiel des actions de terrain.
Les actions mises en place sont orientées vers différentes cibles: population générale, groupes à risque, professionnels de santé, professionnels de l’éducation, travailleurs sociaux, collectivités locales et territoriales, le monde associatif et les acteurs économiques.
Il repose sur un ensemble de grands principes: le respect du plaisir, de la convivialité, et de la gastronomie; une approche positive, fortement orientée vers la promotion des facteurs de protection, ne se situant jamais dans le champ de l’interdit; le développement de messages toujours adaptés avec les modes de vie; la synergie, la complémentarité et la cohérence des messages et de l’ensemble des actions développées.
Le Prof. Hercberg nous a présenté un inventaire impressionnant de réalisations, dont la suppression des distributeurs automatiques payants dans les écoles est un bel exemple. À noter aussi une ‘charte d’engagement de progrès nutritionnel’ signée par une vingtaine d’entreprises depuis 2008 (c’est peu, mais il y a quelques poids lourds du secteur parmi les signataires, comme Lesieur, Unilever France ou Findus).
En faisant état du bilan provisoire actuel du PNNS 2, le conférencier se félicita du fait que 85% des 140 actions spécifiques sont achevées ou engagées, tout en reconnaissant qu’un des objectifs fondamentaux du Programme, à savoir la réduction de 20% du surpoids et de l’obésité chez les adultes est très loin d’être atteint.
Plus encourageant pour terminer, l’objectif de freiner la progression régulière de surpoids et obésité chez les enfants semble atteint, avec une prévalence stable autour de 18%, comme en 2000.
Christian De Bock
L’ensemble des documents utilisés à l’occasion de cette conférence sont disponibles à l’adresse [L]www.css-hgr.be/ag2010[/L]. (1) Malheureusement absent pour cause de ‘nuage islandais’ le jour fatidique!
(2) En 2009, l’alimentation a représenté un quart des avis du Conseil, à égalité avec la vaccination.