Février 2001 Par Bernadette TAEYMANS Initiatives

Parmi les provinces belges, celle de Liège occupe une des premières – et peu enviables – places avec un nombre de 293 décès annuels par suicide soit 29 suicides par 100.000 habitants (statistiques de 1996). Plus de 30% des personnes décédées par suicide avaient déjà tenté de se suicider au cours de leur vie. Parmi elles, plus de 10% avaient déjà fait une tentative de suicide dans les 12 mois précédents.Dès la fin 1992, le Conseil provincial a mis en place une Commission provinciale suicide ayant pour objectifs de conseiller la Province de Liège et sa Députation permanente afin de démystifier le suicide, de diffuser une information, de mener des actions de prévention et d’apporter une aide aux personnes ayant fait une tentative de suicide ainsi qu’à leur entourage.
Depuis lors, plusieurs actions ont été menées.

  • Un dépliant «Prévenir le suicide. Et si on en parlait» a été édité et diffusé auprès des hôpitaux, des services médico-sociaux, des médecins généralistes,… afin de toucher le public concerné dans des lieux adéquats. Il a présente brièvement l’ampleur de la problématique, explique que le suicide révèle une détresse et qu’il faut être attentif à certains signaux d’alarme. Ce dépliant renseigne également un numéro de téléphone pour les personnes suicidaires (celui de la Maison du social de la Province de Liège).
  • Des journées d’études autour du thème du suicide ont été organisées à plusieurs reprises comme celle sur le suicide chez l’adolescent.
  • Un centre spécifique, destiné à l’accueil et à l’orientation de jeunes patients suicidaires a été créé; il s’agit du Centre Patrick Dewaere à Lierneux.
  • Des formations ont été mises en place pour les travailleurs psycho-médico-sociaux, les infirmiers, les médecins généralistes mais également les directions et le personnel d’encadrement des établissements scolaires. Le but était de les aider à mieux connaître les déterminants de l’acte suicidaire, à établir une meilleure relation thérapeutique avec le patient et sa famille et à mieux orienter la personne vers une prise en charge adéquate.
  • Une équipe de première intervention est également opérationnelle; elle a pour mission d’intervenir gratuitement sur demande des directeurs d’établissements scolaires en cas de suicide ou de tentative de suicide d’un élève ou d’un de ses proches mettant en difficulté la classe et/ou l’équipe pédagogique.
  • Une semaine provinciale annuelle de prévention du suicide a été organisée. Cette année, elle avait comme particularités, la distribution de 10.000 boîtes de Fepalcon ® (voir encadré) et la présentation d’une exposition «Les maux n’auront pas le dernier mot».

Comme vous pouvez le constater, les actions et interventions ont été nombreuses ces dernières années. A la lecture du dossier et suite aux contacts pris, je reste cependant sur ma faim quant à l’impact et aux effets obtenus auprès de la population. Les promoteurs font état de réactions très positives, d’appels nombreux. Même si on peut comprendre qu’il est difficile d’évaluer ces actions en termes de diminution du nombre de décès par suicide et de tentatives de suicide en Province de Liège – les facteurs influençant le suicide étant multiples et difficilement contrôlables par des actions de prévention uniquement – il me paraît indispensable d’évaluer l’impact des actions menées: le nombre d’appels, le nombre d’interventions sont des informations de base mais elles sont à compléter par une approche qualitative: comment a été reçue la boîte de Fepalcon ® suivant les publics touchés, est-ce adéquat de renseigner un numéro non spécifique pour des personnes suicidaires,… Nul doute que ces questions soient prochainement abordées par les promoteurs!

Pour toute information complémentaire concernant ces actions, vous pouvez vous adresser à la Maison du social de la Province de Liège, tél. : 04-232 31 48.

Fepalcon®

C’est quoi le Fepalcon®?

Un antistress, pas de la morale.
C’est donner un break à ta déprime pour éviter le hara-kiri.

Quand l’utiliser ?

  • Lorsque ton désespoir a besoin d’une mi-temps
  • Quand ton mal de vivre reste incompris
  • Quand l’angoisse habite ton cœur
  • Lorsque le rêve n’est plus dans tes nuits, ni dans tes jours

Quelles sont les mesures à prendre lors de l’utilisation du Fepalcon®?

  • Ne te voile pas la face, tes problèmes, il faut en parler
  • Le silence mène à la catastrophe

A qui peux-tu t’adresser?

  • A qui t’as envie: tes amis, tes proches, tes parents, tes profs, ton médecin.
  • T’as personne à qui parler, pour une orientation, unité d’informations et de documentation sur le suicide: Maison du social de la Province de Liège 04-232 31 48.

Que contient le Fepalcon®?

2 caraques « noir extrême » et 1 caraque « lait pleine saveur » du chocolatier Galler.
(extrait de la notice d’utilisation)

L’idée est ingénieuse: une copie presque conforme d’une boîte de médicament antidépresseur, mais donnant un message de prévention. Cette idée vient de Suisse (une collaboration entre deux pays très «chocolat»donc!) et plus particulièrement de Children Action-Genève; elle y était cependant quelque peu différente puisque les boîtes de Fepalcon ® étaient vendues au profit d’associations luttant contre le suicide.
Chez nos amis liégeois, les 10.000 exemplaires étaient distribués gratuitement dans le cadre de la semaine annuelle de prévention du suicide – version 2000. L’idée est sympa, et se veut une sorte de clin d’œil pour ceux qui pensent au suicide. Le chocolatier Galler, qui fournit le chocolat, veut par cette action donner un peu de bonheur. Cela fait penser à la maman qui donne un bonbon, une douceur sucrée à son rejeton pour éteindre ses frustrations. Mais une douceur, est-ce toujours adéquat ?