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L’obésité en questions

Le 30 Déc 20

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La Fédération des Institutions Médico-sociales (FIMS) regroupe 15 services de promotion de la santé à l’école en Communauté française qui assurent la tutelle de quelque 300.000 élèves sur les 900.000, tous réseaux confondus, que compte la Communauté et à qui elle destine les services de promotion de la santé à l’école. Compte tenu de l’évolution récente de la législation qui les concerne et de l’élargissement de leurs missions, c’est d’abord à eux que nous nous intéressons dans le cadre de cet article.
La Fédération compte également en ses rangs 75 milieux d’accueil d’enfants de 0 à 3 ans (crèches, prégardiennats, MCAE…), dont certains organisent également de l’accueil extrascolaire pour des enfants de 3 à 12 ans. Cela représente environ 50 % de cet accueil 0-3 ans associatif.
Cette représentativité des services dédiés aux enfants et aux jeunes et à leur accompagnement permet de risquer une parole dans le débat actuel sur la situation alarmante de la santé nutritionnelle des enfants en Communauté française (1).

Quelques éléments de cadre

Sans vouloir faire œuvre scientifique, nous pouvons néanmoins identifier trois tensions / évolutions de la société actuelle:
– la consommation versus l’image du corps : chaque jour, la publicité vante des produits de consommation, y compris alimentaires. Dans le même temps, elle donne une image du corps, jeune, soigné, mince;
– la sédentarité versus le sport : les activités de la vie courante sont de plus en plus sédentaires. A titre d’exemple, de moins en moins d’enfants se rendent à l’école à pied ou en vélo mais ils sont de plus en plus amenés en voiture par leurs parents ou prennent les transports en commun. A l’inverse, jamais on n’a autant parlé de sport, et incité à sa pratique. L’image du sportif de haut niveau est magnifiée. Mais le mouvement est devenu une activité pour elle-même et non plus intégrée dans la vie quotidienne. D’où une baisse de pratique;
– la sécurité alimentaire versus la qualité des produits : les récentes crises alimentaires ont augmenté la préoccupation à propos de la sécurité des produits, de leur traçabilité, des conditions d’hygiène dans lesquelles les repas sont préparés. Mais dans le même temps, la qualité diététique, le choix des aliments en fonction de leurs apports sont passés au second plan. Sécurité formelle accrue certes mais parfois au détriment de la qualité nutritionnelle!

Quelques chiffres

Habitudes alimentaires
Un adolescent bruxellois sur cinq a une alimentation déséquilibrée (2).
La proportion de jeunes qui ont une alimentation déséquilibrée augmente avec l’âge, passant de 15,5% (10-12 ans) à 34% (17-18 ans) pour les garçons et de 15,2% (10-12 ans ) pour les filles à 24,5 % (17-18 ans ).
Un quart des jeunes bruxellois ne prennent jamais de petit déjeuner avant d’aller à l’école.
C’est significativement plus qu’en Wallonie et qu’en Flandre. A l’inverse, 57 % des adolescents bruxellois déjeunent tous les matins.
Moins d’un quart d’adolescents bruxellois (20% des garçons et 24 % des filles) consomment des légumes et des fruits tous les jours. Cette proportion est plus importante chez les jeunes de milieu social aisé.
9 % des adolescents bruxellois disent consommer des hamburgers quotidiennement. C’est surtout une habitude des garçons, particulièrement dans la tranche 13-14 ans où 14 % des adolescents consomment quotidiennement des hamburgers pour 3 % des filles.
On note des différences marquées selon la filière d’enseignement: 26 % des garçons fréquentant l’enseignement professionnel consomment des hamburgers tous les jours, 15 % dans l’enseignement technique et 9 % dans l’enseignement général.
Et 9% des adolescents consomment des frites tous les jours!
L’obésité
Sur base des données de l’Enquête de Santé (2001), la valeur moyenne du BMI en Belgique est de 24,9 chez les adultes de 18 ans et plus. Cette valeur est très proche du seuil qui définit la surcharge pondérale (BMI de 25 et +) (3).
Au total, 46% de la population, seulement, peut être considérée comme ayant un poids «normal», avec un BMI situé entre 20 et 25.
Chez l’enfant, la prévalence du surpoids et de l’obésité augmente rapidement dès l’âge de 2 ans pour atteindre les valeurs maximales dans les tranches 7-12 ans.
Ainsi, entre 18 mois et 8 ans, 10% des enfants sont en surpoids, et entre 9 et 12 ans, c’est un enfant sur cinq.
Parmi les adolescents fréquentant les écoles bruxelloises en 2002, 5% souffraient d’obésité et 16,3% présentaient un excès pondéral.
La prévalence de l’obésité chez les jeunes bruxellois est semblable à celle qui est observée pour l’ensemble de la Communauté Française.

Commentaire

La problématique n’est pas neuve, mais elle prend une ampleur nouvelle. Face à elle, il convient en outre de dépasser la question de la seule obésité. Il y a en effet plus largement un problème de mauvaise nutrition qui va croissant et qui concerne une large part des jeunes. Si l’obésité comme telle doit recevoir un suivi de type « curatif », il importe avant tout de développer des politiques préventives de base et généralisées.
Quand on parle obésité et « mauvaise nutrition », il s’agit bien d’un problème de fond, complexe, évolutif qui doit donc recevoir une prise en charge adaptée: travail en profondeur, dans le temps, en partenariat. Les campagnes ne peuvent venir qu’en appui de services institués: l’expérience a montré en effet qu’elles sont plus efficaces sur un public déjà sensible à la question.

Recueil documentaire

Le Centre de documentation de l’Unité RESO-UCL publie un recueil documentaire, dans lequel sont reproduits divers articles, brochures, textes récents sur le thème de l’obésité chez l’enfant .
Beaucoup de ces documents peuvent également être consultés sur des sites dont l’adresse est renseignée dans le recueil.
Pour rappel, les recueils documentaires sont le fruit d’un projet commun entre l’ULB-PROMES, l’UCL-RESO et le Centre local de promotion de la santé de Bruxelles.
Deux nouveaux recueils sont proposés chaque année en plus de la mise à jour de plusieurs recueils parus précédemment.
Pour obtenir un recueil documentaire, une participation aux frais de reproduction de 13.20 € (frais de port inclus pour la Belgique) par recueil est demandée.
Notons également qu’un exemplaire de chaque recueil paru peut être consulté dans les Centres locaux de promotion de la santé (adresses sur le site https://www.sante.cfwb.be ).
Pour tout renseignement sur les thèmes déjà parus, consultez le site https://www.md.ucl.ac.be/entites/esp/reso/recueils/intro.htm
Prévention de l’obésité chez l’enfant , Série de Recueils documentaires , n ° 11 , novembre 2004 .
Université Catholique de Louvain , Unité RESO , Centre de Documentation RESOdoc , avenue Mounier 50 , 1200 Bruxelles . Tél .: 02 764 50 38 . Courriel : karine . verstraeten @ reso . ucl . ac . be ou gossiaux @ reso . ucl . ac . be

La Communauté française n’est pas sans « outils ». De longue date, l’ONE s’est vu confier une mission d’accompagnement des familles via les consultations et les milieux d’accueil. Pour les enfants et les jeunes, des missions de santé préventive ont été confiées aux centres d’inspection médicale scolaire devenus depuis peu les services de promotion de la santé à l’école.
Enfin, la Communauté s’est également dotée d’un décret relatif à la promotion de la santé qui lui permet de développer un réseau de centres locaux de promotion de la santé et de financer des projets plus ciblés et ponctuels.

Rôle des Services de promotion de la santé à l’école (PSE)

Des atouts à faire valoir

Longtemps centres d’inspection médicale scolaire, régis par la loi de 1964, les actuels Services de promotion de la santé à l’école étaient centrés sur l’examen de santé, la prévention de base (absence de maladie). La rénovation dans les années 80 et 90 les avait ouverts à d’autres pratiques et à l’éducation pour la santé: il leur était alors possible de diminuer le nombre d’examens et de les remplacer par d’autres actions auprès des enfants et des jeunes.
Le décret de décembre 2001 en a redéfini les missions en les fondant sur une définition plus globale de la santé: le bien-être. Elles sont au nombre de 4: mise en place de programmes de promotion de la santé, suivi médical des élèves, prophylaxie des maladies transmissibles, recueil de données sanitaires.
I]Service universel et gratuit
Toute école doit passer une convention avec un service PSE. Ce service doit être gratuit. Tout enfant ou jeune doit se soumettre à l’examen de santé périodique dans un service PSE.
Ces principes et obligations sont inscrits dans le décret qui institue les services PSE. Le législateur, en les maintenant, a ainsi voulu insister sur l’importance d’un accompagnement « santé » de l’enfant et du jeune durant toute sa période de scolarité obligatoire.
Grâce à cette obligation, les services PSE peuvent être en contact avec l’ensemble des enfants et des jeunes. Ils se situent donc en première ligne d’une politique de prévention. La dernière déclaration de politique communautaire y fait d’ailleurs écho.
Service qui accompagne l’enfant et le jeune durant toute sa scolarité
Au travers des examens de santé, le service PSE est amené à rencontrer l’enfant et le jeune régulièrement durant sa scolarité. Dans le contenu de l’examen médical, il est prévu de peser et mesurer l’enfant, ce qui permet d’établir une courbe de croissance et de calculer le « BMI ».
Les examens sont prévus à des moments déterminés: dans l’enseignement maternel, en 1e et en 3e année; dans l’enseignement primaire: en 2e , 4e et 6e année;
Au niveau secondaire: en 1e accueil, en 1e année complémentaire, en 2e générale et en 2e professionnelle; en 4e année, dans l’enseignement professionnel et l’enseignement technique de qualification; en 5e année, dans l’enseignement général et l’enseignement technique de transition; Dans l’enseignement professionnel secondaire complémentaire: en 1e année de la section « soins infirmiers ».
Dans les centres de formations et d’éducation en alternance: la 1e année de fréquentation de ce type d’enseignement, et ensuite tous les deux ans.
Enfin, dans l’enseignement spécial, la 1e année de fréquentation de ce type d’enseignement, et ensuite tous les deux ans. (4)
Il est également prévu un examen durant la première année de fréquentation de l’enseignement supérieur. Des Points de contact santé pour répondre aux questions et attentes des jeunes doivent aussi être organisés dans ces écoles.
Service qui agit de manière individuelle et collective
L’action individualisée des services PSE intervient principalement au travers des examens de santé périodiques et le suivi de ceux-ci, en ce compris, le cas échéant, la rencontre des familles.
L’action collective des services trouve son expression au travers des projets d’animation, d’éducation pour la santé et de manière plus fondamentale au travers de « projets santé » élaborés avec l’école, à sa demande, en partenariat avec d’autres acteurs « santé ». Il s’agit alors de passer d’une activité santé à une dynamique portée par tous.
Cette dernière dynamique, qui pourrait effectivement traiter de manière optimale la problématique de la mauvaise nutrition, reste malheureusement peu développée faute de moyens pour la mettre en œuvre de la part de l’ensemble des partenaires et du PSE en particulier.
Service qui s’appuie sur l’expérience
Les services PSE travaillent depuis longtemps auprès des enfants et des jeunes, à leur écoute, à celle de leur école et de leurs parents. Centrés sur l’examen de santé et son suivi, ils ont également été amenés à développer d’autres projets pour répondre à des besoins plus spécifiques.
Voici quelques exemples concrets d’actions éducatives menées par des services PSE:
Projets «petits déjeuners» : des activités relatives aux petits déjeuners se sont déroulées dans des écoles bruxelloises en 5e et 6e primaires. Elles étaient organisées en collaboration avec les élèves de 1e humanités.
Il s’agit d’une éducation par les pairs où la transmission d’un savoir acquis et la créativité se sont organisées de manière interactive, créant par la même occasion des liens entre les élèves du primaire et du secondaire.
Tous les élèves des classes maternelles étaient invités à un spectacle de marionnettes, qui avait pour objet le petit déjeuner malin. Les enfants étaient acteurs car invités à participer à un échange « questions-réponses »… pour faire comprendre l’importance du petit déjeuner. L’animation théâtrale débouchait sur l’organisation d’un petit déjeuner dans chaque classe où les parents étaient également conviés.
Projets « sensibilisation à une alimentation équilibrée » ou « théâtre forum » dans la région du Hainaut.
Les études des problèmes de santé dans cette région montrent que les efforts d’éducation pour la santé doivent se porter vers une éducation à la consommation alimentaire ainsi qu’à celle de tabac et d’alcool.
L’outil « théâtre-forum » a été choisi pour son caractère ludique. Cet outil se démarque par rapport aux outils classiques et met le jeune en situation très différente de celle où il se trouve d’habitude lorsqu’il consomme de « l’audiovisuel ». L’enfant, sous une forme ludique, est amené à être participant et à s’impliquer dans l’élaboration du message qu’il doit assimiler. Cet outil est un bon moyen, et depuis fort longtemps, pour faire passer de façon efficace un message. La persistance de cet outil au fil du temps nous a semblé être la meilleure évaluation que l’on pouvait faire de sa pertinence!
« Jeu des menus » , toujours dans la région du Hainaut. Les élèves sont invités à former des groupes. Chaque groupe reçoit une assiette en liège et un sachet contenant des assortiment d’images représentant des aliments. Ils sont invités à composer des menus équilibrés. La correction des menus est effectuée oralement, pour toute la classe, ce qui permet d’évaluer la compréhension des élèves par rapport aux notions vues, et de corriger certaines erreurs.
On le voit, des projets pédagogiques concrets et ciblés existent, dont certains sont même en lien avec des études de populations, toujours précieuses pour mieux connaître les besoins des populations concernées et de ce fait, agir plus efficacement. Ce type de démarche doit être encouragé.
Avec le temps, les projets santé sont amenés à se développer mais aujourd’hui encore les moyens manquent cruellement.
Avec des perspectives renouvelées et des limites
Les récentes modifications législatives diversifient les missions des services PSE; elles leur ouvrent ainsi en particulier la possibilité d’établir avec les écoles et les autres partenaires « santé » des projets dans lesquels la préoccupation d’une alimentation saine pour une vie saine doit trouver sa place.
Cette préoccupation ne peut être imposée ni aux écoles ni aux jeunes. Le travail à mener doit être de l’ordre de la responsabilisation individuelle et collective. Cela prend du temps.
Ce travail rentre dans les missions des Services PSE. Néanmoins, leur subvention ne leur permet pas, aujourd’hui, de le mener comme il serait nécessaire.
Un dernier chiffre: une centaine d’équivalents temps plein pour accompagner 300.000 élèves dans l’ensemble de la Communauté française, c’est vraiment peu, très peu…
Isabelle Gaspard et Lydwine Verhaegen , FIMS
Adresse des auteures: FIMS (Fédération des Institutions Médico-Sociales asbl), rue Belliard 23A / Bte 3, 1040 Bruxelles
Cet article a été rédigé sur base d’une note réalisée en vue d’un débat au Parlement de la Communauté française au sujet de la prévention de l’obésité chez l’enfant (rapport de Marcel Cheron).
(1) Cet article s’inscrit dans le cadre d’une réflexion du Parlement de la Communauté française sur la prévention de l’obésité chez l’enfant. Rapport introductif de Marcel Cheron , doc 77 (2004-2005) n° 1, téléchargeable à l’adresse https://www.ecolo.be/download/20050228_rapport_obesite.pdf
(2) Source: Tableau de bord de la Santé en Région de Bruxelles-Capitale, 2004.
(3) Source: Enquête de santé par Interview, ISSP, Belgique, 2001
(4) Voir l’article 2 de l’arrêté du 13 juin 2002 (M.B. 25/07/2002).

Alcool et sécurité routière: le triomphe de Bob

Le 30 Déc 20

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Les chiffres sont, hélas, là pour nous le rappeler: l’alcool au volant reste l’un des principaux problèmes de sécurité routière dans notre pays. Chaque année, il joue un rôle dans plus de 4000 accidents corporels et fait plus d’un millier de tués et blessés graves et près de 6000 victimes. Derrière ces chiffres se cachent autant de drames humains qui auraient pu être facilement évités…
Or, si les occasions de faire la fête et de consommer de l’alcool ne manquent pas tout au long de l’année, elles sont davantage présentes en décembre. C’est pourquoi, tous les ans à pareille époque, l’IBSR lance une campagne de sensibilisation sur le thème de l’alcool au volant. Depuis le mois de décembre 1995, ces campagnes sont axées sur un personnage né de l’union entre l’IBSR et le Groupe Arnoldus. Son nom de code? Bob, évidemment. Sa mission? Ramener les autres en sécurité après la fête.
Pour le Ministre Renaat Landuyt , Ministre de la Mobilité, l’objectif de cette campagne est évident: rappeler, d’une part, que boire et conduire sont totalement incompatibles; inciter d’autre part les personnes qui font la fête à élire, au préalable, un Bob.

Bob, un coup gagnant

(1)
Dès sa naissance, Bob a connu un succès retentissant. Une enquête a montré que 97 % des Belges le connaissent . Deux éléments essentiels expliquent cette réussite. D’une part, être Bob revêt un caractère valorisant. D’autre part, Bob n’a pas d’âge spécifique, pas de sexe, n’appartient à aucune classe sociale, joue son rôle quel que soit le type de sortie… Bref, il peut se glisser à n’importe quel moment sous les traits de chacun d’entre nous. Tout le monde aime s’identifier à Bob. Il suffit d’avoir un permis de conduire et le sens des responsabilités!
Le caractère positif du message et l’universalité du concept Bob ont permis un changement rapide des mentalités, ce qui se traduit par un renforcement de la désapprobation sociale envers les conducteurs qui boivent. Bob a donc clairement joué un rôle majeur en matière de sécurité routière ces dernières années.

Sur le terrain aussi

Pour que Bob puisse vraiment être considéré comme un succès, il faut que cette notoriété exceptionnelle se concrétise dans le comportement réel des conducteurs. En d’autres termes, Bob doit être effectivement présent sur le terrain et remplir sa mission, à savoir ramener les autres en sécurité après la fête. A ce titre, les résultats de l’enquête menée l’an dernier après la campagne (2) sont assez révélateurs. Près d’une personne sur deux a déjà été reconduite par Bob et plus d’une personne sur trois a déjà proposé d’être Bob. Pour les plus jeunes, ces pourcentages sont encore plus importants.
Bob n’est pas uniquement un concept théorique, il a un réel impact sur le comportement des conducteurs. Notons, par ailleurs, que ces chiffres sont régulièrement en augmentation, preuve que l’efficacité de ce concept est loin de s’estomper.

Mesure du comportement

Les mesures du comportement en matière d’alcool au volant constituent un instrument intéressant, permettant de cerner, avec exactitude, l’ampleur du problème. Elles sont basées sur des contrôles non sélectifs au cours desquels tous les conducteurs arrêtés doivent souffler. En 2003, lors d’une récente mesure du comportement, 13.000 contrôles d’alcool effectués à n’importe quel moment de la semaine ont été examinés en détail. Il en ressort que 3 , 31 % des conducteurs roulent , en moyenne , sous l’influence de l’alcool en Belgique . La plupart de ceux-ci (2,26%) ont une alcoolémie de 0.8 pour mille ou plus, ce qui signifie que les conducteurs qui ont bu absorbent une quantité d’alcool relativement importante.

Les brasseurs belges investissent depuis 10 ans dans la campagne Bob

Depuis 1995, les brasseurs belges financent la moitié du budget de la campagne. Cet investissement s’inscrit dans les efforts du secteur pour promouvoir une consommation responsable de la bière.
En 1988, les brasseurs belges ont participé pour la première fois à une campagne de sensibilisation sur le thème de l’alcool au volant. Dans la foulée, ils ont créé en 1992 le groupe Arnoldus, et ont démarré en 1995 un partenariat durable avec l’IBSR, concrétisé par un soutien financier et un appui à l’élaboration des messages.
Le slogan ‘responsable’ des brasseurs belges, ‘Une bière brassée avec savoir se déguste avec sagesse’, se traduit par d’autres initiatives: promulgation dès 1993 d’un code de bonne conduite en matière de publicité, réalisation d’une étude scientifique sur les coûts et bénéfices économiques et sociaux de la consommation d’alcool (Prof. Pacolet), etc.
Un engagement citoyen dans le ‘bien boire’ qui est aussi une façon d’assurer ses arrières…
Groupe Arnoldus, Grand Place 10, 1000 Bruxelles

Le pourcentage de conducteurs positifs pendant les nuits de week-end (7,76% ) est beaucoup plus élevé qu’en d’autres périodes. Le problème de l’alcool au volant est donc plus aigu au cours du week-end.
Dans notre pays, les mesures du comportement antérieures portaient uniquement sur la nuit du samedi au dimanche. La comparaison avec l’étude de 2003 n’est donc possible que pour cette période. On remarque que le pourcentage de conducteurs positifs est passé de 8 , 9 % en 1998 à 5 , 3 % en 2003 .
Les résultats de cette étude montrent, par ailleurs, que les hommes ont davantage tendance à prendre le volant après avoir bu: 4,3% des personnes contrôlées positivement étaient de sexe masculin contre 1,2% de sexe féminin.
En ce qui concerne l’âge des conducteurs positifs, on constate que les 40-54 ans sont davantage représentés que les plus jeunes. On pourrait même dire qu’il existe une ‘génération Bob’ pour laquelle il est logique de ne pas boire avant de prendre le volant. En revanche, les aînés semblent éprouver plus de difficultés à perdre leur mauvaise habitude. Peut-être leur expérience sert-elle aussi d’alibi pour pouvoir boire un peu plus…

Alcool et conduite: incompatibilité totale

Même en petite quantité, la consommation d’alcool est totalement inconciliable avec la conduite d’un véhicule, notamment parce qu’elle provoque une levée des inhibitions et incite le conducteur à moins calculer les risques et à se montrer plus audacieux. Ses conséquences sur le comportement au volant sont évidentes: champ de vision rétréci, temps de réaction allongé, réflexes diminués, somnolence…
Les experts estiment qu’avec une alcoolémie de 0,5 pour mille, le risque d’accident mortel est multiplié par 2,5 (par 4,5 avec 0,8 pour mille et par 16 avec 1,5 pour mille!). Pas étonnant, dès lors, qu’un ou plusieurs conducteur(s) étai(en)t sous l’influence de l’alcool dans plus d’un accident grave sur 10 en 2001!
Cette proportion varie, de surcroît, fortement en fonction de la période de la journée ou de la semaine. Ainsi, les jours de semaine, la présence d’alcool a été décelée, en 2001, dans 5,3% des accidents graves. En revanche, les nuits de week-end, ce chiffre culmine à 23,9% ! Et encore… Ces chiffres ne sont probablement qu’une sous-estimation de la véritable ampleur du phénomène. Il ressort d’une étude précédente (3) que 28% des conducteurs admis au service des urgences à la suite de leur implication dans un accident corporel avaient une alcoolémie supérieure à la limite légale autorisée. Pendant les nuits de week-end, ce pourcentage atteignait même 50 !
Pourtant, bon nombre de conducteurs pensent qu’ils peuvent conduire s’ils ne sont pas complètement ivres. Quand ils ont bu trois ou quatre verres, ils croient, à tort, que l’alcool ne les affecte pas. Dans 85% des accidents avec présence d’alcool, le conducteur est un buveur occasionnel et non un alcoolique…

Bob offre une tournée européenne

Le problème de l’alcool au volant ne s’arrête bien sûr pas aux frontières. Heureusement, Bob non plus! Pour la cinquième année consécutive, une campagne de sensibilisation transnationale ayant pour thème l’alcool au volant a été organisée dans l’UE à l’occasion des fêtes de fin d’année. Il s’agit d’une belle reconnaissance pour Bob et il n’est pas exclu qu’un jour une campagne soit menée conjointement par l’ensemble des pays de l’UE…
Les chiffres de l’European Transport Safety Council (ETSC) confirment la nécessité d’une collaboration, à l’échelon européen, dans la lutte contre l’alcool au volant. Chaque année, 9 . 000 personnes perdent la vie en Europe dans des accidents où l’alcool joue un rôle . Alors que moins de 5% des conducteurs prennent le volant avec une alcoolémie positive, ils sont responsables d’au moins 20% des blessés graves et tués sur les routes de l’UE (4).

Sensibilisation, mais aussi contrôles

Toute campagne de sensibilisation, aussi efficace soit-elle, doit s’accompagner d’un volet répressif. L’alcool au volant ne déroge pas à cette règle. Si, pour la première fois depuis 1998, le pourcentage de conducteurs positifs était en très nette baisse pendant la campagne Bob 2003-2004, on le doit surtout aux efforts fournis par les services de police ces deux dernières années.

Année

Nombre de contrôles de fin d’année Pourcentage de conducteurs positifs
1995-1996 100.992 6,4
1996-1997 84.111 6,3
1997-1998 86.908 6,7
1998-1999 88.683 6,3
1999-2000 72.257 6,5
2000-2001 51.339 7,2
2001-2002 41.601 7,9
2002-2003 83.627 9,9
2003-2004 88.987 5,4

Entre 2001 et 2003, le nombre de contrôles a, en effet, augmenté de 114%! Dans le même temps, le nombre de conducteurs positifs a baissé de 32%…
D’après un dossier de presse de l’Institut belge pour la sécurité routière
(1) La campagne Bob implique de nombreux partenaires, au premier rang desquels les brasseurs belges (voir encadré). L’Union professionnelle des entreprises d’assurance Assuralia, les polices locale et fédérale, les trois sociétés de transport en commun TEC, STIB et De Lijn sont aussi de la partie. La Commission européenne soutient également cette initiative.
(2) Evaluation réalisée par INRA Belgium au moyen d’une enquête face à face auprès d’un échantillon de 1024 personnes, représentatif de la population belge âgée de 15 ans et plus.
(3) Belgian Toxicology and Trauma Study, 1995.
(4) ETSC, 1995.

En toute grande forme, les 55-65 ans?’

Le 30 Déc 20

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Une étude de la Mutualité socialiste sur la consommation de sept groupes de médicaments parmi ses affiliés et selon les catégories d’âge fait apparaître un essor non négligeable des profils de santé “problématiques” à partir de la cinquantaine. Une donnée à intégrer au débat sur le devenir des réglementations concernant l’âge de la pension.
Depuis bientôt douze ans, la Mutualité socialiste adresse une publication «de dialogue» – baptisée pour la cause Renouer – aux médecins, dentistes et pharmaciens francophones (1). Elle y aborde régulièrement des sujets d’intérêt général et de société qui touchent aux aspects éthiques, politiques, économiques ou sociaux de la santé.
Dans son numéro de novembre-décembre 2004, ce périodique présente une étude qui porte sur un vaste échantillon de notre population et jette un éclairage original sur la question de l’allongement du temps de travail, en la mettant en relation avec l’état de santé actuel des (pré-)seniors.
Concrètement, le Service d’études de la Mutualité socialiste a passé en revue la consommation de sept groupes importants de médicaments parmi l’ensemble de ses affiliés adultes durant l’année 2002. Les résultats mentionnent, catégorie par catégorie de produits pharmaceutiques, les pourcentages d’affiliés de 20 ans, de 25 ans, de 30 ans (et ainsi de suite jusqu’à 70 ans…) qui en ont consommé au cours de ladite année.
Un premier enseignement de cette étude statistique est qu’il y a trois scénarios-types pour ce qui est de la propension à consommer un groupe donné de médicaments aux divers âges de la vie. En gros, on rencontre:
1° des taux stables de consommation pharmaceutique quel que soit l’âge, observés par exemple pour les antibiotiques et les antihistaminiques (deux catégories prises ici comme point de comparaison par rapport aux sept analysées de plus près dans l’étude). Ainsi, en 2002, le recours aux médications restait compris dans une fourchette étroite de 46 à 49 % de consommateurs selon l’âge pour les antibiotiques et de 8 à 11 % pour les antihistaminiques.
2° des croissances linéaires (le taux de consommateurs croît de façon régulière entre l’âge de 20 ans et de 70 ans). Ce que l’étude objective pour deux catégories de produits: ceux prescrits contre l’ asthme et les maux d’ estomac .
3° des croissances brutales «à l’âge mûr» (consommation nulle à très faible jusqu’à 40-45 ans, puis en essor rapide à partir de 50-55 ans). C’est le cas pour quatre groupes de médicaments étudiés: ceux contre l’ hypertension , l’excès de cholestérol , les maladies du cœur et le diabète .
Le septième groupe analysé, celui des antidépresseurs, fait un peu bande à part sur deux plans: il présente une croissance de type linéaire entre l’âge de 20 ans (5 % de consommateurs) et celui de 50 ans (18 %). Puis le taux demeure stable jusqu’à 70 ans. En revanche, il se signale par un fort contraste sexué: à tout âge, les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à en consommer!
Deuxième enseignement: les co-morbidités se multiplient elles aussi dans les tranches d’âge directement concernées par les projets d’allongement de la vie professionnelle. En additionnant les sujets qui consomment deux des sept médications étudiées et ceux qui en consomment «trois ou plus», on découvre qu’ une personne sur cinq est déjà concernée à l’âge de 50 ans . Et plus d’ une sur trois à l’âge de 60 ans . Sachant que cette étude ne prend pas en compte toutes les médications ni a fortiori toutes les pathologies existantes, ces constats sont en outre bien en-deçà de la réalité .
Comme de surcroît la plupart des pathologies prises en compte ici sont chroniques, fragilisantes, parfois invalidantes ou demandent à tout le moins des adaptations personnelles et certains aménagements dans la vie de tous les jours, l’étude plaide pour qu’on réfléchisse sérieusement aux conditions réalistes de prolongation de la vie professionnelle et qu’on s’attaque notamment aux facteurs de stress au travail, pour tous les travailleurs et en particulier pour les plus âgés d’entre eux. Rester actif et socialement utile est certes une bonne chose. N’avoir plus comme perspective que de verser dans l’incapacité pour fuir des contraintes insupportables n’en est assurément pas une.
Vous pouvez retrouver les résultats complets de l’étude sur le site https://www.mutsoc.be .
Renouer, rue St-Jean 32-38, 1000 Bruxelles.Courriel: renouer@mutsoc.be.

(1) Voir DE BOCK C., ‘Quand une mutualité dialogue avec les prestataires’ , Education Santé n° 189, avril 2004

Le retour de la campagne ‘Bon appétit la santé!’

Le 30 Déc 20

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L’an dernier, nous vous avions présenté l’initiative de la Société belge de pédiatrie qui apportait sa caution scientifique à la diffusion d’un matériel pédagogique de la firme Danone destiné à l’enseignement maternel. Forte du succès de cette opération (1), Danone remet le couvert cette année, et propose à nouveau son matériel complété d’une nouvelle mascotte, Dynamix, et d’un concours offrant un voyage scolaire à la ferme à 1000 élèves de troisième maternelle. Le tout s’appuie sur un message publicitaire à la télé mettant en valeur l’engagement de la firme pour une alimentation saine.
Nous avons reçu d’une école un article fort critique à l’égard de cette initiative, qui ne fait donc pas l’unanimité espérée par la firme, article que nous publions bien volontiers. L’école en question avait sans doute échappé à l’envoi de Danone l’an dernier, ce qui explique le fait que cette réaction sort aujourd’hui.

Publicité contre éducation

Dans nos écoles d’enseignement fondamental, nous recevons toutes sortes de courriers. Nous sommes d’ailleurs parfois submergés. Une personne se présente avec un colis gratuit, nous signons un accusé de réception et le colis est à nous. Bien souvent, les directions remettent directement le colis en question aux enseignants concernés sans avoir eu le temps de voir ce qu’il en était exactement.
Ce lundi 14 février 2005, nous recevons donc un colis gratuit provenant officiellement de la Société belge de pédiatrie et destiné aux enfants de troisième année maternelle.
Ledit colis se compose de plusieurs livres cartonnés destinés aux enfants, d’un guide pour les enseignants, d’un poster et d’un diplôme qui pourra être remis à chaque enfant.
L’objectif déclaré de ce kit est de lutter contre les mauvaises habitudes alimentaires, l’objectif réel n’est autre que de faire de la publicité pour la multinationale Danone.

Zoom sur le livret destiné aux enfants et intitulé «Le secret des champions»

Il s’agit de l’histoire peu banale de Nicolas qui est bien chagriné d’être exclu de l’équipe de foot parce qu’il ne court pas assez vite, n’est pas assez costaud et manque cruellement d’agilité. De grosses larmes coulent sur ses joues…
C’est alors qu’il rencontre un lièvre qui passait par là.
« Je m’appelle Rapido et je cours plus vite que n’importe qui .» lui dit-il.
« Comment fais tu ?» demande l’enfant ébahi.
«C’est simple, je mange des carottes et beaucoup d’autres légumes.»
Logique.
Là où l’histoire prend un tour tragique c’est quand Nicolas rencontre le bœuf.
« Et alors , fiston , pourquoi ce chagrin ?» demande-t-il d’une voix grave.
« Je voudrais être costaud .» répond l’enfant étonné.
Et c’est là que nous perdons tous nos repères.
«Rien de plus simple, fais comme moi. Depuis que je suis petit, je bois du lait.»
« Du lait ?» demande Nicolas presque aussi surpris que nous d’apprendre qu’un gros bœuf boit du lait.
Celui-ci en rajoute alors une couche: « Bien sûr , du lait et tout ce qui vient du lait : les fromages , les yaourts , le lait battu . Ça rend fort
Grâce à ce livret, nous enseignons donc aux enfants de 5 à 6 ans qu’un bœuf, ça boit du lait.
Nous, on croyait que les bœufs sont effectivement des bêtes très costaudes qui puisent leur calcium dans l’herbe et non dans les produits laitiers…

Qu’en est-il de la loi relative à la publicité dans l’école?

Une initiative a été prise très récemment en la matière par la Ministre-présidente Marie Arena .
Dans la circulaire n° 1026 du 27/12/2004 dont l’objet est «Publicité dans les établissements scolaires et matériel didactique diffusé par les firmes commerciales» destinée à tous les réseaux, et aux niveaux et services du fondamental, du secondaire et des centres PMS pour l’année scolaire 2004-2005, il est stipulé: (extrait)
«Il a été récemment beaucoup question de la distribution dans les écoles d’un jeu pédagogique financé par une grande marque de céréales, jeu intitulé «Miam, la forme! (2)».
Au-delà de l’intérêt du matériel qui propose une approche ludique de l’éducation nutritionnelle, chacun conviendra qu’il s’agit avant tout d’une opération publicitaire.
Il n’est pas inutile de rappeler que l’article 41 de la loi du 29 mai 1959 modifiant certaines dispositions de la législation de l’enseignement établit que toute activité commerciale est interdite dans les établissements d’enseignement organisés par les personnes publiques et dans les établissements d’enseignement libre subventionnés.
Cependant cette disposition ne règle pas tout, car il n’est pas aisé de déterminer ce qui constitue une activité commerciale dans un établissement d’enseignement. La distribution de colis, d’échantillons ou de dépliants publicitaires tombe bien sous le coup de cette interdiction (…) Constatant que les enseignants et les responsables scolaires ont toujours fait preuve de la plus grande circonspection par rapport à l’intrusion de la publicité dans l’école, je continuerai à leur faire confiance pour adopter l’attitude la mieux appropriée dans chaque cas particulier (…) Je me limiterai dès lors à inviter les enseignants à développer particulièrement les activités disciplinaires ou transversales qui permettront à l’enfant ou à l’adolescent d’acquérir son autonomie et sa liberté face au message publicitaire.»

Nous nous permettons de rappeler aux responsables de Danone et de la Société belge de pédiatrie que rares sont les animaux qui consomment encore beaucoup de lait après le sevrage et que le seul animal à souffrir d’ostéoporose est l’homme, qui prend toute sa vie des produits laitiers!
En bon document publicitaire, ce livre termine par: «Chaque jour, les champions boivent du lait et mangent des produits laitiers.»
Nous retrouvons aussi le logo de Danone représenté en grand dans la face arrière de ce livre.

Zoom sur le guide des enseignants pour une alimentation saine

« Bien manger , c’est vital », « Votre contribution : mettre l’accent sur les bonnes habitudes ». Qui ne serait d’accord avec ces objectifs? Il sont tout à fait louables, mais cachent aussi une véritable agression publicitaire de la part de Danone.
Voyons en détail ce qui se trouve dans le document proposé aux enseignants.
Le logo de Danone est repris en première et en dernière page avec l’adresse du site de Danone et son numéro vert. «… Nous vous proposons , sous l’égide de la Société belge de pédiatrie , des recommandations simples autant que des conseils pratiques …» Ce qui donne un crédit scientifique à l’opération en question.
«…le calcium, véritable ciment des os. Sa source première est bien sûr le lait et tous les produits laitiers… Si l’enfant n’aime pas le lait, les eaux enrichies en calcium peuvent constituer une alternative intéressante.»
Devinette: quelle est la multinationale qui commercialise les eaux enrichies en calcium?
«Le goûter idéal» «… pour l’accompagner, rien ne vaut un verre de lait ou tout autre produit laitier.»
Evidemment!
«Le lait. Souriez-lui. Il n’y a pas mieux pour vous offrir des dents blanches et des os solides. Mais il ne faut pas en boire plus de 2 grands verres par jour.»
Pourquoi cette réserve si c’est si bon pour la santé?
Parmi les trois règles d’or données dans cette brochure on retrouve: « Pas question de faire l’impasse sur les produits laitiers . Apprenons à consommer avec raison de ces véritables mines de calcium , sans lesquelles , on se sent tout petit , petit
Mines de calcium et aussi mines d’or pour Danone! Tant qu’à faire, autant endoctriner les plus jeunes, ce sont les consommateurs de demain.

De la pub, encore de la pub

«Bon appétit la santé!» se devait de nous proposer son site: https://www.bonappetitlasante.be .
Que trouve-t-on sur sa page d’accueil? Le logo de Danone bien sûr. En deux coups de clic, nous atterrissons sur le site officiel de Danone Belgium.
Le logo de la firme se retrouve d’ailleurs dans pratiquement toutes les pages de ce site qui propose des vidéos, les règles d’un concours…
Quant à la Société belge de pédiatrie… Sur le bon d’expédition, il est mentionné Société belge de pédiatrie en gras suivi de c/o Eurokids’Team S A, avenue de l’Artisanat 2a, 1420 Braine L’Alleud.
En téléphonant aux renseignements nous avons confirmation que l’expéditeur est bien une société de… publicité bien sûr nommée Eurokids’team.
Une preuve de plus qu’il s’agit bien là d’une action publicitaire déguisée destinée aux écoles. Nous pensons qu’il ne faut pas diffuser ces documents à nos élèves et nous nous insurgeons contre de telles pratiques.
Isabelle Parentani , médiatrice, Aude Joffrin , institutrice primaire, Jorge Rozada chef d’établissement
Adresse des auteurs: Ecole communale n°4 de Saint-Gilles, Place de Bethléem 10, 1060 Bruxelles
(1) Voir notre article ‘L’action éducative ‘Bon appétit, la santé!’ dans les écoles maternelles’ , dans Education Santé n° 187, février 2004.
Sur le site, il est fait état de la participation de 7 écoles sur 10, d’un taux de satisfaction de 94%, du fait que 85% des parents déclarent avoir lu le livre, et que 95% des parents déclarent accorder plus d’importance qu’auparavant à l’alimentation de leurs enfants. Que du positif, donc!
(2) Il s’agit ici d’un programme de la firme Kellogg’s, voir ‘Ecole et marketing alimentaire’ Education Santé n° 198, février 2005.

En Centrafrique, utiliser le préservatif n’est plus un péché

Le 30 Déc 20

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Face aux ravages croissants du sida, le discours des églises ne tient plus. Les responsables religieux de Bangui, longtemps opposés à l’usage du préservatif, en favorisent aujourd’hui la promotion.
La grande salle de réunion du centre catholique Jean XXIII de Bangui est pleine à craquer. Catholiques, protestants, chrétiens de tous bords et musulmans suivent avec attention la présentation des méthodes de prévention du sida. Pascal Bond Roseneau , l’officiant, expert national de la lutte contre le Vih/sida, tire de son sac un préservatif qu’il présente à l’assistance. Puis, il montre pas à pas les conditions à respecter pour bien l’utiliser, tout en vantant l’efficacité de cette méthode de prévention.
Une démonstration qui était impensable il y a une dizaine d’années. La promotion du condom se heurtait alors à la résistance farouche des chefs spirituels. L’Enquête démographique et de santé en Centrafrique réalisée en 1995 avait d’ailleurs relevé que la position intransigeante des religieux était une des causes de la propagation de la maladie. ‘ Pour les croyants , promouvoir le préservatif c’était encourager la débauche , comportement condamnable par les Saintes Écritures ‘, regrette Richard Betchem Mamadou , coordonnateur du Réseau centrafricain des jeunes pour la lutte contre le sida (Recajes).

Les fidèles les plus touchés

Aujourd’hui, les positions ont évolué, suite à la montée du sida. D’après une enquête réalisée l’an dernier par le Recajes sur un échantillon de 16 églises (dont 8 catholiques) choisies dans la seule ville de Bangui, 17 % des jeunes chrétiens seraient infectés par le sida, un taux supérieur à la moyenne nationale, estimée en 2003 à 15 %. Un chiffre qui place la Centrafrique en tête des pays d’Afrique centrale les plus touchés par la pandémie et au 10e rang mondial.
Lors de l’apparition du sida en Centrafrique au début des années 80, ‘ Beaucoup de pasteurs pensaient que cette maladie ne concernait pas l’Église qui est appelée à vivre la sainteté . Quelque temps après , les leaders religieux ont finalement compris qu’elle n’épargnait personne ‘, explique Patrice Kouzoukéssé , pasteur de l’Église apostolique de Miskine II à Bangui. Les responsables religieux ont ensuite été très touchés par les décès qui se multipliaient parmi leurs fidèles, même parmi les plus en vue. ‘ D’où ce changement de position en faveur de la promotion du préservatif qui était considéré au départ comme une abomination ‘, conclut P. Kouzoukéssé.
La sensibilisation des croyants à l’utilisation des préservatifs et leur distribution sont devenues de plus en plus courantes dans les églises centrafricaines. ‘ Les jeunes élèves des églises appartenant à l’Alliance évangélique en Centrafrique manifestent aujourd’hui un grand désir d’utiliser le préservatif pour se protéger contre le sida ‘, témoigne ainsi Raymond Ndakalla , administrateur de l’Union des jeunes chrétiens (UJC) de Centrafrique. Ces derniers temps, des pasteurs font ouvertement campagne pour le préservatif sur les ondes des radios nationales. Ils expliquent qu’il n’est pas donné à tout chrétien, être charnel, de rester chaste et fidèle.
Cependant, au sein de la hiérarchie de l’Église catholique, le discours officiel qui condamne l’utilisation du préservatif entre personnes non mariées n’a pas varié. ‘ L’Église a toujours prôné la fidélité , l’abstinence , le rapport sexuel dans le mariage . L’Église recommande l’usage du préservatif uniquement à un couple dont l’un des éléments est atteint du sida . L’homme doit être à la hauteur des doctrines de l’Église ‘, soutient fermement Aimé Benjamin Agboko , curé de la paroisse Saint-Michel à Bangui.

Le préservatif, roue de secours

Mais, en pratique, les prêtres tolèrent de plus en plus la promotion du condom. ‘ Les préservatifs sont même vendus dans la cour des églises . Cela n’est plus un tabou ‘, confirme Félix Yangana , l’un des responsables de la chorale de cette paroisse. ‘ Au départ , les prélats défendaient la thèse de l’abstinence et de la fidélité en espérant convaincre les fidèles . Un enseignement qui malheureusement ne cadre pas très exactement avec l’attitude des jeunes chrétiens . D’où l’urgence pour l’Église catholique d’encourager la sensibilisation massive en faveur du port du préservatif afin de sauver de nombreuses vies humaines ‘, ajoute-t-il.
Pour l’abbé Nicaise Poukré , curé de l’église Saint Mathias, qui préconise un véritable changement de comportement sexuel des jeunes catholiques, le condom n’est pas la panacée mais ‘ je suis d’avis que pour toute formation sur la prévention du vih / sida , dit-il, il y ait démonstration du port du préservatif , parce que quoi qu’il en soit , c’est une roue de secours ‘.
Chez les musulmans, les imams ne s’opposent plus ouvertement au préservatif. L’Union des musulmans centrafricains (Umc) a, par exemple, organisé en 2001 une sensibilisation des filles musulmanes libres sur l’utilisation du préservatif. ‘ Un pas important dans cette campagne contre le sida ‘, se réjouit Aladji Ali Bardé , premier vice-président de l’Umc. Il reste optimiste et entend mettre son expérience au profit de tous les imams de Bangui.
Jules Yanganda , InfoSud Syfia

La réalité sociologique du sida aujourd’hui

Le 30 Déc 20

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Comment expliquer le fait que l’on dépiste à nouveau plus de nouveaux séropositifs?
Il faut avant tout rappeler que les données disponibles sont bien en deçà de la réalité. Par définition, nous ne disposons que des données relatives aux personnes effectivement dépistées. Et l’on constate qu’une proportion importante de diagnostics de séropositivité sont posés lors de l’apparition de la maladie. Il y a donc une «partie invisible de l’iceberg» constituée par les personnes séropositives qui s’ignorent.

En ce qui concerne le «pourquoi» de la recrudescence des nouveaux cas, il faut sans doute invoquer un faisceau de facteurs plutôt qu’une cause unique. En outre, les fluctuations constatées dans les données épidémiologiques globales peuvent être dues à des facteurs différents selon les publics que l’on considère. Il faut avant tout avoir à l’esprit que des changements dans divers domaines peuvent expliquer ces fluctuations: il faut envisager les caractéristiques de l’épidémie elle-même, les comportements et leurs déterminants (connaissances, attitudes, estime de soi, etc.) ainsi que certaines caractéristiques de l’environnement et des politiques mises en œuvre en matière de santé.
Depuis l’apparition de nouveaux traitements plus efficaces, la chute de l’immunité est mieux maîtrisée, la durée et la qualité de vie des personnes atteintes est améliorée et l’apparition des symptômes peut être fortement retardée. Les patients ont la possibilité d’assumer une vie professionnelle et sociale, et donc aussi des relations affectives et sexuelles.
Par ailleurs, le groupe de séropositifs augmente puisqu’il y a cumul de la baisse de la mortalité et de l’augmentation de nouveaux cas, ce qui, statistiquement parlant, augmente la possibilité de relations sexuelles entre séropositifs et séronégatifs. Il serait d’ailleurs plus que souhaitable de travailler davantage avec les séropositifs dans le cadre des actions de prévention.
Le revers de la médaille des progrès thérapeutiques est peut-être le développement d’une attitude d’optimisme exagéré dans la population générale: le sida apparaît comme moins grave, n’est plus considéré comme une maladie mortelle puisque les médicaments font de l’effet. Cela va parfois jusqu’à la croyance en la guérison, la non-apparition des symptômes, la non-contamination. En clair, il y a une dédramatisation des conséquences du virus, une banalisation de la maladie: prendre un risque ne serait finalement plus si lourd de conséquences…
Il y a aussi un effet de génération: au début des années nonante, les élèves de l’enseignement secondaire commençaient leur vie sexuelle dans un contexte où le sida était très visible, tant dans les médias que dans le milieu scolaire via des programmes d’information spécifiques. Le sida est moins présent aujourd’hui dans le quotidien des jeunes et ceux-ci sont moins informés sur les risques de transmission et les moyens de se protéger.
Certains jeunes n’ont jamais eu d’information structurée à ce sujet. En ce qui concerne les programmes d’éducation affective et sexuelle, qui permettent notamment de diffuser une information au sujet du sida et des autres maladies sexuellement transmissibles, une partie des jeunes en âge scolaire n’en bénéficient pas, en particulier dans l’enseignement technique et professionnel. De plus, ces programmes intègrent rarement les questions liées aux orientations sexuelles, alors que l’on sait que les jeunes homosexuels sont particulièrement vulnérables quand ils commencent leur vie sexuelle. Les informations en milieu scolaire sont souvent dues à des initiatives individuelles d’enseignants ou d’autres professionnels.
On peut toutefois faire remarquer que si les jeunes ont évidemment besoin d’un bagage informatif sur le sida, ils ne sont pas les plus exposés, que la tranche d’âge la plus touchée est celle des plus de 25-34 ans .

Le relâchement des mesures de protection

Certains indicateurs laisseraient penser que certains groupes prennent plus de risques en raison d’une certaine fatigue à l’égard du geste préventif. Des mouvements de réaction – voire de rébellion – contre la norme instaurée par la prévention se développent aussi, même si ceux-ci concernent vraisemblablement une petite minorité de personnes.
Les chiffres montrent que chez les patients belges, la contamination par voie hétérosexuelle représente une part plus importante qu’au début de l’épidémie, même si la contamination par voie homosexuelle reste majoritaire.
Ceci dit, s’il est vrai qu’il y a des groupes spécifiques de population plus exposés, il est absolument faux de croire qu’ils sont les seuls menacés par le sida. A côté des aspects épidémiologiques, le risque est influencé par toutes sortes de situations que tout le monde peut traverser et qui rendent l’individu plus vulnérable. Et là, personne n’est à l’abri. Parmi les situations de vulnérabilité observées: un moment de dépression, une rupture amoureuse, un divorce, une perte d’emploi, ou, au contraire, l’euphorie d’une rencontre amoureuse, d’un coup de foudre…

Aspects politiques

En Belgique, il y a un large fossé entre les budgets disponibles pour la politique de prévention d’une part, qui sont de la compétence des Communautés, et ceux réservés aux aspects curatifs d’autre part, qui relèvent de l’Etat fédéral. A l’intérieur de l’enveloppe destinée à la promotion de la santé et à la prévention, les budgets alloués aux programmes de prévention du sida sont restés stables ces dernières années. Mais les budgets disponibles sont dérisoires si on les compare à ceux réservés aux soins de santé. La prévention représente pourtant un investissement pertinent dans une vision à long terme…
Il faut sans doute aussi souligner l’inexistence d’une politique cohérente en matière de dépistage, qui permettrait pourtant de réduire les coûts liés aux dépistages inutiles d’une part, et un meilleur ciblage des publics les plus exposés, d’autre part.
Des projets de dépistage de qualité, accompagnés d’un entretien individuel permettant de faire le point sur les risques encourus existent dans des structures spécialisées mais tous les professionnels de la santé ne sont pas formés pour réaliser une telle démarche. Par ailleurs, l’accessibilité au dépistage anonyme et gratuit, qui a pourtant montré sa pertinence, reste insuffisante.
Enfin, les personnes les plus fragilisées sur le plan socio-économique et sanitaire n’ont qu’un accès limité aux structures d’aide sociale ou médicale.
Source: Vladimir Martens , Observatoire du sida et des sexualités, à l’occasion de la Journée mondiale contre le sida du 1er décembre 2004.

La Fondation contre le cancer

Le 30 Déc 20

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L’annonce de la création de la Fondation contre le Cancer a eu lieu le 18 février dernier à l’occasion de la cérémonie officielle de remise des crédits de recherche clinique et des subsides aux jeunes chercheurs. Les montants alloués aux lauréats 2004 s’élèvent à 1 700 000 euros.
La Belgique dispose aujourd’hui d’une Fondation contre le Cancer. Celle-ci rassemble, sous un dénominateur commun, les grandes associations qui s’étaient créées au fil du temps, portant des noms aussi différents que «oeuvre», «association» et «fédération», ce qui provoquait une certaine confusion, tant dans l’esprit des donateurs que dans celui des différents acteurs de terrain. Avec la création de la Fondation, plus aucune équivoque n’est possible: il n’existe désormais qu’une seule et unique organisation nationale de lutte contre le cancer en Belgique: la Fondation contre le Cancer (1).

Quelques mots d’histoire

La création de la Fondation contre le Cancer apparaît pratiquement 80 ans, jour pour jour, après la naissance de la Ligue Nationale Belge contre le Cancer en 1924, date d’entrée significative de la Belgique dans la lutte contre le cancer. Tout comme en 1924, sa création répond au besoin de fonder un organisme indépendant, unique et national de lutte contre le cancer, aux ancrages également internationaux, dont le but est d’unir les forces, de mobiliser toutes les énergies et de sensibiliser à son combat la population, toutes les parties intéressées et, peut-être, les acteurs publics.

Activités et fonctionnement

La Fondation contre le Cancer a été reconnue fondation d’utilité publique par arrêté royal le 13 décembre 2004. Elle soutient la recherche, assure l’accompagnement des patients et organise des campagnes d’information et de prévention. Elle est indépendante et tire donc ses revenus exclusivement de la générosité du public et du soutien d’entreprises partenaires. Elle bénéficie également du dévouement de nombreux volontaires pour la réalisation de tâches aussi multiples que variées.

Avantages

Les avantages offerts par le statut de fondation sont nombreux, citons entre autres: de strictes garanties de gestion et d’administration assurées notamment par le contrôle du Service public fédéral justice, la dénomination protégée du terme ‘fondation’, des droits de succession réduits à 6.6% pour l’ensemble du pays, la non imposition du patrimoine d’une fondation d’utilité publique, la quasi-pérennité de son action.
Informations complémentaires: Fondation contre le Cancer, chée de Louvain 479, 1030 Bruxelles. Tél.: 02 736 99 99, fax: 02 734 92 50. Internet: https://www.cancer.be . Courriel: commu@cancer.be.
(1) Ce n’est pas tout à fait exact tout en étant correct. S’il n’y a plus qu’une seule organisation ‘nationale’, la nouvelle fondation rencontre en Flandre une sérieuse concurrence avec la Vlaamse Liga tegen Kanker, beaucoup plus visible que l’organisation nationale dans le nord du pays…

Loi cannabis: copie à revoir

Le 30 Déc 20

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La Cour d’Arbitrage annule partiellement la loi cannabis

Le 20 octobre 2004 la Cour d’Arbitrage a rendu son arrêt suite au recours en annulation de l’article 16 de la loi cannabis du 3 mai 2003 introduit par une série d’associations. En annulant l’article incriminé qui comprenait des notions imprécises (usage problématique, nuisance publique, quantité à des fins d’usage personnel) elle a repris à son compte l’ensemble des arguments évoqués par les parties requérantes. Il faut dire que cet article provoquait une insécurité juridique pour les consommateurs de cannabis et une inégalité de traitement des citoyens devant la loi.
Les forces de l’ordre recevaient la tâche d’évaluer le caractère problématique ou non d’une consommation, ce qui demande des compétences médicales et psychologiques que n’ont pas nos forces de police.

Rappel des faits

Les fédérations bruxelloise et wallonne des institutions pour toxicomanes (FEDITO) regroupent les institutions actives dans la prévention, la réduction des risques, les soins et la réinsertion sociale et/ou économique des personnes souffrant d’assuétudes ainsi que dans l’accompagnement de leur entourage. Elles sont à l’origine, avec la Ligue des Droits de l’Homme et deux de leurs membres (Infor-Drogues et Prospective Jeunesse) de l’introduction à la Cour d’Arbitrage du recours en annulation partielle de la loi du 3 mai 2003.
Cette loi visait à modifier la législation du 24 février 1921 concernant le trafic des substances vénéneuses, soporifiques, stupéfiantes, désinfectantes et antiseptiques et particulièrement le cannabis. Cette modification introduisait deux notions, l’usage problématique et les nuisances publiques, comme critères décisifs de poursuites pénales; celles-ci, étant donné leur manque de clarté, créaient une insécurité juridique qui rendait impossible la mission d’information dévolue aux services spécialisés dans les assuétudes.

«Nuisances publiques»: insécurité juridique pour les citoyens

La nouvelle loi « drogues » introduisait la notion de nuisances publiques comme critère décisif des poursuites pénales pour les simples consommateurs majeurs de cannabis, dans la mesure où la nouvelle réglementation imposait non seulement la rédaction d’un procès-verbal mais prévoyait en outre des peines distinctes de la simple consommation de cannabis ou de la consommation problématique de cannabis.
En effet, une nuisance relativement banale (en tout cas ne justifiant pas de poursuites pénales) était traitée différemment selon qu’elle est commise par un citoyen en possession ou non d’une petite quantité de cannabis. Dans un cas, son comportement n’était pas sanctionnable pénalement (même s’il s’agit d’un comportement qui dérange et qui peut être sanctionné administrativement sur base de la nouvelle loi communale) et dans l’autre, il risquait une peine de prison pouvant aller jusqu’à un an et une amende pouvant monter jusqu’à 500.000 euros. Excusez du peu!

«Usage problématique»: sanction pénale des problèmes de santé

La nouvelle loi introduisait la notion d’usage problématique comme critère décisif des poursuites pénales pour les simples consommateurs majeurs de cannabis dans la mesure où la nouvelle réglementation imposait la rédaction d’un procès-verbal en cas d’usage problématique.
L’usage problématique est défini comme « Un degré de dépendance qui ne permet plus à l’utilisateur de contrôler son usage , et qui s’exprime par des symptômes psychiques ou physiques », (art. 11, §2 de la nouvelle loi).
Rappelons que la dépendance fait référence à un problème de santé défini par l’O.M.S. (Organisation Mondiale de la Santé). L’obligation donnée aux forces de police de réprimer spécifiquement cet usage problématique entraîne deux confusions majeures:
– la première consiste à considérer les policiers comme des agents capables de détecter un problème de santé, de surcroît aussi complexe que la dépendance. L’utilisation des tests « standardisés » prévus à cet effet se révèle inappropriée car elle ne réduit que peu le risque de subjectivité et ne mesure pas la dépendance;
– la seconde entraîne une confusion totale entre délit et problème de santé. En effet, un même comportement sera verbalisé ou non et donc sanctionnable sur base d’un critère de santé. C’est donc la mauvaise santé qui sera sanctionnée et non la détention du produit!

Drogues et usage de drogues

Le Service public fédéral Intérieur vient de mettre à jour sa brochure visant ‘à aider l’ensemble des personnes confrontées au phénomène de la drogue en leur fournissant des informations objectives sur les différentes sortes de drogues, leurs usages, les risques qu’elles engendrent et les comportements à adopter dans de tels cas’.
L’information sur les produits occupe la plus grande partie du document, soit une bonne vingtaine de pages sur 60. Une description des risques, l’attitude à adopter en tant que parent, enseignant, éducateur, des informations sur la législation nationale et sur les organismes actifs en prévention y sont aussi reprises.
Il y a une pleine page de publicité pour l’asbl Infor-Drogues, ce qui nous a quelque peu surpris sachant que Philippe Bastin et son équipe n’aiment pas trop le mélange des genres entre prévention, traitement et répression. Renseignement pris, Infor-Drogues n’a pas été consultée sur le contenu de ce document portant d’une certaine manière son label. Etonnant, non?
Drogues et usage de drogues, SPF Intérieur, rue de la Loi 26, 1040 Bruxelles. Tél.: 02 500 49 48. Courriel: info.spp@ibz.fgov.be .

Les FEDITO bruxelloise et wallonne se sont donc opposées à ce qu’un problème de santé aboutisse à des sanctions pénales. En effet, ce critère porte atteinte à l’égalité des citoyens devant la loi dans la mesure où il induit un traitement différencié des citoyens sur base d’une hypothétique dépendance à un produit. De plus, il introduit l’arbitraire dans les décisions judiciaires étant donné que la dépendance est extrêmement difficile à déterminer de façon objective, ouvrant ainsi la porte à l’insécurité juridique. La confiance du citoyen dans l’Etat de droit risquait de s’en trouver ébranlée.
Ces confusions ne peuvent qu’amener le public à confondre agents de l’ordre et agents de prévention et de soins. En conséquence, il ne pourra plus accorder à ces derniers la confiance nécessaire. La qualité du travail du secteur psycho-médico-social est dès lors menacée car elle ne peut s’envisager, tant en curatif qu’en préventif, que dans une relation de confiance réciproque.

Un arrêt exemplaire

Considérer le problème de la drogue comme un problème de santé publique est une excellente décision. Néanmoins cela ne doit en aucun cas se traduire par la transformation des policiers, des procureurs et des juges en médecins, infirmiers et assistants sociaux. Cela, au contraire, criminalise des problèmes de santé.
Cette disposition avait été critiquée par l’ensemble des acteurs concernés pour son ambiguïté et le pouvoir d’interprétation laissé aux forces de l’ordre. Du Collège des procureurs aux institutions spécialisées dans le domaine des assuétudes, l’unanimité s’était dégagée contre cette mesure.
Pour rappel ‘ Le principe de légalité en matière pénale (…) implique que la loi pénale soit formulée de manière à ce que chacun , au moment où il adopte un comportement , puisse savoir si ce comportement est punissable ou non ‘. Il existe des exigences de précision, de clarté et de prévisibilité auxquelles doivent satisfaire les lois pénales, exigences que ne reprenait pas la législation.

La détention d’une quantité à des fins d’usage personnel

La formule définie par le gouvernement était ‘ La détention d’une quantité de cannabis qui peut être consommée en une seule fois ou , au maximum , en 24 heures (…) Compte tenu des multiples variétés de produits et des variantes importantes de concentration de THC dans le cannabis , le Gouvernement a choisi de ne pas fixer de limite définie en fonction d’un poids maximum . A défaut d’indices de vente ou de trafic , la détention d’une quantité de cannabis ne dépassant pas le seuil de trois grammes doit être considéré comme de l’usage personnel .’
La Cour entend que ‘ Bien qu’il soit admissible en soi que le soin de déterminer cette quantité soit laissé au pouvoir exécutif , la mission que le législateur lui confie à cette fin doit imposer de façon univoque de déterminer une quantité clairement définie ‘.

Usage problématique

‘Un usage qui s’accompagne d’un degré de dépendance qui ne permet plus à l’utilisateur de contrôler son usage, et qui s’exprime par des symptômes psychiques ou physiques’.
Selon la Cour ‘ Il ressort (…) que le comportement problématique n’est pas mesuré en fonction de l’influence que l’intéressé a sur son entourage , mais qu’il est uniquement fait référence à son état personnel . Elle exige dès lors que les policiers apprécient la situation psychologique , médicale et sociale du consommateur de cannabis , afin de décider s’ils doivent ou non dresser un procès verbal et s’il pourra par conséquent être poursuivi ou non . Le pouvoir d’interprétation qui est ainsi laissé aux verbalisants , est une source d’insécurité juridique et n’est pas conforme au principe de légalité en matière pénale ‘.

Nuisances publiques

‘Est considérée comme une nuisance publique, la détention de cannabis dans une institution pénitentiaire, dans un établissement scolaire ou dans les locaux d’un service social, ainsi que dans leur voisinage immédiat ou dans d’autres lieux fréquentés par des mineurs d’âge à des fins scolaires, sportives ou sociales’.
Selon la Cour d’Arbitrage, outre le fait que les nuisances publiques ne sont pas clairement définies, ‘ il est difficile de concevoir ce qu’il y a lieu d’entendre par les locaux d’un service social ou par voisinage immédiat .’
Elle ajoute que ‘ cette définition est tellement large qu’il convient de dresser un procès verbal pour toute consommation de cannabis par un majeur , à un endroit qui est accessible aux mineurs ‘.
Par conséquent la notion de nuisances publiques , de par son caractère ambigu , ne satisfait pas aux exigences du principe de légalité en matière pénale ‘.
L’emploi de plusieurs notions ‘ à ce point vagues et imprécises qu’il est impossible d’en déterminer la portée exacte ont motivé la Cour d’Arbitrage à constater que cette disposition ne satisfait pas aux exigences du principe de légalité en matière pénale et qu’il convient de l’annuler ‘.

Et maintenant?

La nouvelle législation cannabis est un édifice particulièrement complexe. En effet, s’interpénètrent deux lois, un arrêté royal et une circulaire qui ne peuvent être séparés les uns des autres. De plus, les notions annulées de l’article 16 (quantité pour usage personnel, usage problématique et nuisances publiques) se retrouvent dans d’autres articles de la loi, dans l’arrêté royal et dans la circulaire.
Ainsi, nous ne pouvons déterminer si les nouvelles catégories de peines plus légères (peines administratives) pour détention de cannabis sont encore d’application.
Il appartient au Ministre de la Justice de lever au plus vite ces incertitudes. Par exemple en rédigeant une nouvelle circulaire qui tiendra compte de l’arrêt de la Cour d’Arbitrage.
D’ici là, toute détention de cannabis devrait théoriquement faire l’objet d’un procès verbal par la police. Pratiquement on en revient à une situation où chaque arrondissement judiciaire définit ses priorités et donc sa sévérité à l’égard du cannabis.
Informations communiquées par Infor-Drogues
Vous trouverez un dossier complet sur cette question est consultant le site https://www.infor-drogues.be

Madagascar: vaincre la rougeole en chassant les préjugés

Le 30 Déc 20

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Madagascar a déclaré la guerre à la rougeole et aux préjugés qui entourent la vaccination. Des dizaines de milliers d’agents et de vaccinateurs ont sillonné le pays pour convaincre les parents de protéger leurs enfants contre cette maladie qui, en 2003, avait tué plus de 6000 petits Malgaches.
Exceptionnel !’, s’exclame le médecin-chef du centre de santé de Sabotsy Namehana, une commune rurale située à une dizaine de kilomètres au nord de la capitale malgache. L’adhésion des parents à la campagne 2004 de vaccination contre la rougeole le ravit car depuis dix ans, malgré la gratuité et des efforts de promotion, beaucoup refusaient de faire vacciner leurs enfants. ‘ Les préjugés seraient-ils tombés ?’ s’interroge-t-il.
L’année dernière, la Grande Ile, appuyée par l’OMS et l’Unicef, a mis le paquet. En septembre et octobre 2004, plus de sept millions de petits Malgaches âgés de 9 mois à 14 ans ont été vaccinés contre la rougeole. Un taux de couverture sans précédent: environ 98 % pour l’ensemble du pays. Alors que la rougeole reste à Madagascar une cause importante de mortalité infantile (6350 décès pour 200.000 cas en 2003), le taux de vaccination était inférieur à 55 % en 2002.
Préjugés et manque d’information étaient à l’origine de ces mauvais résultats. Dans les régions reculées de l’île, peu de gens consultent les médecins. Ils ne fréquentent guère non plus les centres de santé de base. Les villageois ont plutôt recours aux guérisseurs traditionnels dont ils suivent les prescriptions parfois surprenantes. Jean-Baptiste, chef traditionnel du Sud et tradipraticien, déconseille le vaccin contre la rougeole et prescrit des bains de vapeur de patates douces de couleur rouge ou à défaut de pommes de terre. Dans les villages, circulent toutes sortes de rumeurs sur le vaccin. À Fenoarivo, dans la périphérie d’Antananarivo, on raconte qu’il transmet le virus du sida. Ailleurs, on l’accuse de rendre stérile.

Des centres de santé trop éloignés

Manque d’informations et négligence se conjuguent aussi pour détourner les parents des centres de santé: ‘ Je ne me souviens plus si j’ai déjà fait vacciner mon fils , confie un jeune parent. En tout cas , je ne sais pas trop si la rougeole est mortelle ‘. S’ajoute à cela le manque de moyens et de temps. Mamasoa , une mère de six enfants de la banlieue de Fianarantsoa explique que le dispensaire, situé à plusieurs kilomètres, est trop éloigné: ‘ Je ne peux pas emmener seule mes enfants sur une distance pareille . Je préfère rester au village ‘.
Pour tenter de briser toutes ces résistances, les responsables sanitaires, les agents communautaires et les responsables des établissements scolaires ont travaillé de concert et peaufiné des stratégies pour convaincre les parents de faire vacciner leurs enfants dès le premier jour de classe.
Le responsable de cette mobilisation sociale, le Dr Ralitera Rakotodrafara , dévoile le secret de la campagne: aller vers les gens. ‘ Il ne s’agit pas seulement de vacciner mais d’expliquer le danger de la maladie et l’intérêt de la vaccination ‘, confirme le Dr Henriette Razafinirina , agent communautaire de Manjakandriana. Des spécialistes en techniques de communication et de persuasion ont dispensé des formations en cascade à tous les agents de l’opération, baptisée Hiaka 2004 (le cri).
En octobre 2004, 15.000 mobilisateurs ont visité les autorités locales tandis qu’autant de vaccinateurs rejoignaient des lieux qui inspirent confiance aux mères: écoles, centres de santé, espaces de nutrition, bureaux administratifs des quartiers ou églises. Cette proximité a d’abord permis de toucher la plupart des écoliers. Puis, dans un second temps, une vaste opération de ratissage a été menée dans tout le pays pour sensibiliser le plus de monde possible et vacciner les enfants non scolarisés.

Porte à porte

Des agents ont parcouru les quartiers de maison en maison. Ils ont arpenté les places de marché et même les trottoirs pour toucher les sans-abri. ‘ Nous sommes allés jusque dans les champs où les enfants accompagnent leurs mères pendant leurs tâches journalières ‘, rapporte Vero Andriambelosoa , une sage-femme. Les résultats ne se sont pas fait attendre: ‘ Les parents acceptent parce qu’ils ont compris le bienfait des vaccins ‘, affirme un agent communautaire.
Selon l’OMS et l’Unicef, la couverture vaccinale doit dépasser 90 % pour que la rougeole, très contagieuse, cesse de se développer et de tuer. En 1999, 14 pays d’Afrique dont Madagascar avaient signalé une couverture vaccinale inférieure à 50 %. Cette maladie, reste, selon l’Unicef, ‘ l’une des principales causes de mortalité chez l’enfant avec plus de 30 millions de cas et près de 900 . 000 décès par an au cours de ces dernières années ‘. Pourtant, c’est l’un des vaccins les moins chers au monde. Une dose coûte seulement 0,26 $, avec le matériel d’injection.
Odile Ralisy et Iarivo Radanielina , InfoSud – Syfia

Consommation de tabac: chiffres encourageants ?

Le 30 Déc 20

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Le CRIOC vient de publier son enquête annuelle sur la consommation de tabac.
Fin 2004, 1293 consommateurs représentatifs de la population belge âgée de plus de 15 ans ont été interrogés sur leur éventuel tabagisme (avec une marge d’erreur de 3,1%).
D’après le CRIOC, le nombre de fumeurs est en nette diminution. Pour le moment, 20% des consommateurs belges fument régulièrement, 4% occasionnellement, et 3/4 des consommateurs ne fument jamais. Le pourcentage de fumeurs réguliers au nord et au sud du pays est quasi identique, 19 et 21%. Les femmes fument toujours moins que les hommes, mais l’écart entre les genres se réduit: 15% des femmes fument contre 26% des hommes.
Le nombre de fumeurs réguliers a diminué progressivement depuis 1982 (40%) pour plafonner aux alentours de 27% à partir de 1997. De manière surprenante, le mouvement se serait emballé en 2004, le nombre de fumeurs réguliers chutant de 27% à 20% en moins d’un an.
L’ensemble des actions prises pour lutter contre la consommation de tabac (communication, tarification, interdiction de vente, aide au sevrage et information des consommateurs) semblent porter leurs fruits, nous dit le CRIOC, même auprès des populations dont le comportement est considéré comme difficile à changer. C’est en effet dans les groupes sociaux inférieurs que la diminution de la consommation de tabac est la plus frappante: de 27% en 2003 on passe à 15% fin 2004! Globalement, il y a plus de fumeurs dans les grandes villes, parmi les 15-29 ans, dans les grandes familles, dans les groupes sociaux supérieurs et parmi les habitants des communes rurales wallonnes.
Les non-fumeurs sont toujours insatisfaits du nombre de places disponibles pour non-fumeurs dans le secteur Horeca. Globalement la situation n’a pas changé depuis 2003, en tout cas elle n’évolue pas de manière positive aux yeux des consommateurs.

Commentaire

Trois sondages de 2004 aux résultats contrastés

CRIOC
janvier 2004 (1)
FBCC
août 2004 (2)
CRIOC
décembre 2004
% de fumeurs réguliers 27 27,4 20
% d’hommes fumeurs 30 33,8 26
% de femmes fumeuses 25 21,4 15
% en Flandre 27 28 19
% en Wallonie 27 27,5 21

En découvrant ces chiffres remarquables, on est partagé entre un sentiment de douce euphorie et un brin de scepticisme. Les fumeurs belges ont-ils renoncé aussi rapidement et en si grand nombre à leur ‘funeste habitude’? Les chiffres précédents communiqués par le CRIOC (3) faisaient état de 27% de fumeurs (15 ans et plus) douze mois plus tôt, 30% des hommes et 25% des femmes.
Un quart de fumeurs en moins (c’est ce que signifie une baisse de 27 à 20%) équivaudrait à 600.000 fumeurs de moins en Belgique, ce qui aurait automatiquement un gros impact sur les chiffres de ventes. Or, ceux-ci n’ont chuté que de 4 à 5% en 2004. Autrement dit, la diminution du nombre de fumeurs ne s’est quasiment pas répercutée sur les ventes.
Le nombre de fumeurs est relativement stable, et seul un petit miracle pourrait faire baisser leur nombre aussi fortement. Aux Pays-Bas, par exemple, le pourcentage de fumeurs est descendu de 30% en 2003 à 27% en 2004, après une forte hausse de prix de 95 cents par paquet de cigarettes en 2004 et une interdiction de fumer sur le lieu de travail. Cette diminution du pourcentage de fumeurs aux Pays-Bas est déjà un excellent résultat, quoique nettement inférieur aux résultats de l’enquête du CRIOC en Belgique. Le prix d’un paquet de 25 cigarettes n’a pourtant augmenté que de 25 cents dans notre pays, et aucune interdiction de fumer n’a été instaurée sur les lieux de travail en 2004.
Bref, voici une bonne nouvelle surprenante qui demande à tout le moins confirmation…
CDB
(1) Un autre sondage réalisé à la même période par le Vlaams Instituut voor Gezondheidspromotie donnait les mêmes résultats que celui du CRIOC.
(2) La Fédération belge contre le cancer a réalisé à son tour un sondage dans le courant du second semestre 2004, qui confirme les résultats du sondage du CRIOC en début d’année, mais n’annonce en rien les chiffres excellents de fin d’année.
(3) Voir ‘Légère diminution du nombre des fumeurs en Belgique’ , Education Santé n° 191, juin 2004.

Prévention tabac. Vos papiers s’il vous plaît

Le 30 Déc 20

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Depuis le 1er décembre 2004, la loi interdit la vente de tabac aux jeunes de moins de seize ans en Belgique.
Le nombre de jeunes qui fument a doublé ces dix dernières années. De plus, la Belgique détient un triste record en termes de mortalité tabagique (plus de 20.000 morts par an, soit plus de 10 fois le nombre de tués sur les routes) et la première place européenne en termes de mortalité due au cancer du poumon (au moins neuf cancers du poumon sur dix sont attribuables au tabagisme). En outre, les dépenses pour soigner les maladies liées au tabagisme représentent 10 % des dépenses totales en soins de santé.
La plupart des fumeurs commencent jeunes. Dans les pays à revenu élevé, huit fumeurs sur dix commencent à l’adolescence, période de vulnérabilité durant laquelle la dépendance s’installe.
Dès lors que la meilleure manière de lutter contre le tabagisme est d’élaborer un ensemble de mesures, tant préventives que curatives, la question de l’accessibilité aux produits du tabac par les jeunes doit être réglementée. C’est dans ce cadre que la vente (et non la consommation) est dorénavant interdite aux mineurs de moins de 16 ans.
Cette mesure ne produira les effets escomptés qui si chacun (parents, enseignants, autorité…) accompagne les distributeurs dans l’application de cette mesure.

Objectif de la mesure

Il s’agit de diminuer l’accessibilité des produits du tabac et de retarder l’âge des essais, à une période où les jeunes sont particulièrement vulnérables (vers 14 ans) et où se déterminent les comportements d’adultes à l’égard des produits du tabac.
A elle seule, cette mesure d’interdiction ne résoudra pas la problématique du tabagisme chez les jeunes de moins de seize ans. C’est pourquoi elle fait partie intégrante d’un plan global, le Plan national de lutte contre le tabagisme (adopté par le Gouvernement fédéral en janvier dernier), qui prévoit des actions tant répressives que préventives et curatives.
Ainsi des mesures sont prises pour
-faciliter le recours à l’aide au sevrage;
-former les médecins généralistes;
-sensibiliser aux effets néfastes du tabagisme, protéger les non-fumeurs;
-restreindre l’usage du tabac dans les lieux publics;
-affecter des budgets spécifiques pour le sevrage de la femme enceinte (le nombre de jeunes femmes qui fument a plus que doublé ces dix dernières années), ainsi que pour des actions plus larges de sensibilisation (tabac et sport, manipulation des jeunes par l’industrie du tabac, etc.)
Par ailleurs, la Belgique, en tant que Partie à la Convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac (ratifiée au niveau fédéral, voir plus loin) est tenue ‘ d’adopter et d’appliquer des mesures législatives , exécutives , administratives ou autres mesures efficaces au niveau gouvernemental approprié pour interdire la vente de produits du tabac aux personnes qui n’ont pas atteint l’âge prévu en droit interne ou fixé pour la législation nationale , ou l’âge de dix huit ans .’
Au sein de l’Union européenne, un nombre croissant d’Etats membres ont adopté l’interdiction de vente aux mineurs, avec des limites d’âge allant de 14 à 18 ans : Espagne (16 ans), Finlande (18), Irlande (18), Italie (14), Royaume-Uni (16), Allemagne (16) Suède (18), France (16).

Pratiquement

La loi du 24 janvier 1977 relative à la protection de la santé des consommateurs en ce qui concerne les denrées alimentaires et autres produits, dont le tabac, est modifiée dans son article 6, §4.: « Il est interdit de vendre des produits à base de tabac aux jeunes de moins de seize ans . Il peut être exigé de toute personne qui entend acheter des produits de tabac de prouver qu’elle a atteint l’âge de seize ans …»
Cette disposition permet donc aux vendeurs de tabac (buralistes, night shops, cafetiers, super- et hypermarchés, magasins où est vendu de l’alcool…) de s’assurer de l’âge de l’acheteur (tout comme ils doivent le faire à propos des produits de la loterie nationale pour les uns ou de l’alcool pour les autres), et le cas échéant de lui refuser la vente de tabac.
En outre, une concertation a lieu avec le secteur pour adapter les distributeurs automatiques de tabac, afin de les rendre inaccessibles aux moins de 16 ans.
D’après un communiqué de presse de Rudy Demotte , Ministre des Affaires sociales et de la santé publique

Commentaire

Les industriels de la cigarette ont été parmi les premiers à se féliciter de cette mesure.
On est en droit de se demander alors si elle est applicable et utile. En effet, notre pays, contrairement à la France, où le nombre de points de vente est limité (pour une population six fois plus nombreuse), offre une variété considérable de points de vente, dont 30.000 distributeurs automatiques. Offre énorme, donc, et difficile à contrôler.
En ce qui concerne la demande, d’aucuns affirment que les jeunes de moins de 16 ans trouveront toujours un copain pour acheter à leur place les cigarettes, ou un commerçant qui ne se sentira pas l’âme d’un flic. Difficile à contrôler aussi, cela.
Enfin, n’est-ce pas justement l’attrait de l’interdit qui donnera encore plus envie aux moins de 16 ans de goûter au ‘fruit défendu’?
CDB

Substances chimiques: la société civile se mobilise !

Le 30 Déc 20

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R.E.A.C.H .: sous cet acronyme à la sonorité un peu inhabituelle, se cache un projet de règlement (1) européen sur les substances chimiques. R.E.A.C.H. signifie registration evaluation and authorization of chemicals , soit le projet de règlement relatif à l’enregistrement, l’évaluation et l’autorisation de mise sur le marché des substances chimiques.
Ce projet de règlement a fait l’objet de vifs débats. Son objectif est de mettre en place des procédures d’évaluation des substances chimiques utilisées dans l’Union européenne: plus de 100.000 substances circulent actuellement, entrant dans le processus de fabrication de nombreux biens de consommation courante. Pour 95 % d’entre elles, on ne sait rien de leur propriétés toxicologiques et des dangers qu’elles représentent… Or actuellement, l’autorité publique ne peut retirer une substance du marché qu’après avoir elle même prouvé sa toxicité avec 100% de certitude, ce qui est pratiquement infaisable et fait fi du principe de précaution. Reach propose d’inverser la charge de la preuve: désormais ce sont les industriels à qui il incombera de faire la démonstration de l’innocuité de leurs produits.
Car ces substances chimiques se retrouvent partout: le World Wildlife Fund (2) a ainsi retrouvé un total de 55 substances chimiques toxiques dans le sang des ministres européens de l’environnement! Parmi ces produits, certains sont utilisés dans les fauteuils traités pour résister au feu, les poêles anti-adhésives, les cartons à pizza anti-graisse, le PVC flexible ou dans certains parfums et pesticides. Bref dans des produits courants qui se retrouvent dans nos maisons. Plusieurs de ces substances ont été interdites depuis des décennies, mais beaucoup d’autres sont toujours utilisées aujourd’hui.
Greenpeace qui poursuit également une campagne contre les substances chimiques dangereuses a analysé également les poussières des maisons et des bureaux (3). L’étude conclut à une présence massive de substances chimiques dangereuses dans l’environnement domestique. Par exemple, l’étude montre que chaque gramme de poussière collectée en Belgique contient en moyenne à peu près 1 milligramme des 5 familles de substances étudiées (ester de phtalates, composés organoétains, retardateurs de flamme bromés, alkyl phénols et paraffines chlorées à chaînes courtes), substances qui sont bioaccumulables, peu biodégradables et potentiellement toxiques. La valeur maximale de 2,9 mg/g a été retrouvé au… Parlement européen mais les cabinets ministériels présentaient également des concentrations inquiétantes.
En Belgique, la société civile a souhaité également manifester son intérêt pour le programme européen REACH et a apporté ses remarques et ses revendications dans un manifeste rendu public fin 2004. Ce manifeste, écrit à l’initiative des quatre fédérations de protection de l’environnement (Inter-Environnement Wallonie, Inter-Environnement Bruxelles, Bond Beter Leefmilieu et Brusselse Raad voor het Leefmilieu), Greenpeace et WWF comporte 7 revendications:
1. Que l’autorisation de mise sur le marché ne soit accordée aux substances les plus dangereuses que si aucune alternative n’existe, c’est-à-dire que le principe de substitution soit obligatoirement appliqué.
2. Si cela n’est pas possible, l’autorisation ne peut être que temporaire et assortie de conditions strictes.
3. L’information fournie par l’industrie sur les produits doit être suffisante.
4. Le principe de No data no Market (pas de données pas de marché) doit être appliqué par exemple pour une entreprise qui ne remplit pas les données d’enregistrement.
5. Il est nécessaire de développer au plus vite des alternatives aux tests sur les animaux.
6. Les produits importés doivent remplir les mêmes conditions que ceux produits au sein de l’Union européenne.
7. L’information au public doit être facilement accessible notamment sur les substances contenues dans les biens de consommation courante.
Le « Manifeste du 22 novembre 2004 pour une législation efficace sur les substances chimiques » a été remis lors d’une conférence de presse au Parlement à Bruno Tobback , Ministre fédéral de l’environnement. Cinquante associations représentant le monde de la santé (Société scientifique de médecine générale, Fédération belge contre le cancer, Fondation pour la prévention des allergies, Fédération des maisons médicales…), le monde de l’environnement (Natagora, Pan Belgium, Eco-Vie…), le secteur de la protection des consommateurs et de la famille (Vie féminine, Tests-Achats, Crioc, Ligue des familles) et les syndicats (FGTB, CSC…) des deux communautés du pays en sont signataires, lui conférant ainsi un poids et une force inédites à ce jour.
Plusieurs personnalités nous ont également apporté leur soutien (4). Il appartient désormais à nos ministres, par leur présence au Conseil des ministres européens, et à nos représentants au Parlement européen de tout mettre en œuvre pour obtenir un règlement efficace prenant en compte la santé publique et l’environnement, sans oublier la santé et la sécurité des travailleurs. Il appartient également aux différentes associations et aux citoyens de rester informés et vigilants dans l’achat, l’utilisation et l’entreposage des produits de consommation courante contenant des substances chimiques potentiellement dangereuses. Cette vigilance doit se poursuivre jusqu’au tri et au traitement des déchets. C’est à ce prix que nous saurons préserver notre santé et notre environnement dans l’esprit d’Ottawa et de la future charte de Bangkok, dont l’avant-projet affirme que ‘le souci d’agir sur les déterminants de santé et un engagement pour le développement durable sous-tendent toutes les stratégies de promotion de la santé’.
Allons au delà des mots et mettons en place les outils d’une réelle protection des citoyens et des travailleurs! C’est ce à quoi le manifeste de la société civile belge entend contribuer.
Véronique Bouttin et Anne Thibaut , Inter-Environnement Wallonie
Inter-Environnement Wallonie, Bd du Nord 6, 5000 Namur. Tél.: 081 25 52 80. Courriel: iew@iewonline.be.
(1) Le règlement est l’instrument juridique européen à portée générale qui est obligatoire dans tous ses éléments et directement applicable dans tous les Etats membres de l’Union européenne (art. 249 du Traité sur la Communauté européenne).
(2) Voir le site https://www.wwf.be et sa campagne sur les toxiques.
(3) Voir à ce sujet le rapport du Dr Fawaz Al Bitar, Report on chemical content in house dust samples collected in Belgian homes and offices, march 2004.
(4) Pour le texte complet du manifeste et la liste des signataires voir sur https://www.iewonline.be /

Promotion de la santé chez les personnes âgées: les chutes

Le 30 Déc 20

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Un public prioritaire

Le vieillissement de la population est une réalité qui touche de nombreux pays industrialisés. Les indicateurs démographiques des pays occidentaux enregistrent un vieillissement des populations lié d’une part à l’allongement de l’espérance de vie et d’autre part à une baisse importante du nombre de naissances.
En Belgique on observe un accroissement de la population des plus de 60 ans (1). De 1960 à 2000 le nombre de personnes de plus de 60 ans est passé de 1 652 000 à 2 235 000. En 2030 on estime que la population des 60 ans et plus sera de plus de 3 000 000, soit environ 30 % de la population générale.
Cette évolution démographique nécessite des adaptations tant au niveau économique que social et sanitaire.
Dans cette perspective, la santé des personnes âgées devient une priorité encore plus importante.
La promotion de la santé est en effet le processus qui permet aux seniors de réaliser leur potentiel de bien-être physique, social et mental et de s’impliquer dans la société selon leurs besoins, leurs souhaits, leurs capacités tout en jouissant d’une protection, d’une sécurité et de soins adaptés lorsqu’ils en ont besoin.
L’OMS utilise l’expression ‘vieillir en restant actif’. L’idée d’un vieillissement actif procède d’une reconnaissance des droits des personnes âgées et des principes d’indépendance, de participation, de dignité, d’assistance et d’épanouissement de soi consacrés par les Nations Unies.

Les priorités de santé chez les personnes âgées

Les principales causes de décès varient avec l’âge.
Au-delà de 65 ans les maladies cardio-vasculaires occupent la première place devant les tumeurs et les maladies de l’appareil respiratoire.
En ce qui concerne la morbidité, les personnes âgées présentent des affections plus particulières à leur âge (glaucome, ostéoporose…) et souffrent davantage de complications de maladies chroniques (diabète…).
Ainsi dans la population des 65 ans et plus, la prévalence de la démence est estimée entre 9 et 10 %.
En ce qui concerne les traumatismes, il y a eu en 1999, selon le système EHLASS, 1116 accidents chez les 65 ans et plus, soit 8% de l’ensemble des traumatismes. Parmi ces accidents, 75 % sont des chutes.
Selon une revue des études randomisées contrôlées(2), chaque année parmi les personnes de plus de 65 ans, 30 à 50 % font une chute.
Les chutes représentent donc une cause importante de mortalité et de morbidité chez la personne âgée.

Les chutes chez les personnes âgées

La définition de la chute retenue dans les études épidémiologiques est la suivante:
‘La chute correspond à l’action de tomber au sol indépendamment de sa volonté’(3).
Pour beaucoup de seniors la chute constitue l’événement déclencheur d’une perte de mobilité et d’autonomie. Si les conséquences physiques d’une chute sont extrêmement variables, l’impact psychologique qui se traduit par une perte de confiance en soi est quasiment systématique. Cette perte de confiance en soi peut parfois accélérer le déclin des capacités fonctionnelles.
Chez les personnes âgées, 20% des chutes donnent lieu à une intervention médicale et 10% d’entre elles occasionnent une fracture (4).
Le taux de récidive dans l’année est également élevé. Une personne sur deux rechute.
Plus de 60% des chutes se produisent au domicile.
Les chutes affectent donc la qualité de vie et sont coûteuses en termes de services de santé.
L’état actuel des connaissances indique que les chutes trouvent leur origine dans une multitude de facteurs de risque.
La chute résulte d’une interaction complexe entre les facteurs de risque liés aux caractéristiques de l’individu, à ses comportements et à son environnement.

Figure 1: les facteurs de risque des chutes (5)

Les interventions de prévention des chutes chez les seniors

Il existe différents types d’intervention en direction des personnes âgées qui peuvent être mis en place dans une perspective de prévention des chutes. On distingue d’une part des interventions de promotion de la santé et de la sécurité, centrées sur la prévention primaire des chutes, qui permettent d’améliorer globalement l’état de santé des seniors, et, d’autre part, des interventions de prévention secondaire des chutes, centrés spécifiquement sur les facteurs de risque.
Afin d’accroître l’efficacité des programmes de prévention des chutes, il est indispensable d’évaluer en premier lieu le risque de chute chez les personnes de 65 ans et plus.
En fonction de leur risque de chute, les seniors seront orientés vers l’intervention appropriée.

Le dépistage des personnes à risque de chute

Un dépistage du risque de chute devrait être effectué, une fois par an, auprès de toute personne âgée de 65 ans et plus.
Le dépistage des personnes à risque se fait en deux étapes. Il ne demande pas plus de dix minutes et peut être effectué par tout intervenant du secteur social, médical ou sanitaire.
Premier étape du dépistage : évaluation de la marche et de l’équilibre.
Muni d’une montre chrono, on demande à la personne âgée de se lever de sa chaise sans prendre appui sur les accoudoirs, de marcher trois mètres, de se tourner et de revenir s’asseoir. Les personnes réalisant ce test en plus de 14 secondes présentent un risque de chute (6).
Deuxième étape du dépistage : évaluation de l’histoire de chute au cours de la dernière année.
‘Etes-vous tombé durant la dernière année ? Combien de fois ?’
Le dépistage permet ainsi d’identifier le risque élevé, modéré ou l’absence de risque de chute chez la personne âgée.
Selon le résultat du dépistage, des recommandations peuvent être faites en terme de stratégies de prévention. Celles-ci vont du programme de prévention multifactoriel, personnalisé ou non, aux interventions communes.
Cependant pour toutes les personnes de plus de 65 ans, il est conseillé de proposer un programme de promotion de la santé et de la sécurité.

Promotion de la santé et de la sécurité chez les personnes de 65 ans et plus

La chute ayant des déterminants multiples et interactifs, liés tant à la personne qu’à son environnement, les interventions proposées à cette population âgée dépistée sans risque majeur de chute, doivent viser la santé globale et s’inscrire dans une démarche de promotion de la santé.
Cette promotion de la santé et de la sécurité peut être assurée par de nombreux intervenants: les professionnels de la santé, les intervenants sociaux et bien d’autres encore et se concrétiser en plusieurs types de stratégies.
Informer, conseiller et orienter
Il s’agit de mettre à la disposition des personnes âgées et de leur entourage des informations scientifiquement validées sur les facteurs de risque de chute, les moyens de prévention et les services de santé aptes à conseiller ou orienter sur cette question.
Certains comportements de santé (7), qui ont un effet bénéfique sur la santé en général et sur la prévention des chutes, peuvent être rappelés, comme par exemple:
-la pratique d’une activité sportive: trente minutes d’activité physique par jour permettent de maintenir sa forme et de prévenir plusieurs pathologies et incapacités fréquentes durant la vieillesse;
-une alimentation équilibrée: la dénutrition et la déshydratation contribuent à un état de faiblesse général et peuvent précipiter la survenue des chutes;
-une faible consommation d’alcool: chez la personne âgée la tolérance à l’alcool est plus faible (8). Par conséquent le seuil fixé est de 1 verre par jour. La consommation abusive d’alcool est associée à un risque accru de traumatismes et de fractures;
-le bon usage des médicaments: l’association entre l’augmentation du risque de chute et le nombre total de médicament a été démontrée. Dans la mesure du possible il faut éviter la polymédication. De plus, les aînés, en raison de problèmes de vision ou de perte de mémoire peuvent se tromper dans la prise de leur médicament. Proposer des outils de gestion ou d’observance comme le pilulier permet la responsabilisation du senior et un suivi par les professionnels de la santé ou l’entourage;
-la sécurité du domicile: conseiller de porter des lunettes appropriées, des chaussures adaptées, tenir la rampe d’escalier, installer un éclairage suffisant, un sol non glissant…
Eduquer et rendre acteur
Il s’agit de développer les aptitudes personnelles des personnes âgées pour qu’elles agissent dans un sens favorable à leur santé et à leur sécurité. Cette démarche éducative passe par l’identification et la prise en compte des représentations, des croyances et des compétences préalables de la population.
Les actions sont mises en œuvre localement et peuvent être réalisées par différents acteurs (professionnels de santé, associations d’usagers, travailleurs sociaux, groupes d’entraide).
Créer des milieux favorables
Cela consiste à agir sur l’environnement physique (domicile, extérieur) (9) et socio-économique des aînés.
Par exemple, une sensibilisation à la question des dangers du domicile peut être réalisée auprès des architectes et des constructeurs afin que les logements construits soient plus adaptés à la situation des personnes âgées.
Une série d’interventions peuvent être réalisées pour limiter les risques de chute en lien avec l’environnement extérieur comme par exemple: éliminer les aspérités sur les trottoirs, signaler les marches ou les dénivelés… Ces modifications nécessitent la participation active des communautés locales.

Les interventions multifactorielles

Les personnes âgées qui ont chuté durant la dernière année et/ou qui ont des troubles de l’équilibre et de la marche présentent un risque accru de chute.
Pour être efficaces, les interventions proposées doivent cibler plusieurs facteurs de risque en parallèle, autrement dit être ‘multifactorielles’.
Dans l’état des connaissances actuelles on a pu mettre en évidence certains facteurs de risque sur les chutes:
-les troubles de l’équilibre et de la marche;
-les pathologies chroniques ou aiguës pouvant engendrer des troubles de l’équilibre, une fragilité osseuse;
-la polymédication;
-les dangers de l’environnement;
-la dénutrition et les carences vitaminiques et calcique;
-l’abus et le mésusage de l’alcool;
-la prise de risque dans les activités quotidiennes.
Les résultats les plus efficaces ont été trouvés pour les interventions qui ciblaient quatre ou cinq de ces facteurs de risque maximum.
On distingue deux types d’interventions multifactorielles selon le degré de risque de chute de la personne âgée.
L’intervention multifactorielle non personnalisée
Elle est recommandée aux personnes à risque modéré de chute.
Elle s’adresse à l’ensemble des personnes âgées admises dans le programme et se propose d’agir sur quelques facteurs de risque sélectionnés parmi les plus importants (voir liste ci-dessus) et non en fonction du profil de risque de chaque participant.
Chaque personne âgée ne présente pas forcément tous les facteurs de risque visés par les stratégies retenues dans le programme.
Par exemple, la création d’ateliers d’équilibre s’inscrit dans le cadre d’une telle intervention.
Il s’agit d’un programme de santé qui cherche à préserver, améliorer et restaurer la fonction d’équilibration et d’autonomie de la personne âgée. Cette prévention repose en particulier sur le maintien d’un bon équilibre postural mais également nutritionnel, psychique et relationnel et sur l’adaptation de l’environnement. De tels ateliers ont été créés entre autres en France, au Canada et donnent d’excellents résultats.
L’intervention multifactorielle personnalisée
Elle est proposée aux personnes à risque élevé de chute.
Cette intervention débute par une évaluation approfondie du risque de chute de chaque personne âgée admise dans le programme.
Les interventions proposées seront ensuite individualisées en fonction du profil de risque de chaque personne.

Les priorités de la Communauté française de Belgique

La Communauté française a retenu comme problématique de santé prioritaire notamment la prévention des traumatismes et la promotion de la sécurité.
Elle souligne que ‘la prévention des chutes constitue un défi majeur compte tenu du vieillissement de la population’ et définit les objectifs suivants: ’développer la capacité des professionnels de santé à évaluer les facteurs de risque de chute chez les personnes âgées, et favoriser la mise en œuvre des mesures de prévention reconnues efficaces’ ainsi qu’intégrer aux pratiques des professionnels concernés des activités préventives, éducatives et de conseil portant sur la prévention des traumatismes’.
Dans ce cadre, le Ministère de la Communauté française finance un programme quinquennal de promotion de la sécurité et de prévention des traumatismes mené par l’asbl Educa-Santé. Elle s’intéresse notamment à la promotion de la santé et de la sécurité des personnes âgées et a planifié une série d’actions auprès des seniors:
-d’une part l’institution a participé au sein d’un groupe de travail francophone à l’élaboration d’un référentiel de bonnes pratiques relatif à la prévention des chutes chez les personnes âgées vivant à domicile. Ce guide paraîtra début 2005 et servira de cadre de référence pour les interventions réalisées par l’asbl;
-d’autre part Educa-Santé poursuivra dans le cadre de son projet les quatre objectifs suivants:
1. intégrer l’identification des facteurs de risque de chute chez les seniors dans la pratique des intervenants;
2. informer la personne âgée sur les risques de chute, les conséquences des chutes sur la santé et les ressources disponibles;
3. intégrer les exercices d’équilibre dans les activités sportives destinées aux seniors;
4. mener une intervention communautaire de promotion de la santé et de la sécurité chez les seniors. Elle intégrera les trois objectifs précédents ainsi qu’une participation communautaire en vue d’améliorer les milieux de vie des personnes âgées. Cette intervention sera évaluée afin d’en dégager les capacités d’extension et de transfert à d’autres lieux.
Martine Bantuelle et Marie-Christine Van Bastelaer , Educa-Santé
Adresse des auteures: Educa-Santé, 1b avenue général Michel, 6000 Charleroi. Internet: https://www.educasante.org .
(1) Compendium de statistiques de la santé 2001, IBES
(2) Gillespie LD and al, ‘Interventions to reduce the incidence of falling in the elderly’, Cochrane library 2000, issue 1
(3) Dargent-Molina,P. et Bréart G., ‘Epidémiologie des chutes et des traumatismes reliés aux chutes chez les personnes âgées’, Revue d’épidémiologie et de Santé Publique, 1995; 43 (1): 72-83
(4) Prévention des chutes chez les personnes âgées, https://www.ssmg.be
(5) Prévention des chutes chez les personnes âgées à domicile, référentiel de bonnes pratiques, INPES, 2005
(6) Bischoff H.A., Stahelin H.B. and al, ‘Identifying a cut-off point for normal mobility: a comparison of the timed up and go test in community-dwelling and institutionalised elderly women’, Age Ageing, 2003; 32(3): 315-320
(7) AGS, BGS et AAOSPFP, ‘Guideline for the prevention of falls in older persons’, Journal of American Geriatric Society, 2001, vol 49: 664-672
(8) O’Connell and al, ‘Alcohol use disorders in elderly people: redefining an age old problem in old age’, BMJ, 2003; 327:664-667
(9) Sattin RW and al, ‘Home environmental hazards and the risk of fall injury events among community-dwelling older persons’Journal of the American Geriatrics society, 1998; 46(6): 669-679

La convention-cadre de l’OMS pour la lutte antitabac va entrer en vigueur

Le 30 Déc 20

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La Convention-cadre de l’Organisation mondiale de la santé pour la lutte antitabac est entrée en vigueur et fait donc maintenant partie du droit international après avoir été ratifiée par quarante pays au cours des deux dernières années.
Elle permettra d’améliorer la santé en diminuant la consommation de tabac qui provoque actuellement près de 5 millions de décès prématurés par an.
Le 30 novembre 2004, le Pérou est devenu le quarantième pays à ratifier la Convention (1). En moins d’un an et demi, quarante pays de toutes les régions du monde ont pris les mesures nécessaires pour devenir Parties à la Convention, le premier traité international de santé publique avec force obligatoire établi sous l’égide de l’OMS.
Il semble que l’élan suscité par la Convention cadre de l’OMS pour la lutte antitabac ne puisse plus être arrêté . Il montre l’importance que donne la communauté internationale à la nécessité de sauver des millions de vie , actuellement emportées par le tabac , déclare le Dr Lee Jong wook , Directeur général de l’OMS. J’appelle de tous mes vœux les autres pays à rejoindre ces 40 Etats grâce auxquels la Convention entre en vigueur .’
La Convention-cadre pour la lutte antitabac a été adoptée à l’unanimité lors de la Cinquante-sixième Assemblée mondiale de la santé, en mai 2003, après près de trois ans de négociations. Dans l’année qui a suivi, pendant la période d’ouverture aux signatures, 167 pays et la Communauté européenne ont signé le document et 23 d’entre eux sont devenus Parties à la Convention, ce qui en fait l’un des traités des Nations Unies les plus rapidement adoptés.
La Convention est entrée en vigueur le 28 février 2005. A partir de maintenant, les Parties seront juridiquement liées par les dispositions du texte qui prévoient des normes internationales pour l’augmentation des prix du tabac et des taxes, la publicité et le parrainage, l’étiquetage, le commerce illicite et l’exposition à la fumée du tabac.
C’est maintenant que le vrai travail commence , insiste le Dr Catherine Le Galès Camus , Sous-directeur général à l’OMS pour les maladies non transmissibles. La convention fixe les objectifs idéaux à atteindre et un plan de travail à appliquer dans les pays . L’OMS continuera d’aider les pays à accomplir la tâche essentielle qui est de renforcer leurs capacités et de mettre en œuvre la Convention .’
Le Directeur à l’OMS de l’initiative Pour un monde sans tabac, le Dr Vera Luiza da Costa e Silva , a félicité les 40 Etats Membres qui sont devenus Parties à la Convention: ‘ J’applaudis ces 40 pays dont le rôle est déterminant dans l’histoire de la santé publique et de la lutte contre le tabac . Parmi ces 40 Parties , il y a des pays riches et des pays pauvres de toutes les régions du monde . Ensemble , ils créent un précédent qui montre que tout pays peut adhérer à cette Convention , quelle que soit sa situation géographique ou économique ‘.
La Convention-cadre a été instituée pour lutter contre la deuxième cause de mortalité de notre époque. La consommation du tabac est la première cause évitable de décès. Si l’on ne renverse pas les tendances actuelles, le tabac tuera 10 millions de personnes par an en 2020 et c’est le seul produit légal pouvant entraîner la mort d’une personne sur deux qui en consomment régulièrement. Autrement dit, sur les 1,3 milliards de fumeurs que l’on compte actuellement, 650 millions décèderont prématurément à cause du tabac.
Pour en savoir plus sur l’état de la Convention ou consulter le texte complet:
https://www.who.int/tobacco/framework/countrylist/fr/index.html
Communiqué de presse OMS/89
(1) Au moment de boucler ce texte, le 4/2, 168 pays avaient signé et 55 étaient déjà Parties à la convention-cadre.

Obésité des enfants: il faut jouer sur tous les plans

Le 30 Déc 20

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Le 1er octobre, l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola (HUDERF) de Bruxelles a organisé un colloque sur l’obésité des enfants. Un sujet important et sur lequel cela vaut la peine d’intervenir, puisque le public concerné est à un âge où la prévention peut encore jouer, où il est encore relativement aisé de corriger les ‘mauvaises habitudes’, alimentaires ou comportementales.
Face à des adultes, des jeunes ou des enfants obèses, notre société n’est pas tendre: il y a les railleries auxquelles ils sont confrontés, il y a surtout le «racisme» anti-gros qui se manifeste avec cruauté. Pour les adultes, cela risque de se traduire par une ségrégation à l’embauche, voire dans l’établissement des salaires qui, d’après des études sérieuses, sont généralement moins élevés lorsque le travailleur est trop gros selon nos normes.
Pour tous, il y a cette impression que ces obèses «se laissent aller», ne sont pas capables de se prendre en charge, manquent de volonté, s’empiffrent à tour de bras… L’isolement social est bien souvent le quotidien, mis à part pour ces «gros» qui sont l’image du «bon vivant» qui profite de la vie, et qui rit de tout, même de lui-même. Les «minces» ne comprennent pas que ces gens ne soient pas capables de maigrir. Pourtant, maigrir ne se fait pas d’un coup de cuiller à pot. De nombreux éléments entrent en ligne de compte, que ce soit au niveau physiologique, psychologique ou comportemental.
Sur le plan des facteurs physiologiques, l’obésité est aujourd’hui reconnue comme une maladie qui s’installe généralement au fil des années. « Comme chez l’adulte , l’obésité chez l’enfant et l’adolescent est reconnue comme maladie par l’Organisation mondiale de la santé . Elle relève donc d’une prise en charge médicale », répète le Dr Walter Burniat , pédiatre à l’HUDERF.
Mais elle comporte également un important volet comportemental qui peut s’installer très tôt dans l’enfance, du fait d’erreurs au niveau alimentaire et du manque d’activité physique. Car l’obésité reste le résultat d’une soustraction très simple: calories apportées par la nourriture auxquelles on enlève celles brûlées par l’organisme, d’autant plus importantes que l’on sollicite l’organisme. Pour lutter contre cet excès de poids, il s’agit donc de réformer le mode de vie et non de suivre des régimes et ce, pour un succès à long terme. L’obèse doit passer par un long ré-apprentissage: à manger, à s’organiser pour manger correctement et à heures fixes, à apprécier la nourriture, à bouger et aimer bouger, à aimer son corps… Il s’agit là de chamboulements d’autant plus importants et plus difficiles que l’obésité ou le surpoids est installé depuis longtemps. D’où l’importance d’agir chez les jeunes et de prévenir l’obésité à ces âges charnière.

Reconnaître l’obésité comme maladie

Cette reconnaissance de l’obésité comme maladie a poussé la BASO (Belgian Association for the Study of Obesity, une association de médecins spécialisés dans les divers aspects de l’obésité) à établir un consensus pour la traiter de la manière la plus appropriée possible. Un traitement qui inclut différents spécialistes: médecins, diététiciens, kinésithérapeutes et psychologues. Une philosophie de traitement que l’on retrouve dans les Cliniques du juste poids, les centres hospitaliers de prise en charge des obèses ou les internats thérapeutiques.
Parallèlement, il est important d’impliquer les médias, les écoles, les familles et l’industrie agroalimentaire pour éduquer à l’alimentation saine et l’exercice physique. Liste à laquelle on pourrait ajouter les pouvoirs publics, les structures extra-scolaires et les médecins pour dispenser un message de prévention. Dans les médias, le message est très bien passé, faisant couler beaucoup d’encre ces derniers mois. Car il est vrai que s’il est une pandémie annoncée, c’est bien celle de maladies découlant directement de l’obésité qui débute de plus en plus jeune. Au premier rang de ces maladies: le diabète ou les maladies cardiovasculaires. A l’heure actuelle, 15 à 20% des jeunes Belges (enfants et adolescents) sont en surpoids et 3 à 7% sont obèses.
On l’a dit, l’obésité reste, dans la grande majorité des cas, le résultat d’une trop grande consommation de calories par rapport à la dépense calorifique de l’organisme; l’excès d’énergie emmagasinée va alors être stocké sous forme de lipides dans le tissu adipeux et nous faire grossir.
Alors que naguère la réflexion s’arrêtait là, dans le grand public comme chez les médecins, aujourd’hui, on va plus loin: pourquoi certains grossissent davantage que d’autres? Qu’est-ce qui pousse à consommer trop d’aliments ou de calories? Cette réflexion a conduit à s’interroger sur les mécanismes de régulation de l’appétit. « La physiologie de l’appétit est un phénomène complexe qui reste mal compris , confirme le Dr Jean-Pierre Chanoine , médecin belge officiant au service d’endocrinologie et de diabète du British Columbia’s Children’s Hospital de Vancouver, au Canada. L’obésité se développe grâce à des mécanismes génétiques intervenant dans un environnement propice .» Et il cite les travaux qui ont mené à la découverte du rôle de deux hormones naturelles, la leptine et l’insuline, qui donnent au cerveau le signal de stopper la sensation d’appétit. « Chez les obèses , on constate que le taux de leptine n’est pas suffisant , mais aussi que certains gènes ne vont pas permettre aux mécanismes destinés à freiner l’appétit de jouer leur rôle . Cette surconsommation d’aliments , additionnée à leur qualité de plus en plus sucrés et gras et à la sédentarité croissante chez les jeunes donnent le terrain propice », explique-t-il. Il faudra encore comprendre pourquoi les aliments les plus riches fournissent généralement une plus grande satisfaction…

Dès le berceau?

Une autre piste de recherche exposée lors de ce colloque a été l’influence de l’alimentation des premiers mois de vie, et en particulier celle de la quantité de protéines consommées dès la plus tendre enfance. Comme l’ont déjà soupçonné certaines études scientifiques, l’allaitement maternel pourrait protéger contre l’obésité. Une théorie que tente de démontrer une grande étude européenne, appelée CHOPIN, menée en Allemagne, Belgique, Espagne, Italie et Pologne.
« Son but est de vérifier si la quantité de protéines ingérées durant les deux premières années de vie , notamment dans les laits artificiels , a un impact sur l’indice de Quételet ( 1 ) à l’âge de 8 ans . Quelque 1250 enfants , dont environ 170 Belges , vont être suivis : un premier groupe recevra un lait artificiel peu riche en protéines , un autre groupe un lait artificiel un peu plus riche en protéines . Ils seront comparés à un groupe de référence , constitué de bébés nourris au sein durant leurs 4 premiers mois », explique le Dr A. Sengier , du Département de nutrition du Service de pédiatrie de l’HUDERF. Tous ces bébés seront régulièrement mesurés, pesés et évalués en fonction des habitudes alimentaires prévalant à côté de la consommation de lait, du mode de vie et du développement psychomoteur de l’enfant. Les premiers résultats sont attendus pour la fin 2005.
Précisons que les effets d’une alimentation non adaptée ne se font pas ressentir immédiatement chez les jeunes enfants: on constate ce que les spécialistes appellent un «rebond d’adiposité» vers 6 ans, âge auquel les conséquences sur le poids de l’enfant peuvent apparaître. Si cette étude confirme bien l’effet délétère d’une concentration trop importante de protéines sur le risque d’obésité, elle donnera un coup de pouce supplémentaire aux promoteurs de l’allaitement maternel.

De plus en plus jeunes!

Actuellement, l’obésité touche entre 3 et 7% des jeunes. « Dans la province du Hainaut , 1 enfant sur 4 est en surpoids ; en province de Luxembourg , 15 % des enfants à partir de 4 ans sont en surpoids ou obèses , chiffre qui atteint 25 % chez les 10 11 ans et plus de 15 % chez les plus âgés . L’évolution du nombre d’enfants en surpoids est assez inquiétante : dans le Hainaut , on a enregistré en 5 ans une augmentation d’excès de poids et d’obésité chez les enfants de 13 ans de l’ordre de 1 % par an , passant de 13 à 18 %! Et à Liège , une étude menée en 1998 montre que si les chiffres sont stables chez les adolescents et jeunes adultes , un pic significatif est enregistré en maternelle et en primaire », s’inquiète le Prof. Michèle Guillaume , de l’Observatoire de la santé de la Province de Luxembourg.
Quand les kilos sont installés, le risque de voir apparaître les complications est rapide. Par exemple le diabète de type II, c’est-à-dire celui qui découle de l’obésité, qui n’est plus un «privilège» d’adulte: de très jeunes enfants sont aujourd’hui touchés! Sans compter les problèmes orthopédiques, des os, d’hypertension, du sommeil et les autres conséquences psychologiques qu’ils risquent d’endurer. « Ces enfants souffrent en outre fréquemment de carences en vitamine D ou en fer . En effet , du point de vue nutritionnel , tous ces enfants obèses ne mangent pas nécessairement trop , mais mal équilibré . De plus , dans un contexte familial d’obésité , une prise en charge familiale pourrait être efficace . Car un enfant qui a ses deux parents en surpoids ou obèses court un risque de 80 % d’être obèse et de le rester à l’âge adulte », confirme le Dr Walter Burniat.

Motiver et déculpabiliser

Les enfants obèses ont souvent un problème de relation à la nourriture, objet à la fois d’envie avant la consommation, de satisfaction immédiate pendant et de honte et de culpabilité après l’absorption. Ces enfants peuvent être pris en charge par des équipes pluridisciplinaires dans des hôpitaux, des cliniques voire des internats thérapeutiques où ils résident durant 3 à 12 mois, pour réapprendre à se nourrir et à reprendre une activité physique. « L’objectif n’est pas nécessairement de leur faire perdre du poids , mais souvent de stabiliser le poids qu’ils ont , tout en assurant la croissance . Ainsi , la courbe de taille va grimper , alors que celle du poids va rester stable : les deux courbes vont alors se rejoindre , l’enfant atteignant , dans le meilleur des cas , le poids qui correspond à sa taille . Notre méthode consiste à travailler sur le plan médical pour estimer les risques associés à leur surpoids , sur le plan diététique afin de leur apprendre à manger en fonction de leur mode de vie et de leurs goûts , et aussi sur le plan psychologique », explique Marie-José Mozin , diététicienne pédiatrique à l’HUDERF.

Une expérience intéressante

Alors que certaines écoles accueillent des fast-foods dans leurs murs, d’autres jouent la carte de l’alimentation saine. A côté des initiatives individuelles, heureusement nombreuses, il est une petite école maternelle et primaire, dans la verte province du Brabant wallon, qui a fait de l’alimentation un art de vivre.
L’école des Trois pommiers, à Court-Saint-Etienne, n’a pas attendu que l’on parle d’obésité infantile pour intégrer l’éducation à l’alimentation saine dans ses murs. Ce principe y prévaut depuis sa création, en 1973. Cette petite école de l’enseignement libre subventionné non confessionnel enseigne une pédagogie proche de la pédagogie Freinet, qui prône l’expression libre, la réussite en valorisant l’enfant, le respect du rythme de chaque enfant et de sa personnalité, la recherche, la réflexion, le tâtonnement expérimental, la vie en société, l’organisation coopérative, le refus de l’esprit de compétition, l’autonomie, la responsabilité et l’entraide. Et ceci, pour faire court…
Cette philosophie a notamment été mise en application dans l’organisation des repas: « L’alimentation n’est pas un plus , mais fait partie du projet pédagogique . Elle implique une participation active des parents dans la vie de l’école . C’est ainsi que chaque parent est invité à préparer deux à trois fois par an un repas de midi , et environ une fois par an une collation et ce , pour toute l’école qui compte 85 enfants . Ceci fait partie du projet éducatif , pédagogique et d’établissement qui est remis à chaque parent avant la rentrée scolaire . En inscrivant leur enfant chez nous , ils l’acceptent implicitement . Chez nous , l’alimentation saine , bio , la culture de produits frais en potager , etc . fait partie d’une philosophie de vie », explique Dominique Stordeur , directrice et enseignante à l’Ecole des Trois pommiers.

Un choix, pas une obligation

Certains s’interrogent sur le bien-fondé d’une telle initiative qui implique les parents dans les repas, considérant que cela est du ressort exclusif de l’école, que les parents n’ont pas à s’en mêler. « Pour nous , l’école ne peut pas s’occuper uniquement d’apprendre à lire , écrire et compter . Nous considérons qu’il n’y a pas de cloisonnement entre l’apprentissage pur de matières et l’éducation au sens plus large . L’enfant vit 8 heures à l’école et nous devons lui apprendre à se laver les mains avant de passer à table , dire merci , etc . Chez nous , il y a une réelle connivence entre les parents et les enseignants . L’enfant évolue parce qu’il entend le même discours à la maison et à l’école , cela peut l’aider à se construire . Le fait de faire participer les parents à la préparation des repas , c’est d’un côté accepter qu’ils soient dans l’école toute la journée . Ils peuvent nous rejoindre en salle des profs et déjeunent avec les enfants et les enseignants C’est une vie en communauté .
Mais aussi , dans le domaine de l’alimentation , c’est les faire participer à un principe d’équilibre alimentaire qui va s’inscrire dans toute la famille . Nous avons opté pour ce principe non pas par manque de moyens , puisque nous recevons des subsides de la Communauté française , mais nous affectons ces moyens financiers à d’autres postes , comme l’achat de matériel pédagogique , etc .», poursuit-elle.
En somme, il s’agit de la philosophie de vie d’une grande famille. Il en va de la volonté de chaque parent de s’inscrire dans ce type de philosophie pour l’école de son enfant.
Le résultat est dans l’assiette: pas de produits congelés, que des produits frais, avec des légumes du potager de l’école – entretenu notamment par les élèves – et surtout pas de plats préparés dans une politique du moindre coût.
Le lundi et le jeudi, les parents, à tour de rôle, se chargent des collations: productions maisons, comme les cakes, crêpes, gaufres ou autre produits préparés sont donc fournis à toute l’école, avec un plafond fixé à 30 centimes par personne.
Pour les repas de midi, chaque jour, deux familles sont préposées à la préparation des repas. Lundi : repas tartines et crudités, mardi : repas complet avec pommes de terre, légumes et viande ; jeudi : repas tartines et potage et vendredi : repas à base de pâtes, riz ou semoule avec sauce. Les frais sont remboursés par l’école. La préparation pour un bataillon peut sembler particulièrement ardue, mais après visite aux cuisines, l’équipement est adapté et les conseils sur les quantités à prévoir sont affichés sur un tableau géant en cuisine. Et puis, il est toujours possible de demander de l’aide à des parents déjà bien rôdés ou aux enseignants qui connaissent bien ce système. «Cette participation des parents s’inscrit tant dans le désir d’assurer des repas de qualité aux enfants que dans un esprit de solidarité, d’engagement et de participation autour et dans l’école», précise la Charte de l’école. Mais à voir l’évolution des chiffres de l’obésité infantile, ce type d’initiative, bien que contraignante, ne peut que convaincre de l’utilité d’une éducation à l’alimentation saine et que cette éducation n’est pas utile si elle n’est pas suivie dans l’environnement fréquenté 8 heures par jour par l’enfant ou au contraire en famille…
A quelques kilomètres des Trois pommiers, on trouve une autre école qui accueille un fast-food, à destination de jeunes de l’enseignement secondaire. Certes, cela demande nettement moins d’efforts des parents et enseignants…
C.M.

L’enfant et sa famille vont donc être questionnés sur les loisirs, l’activité physique, la scolarité, les habitudes de sommeil, et bien sûr sur les habitudes alimentaires comme les aliments appréciés ou détestés, les conditions de sensation de faim, etc. « Il est souvent difficile d’obtenir des réponses fiables quant à la description des habitudes alimentaires , tant sur le plan quantitatif que qualitatif . En effet , parents comme enfant prennent conscience de leur inadéquation , voire de leur caractère anarchique . Nous devons donc avancer en les déculpabilisant , en leur montrant que notre objectif n’est pas de les juger , mais de les aider à corriger les erreurs commises et ainsi parvenir à l’objectif fixé avec le pédiatre . Une autre difficulté réside dans l’obtention d’information sur les aliments consommés hors du cadre familial , comme dans les cantines ou les snacks
Les spécialistes constatent la récurrence de certains points. « Tout d’abord , la place du petit déjeuner est sous estimée : il est insuffisant ou absent , laisse une trop grande place aux céréales ‘pour enfants’ ( trop sucrées et qui induisent un sentiment de satiété de courte durée ) et pas assez au pain , avec pour corollaire une collation de 10h excessive , un déjeuner souvent déséquilibré , l’absence ou l’insuffisance de goûter qui laisse la place au grignotage avant le dîner et l’horaire variable de celui ci qui est trop rapidement ingéré . Nous remarquons également des carences en vitamines D , en calcium et en acides gras essentiels , notamment lorsque le jeune suit un régime prescrit par un non professionnel . Nous avons également relevé une corrélation entre l’obésité et certaines habitudes de sommeil : les enfants qui se couchent tard , généralement par la difficulté qu’éprouvent les parents à fixer des limites , mais aussi par l’absorption de boissons contenant de la caféine ou de la théine le soir , sautent très souvent le petit déjeuner », poursuit Mme Mozin.
Une partie de la réponse serait-elle dans l’instauration d’une organisation des repas et des journées? Elle le pense, prônant les 4 repas quotidiens (avec un vrai goûter) pour supprimer le grignotage et une ingestion moins rapide du souper pour manger moins. Elle recommande de consommer des aliments variés, au profit des légumes et des fruits, bien évidemment.
Les principes nutritionnels pour des enfants et des jeunes diffèrent de ceux pour des adultes qui doivent maigrir. « Il faut des apports nutritionnels suffisants pour assurer une croissance harmonieuse , des apports en calcium élevés et le respect d’une pyramide alimentaire tenant compte de l’apport non pas glycémique , mais insulinique , qui a un effet de satiété supérieur

De l’importance du psy

Un autre aspect essentiel de la prise en charge pluridisciplinaire est celui de la psychiatrie. Un aspect qui peut être rejeté d’office par certains parents qui n’en voient pas l’utilité. C’est vrai, l’obésité n’est pas un trouble psychiatrique, mais des études ont démontré que des facteurs psychologiques interviennent dans son apparition ainsi que dans son maintien, de manière variable selon les personnes. « Le passage du pédiatre et de la diététicienne vers le pédopsychiatre est un moment fragile à haut risque de rupture . Le pédiatre et la diététicienne sont donc attentifs au moment et à la manière d’amener la proposition de consulter un pédopsychiatre , explique Sophie Matagne , pédopsychiatre à l’HUDERF. Notre but est de permettre au jeune obèse de se distancier de ce problème d’obésité pour aborder le problème psychologique qui peut l’entretenir , en fonction de sa spécificité individuelle , familiale et sociale
Dernier axe important: la reprise d’une activité physique. Ces enfants sont souvent «fâchés» avec le sport: leurs performances sont médiocres et l’obligation de porter certaines tenues (comme le maillot de bain) sont trop souvent l’occasion de railleries. Aussi, il s’agit de les ramener à apprécier de pratiquer un sport, de pouvoir s’y affirmer, d’où l’utilité d’une prise en charge par la kinésithérapie. Les kinés vont s’intéresser alors aux activités pratiquées avant l’obésité, l’âge de l’enfant, ses motivations, mais aussi son état physique, éventuellement altéré par le surpoids: articulations, pieds plats, problèmes de dos…, ou encore ses capacités respiratoires, sa masse graisseuse, son équilibre, sa souplesse ou son endurance.
Ce topo terminé, les séances de kiné vont pouvoir débuter en douceur. « Tout d’abord , il s’agit de travailler sur la mise en mouvement et la prise de conscience du corps . Par la suite , nous allons travailler la ( ) harmonisation musculaire , l’endurance , l’équilibre entre le mouvement et la détente et l’autonomie ainsi que le potentiel cardio respiratoire . Nous tenons néanmoins toujours compte de l’âge et du sexe de l’enfant , ainsi que de son niveau physique ou de la présence d’une maladie ou d’un problème de santé associé », explique Frédéric Dejasse , kinésithérapeute. Progressivement, les enfants vont choisir des activités ou sports qu’ils préfèrent. « Il faut travailler progressivement , pour procurer du plaisir et favoriser ainsi la motivation à continuer . Tous les sports peuvent être pratiqués , mais ce sont les sports dits de portage , comme le vélo ou la natation , qui seront favorisés

Rembourser les traitements?

Comme on l’a dit, ce mixte de différentes disciplines pour soigner les enfants obèses est proposé par des cliniques ou hôpitaux, avec le risque de décrochage que cela engendre. Pour les grands obèses, l’option d’internat thérapeutique peut s’avérer nécessaire, puisque l’enfant reste 24h sur 24 dans un environnement qui va le stimuler dans sa décision de perte de poids, avec des cours soit dans l’internat même pour les enfants de primaire, soit dans les écoles avoisinantes pour les élèves du secondaire.

L’alimentation des enfants, le marketing alimentaire et l’école suscitent depuis plusieurs mois des initiatives en sens divers au sein de notre Communauté française, qu’elles émanent des autorités, du secteur privé ou de l’associatif. Nous ne manquerons pas d’y revenir dans Education Santé .

Un changement d’environnement qui pèse, émotionnellement, pour ces jeunes, mais qui n’est que transitoire: le séjour dure entre 3 et 12 mois, en fonction des enfants. Dans tous les cas, sauf ceux où la mutuelle intervient intégralement, les coûts financiers peuvent être importants, avec le risque d’abandon que cela entraîne. « Le nombre d’enfants et d’adolescents obèses augmente et les limites des possibilités de prise en charge par des services hospitaliers spécialisés sont telles qu’il faut une politique concertée de réseau multidiscipinaire . Sur le plan du traitement , on pourrait proposer un contrat forfaitaire incluant les consultations de pédiatrie , la mise au point biologique , la prise en charge diététique , la pédopsychiatrie , la kinésithérapie orientée selon un schéma à définir avec l’INAMI , tout comme c’est le cas pour les internats thérapeutiques », plaide le Dr Burniat. Si cela peut aider certaines familles moins aisées à franchir le pas du traitement, il faut néanmoins garder à l’esprit qu’un remboursement peut, dans certains cas, dédouaner certains d’un travail de prévention qui implique un changement fondamental des habitudes.
Dans tous ces systèmes de prise en charge, le défi se situe également à la maison, avec un changement durable des habitudes alimentaires non seulement des enfants, mais très souvent aussi de la famille. C’est pourquoi l’éducation nutritionnelle des parents doit faire partie de la prise en charge de l’enfant obèse. Le modèle sera la pyramide alimentaire qui, loin de diaboliser certains aliments, insiste sur la place qui est la leur dans l’alimentation globale.
Carine Maillard (1) L’indice de Quételet, appelé aussi indice de masse corporelle (IMC) ou Body Mass Index (BMI), se calcule en prenant le poids en kilos, divisé par la taille en mètres élevée au carré. Par exemple, un enfant mesurant 1,40 mètres et pesant 65 kilos aura un BMI de 65:1,4² = 33,17. Le poids idéal se situe entre 20 et 25; en-dessous, on est trop maigre; entre 25 et 30, on est en surpoids; au-dessus de 30, on est obèse. Statistiquement, on constate que les problèmes de santé se posent surtout à partir d’un BMI de 27.

L’enfant et l’hôpital

Le 30 Déc 20

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Dans le numéro 171 de juillet-août 2002, nous vous présentions les débuts de la campagne pédagogique «Ensemble, découvrons l’hôpital», premier volet d’un projet en trois axes. Deux ans plus tard, le programme a continué de mobiliser les énergies et les volets complémentaires à ce premier axe se développent pour toucher différents acteurs. Après sa présentation au 2e Colloque international sur les programmes locaux et régionaux de santé à Québec, revenons sur cette campagne ainsi que sur les axes complémentaires.

Un projet en trois volets

La finalité du programme «L’enfant et l’hôpital» piloté par les Mutualités chrétiennes, l’asbl Jeunesse & Santé et la Clinique de l’Espérance – asbl C.H.C. est de favoriser une approche dynamique et contrastée de l’hôpital par l’enfant et de valoriser les compétences de chacun des partenaires autour de l’enfant pour lui permettre le meilleur vécu possible lors d’une éventuelle hospitalisation.

Favoriser une image dynamique et contrastée

Chacun d’entre nous a un vécu autour de l’hôpital, chacun en a une représentation, souvent teintée d’une certaine émotion. Les enfants aussi. Certains disent «J’ai peur, on se dit que si on doit y aller, ça sera une grosse maladie, que l’opération se passera mal», «Ce n’est pas très joyeux, personne ne sourit», «On reçoit des piqûres et d’autres choses encore pires»… Certaines images sont positives aussi: «C’est bien parce qu’on y guérit», «Ma maman est infirmière, c’est bien», «Grâce à l’hôpital, on sauve des vies», «Mon petit frère y est né»… Développer une image plus contrastée qui englobe les récentes évolutions de l’hôpital est important, que ce soit chez les enfants, mais aussi chez les adultes qui l’entourent comme ses parents ou les enseignants.

Valoriser les compétences de chacun

Jamais facile à vivre une hospitalisation d’enfant. Chacun peut pourtant faciliter ce passage… Les enfants eux-mêmes peuvent être acteurs dans leurs relations avec les soignants. Les parents ont un rôle à jouer, une place à prendre pour soutenir leur enfant. Les enseignants peuvent contribuer à la dédramatisation collective du passage à l’hôpital. Et les soignants, en parlant de leur métier, de l’hôpital et des soins, peuvent adopter un langage qui apaise l’enfant et l’invite à collaborer.
Le projet est donc développé selon trois axes afin de toucher un maximum d’acteurs: les enfants et le cadre scolaire, les parents, les équipes hospitalières.

Le premier volet: la campagne vers les enfants et les écoles

Faire découvrir l’hôpital aux enfants, comme découvrir la ferme ou parler du métier de pompier, tel est l’objectif de la campagne pédagogique diffusée depuis septembre 2002 à l’attention du cycle 5-8 ans. Cet objectif ne se cantonne pas à une découverte des lieux. A travers ce programme, les enseignants sont invités à développer des projets qui permettent une dédramatisation de l’univers hospitalier, qui permettent une meilleure connaissance de ce qui s’y vit, ce qui s’y fait, de ceux qui y travaillent. Le projet invite à dépasser la connaissance du milieu hospitalier pour travailler des aspects tels que l’expression de la douleur et des peurs, la découverte du corps humain, de l’univers médical en général… Et des compétences telles que savoir poser des questions, savoir dialoguer avec un adulte sont également mises en évidence.

Du matériel adéquat

Les enseignants qui participent au projet reçoivent un dossier pédagogique qui leur propose tout d’abord de s’interroger sur leurs propres représentations de l’hôpital. Avec nuances, il informe ensuite sur les représentations-types de l’enfant et sa façon de vivre l’hôpital pour proposer ensuite des pistes de projets et des fiches d’activités à développer en classe.
Chaque enfant reçoit une brochure illustrée «Ensemble, découvrons l’hôpital» dans laquelle Harold, la mascotte, l’invite à découvrir sa maison, l’hôpital. Harold interroge l’enfant sur ce qu’il aime ou n’aime pas à l’hôpital, lui propose d’observer ce qui s’y passe, ce qu’on y fait, comment on prend en charge la douleur et comment on peut en parler, à quoi sert une radio ou une perfusion, de découvrir aussi certains lieux comme la salle de jeux, l’école, la chambre ou la salle d’opération.

Une large diffusion et de multiples réappropriations

Depuis septembre 2002, ce sont environ 440 écoles qui ont participé au programme. Elles en ont pris connaissance soit par un courrier adressé à l’école soit par des échos dans la presse ou encore par le bouche-à-oreille. A travers l’exploitation de quelques fiches pédagogiques, à travers l’organisation d’une visite d’un hôpital, à travers le montage d’une exposition, l’accueil d’infirmiers, de médecins ou d’une ambulance à l’école… les enseignants et leurs élèves ont fait preuve d’imagination pour se réapproprier les outils disponibles gratuitement et les adapter aux réalités des classes.
Les outils sont également sortis des murs de l’école: les enfants ont ramené les livrets chez eux, des hôpitaux ont diffusé des livrets pour les enfants venant à l’hôpital ou pour les frères et sœurs d’enfants hospitalisés, des associations ont décidé de sensibiliser les enfants qu’elles rencontrent, etc. Au total, 55.000 enfants ont ainsi pu découvrir l’hôpital avec Harold, mais aussi avec les adultes qui les entourent.

Des résultats encourageants

« Ce projet a permis de mettre les enfants en confiance et de dédramatiser tout ce qui tourne autour de l’hôpital » nous dit une enseignante. Cet avis rejoint celui de bon nombre d’instituteurs et institutrices.
Les évaluations auprès des enseignants montrent que dans tous les cas, les enfants apprennent un nouveau vocabulaire. 71% des enseignants déclarent que les enfants ont pu évoquer leurs peurs. 60% rajoutent que les enfants ont développé une image plus positive et plus multiple de l’hôpital.
Quant aux parents, 30 ont répondu à une interview téléphonique et ont rapporté que leur enfant avait parlé du thème à la maison et qu’il avait fait le lien avec ce qu’il connaissait. Deux tiers de ces parents ont lu le livret, se sont dits intéressés par la thématique et trouvent qu’il vaut la peine d’en parler avec les enfants. Ceux qui ont lu le livret disent qu’il est plus facile de parler de l’hôpital avec ce support et ils réalisent davantage le soutien nécessaire pour un enfant lorsqu’il doit être hospitalisé.
Ces derniers résultats mettent en évidence l’intérêt d’un support et l’importance d’encourager les parents dans le soutien qu’ils peuvent apporter à l’enfant en cas d’hospitalisation. Ces éléments sont à la base du second axe.

Le deuxième volet: un soutien des parents dans l’hospitalisation de leur bébé ou leur enfant

Comment expliquer à son enfant qu’il va devoir aller à l’hôpital? Comment le soutenir au moment d’un soin douloureux? Comment dialoguer avec le personnel soignant? Pour aborder ces questions, les partenaires du projet «L’enfant et l’hôpital» ont créé un outil dynamique et interactif pour les parents.
Depuis septembre 2004, la brochure «Mon enfant à l’hôpital. L’accompagner avant, pendant et après» est diffusée auprès de parents devant faire face à l’hospitalisation (de courte durée) de leur bébé ou de leur enfant.

Un outil multiple

Témoignages de parents, interviews d’un médecin généraliste et d’une infirmière, jeux pour les enfants à faire seul et à faire avec les parents, conseils pratiques, attitudes à adopter, questionnements, réflexions, outils à utiliser (le mémo de ce qu’il faut mettre dans la valise, une carte postale à découper et à personnaliser pour son enfant, des références de livres et de jeux)… A travers ces divers contenus, cette brochure de 28 pages tend à montrer au parent qu’il peut trouver lui-même une multitude de ressources pour accompagner son enfant. Car qui sait mieux que lui ce dont son enfant a besoin? Les informations proposées ne sont que des pistes que chaque parent est capable de s’approprier.

Une diffusion par des acteurs

Pour toucher les parents au moment opportun, des partenariats se créent petit à petit avec les hôpitaux. A l’heure actuelle, une quinzaine de services de pédiatrie soutiennent la démarche et réfléchissent à une diffusion adéquate de l’outil. Une information aux médecins généralistes et pédiatres a eu lieu en novembre 2004. Les Mutualités chrétiennes s’activent dans la mobilisation de différents secteurs afin d’assurer la meilleure diffusion possible de l’outil.

Le troisième volet: une réflexion à construire avec les équipes hospitalières

Travailler à une approche positive de l’hôpital par l’enfant et soutenir les parents dans leur dialogue avec l’hôpital sont deux démarches complémentaires. Elles en appellent cependant une troisième: celle de la réflexion avec les équipes hospitalières.
Après l’évaluation du deuxième volet fin 2004, l’équipe du projet souhaite, en 2005, réfléchir avec les équipes hospitalières intéressées à la manière d’accueillir et de présenter l’hôpital aux enfants: que cela concerne des enfants sans hospitalisation prévue (pour accueillir une visite scolaire par exemple), des enfants en visite (par exemple ceux qui viennent rendre visite à leur frère ou à leur sœur), des enfants dont l’hospitalisation est prévue (pour leur présenter l’hôpital lors d’une visite préopératoire par exemple) ou des enfants hospitalisés (ceux qui arrivent par le circuit des urgences par exemple, pour leur parler de l’endroit où ils arrivent).
Beaucoup d’initiatives existent déjà dans les services: pourquoi ne pas les reconnaître, les valoriser, les communiquer? Et ainsi poursuivre le travail d’amélioration globale de la prise en charge des petits patients. Tel sera l’objectif du troisième volet qui clôturera ainsi la trilogie du projet.
Il s’agit d’un projet global qui met l’accent sur la prévention dans et en dehors du milieu hospitalier, qui reconnaît l’émotion associée à ce lieu et ce qui s’y passe, et qui valorise les compétences de chacun, adultes et enfants.
Anne Avaux Responsable de projet pour la Mutualité chrétienne
Pour se procurer les outils ou pour tout renseignement: infor.sante@mc.be, tél.: 02 246 48 51. Le dossier pédagogique est téléchargeable sur https://www.mc.be , pages Infor Santé. Vous y trouverez aussi les coordonnées des responsables du projet dans chaque implantation des Mutualités chrétiennes en Communauté française Wallonie-Bruxelles.

Le Centre Antipoisons au quotidien

Le 30 Déc 20

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A l’occasion de ses 40 ans d’existence, le Centre Antipoisons vient de faire le point sur les services qu’il rend au jour le jour.

Enormément d’appels

Combien le Centre reçoit-il d’appels? Le téléphone sonne 140 fois par jour en moyenne au 070 245 245. Le nombre d’appels par mois fluctue entre 4 et 5.000.Tous les appels sont pris en charge par un médecin. L’équipe compte actuellement 13 médecins qui se relaient pour assurer un service 24h sur 24. L’accès au numéro d’urgence est gratuit: en effet, l’Arrêté royal du 9 octobre 2002 (M.B. 7/11/2002) impose aux opérateurs d’assurer à leurs abonnés l’accès gratuit aux services d’urgence.

Qui peut faire appel au Centre Antipoisons?

Le Centre est accessible au public comme aux professionnels de santé. Ce n’est pas le cas partout en Europe: aux Pays-Bas et en Grande-Bretagne, les centres équivalents ne répondent pas aux appels du public.
Cette accessibilité est un atout important: donner des premiers soins corrects au moment de l’accident, évaluer l’importance de l’exposition pour laisser au domicile les cas bénins et orienter très vite vers l’hôpital les cas graves contribue à améliorer la prise en charge des patients intoxiqués.

Les missions du Centre Antipoisons

Assurer une permanence médicale d’information toxicologique en urgence.
Gérer une documentation sur les toxiques.
Faciliter l’accès aux antidotes et autres médicaments spécifiques.
Recevoir la composition des préparations dangereuses et des cosmétiques mis sur le marché en Belgique.
Assurer une mission de toxicovigilance.
Tenir un registre des intoxications au CO, première cause de mort accidentelle en Belgique.

Par ailleurs, la réponse au public donne de précieuses indications sur la manière dont les accidents surviennent et les produits en cause. Le Centre peut ainsi détecter des problèmes liés à la présentation des produits, à un étiquetage peu clair, à une notice mal conçue, à une toxicité inattendue. Ce travail de toxicovigilance est une fonction importante pour les centres antipoisons.
Actuellement, trois quarts des appels proviennent du public. Huit appels sur dix sont des appels urgents, suite à un contact avec un ou plusieurs produits.

Qui sont les victimes?

La moitié des accidents concernent des enfants. Le principal groupe à risque est celui des moins de 4 ans. Les jeunes enfants passent par une période au cours de laquelle ils explorent leur environnement en portant tout à la bouche. Les parents de jeunes enfants savent à quel point cette période demande une vigilance de tous les instants.

Quels sont les produits en cause?

D’une manière générale, plus un produit circule, plus la probabilité de contact est grande.
Les appels les plus fréquents concernent donc des produits d’usage courant. On ne sera pas surpris de voir arriver médicaments et produits ménagers en tête des agents en cause dans les appels. Ces produits sont présents dans toutes les familles et occasionnent le plus grand nombre d’accidents. Les appels les plus fréquents ne sont heureusement pas les plus graves.

Médicaments 41,66%
Produits ménagers 30,49%
Plantes/champignons 5,72%
Produits phytosanitaires 4,82%
Cosmétiques 4,56%
Aliments 3,42%
Animaux 1,66%
Divers 7,47%
Non précisé 0,19%

Quels sont les produits les plus dangereux?

S’il est souvent victime de sa curiosité, le jeune enfant avale rarement des quantités importantes de produit et beaucoup d’accidents sont heureusement bénins. Il faut malgré tout savoir qu’il existe des produits d’usage courant dangereux en petite quantité. Il est impossible de les citer tous.
Parmi les produits d’entretien, il faut être particulièrement vigilant avec les produits caustiques . Ces produits provoquent des brûlures en cas de projection dans l’œil ou sur la peau et des lésions internes s’ils sont avalés. En pratique, dans la vie courante, on trouve dans cette catégorie des produits de droguerie comme l’esprit de sel, la soude caustique, l’acide sulfurique, et aussi des produits d’entretien, les déboucheurs de canalisation principalement, certains nettoyants dégraissant pour four, grill et hotte…
L’étiquette des produits corrosifs doit porter un symbole de danger noir sur fond orange. La signification de ce symbole n’est malheureusement pas connue de tous. Ce symbole représente deux éprouvettes d’où s’écoule un liquide endommageant une surface de travail et une main.
Autre catégorie de produit dangereux en petite quantité, les produits contenant des distillats de pétrole . En cas d’ingestion accidentelle, il peut arriver que suite à un vomissement, quelques gouttes de produit soient avalées de travers et pénètrent dans les poumons, entraînant une pneumonie chimique. On retrouve des dérivés pétroliers dans beaucoup de produits d’entretien ou de bricolage L’essence, le white spirit, de nombreux vernis et peintures, les rénovateurs pour meubles, l’huile pour lampe, les allume-feu liquides se retrouvent dans cette catégorie.
Comment repérer les produits à risque d’aspiration dans les poumons? Il n’existe pas de symbole spécifique. L’étiquette portera une croix de Saint André avec la mention nocif, symbole qui se retrouve sur de très nombreuses préparations. C’est une phrase sur l’étiquette qui doit spécifier ce risque particulier: il s agit de la phrase ‘Nocif: peut provoquer une atteinte des poumons en cas d’ingestion’. Il faut donc lire toute l’étiquette pour être informé.
Le méthanol et l’ éthylène glycol sont des toxiques redoutables en faible quantité. A l’approche de l’hiver il faut rappeler que la plupart des antigels contiennent de l’éthylène glycol.
Le méthanol est un combustible courant pour les réchauds à fondue. Une gorgée d’un de ces produits suffit à entraîner une intoxication grave. Il faut particulièrement veiller à les garder hors de portée des enfants.

Comment se produisent les accidents?

La plupart des appels concernent des accidents. Les tentatives de suicide représentent 11% des appels environ.
Chez l’enfant, beaucoup d’accidents surviennent lorsque le produit est en cours d’utilisation: un bref moment d’inattention de l’adulte interrompu par le téléphone, un autre enfant qui pleure, un coup de sonnette suffisent à l’enfant pour s’emparer du flacon laissé ouvert.
L’enfant qui commence à se déplacer trouve à sa portée des plantes d’appartement, un cendrier rempli de mégots, une lampe à huile sur une table basse, des verres contenant un fond d’alcool, un pinceau trempant dans du white spirit, un désodorisant d’ambiance, toutes choses qu’il aura vite fait de porter à la bouche.
L’exploration d’un sac à main peut aussi conduire à la découverte d’une boîte à pilule ou d’un paquet de cigarette par exemple.
Certaines circonstances sont propices aux accidents: l’enfant que l’on couche dans une chambre d’adulte pour y faire la sieste pourra au réveil explorer la table de nuit et y trouver somnifères, pilule contraceptive ou d’autres médicaments.
Chez l’adulte les accidents sont plutôt liés à une erreur de manipulation d’un produit: utilisation d’un produit caustique sans gant ni lunettes de protection, travail prolongé avec des solvants dans un espace non ventilé, mélange d’eau de javel et d’acide avec dégagement de chlore pour citer les exemples les plus courants. Les produits transvasés dans des contenants alimentaires (bouteilles, verres…) sont sources d’accident tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Plus de deux mille appels par an sont en rapport avec une erreur thérapeutique, c’est-à-dire une erreur dans l’administration d’un médicament. Il s’agit principalement d’erreurs de produit et de surdosages. Ces appels sont régulièrement examinés pour dégager d’éventuelles mesures de prévention.

Quelle est la gravité des accidents?

Beaucoup d’accidents sont heureusement bénins et peuvent être soignés à la maison. Pour les appels venant du public, 40% environ nécessitent une intervention médicale, 24% des cas sont renvoyés à un médecin, 16% sont orientés d’emblée vers l’hôpital.
Centre Antipoisons, c/o Hôpital Central de la Base Reine Astrid, rue Bruyn, 1120 Bruxelles. Internet: https://www.poisoncentre.be
D’après la farde de presse du Centre Antipoisons

Ligne téléphonique d’aide à l’arrêt tabagique: première évaluation

Le 30 Déc 20

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A l’instar d’autres pays européens, la Ligne Tabac Stop (070 227 227) d’information sur le tabac et d’aide à l’arrêt fonctionne en Belgique depuis le 1er juin 2004 (1). Premiers éléments d’évaluation.
La Fédération belge contre le cancer se lance dans l’aventure de l’information et de l’aide à l’arrêt par téléphone. L’information (en ce compris l’envoi de brochures) est proposée entre 8 heures et 19 heures. L’aide à l’arrêt est, elle, réservée à la tranche horaire 15 h-19h. L’initiative n’est-elle pas tardive par rapport à d’autres pays européens?
« Il fallait que nous soyions prêts , formés , tempère le Dr Juan Coulon (responsable francophone du projet à la Fédération belge contre le cancer). Ce qui s’est fait auprès des lignes étrangères . Ce travail qui est par essence proche des personnes devait se nourrir de nos expériences d’aide à l’arrêt tabagique . Elles ont dû se développer . Je pense à la consultation d’aide à l’arrêt à Bordet , à celle mise en place sur le campus de l’ULB ou à la formation en tabacologie que nous organisons avec les universités et la Fares . C’est grâce à toute cette dynamique que Tabac Stop a pu voir le jour . Ce n’est pas parce que les choses se passent par téléphone que le service doit être moins rigoureux . Les coups de fil durent en moyenne un quart d’heure . Nous posons des questions précises pour cerner le profil des fumeurs qui appellent et les aider au mieux . Les professionnels qui sont au bout du fil sont soit médecins soit psychologues , et tous formés en tabacologie et à la technique des entretiens motivants . Ils ont tous une pratique avec des fumeurs , que cela soit directement ou moins directement comme lors de stages

Profil

Entre le 1er juin et la mi-octobre, environ 1500 personnes ont appelé le 070 227 227 pour les appelants francophones (les appelants néerlandophones sont un peu moins nombreux). Une majorité de femmes ont utilisé ce service. Une majorité d’appelants sont fumeurs. L’arrêt tabagique est la raison principale des appels, mais il y a aussi des questions sur la législation, sur le tabagisme passif et sur la santé.
Les appelants qui contactent les professionnels (psychologue ou médecin formés en tabacologie) sont plus âgés que le public qui fréquente les centres d’aide à l’arrêt au tabac. Les plus de 50 ans sont nombreux. Les jeunes sont quasiment absents. La consommation élevée de tabac est une constante (soit plus de 30, 40 cigarettes par jour). « Pas mal de patients chipotent avec les substituts nicotiniques , constate le Dr Coulon. Ils ne savent plus comment doser . Ils se colleraient bien deux , trois patches sur la peau . Je pense qu’ils hésitent à expliquer leurs difficultés à leur médecin . Comme si cela devait aller de soi . Comme si on avait peur de dire ses difficultés , son manque . Une croyance souvent rencontrée , c’est celle que tout passe par les substituts nicotiniques . Des personnes tournent en rond d’un substitut à l’autre ! Elles ont l’impression qu’elles ont tout essayé et que cela ne sert à rien ! Beaucoup de fumeurs qui veulent arrêter ont un problème d’estime d’eux mêmes . Ils sont fragilisés dans ce domaine . Ils ont peur d’échouer encore une fois . Mais attention , nos appelants ne sont pas représentatifs de tous ceux qui veulent arrêter de fumer . Nous avons des fumeurs et des fumeuses avec des tabagismes lourds , des comorbidités somatiques et psychologiques

Aussi au service des généralistes

La ligne Tabac Stop lance un appel aux médecins généralistes. Elle est là aussi pour eux, pour offrir de l’information sur les consultations de tabacologie, les centres d’aide à l’arrêt tabagique, mais surtout sur les recommandations internationales en matière de traitement des dépendances physiques, psychologiques et comportementales.
Les soutiens dans le long terme sont importants à promouvoir, car fondamentaux. «Nous sommes là pour répondre aux médecins généralistes, aux travailleurs de la santé, à tout professionnel confronté à la question du tabac. Nous avons des pistes à leur proposer face à une série de questions. Que dire à un patient qui a peur de prendre du poids? Quelle option prendre avec les substituts nicotiniques lorsqu’on se trouve face à une femme enceinte ou à une personne qui vient de faire un infarctus? Que faire avec un patient qui a un cancer de la gorge et qui continue de fumer? Quelle stratégie utiliser avec un patient que l’on ne trouve pas suffisamment motivé? Que dire quand la rechute est là? Et quand le patient est déprimé, comment relancer le traitement?»
La ligne Tabac Stop renvoie souvent vers le médecin généraliste des patients désorientés par l’aventure de l’arrêt. « Ce serait formidable , poursuit le Dr Coulon, que les médecins de famille puissent nous recontacter ensuite , que nous puissions partager nos expériences . Ils sont mieux placés que nous , ils connaissent très bien leur patientèle . Mais je ne suis pas sûr que les patients leur disent nous avoir appelés …»

Des mots pour motiver

Les professionnels répondant à ceux et celles qui veulent arrêter de fumer sont formés à la technique des entretiens motivants. Quelques principes sous-tendent cette approche. Comme l’empathie, faite de compréhension, de respect, de tolérance. « C’est par exemple dire au patient qu’on entend qu’il doute , mais l’encourager néanmoins . Lui dire qu’on va y arriver
Autre principe: augmenter l’estime de soi. Ce sera affirmer par exemple « Il n’y a pas d’échec en tabacologie . Il y a des rechutes , mais elles sont constructives .» La position de l’expert sera évitée par-dessus tout. Le patient sait. C’est lui qui a les ressources.
Autre manière de soutenir autrui, l’aider à se projeter dans le futur comme ex-fumeur: « Dans six mois , quand vous aurez arrêté …»
Véronique Janzyk
Toute information complémentaire auprès de la Fédération belge contre le cancer au 02 736 99 99.
(1) Voir ‘Enfin une Ligne Tabac-Stop en Belgique’ , Education Santé n° 194, octobre 2004.