Juin 2011 Par Stéphanie VAN HAESEBROUCK Initiatives

Valorisation de l’environnement et des produits locaux, développement durable et convivialité sont quelques-uns des fers de lance des «Cittàslow» (villes lentes). Leur fil conducteur? Vivre un rapport au temps moins frénétique.
Le 17 mars dernier, le concept Cittàslow était à l’ordre du jour d’un Midi Santé de l’Observatoire de la Santé du Hainaut. Sabine Storme , responsable du réseau Cittàslow de Belgique, y a présenté ce mouvement né en Italie il y a une dizaine d’années.

Du Slow Food au Cittàslow

Le concept de villes lentes est issu d’un autre concept, le Slow Food fondé en 1989. Contrer le «fast food» synonyme de malbouffe et l’accélération trop rapide de la vie sont les principaux objectifs de cette association internationale. Slow Food promeut une alimentation de qualité définie par trois principes étroitement liés: le Bon, le Propre et le Juste. Le Bon pour la saveur des aliments, le Propre pour les méthodes de production respectueuses de l’environnement et de la santé humaine et le Juste pour les prix accessibles aux consommateurs et les revenus équitables des petits producteurs. Le mouvement compte actuellement 100.000 membres à travers 150 pays.
Comprenant toujours le volet gastronomique du Slow Food , le concept Cittàslow voit plus grand. Du bien-être à table, on passe à la qualité de vie, à la santé et à la durabilité en général.

Identité locale et décélération

À l’image de leur logo (un escargot à la coquille coiffée de maisons), les villes lentes prônent un plus juste rapport au temps. Par exemple, l’espace «Kiss and Ride» de Chaudfontaine, l’une des quatre villes lentes de Belgique, a vu le jour pour permettre aux parents de déposer leur enfant à l’école sans précipitation. Grâce à cette desserte située le long de la voirie, le parent peut embrasser son chérubin avant que sonne la cloche et sans pour autant créer d’embouteillage. Adieu le fétichisme de la vitesse!

Initiatives de villes lentes

Orvieto , ville d’Italie, où est né le concept, a mis l’accent sur la mobilité: densification du réseau de bus, construction de parkings aux abords de la ville, création de zones piétonnes et de pistes cyclables et lancement d’un pédibus (encadrement des trajets pédestres entre la maison et l’école).
Au cœur d’une région densément peuplée, Midden Delfland , commune néerlandaise, a mis un point d’honneur à conserver ses espaces verts et sa tranquillité: offre de loisirs, renforcement des atouts du paysage, pose de panneaux signalétiques internationaux…
À Waldkirch , en Allemagne, un parc d’activité a vu le jour. Celui-ci réunit des habitations et des bureaux, le tout sous une approche bioclimatique : orientation des bâtiments, toitures végétales, récupération des eaux de pluie, isolation renforcée…

Outre notre rapport frénétique au temps, la charte du mouvement Cittàslow dénonce l’homogénéisation des modes de vie, fortement visible dans les métropoles. Une ville lente entend maintenir son identité propre. La commune désireuse de s’inscrire dans une telle démarche entame dès lors obligatoirement une réflexion autour de six domaines d’actions: l’environnement (réduction du bruit, épargne énergétique…), les infrastructures (pistes cyclables, accès aux personnes à mobilité réduite, zones vertes…), l’urbanisme (réhabilitation des bâtiments historiques, bio-architecture), la mise en valeur des produits locaux, l’hospitalité (plan signalétique multilingue des parcours guidés dans la ville) et la sensibilisation de la population au concept.
À titre d’exemple, Silly met en valeur son patrimoine lors des concerts donnés dans ses fermes, châteaux et églises. Dans la même entité, un supermarché n’a pu voir le jour qu’à condition de proposer des produits locaux.
À ce jour, 135 villes ont été séduites par le concept CittàSlow . 135 villes de 19 pays tels que l’Italie, les Pays-Bas, l’Australie, l’Autriche, la Suisse, la Grande-Bretagne… y compris notre petite Belgique. Actuellement, quatre de nos communes sont concernées, toutes situées en Wallonie.
Le projet est ouvert à toute commune, pour peu que celle-ci compte moins de 50 000 habitants. À cette condition s’ajoute entre autres celle de l’autofinancement. Mais ces communes gagnant en convivialité peuvent espérer voir leur cote touristique grimper. Maintenant qu’il est bien vu de lever le pied, reste à emboîter le pas!
Stéphanie Van Haesebrouck , Observatoire de la Santé du Hainaut

Infos

http://www.cittaslow.net (site officiel des villes lentes, en italien et en anglais).
http://www.slowfood.com (mouvement international Slow Food, version française accessible).
sabine.storme@publilink.be ou 068 25 05 37 pour contacter la responsable du réseau belge.
Le diaporama Cittàslow présenté au Midi Santé est disponible sur le site http://observatoiresante.hainaut.be , Onglet Publications > Diaporamas .

Supporter une ville lente

Une ville de plus de 50 000 habitants ne peut devenir une ville lente. Cependant, il lui est possible de supporter le projet. C’est le rôle brigué par la Région de Bruxelles-capitale. De ce fait, elle pourrait accompagner les communes désireuses de se lancer dans le Slow… comme Etterbeek.
Le projet ne serait dès lors plus uniquement incarné en Wallonie. Outre le probable engagement des Bruxellois, les Flamands tenteront-ils l’aventure ? Certaines communes flamandes y réfléchissent elles aussi.