Juillet 2017 Par Florence PENSON Yves COPPIETERS Stratégies

Le Plan de Promotion de la Santé bruxellois est actuellement en cours de finalisation. La proposition de cadre stratégique élaborée par l’Ecole de Santé Publique de l’ULB en concertation avec les acteurs de promotion de la santé a permis d’alimenter son chapitre « Attitudes saines ».

Élaboration du Plan de Promotion de la Santé bruxellois : focus sur les « attitudes saines »

En février 2016, le Parlement francophone bruxellois a adopté le nouveau Décret de Promotion de la Santé porté par la Ministre Jodogne. Ce Décret prévoit la mise en œuvre d’un Plan de Promotion de la Santé de cinq ans (2018-2022) visant à promouvoir la santé et à réduire les inégalités sociales de santé en Région de Bruxelles-Capitale.À l’initiative de la Ministre de la Santé du Gouvernement francophone bruxellois, l’École de Santé Publique (ESP) de l’ULB a été mandatée en septembre 2016 pour élaborer, dans un délai de six mois, une proposition de cadre stratégique afin de promouvoir les « attitudes saines » au sein de la Région bruxelloise.

Cette dénomination, peu adaptée[1], recouvre à la fois la promotion d’une alimentation favorable à la santé, d’une activité physique régulière, d’une consommation responsable d’alcool et d’une réduction du tabagisme.Les stratégies reprises dans cette proposition ont permis d’alimenter le Plan de Promotion de la santé de la Cocof, qui couvre l’ensemble des thématiques et domaines visés par le champ de la promotion de la santé pour la Région bruxelloise.

Des enjeux de santé publique importants

Les problèmes de santé associés à une alimentation peu équilibrée, à un manque d’activité physique, au tabagisme et à la consommation d’alcool sont responsables d’une importante morbi-mortalité et constituent dès lors des priorités de santé publique. Travailler sur ce « quatuor » semble donc indispensable afin de promouvoir des modes de vie et des environnements favorables à la santé et prévenir ainsi certaines maladies (maladies cardiovasculaires, diabète, certains cancers, ostéoporose, fractures, etc.).

Il s’agit avant tout de développer des moyens qui permettent de tendre vers une meilleure santé globale, un état de bien-être, une vie de qualité, d’aller vers plus d’autonomie et vers la réalisation de choix collectifs et individuels plus éclairés. Cela passe par une vision multifactorielle de ces problématiques. Il s’agit d’abord de prendre conscience de la constellation de facteurs qui les déterminent. Il est ensuite nécessaire d’agir sur ces déterminants à travers le développement d’approches systémiques, en s’appuyant sur la diversité des acteurs en lien avec les matières abordées et en les ancrant dans les milieux de vie.

Méthodologie

Les propositions de stratégies reprises dans le document élaboré par l’ESP de l’ULB se basent essentiellement sur des programmes et activités existants.Les structures de promotion de la santé qui travaillent à Bruxelles, en lien avec l’une ou l’autre des quatre thématiques abordées, ont été dans un premier temps rencontrées de manière individuelle. Ces entretiens ont permis de mieux connaitre les actions de ces structures et d’assurer ainsi « une continuité » des stratégies à renforcer. Plusieurs concertations ont par la suite eu lieu afin de s’assurer que les besoins de la population bruxelloise et du secteur de la promotion de la santé étaient correctement pris en compte. Une réunion de concertation a également été réalisée avec les acteurs de terrain et autres relais qui travaillent en lien avec la thématique de l’alimentation et/ou de l’activité physique.

Parallèlement à cela, divers cabinets et administrations bruxellois dont les compétences sont liées à l’une ou l’autre des quatre thématiques, ont été rencontrés afin d’aborder les stratégies/pistes d’actions qui impliquent à la fois le secteur de la promotion de la santé et leur Ministère. Le développement d’une approche intersectorielle liée à ces thématiques est en effet un élément fondamental afin de proposer des stratégies cohérentes.

Plusieurs rencontres ont par ailleurs eu lieu avec le service d’Appui du Service de Promotion et Education pour la Santé (APES-Ulg), service communautaire chargé d’élaborer le chapitre « Alimentation et activité physique à des fins de santé » du Plan Prévention Santé de la Région wallonne. L’objectif de ces rencontres était de favoriser une cohérence et une continuité entre les stratégies des deux Plans en cours de rédaction.Une après-midi de restitution et d’échange autour de la proposition de cadre stratégique s’est finalement tenue le 24 mars 2017.

Cette séance s’est déroulée en présence de tous les acteurs ayant participé au processus d’élaboration de la proposition (acteurs de promotion de la santé/de terrain, représentants des cabinets et l’APES-Ulg) ainsi que d’autres acteurs travaillant sur ces thématiques.L’élaboration de la proposition de cadre stratégique a été pilotée par le service de la santé du Service public francophone bruxellois et le Cabinet de la Ministre Jodogne.

Principales lignes de force

Des lignes de force transversales ont guidé l’identification des stratégies et des pistes d’actions reprises dans la proposition de cadre stratégique.

1. La responsabilisation collective et individuelle

La proposition de cadre stratégique vise avant tout le renforcement de la responsabilisation sociale plutôt qu’individuelle, tout en travaillant sur les représentations et en développant l’esprit critique et la liberté de choisir. Un de ses objectifs est de rendre disponibles un savoir-être et un savoir-faire qui permette à la population d’acquérir des comportements favorables à la santé et de contribuer à la création d’environnements porteurs de bien-être et de qualité de vie en matière d’alimentation, d’activité physique, de consommation d’alcool et de tabagisme.

2. L’action dans la continuité, la participation et le renforcement des ressources existantes

La Région bruxelloise compte un nombre important d’organismes qui mobilisent du personnel et des volontaires pour améliorer la qualité de vie au sein des communautés. Les stratégies proposées sont là avant tout pour renforcer les multiples actions existantes et souvent de grande qualité. Elles misent sur la mobilisation des organisations intervenant dans les milieux de vie, les quartiers ou pour des groupes d’âges spécifiques.

3. Des actions de proximité et structurelles pour réduire les inégalités sociales de santé

La proposition de cadre stratégique entend mieux appréhender les inégalités sociales de santé pour mieux les combattre. Des collaborations avec les partenaires d’autres secteurs que celui de la santé sont indispensables, tout en poursuivant le travail de sensibilisation et de mobilisation sociale sur ces enjeux majeurs de santé publique.

Prendre en compte les vulnérabilités des publics plus vulnérables est une autre stratégie fondamentale pour lutter contre les inégalités sociales de santé. On parle d’universalisme proportionné pour désigner des actions qui concernent l’ensemble de la population et qui sont adaptées au degré de désavantage de certains groupes qui la composent. Cette adaptation des actions n’est envisageable qu’à travers l’adoption d’une approche de proximité, prenant en compte les besoins.

4. L’accessibilité à tous les niveaux

Les comportements en matière d’alimentation, d’activité physique, de consommation d’alcool et de tabac sont influencés par une série de critères d’accès : accessibilité géographique, accessibilité financière, accessibilité à l’information. Les expériences et ressources psychosociales, les habitudes familiales et culturelles, les appartenances sociales conditionnent également les choix et les comportements. Cette proposition de cadre stratégique entend en tenir compte.

Objectifs du Plan

Le Plan a comme objectif général l’amélioration de l’état de santé de l’ensemble de la population bruxelloise en agissant sur certains déterminants majeurs que sont l’alimentation, l’activité physique, la consommation d’alcool et de tabac tout en maitrisant les inégalités sociales de santé.Il s’agit à la fois de promouvoir des modes de vie favorables à la santé et des environnements qui facilitent l’adoption, le renforcement et le maintien d’habitudes de vie bénéfiques sur le plan de la santé.Cet objectif vise avant tout

  1. le développement d’offres de promotion de la santé et de soutien social, accessibles par tous ;
  2. le soutien aux professionnels et le renforcement de leurs actions auprès de la population ;
  3. la mobilisation des acteurs politiques et des responsables institutionnels dans une vision intersectorielle (Health in all policies)
  4. l’amélioration des cadres de vie et des environnements en lien avec des modes de vie favorables à la santé.

Structure de la proposition

La proposition de Plan est composée de 21 stratégies regroupées en 4 axes. Chacune des stratégies est déclinée en une série de sous-stratégies ou de pistes d’actions. Ces dernières ne sont pas exhaustives. Certaines ont été mises en avant pour leur efficacité supposée et la nécessité de les renforcer. D’autres sont innovantes et méritent d’être développées.

Axe 1. Etat des lieux

Cet axe reprend les éléments indispensables qui doivent être mis en place de façon continue afin de mieux comprendre l’état de santé de la population bruxelloise en matière de modes de vie favorables à la santé et ce qui détermine l’adoption de ces derniers.

Axe 2. Cadre institutionnel

Promouvoir les « attitudes saines » nécessite des approches pluri- et intersectorielles et l’intégration de la santé dans toutes les politiques publiques (« health in all policies »), qu’elles soient locales, régionales, communautaires ou fédérales. Les stratégies de cet axe visent dont une meilleure cohérence des politiques publiques développées tant en promotion de la santé que dans les domaines de la santé, de l’agro-alimentaire, du commerce, de l’enseignement, de l’aménagement urbain, du logement, etc.

Axe 3. Soutien aux acteurs de terrain

Cet axe propose des stratégies d’appui aux démarches communautaires et de qualité qui outillent et renforcent la population bruxelloise. Ces initiatives se font par des acteurs de terrain, en partenariats intersectoriels. Elles doivent être accompagnées (besoin de ressources complémentaires), transposées à d’autres quartiers / communautés et évaluées. Ce soutien « aux acteurs de terrain » ne pourra par ailleurs se faire que si les informations et besoins des acteurs « remontent » auprès des instances décisionnelles qui ont la responsabilité des allocations des ressources.

Axe 4. Soutien à la population bruxelloise

Il s’agit de développer et de renforcer les connaissances et capacités de la population bruxelloise (adaptées aux publics visés) sur base des ressources existantes et d’actions de proximité mais aussi de faciliter l’accessibilité à une alimentation favorable à la santé et à des environnements favorisant la l’activité physique.La figure ci-dessous présente les différents axes d’intervention en regard des principaux déterminants pris en compte dans la proposition et en lien avec l’amélioration de l’état de santé.

Figure 1 : Présentation des axes d’intervention en regard des groupes de déterminants

ImageLa proposition de cadre stratégique pour promouvoir une alimentation favorable à la santé, une activité physique régulière, une consommation d’alcool responsable et une réduction du tabagisme est disponible sur le site :

Perspectives

Les stratégies intégrées au Plan de Promotion de la Santé bruxellois seront opérationnalisées de différentes façons :

  1. lancement d’appels à projets permettant de désigner et de financer des activités en lien avec les thématiques abordées ;
  2. appui aux acteurs pour contribuer de manière qualitative à la mise en œuvre de ces actions ;
  3. développement ou renforcement de concertations intersectorielles entre les différentes autorités compétentes ;
  4. mise en place d’un cadre de suivi et d’évaluation ;
  5. coordination et suivi de la mise en œuvre du Plan de promotion de la santé par l’instance de pilotage telle que prévue par le Décret de promotion de la santé de la Cocof.

[1] Nous avons cherché mieux, mais en vain… Vous avez une meilleure idée ? N’hésitez pas à contacter la rédaction pour nous le faire savoir !