Le Groupe porteur «Jeunes et alcool» et la Fédération des étudiant(e)s francophones (FEF) organisaient le 28 novembre dernier un séminaire relatif à la consommation d’alcool en milieu étudiant (1).
Pour commencer sur une bonne note, selon diverses enquêtes, les études restent la dimension principale de la vie des étudiants des universités et des hautes écoles. A côté de cela, et ce n’est pas nouveau, la consommation d’alcool, surtout de bière, fait partie intégrante du folklore étudiant. Environ 20 à 30 % des étudiants âgés de 18 à 25 ans sont ainsi des guindailleurs réguliers.
Si seule une minorité d’étudiants présente une consommation problématique, on constate néanmoins depuis quelques années une modification des pratiques de consommation des jeunes: ils commencent à consommer de l’alcool de plus en plus tôt, les ivresses se multiplient, et le nombre de filles qui consomment de l’alcool est en augmentation.
Depuis 1992, le «binge drinking» – le fait de boire pour atteindre l’ivresse – augmente de façon inquiétante. A titre indicatif, 3 étudiants masculins sur 10 et 1 étudiante sur 10 déclarent s’y adonner au moins une fois par semaine. Le pourcentage de jeunes qui déclarent avoir été ivres plus d’une fois est passé de 18 % en 1992 à 26 % en 2004.
Par ailleurs, la consommation d’alcool par les étudiants va régulièrement de pair avec d’autres comportements à risque tels que, notamment, la prise de cannabis et de médicaments.
Pression des alcooliers et culture de l’alcool
Les stratégies marketing des alcooliers, qui segmentent très fort leur marché et ciblent spécifiquement les jeunes, contribuent fortement à cette évolution. Par exemple, les alcopops au goût et à la couleur de limonade, apparus il y a une dizaine d’années sur le marché, attirent davantage les filles.
Les offensives marketing en milieu étudiant, notamment par le biais des contrats brasseurs qui offrent des conditions très intéressantes aux cercles étudiants, le sponsoring des voyages étudiants, poussent à la surconsommation d’alcool.
D’autre part, dans notre culture, l’alcool est le psychotrope le plus commun, le plus culturellement admis, le plus accessible sur le plan financier, géographique et légal. Ajoutons encore à cela le goût et l’effet de l’alcool, la convivialité, la pression médiatique et des pairs… Tous ces facteurs ont pour conséquence de banaliser la consommation et même la surconsommation d’alcool. A tel point que la cuite est aujourd’hui valorisée dans les milieux étudiants, comme en témoignent les nombreux blogs mettant en scène des jeunes ivres.
Des actions en relation avec les réalités de terrain
Bien que l’alcool soit un réel problème de santé publique, le Groupe «Jeunes et alcool» insiste sur le fait qu’il ne faut pas diaboliser la consommation d’alcool ni empêcher les jeunes de boire, mais bien les responsabiliser par rapport à leur consommation et à ses conséquences.
Dans ce sens, «il est important de se mettre à la place de l’étudiant et d’adopter son point de vue pour mettre en place une prévention efficace , souligne le Groupe «Jeunes et alcool». Pour Martin de Duve , directeur d’Univers santé, «s’interroger et les interroger sur leur consommation, les motivations de celle-ci et les nuisances qui y sont liées constituent sans doute un premier pas éducatif. L’éducation participative et le soutien aux initiatives étudiantes doivent être privilégiées pour mener à bien des réflexions et des actions, tout en tenant compte de la réalité de chacun des étudiants et de chacune des institutions. Certains étudiants engagés dans l’animation étudiante et dans l’organisation de la guindaille mesurent d’ailleurs les risques et les nuisances liés à cette guindaille et réagissent.»
A titre d’exemple, les 24 heures vélo de Louvain-la-Neuve s’améliorent progressivement. Sur le site de Louvain-la-Neuve et de Woluwé, une opération de sensibilisation et de prévention à la consommation excessive d’alcool a été lancée en 2005 via des affiches illustrant un super héros de la guindaille, appelé «Top Gars», buveur et noceur qui a décidé de ne pas nuire à sa santé ni au bien-être des autres.
De leur côté, les Facultés universitaires catholiques de Mons font de la prévention autour des actions étudiantes: les heures de bleusaille se font sans alcool, et les guindailles ont lieu dans un cadre sécurisé. Le rectorat a fait le choix de maintenir les soirées organisées par les étudiants sur le site des Fucam de manière à établir une responsabilisation conjointe de l’université et de ses étudiants.
Dans le cadre des projets associatifs, le groupe «Responsible party» développe, depuis 2007, une action visant à inciter les jeunes fêtards à adopter un comportement plus civique avant et après les soirées.
En somme, l’alcool en milieu étudiant peut se gérer!
Colette Barbier
Pour en savoir plus: Univers santé, Place Galilée 6, 1348 Louvain-la-Neuve. Tél.: 010 47 28 28. Courriel: univers-sante@uclouvain.be. Site: http://www.univers-sante.ucl.ac.be .
(1) Nous publierons très prochainement les actes de cette journée.