Mai 2011 Par Véronique JANZYK Outils

Devant le constat que le dépistage des cancers féminins est sous-pratiqué en région de Charleroi, des organismes de terrain se sont penchés sur la réalisation d’un jeu de sensibilisation destiné au public bénéficiaire et sur la conception d’une formation à l’utilisation du jeu pour les relais de terrain. Une dizaine de femmes discutant devant un plateau de jeu où se découpe une silhouette féminine. Un seul pion, qu’il faut se partager, pour avancer de case en case. Gynoquid , c’est le nom de l’outil, est un jeu coopératif. On avance ensemble. On discute des réponses à des questions sur les cancers, sur les comportements protecteurs, sur les examens de dépistage ou sur la vaccination.
Des saynètes sont amenées par l’animatrice. Elles peuvent mettre en scène un médecin généraliste conseillant un examen de dépistage ou une femme réticente à pratiquer un tel examen. « Les mises en situation sont aussi proches que possible de la réalité » explique Michèle Lejeune , de Carolo Prévention Santé, cheville ouvrière du projet. « Elles suscitent à coup sûr des réactions . Elles permettent de faire vivre les arguments pour avancer vers le dépistage

4 jours

« Le projet a été porté par une série de partenaires », poursuit Michèle Lejeune. « On compte parmi eux la Ville de Charleroi , via notamment l’Échevinat de la Santé et de l’Égalité des chances , le CPAS et ses Espaces citoyens , les Femmes Prévoyantes Socialistes , la Fondation pour l’Université Ouverte de Charleroi , Vie Féminine , le Centre Régional d’Intégration de Charleroi et le Centre local de promotion de la santé de Charleroi Thuin
Pendant des mois et des mois, ces acteurs ont, avec l’aide de spécialistes en oncologie, remis leur projet sur l’ouvrage. Aujourd’hui, le jeu est là, dans une valisette en bois, à côté de sa version informatisée. Coût : 106 euros.
Mais encore faut-il, pour un usage optimal de l’outil, s’être formé(e) à l’utilisation du jeu. Durée de la formation : 4 jours. « Elle doit permettre aux relais d’acquérir une culture et un langage commun de la sensibilisation au dépistage des cancers féminins », précise Michèle Lejeune. « Elle a aussi pour but d’outiller à une démarche de communication et de sensibilisation appropriée aux différents publics féminins et à leurs contextes environnemental et socioculturel . Nous nous adressons surtout à des femmes d’origine étrangère , des femmes qui connaissent des conditions de vie parfois difficiles et qui ne font pas de leur santé une priorité . Or , la santé est importante pour atteindre les buts qu’elles se sont fixés ».
La formation alterne des exposés théoriques et des mises en situation pratiques, des travaux de groupe, des projections vidéo ainsi bien sûr que des espaces de discussion. Aujourd’hui, plus d’une vingtaine de relais Gynoquid ont été formés à Charleroi. Selon les personnes formées, le jeu constitue un bon prétexte pour parler de santé et de dépistage des cancers en dehors de tout contexte dramatique ou négatif. Apprendre en s’amusant n’est-ce pas déjà promouvoir la santé ?

Relais-population français

On notera encore que des échanges ont lieu avec des collègues français. « Dans le Nord », précise Michèle Lejeune, l’acception de relais santé est différente de celle que nous pratiquons ici , ou plus large , dans la mesure où des associations forment des relais santé au sein même de la population . Des personnes qui dans le cadre de conversations formelles ou informelles transmettent des informations scientifiques correctes et adaptées à d’autres personnes peuvent ainsi devenir des relais santé , dits relais population
Si les approches sont distinctes, elles n’ont pas empêché les partenaires belges de conclure un échange de compétences avec le Réseau des Actions Locales de la Santé du Nord, afin que le jeu puisse aussi être utilisé dans le cadre du travail des relais-population français.

Des formations sont prévues en 2011, et une délocalisation est possible en Communauté française. Contact : Michèle Lejeune, Chargée de projets à Carolo Prévention Santé, Bd Zoé Drion, 1, 6000 Charleroi. Tél : 071 92 53 51. Fax : 071 92 53 52. Courriel : carolo.preventionsante@scarlet.be