La 2e Journée liégeoise de promotion de la santé représente un moment symbolique pour l’équipe du CLPS puisque nous y avons fêté notre 10e anniversaire.
L’idée d’organiser un événement qui nous rassemble autour du thème de la promotion de la santé et des inégalités sociales de santé vient d’une réflexion qui a émergé tout naturellement de ces 10 années de fonctionnement. Vous ne me contredirez pas, ce thème est d’actualité!
Les missions du CLPS
Cette 2e journée concrétise une étape d’un processus à long terme et s’inscrit dans la droite ligne de nos missions.
Le CLPS est une asbl agréée et subsidiée par la Communauté française. Organisme pluraliste, le CLPS a été constitué le 1er octobre 1998 sur base d’un large partenariat: la Province et la Ville de Liège, différentes communes, mutuelles, CPAS, associations thématiques… Il est composé d’une équipe pluridisciplinaire de 9 personnes (6,8 équivalents temps plein). Il intervient sur l’arrondissement de Liège. Celui-ci comprend 24 communes et compte environ 600.000 habitants.
Au total, 10 centres locaux de promotion de la santé couvrent l’ensemble du territoire de la Communauté française, celui de Liège est un des trois actifs sur le territoire provincial, à côté de ceux de Verviers et de Huy-Waremme.
La démarche de promotion de la santé, définie par l’OMS dans la Charte d’Ottawa est le cadre de référence du CLPS. Vu sous cet angle, la prévention, ce n’est pas seulement se prémunir contre, se préserver de…, c’est agir positivement sur un certain nombre de facteurs déterminant la santé et susceptibles d’améliorer la qualité de vie des individus et des collectivités.
La promotion de la santé tient compte de l’environnement global de la personne et du groupe: environnement social, culturel, familial, professionnel et physique. Elle se développe dans une logique participative et de proximité dépassant les ressources du seul secteur médical.
Les missions du CLPS sont fixées par le décret du 14 juillet 1997 portant organisation de la promotion de la santé en Communauté française. Il est chargé d’accompagner et de coordonner les actions de promotion de la santé menées par les professionnels qui sont soucieux d’améliorer le bien-être et la qualité de vie de leur public.
Il s’agit donc d’un organisme de 2e ligne. Il a une mission de relais dans le secteur de la promotion de la santé: il transmet les besoins et les attentes des professionnels vers les décideurs et il diffuse la politique de promotion de la santé vers le terrain. Il suscite également des dynamiques locales qui encouragent le développement de partenariats et favorisent la concertation entre les acteurs de terrain.
Un rôle de médiation
Un anniversaire, c’est aussi l’heure des bilans; «il est en effet souvent utile et parfois nécessaire de s’arrêter un moment au bord de la route et de mesurer le chemin parcouru». On pourrait dire que progressivement, le CLPS a pris et occupe une place qu’on qualifierait de «médiateur» sur le territoire liégeois et dans le paysage associatif. Il est plus spécifiquement devenu un centre de ressources pour les professionnels et pour les décideurs ainsi qu’un pôle de développement local de dynamiques de promotion de la santé. Il s’appuie sur un réseau de partenaires au sein duquel chacun a un rôle à jouer.
La mobilisation et l’investissement de ses partenaires dans ses projets et dans le cadre de cette journée, ont été suscités par un travail de fond préalable. Le défi a été de se positionner par rapport aux nombreux réseaux existants, de se faire accepter, de gagner la confiance des institutions présentes sur le terrain.
Le CLPS a d’abord dû se faire connaître pour ensuite se faire reconnaître.
Ceci implique notamment une attitude particulière de l’équipe qui relève de l’écoute et du respect.
Cette étape n’est pas négligeable. Il faut accepter qu’elle prenne du temps et qu’elle soit toujours à reconstruire.
Les stratégies développées par le CLPS sont nombreuses et variées, elles sont le reflet de la diversité des besoins des professionnels: l’accompagnement sur le terrain d’une équipe qui veut développer un petit projet a tout autant de pertinence que l’organisation d’événements rassembleurs de grande envergure.
Sur l’invitation à la journée de ce 7 octobre, vous avez pu lire qu’un de nos objectifs est de réfléchir à des pistes d’action pour les professionnels mais aussi de rédiger des recommandations qui seront adressées aux politiques.
Un processus participatif de longue haleine
Comment en est-on arrivé là? C’est ce que je voudrais vous montrer à présent par un bref regard en arrière.
Le 18 octobre 2002, le CLPS et ses partenaires organisaient la «Première Journée liégeoise de promotion de la santé». Cet événement était déjà une étape d’une dynamique envisagée sur le long terme. Il a réuni plus de 400 professionnels, issus de secteurs divers. Le but était de récolter la parole des acteurs de terrain afin de construire un cadre de référence commun, destiné à élaborer des axes de développement de la promotion de la santé sur l’arrondissement de Liège.
Cette journée a permis de réaliser un état des lieux de ce que souhaitaient les acteurs de terrain, que je résumerais en 4 points.
Améliorer la communication interne et externe au secteur
Il a été souligné qu’une politique active de communication devait être adoptée sur les plans interne et externe, dans le but d’améliorer la circulation de l’information parmi les promoteurs de santé (qui fait quoi, comment, avec quel outil…).
Mais il s’agissait aussi de construire des représentations communes sur lesquelles se fonderait ensuite une action concertée.
Créer des espaces de rencontre, d’apprentissage et de réflexion
De très nombreux professionnels ont exprimé le souhait de voir se développer des espaces d’échange et de ressourcement où ils pourraient prendre de la distance par rapport à leur travail quotidien et ce notamment par rapport à une mise à mal de leurs pratiques en étant confrontés à une accentuation de la pauvreté à Liège.
Favoriser des représentations communes des concepts et des stratégies de promotion de la santé
La multiplication et l’extension des concepts en promotion de la santé représentent pour beaucoup une source importante de malaise, dans la mesure où leur imprécision paralyse les initiatives ou s’oppose à l’harmonisation des pratiques.
Parmi les nombreuses questions exprimées, deux thèmes centraux se sont dégagés:
- comment pourrait-on rendre la participation des citoyens plus effective?
- comment intégrer les préoccupations de promotion de la santé dans les politiques de santé?
- Ou, dit autrement, comment les professionnels de terrain pourraient-ils faire entendre leur voix et adresser aux politiques un message clair, réaliste et cohérent?
Organiser une nouvelle opération intersectorielle
Il a été mis en évidence que la production des groupes de travail et les échanges stimulés par le CLPS pourraient être valorisés et partagés lors de manifestations de plus grande envergure réunissant les différents secteurs concernés.
27 recommandations
Afin de répondre à ces attentes, le CLPS et ses partenaires ont entre autres, mis en place des ateliers intitulés «Temps de réflexion» et «Participation», en complémentarité avec les Ateliers Santé Précarité du Relais Santé.
Trente-sept intervenants de la région liégeoise, issus des CPAS, mutualités, université, associations de terrain, maisons médicales, services de soins, Centres PMS, plannings familiaux… se sont investis de 2004 à 2007 au sein de ces ateliers. La richesse des groupes a résidé dans la diversité des expériences présentées, la qualité des échanges, la volonté de prendre le temps de réfléchir à nos pratiques. Deux documents ont été rédigés suite à ces travaux. Ils sont téléchargeables sur le site http://www.clps.be .
Les participants aux ateliers et les professionnels que nous rencontrons dans le cadre de l’exercice de nos missions ont souhaité à présent partager le fruit de leur travail avec leurs pairs mais aussi avec les politiques qui ont un rôle important à jouer pour promouvoir la santé et la qualité de vie des populations précarisées.
C’est pourquoi, le CLPS, en partenariat avec l’Ecole de Santé publique de l’ULg, a organisé cette Deuxième Journée. Vous l’avez compris, celle-ci n’était pas un but en soi mais une nouvelle étape d’un processus qui vise à développer une dynamique liégeoise mobilisant les acteurs de terrain et les politiques autour d’un projet collectif de promotion de la santé.
Pour préparer cette journée, le CLPS a constitué un Comité de pilotage intersectoriel chargé de coordonner sa mise en œuvre et son évaluation.
Celui-ci a souhaité, au préalable, mettre en place trois groupes de travail, qui sur base des constats des ateliers, ont formulé 27 propositions de recommandations à l’attention du monde politique, des professionnels et des formateurs des futurs professionnels.
Elles ont servi de base aux travaux des ateliers du 7 octobre dernier et sont développées dans les Actes de la journée, avec comme fil rouge, comme référence unique et principale encore et surtout l’humain.
Perspectives pour le processus
La réflexion menée à travers cette dynamique aboutit aujourd’hui aux prémices d’un réseau qui porte sur la promotion de la santé et les inégalités sociales de santé.
Le but est de construire ensemble une vision plus complète et plus partagée des liens entre la santé des populations précarisées et les réalités sociales de la région liégeoise.
Pour favoriser une approche globale et intégrée, les professionnels impliqués dans le processus souhaitent la mise en place d’un lieu dynamique où se rassemblent les travailleurs de terrain qui sont aux côtés des populations précarisées (les éducateurs de rue, les services sociaux, les antennes des CPAS, les différents services publics, les maisons médicales, les services PSE, les écoles…) mais aussi les représentants de réseaux, les professionnels de seconde ligne et les responsables institutionnels.
Les enjeux de la dynamique sont de 3 ordres:
- soutenir le lien entre professionnels et populations précarisées;
- adapter le mieux possible le travail des professionnels aux besoins et attentes des populations précarisées;
- faire prendre en compte ces réalités et l’impact de toute nouvelle mesure sur celles-ci aux institutions et aux représentants politiques.
La démarche se veut participative parce que les réalités sociales ne sont pas faites que d’éléments objectifs, quantifiables, observables de l’extérieur, mais aussi d’éléments culturels (valeurs, modes de vie, croyances, représentations, peurs, bonheurs…) que les acteurs de terrain sont les seuls à connaître parce qu’ils possèdent des «savoirs d’expériences». Les réponses ne pourront être adéquates que si elles sont construites et légitimées par tous les acteurs concernés. Le processus sera basé sur l’échange de savoirs et de pratiques.
À ce travail, qui consiste donc à élaborer une connaissance partagée des liens entre la santé des populations précarisées et les réalités sociales de l’arrondissement de Liège, sur base des observations et de l’expérience des acteurs de terrain, il faut ajouter l’envie de tenir compte des données quantitatives complémentaires.Chantal Leva , Directrice du Centre liégeois de promotion de la santé
Ce texte est adapté des Actes de la Deuxième journée liégeoise de promotion de la santé qui s’est tenue dans la (très belle) Salle académique de l’Université de Liège le 7 octobre 2008. Ces actes sont disponibles au CLPS, Bd de la Constitution 19, 4020 Liège. Tél.: 04 349 51 44. Fax: 04 349 51 30. Courriel: promotion.sante@clps.be. Internet: http://www.clps.be