Médecins du Monde (MdM) Belgique a lancé récemment une campagne pour dénoncer le prix révoltant des médicaments et alerter sur le risque qu’il fait porter sur notre système de santé. Test-Achats et le Collège Intermutualiste National (CIN-NIC) se sont joints à ce combat.
Patricia n’a pas accès au traitement de 43.434 euros qui la guérirait de l’hépatite C car elle n’est ‘pas assez gravement malade’. Ludovic atteint de cancer a payé plus de 50.000 euros en médicament. Pour pouvoir se soigner, il a failli perdre sa maison. Anne-Sophie attend sa greffe de rein depuis 13 ans. Combien de temps aura-t-elle accès au médicament de 400.000 euros par an nécessaire à sa survie? En Belgique, les exemples de patients n’ayant pas accès à des traitements qui pourraient les guérir se multiplient.
La mise sur le marché du Sofosbuvir, le premier des antiviraux à action directe efficace contre l’hépatite virale C, a agi comme un révélateur des dysfonctionnements en matière de production et de fixation du prix des médicaments. Le traitement de 12 semaines est en effet vendu 43.434 euros par patient. Il ne coûte que 100 euros à produire, selon une étude scientifique de 2015. Les traitements contre le cancer sont aussi devenus un marché particulièrement juteux pour les firmes pharmaceutiques. Le Glivec, un traitement contre la leucémie, est aujourd’hui vendu 45 000 euros par an et par patient pour un coût de production estimé à seulement 200 euros. Le Keytruda, un traitement contre le mélanome, est annoncé à un prix de 100 000 euros par an et par patient. Généralement, les autorités qui fixent le prix d’un médicament acceptent de s’aligner sur les exigences des firmes pharmaceutiques. Les firmes pharmaceutiques cherchent à optimiser leur profit et évaluent la propension des États à payer les médicaments.
«Notre sécurité sociale et donc notre santé sont en danger» affirme Xavier de Béthune, Directeur médical de Médecins du Monde Belgique. «Ces prix exorbitants ne sont plus tenables. La mainmise de l’industrie pharmaceutique sur le système des brevets doit cesser. Les autorités laissent les laboratoires dicter leurs prix et abandonnent leur mission, celle de protéger la santé des populations.»
De nombreuses voix s’élèvent en Belgique pour dénoncer cette situation, dont celle de Test-Achats. L’organisation de défense des consommateurs avait lancé une campagne fin juin appuyée par une pétition en collaboration avec la Ligue des Usagers SS et le Collège Intermutualiste National (CIN-NIC) pour dénoncer notamment l’absence totale de transparence sur les coûts de recherche et développement de l’industrie pharmaceutique.
La campagne se décline en sept visuels prenant pour angle la rentabilité des maladies. Le public est invité à se rendre sur le site www.leprixdelavie.be afin de signer une pétition, adressée à la Ministre de la Santé Maggie De Block pour faire baisser le prix des médicaments.
Avec cette campagne, Médecins du Monde et Test-Achats s’associent en faveur de l’accès aux traitements pour tous et demandent:
- que l’État protège l’intérêt des Belges, préserve notre système de santé solidaire et intervienne pour faire baisser le prix des médicaments;
- la transparence des coûts de recherche et développement, de production et de marketing;
- un modèle alternatif au brevet pour financer l’innovation thérapeutique.