Juillet 2020 Par Université Catholique de Louvain (UCL) Dossier

Etude Uclouvain – Communiqué de presse (juin 2020)En parallèle des efforts pour soigner et sauver des malades du Covid-19, les soignant·es se sont alarmé·es de la diminution significative de la fréquentation des services de santé, et des annulations de rendez-vous médicaux durant le confinement. L’UCLouvain (Sandy Tubeuf et Dominique Vanpee), en collaboration avec la KU Leuven (Jeroen Luyten), a donc lancé une étude pour connaître les raisons de ce renoncement aux soinsNote bas de page. 1 963 personnes ont répondu à l’enquête (âge moyen 48 ans), majoritairement des femmes (74,2%), détentrices d’un diplôme de l’enseignement supérieur (80,3%). 1 répondant·e sur 4 déclare une baisse de revenu depuis le début du confinement.2 personnes sur 3 se déclarent en bonne (ou très bonne) santé (62,4%) avant le confinement et consultaient des médecins généralistes et spécialistes régulièrement au cours des 12 derniers mois (1 à 3 X/an). 1 personne sur 2 déclare avoir au moins un problème de santé chronique et 35,5% des personnes déclarent être limitées dans les activités du quotidien depuis au moins six mois.

Les résultats de l’enquête UCLouvain ?

  • 1 personne sur 2 affirme avoir renoncé à des soins de spécialistes, pour des rendezvous prévus avant le confinement, suite à la pandémie. 1 personne sur 5 a renoncé à plusieurs rendez-vous
  • 38,7% ont renoncé à des soins dentaires, 33,6% à des soins paramédicaux (kinésithérapie, logopédie, pédicure, etc.) et 19 % à des visites chez le généraliste
  • 9 personnes sur 10 (87,5%) n’ont pas pu faire un examen médical (prise de sang, test de dépistage, imagerie médicale) qui avait été prévu avant le confinement

Les raisons invoquées ? Rendez-vous annulés ou cabinets fermés. Mais aussi, la peur d’attraper le coronavirus en allant se faire soigner (10,2%).Autre constat : 38,6% rapportent avoir eu au moins un nouveau problème de santé pour lequel ils et elles n’ont pas consulté alors que cela aurait été leur réflexe en temps normal. La raison ? Les répondants ont préféré attendre de voir s’ils et elles allaient mieux. Ou, le médecin leur a demandé de ne pas venir.

L’impact pour le futur ?

  • 15,8% des répondants pensent que le renoncement aux soins durant le confinement a détérioré leur état de santé « assez fortement » ou « très fortement » et parmi les personnes avec une maladie chronique cette proportion passe à 22.8% soit plus d’une personne sur cinq
  • Un problème de santé dans les semaines à venir ? 34,8% consulteraient un·e médecin, mais 48,9% ne consulteraient que s’ils jugent le problème de santé sévère et 10,1% ne consulteraient que par téléphone. Les 6.2% restant ne consulteraient pas du tout.

Concrètement, l’étude UCLouvain indique qu’il y a une crainte de la population à être contaminé en allant se faire soigner et que le renoncement à des consultations médicales et paramédicales dans le futur risque de perdurer. De plus, les professionnel·les de la santé vont voir venir en consultation des personnes avec un état de santé dégradé du fait de la crise sanitaire.Alors que les répondants à l’enquête sont majoritairement des femmes actives, très éduquées, plutôt en bonne santé avant le confinement, les scientifiques UCLouvain observent un fort renoncement à différents types de soins médicaux durant le confinement et près d’1 personne sur 5 indique que son état de santé s’est détérioré du fait du renoncement ou du report de soins durant le confinement. Donc, si les répondants étaient plus représentatifs de la population générale en Belgique, le non-recours et ses conséquences seraient susceptibles d’être encore plus importants.

L’enquête se poursuit jusqu’à la fin du mois de juin: https://uclouvainph.qualtrics.com/jfe/form/SV_8D3WX8lH34Lf6LP

Le concept de renoncement aux soins vise à identifier des besoins de soins non satisfaits, c’est-à-dire non reçus alors que le patient en ressentait la nécessité. Des travaux antérieurs sur le renoncement aux soins pour raisons financières montrent que le renoncement a un effet délétère sur l’état de santé futur.