Dans Locomotiv’ il y a loco comme locomotive, celle par qui avance le train, et motiv’ comme motivation celle qui souvent fait défaut et dont l’absence empêche d’avancer. Locomotiv’ est aussi le nom d’un groupe d’échange solidaire singulier, qui a vu le jour en 2012 à Saint-Étienne à l’initiative de plusieurs relais emploi de centres sociaux et l’équipe mobile de psychiatrie du Centre hospitalier universitaire (CHU) soutenus par la Ville.
‘Les professionnels de ces structures rencontraient des personnes ne relevant ni des soins en santé mentale, ni de l’insertion par l’emploi encore trop difficile à envisager. Pour autant, elles avaient besoin d’un accompagnement. Nous avons imaginé ce groupe comme une réponse intermédiaire entre le soin et le social’, résume Marie Denisot, chargée de mission santé publique à la mairie de Saint-Étienne.
Objectif affiché : enrayer les mécanismes de souffrance psychosociale. Car se réapproprier une place au sein d’un groupe, c’est déjà s’accepter soi-même en tant qu’individu et retrouver un peu son identité.
Le groupe se réunit deux jeudi après-midi par mois. Jamais plus de trois fois au même endroit pour ne pas peser sur une structure plus que sur les autres et pour aller au-devant d’un maximum de personnes. Le groupe lui-même est à géométrie variable. On y vient si on veut une fois, deux fois, plus souvent ou plus jamais. Ni groupe de parole, ni groupe thérapeutique, on ne sait pas en venant de quoi il sera question. On est sûr en revanche de trouver des personnes avec lesquelles échanger, partager des idées et des paroles sans jugement et dans le respect.
Autre particularité du groupe, la participation des professionnels des structures impliquées, notamment de celle qui accueille. ‘Ils font partie du groupe comme les autres, sans hiérarchie. C’est avant tout un groupe d’humains’, ajoute Marie Denisot, qui se souvient avoir dû batailler ferme pour faire comprendre et accepter ce projet aux contours flous de prime abord, sans obligation de résultat par ses financeurs, à commencer par la Ville et la direction départementale de la cohésion sociale dans le cadre d’un contrat urbain de cohésion sociale.
«Un tel projet alternatif demande beaucoup d’investissement de la part de gens et d’organismes dont ce n’est pas la mission première et qui néanmoins acceptent d’y consacrer du temps» , reconnaît-elle. Au fil des rencontres, des liens se tissent, des compétences sortent de l’ombre. L’un commence une histoire, son histoire qui devient un livre, l’autre lance une discussion sur un fait d’actualité, un troisième organise une sortie pour le groupe.
«Puisque rien n’est prédéfini, tout est possible» conclut joliment Marie Denisot.