Novembre 2006 Initiatives

En 2003-2004, 56% des femmes âgées de 50 à 69 ans ont réalisé une mammographie. Ce sont surtout les femmes qui réalisaient peu de dépistage spontané auparavant qui ont été sensibilisées: les femmes résidant en Flandre, les femmes plus âgées et les femmes précarisées.
Le Programme national de dépistage du cancer du sein donne tous les 2 ans, à toutes les femmes de 50 à 69 ans l’occasion d’être dépistées gratuitement par un mammotest. Celui-ci répond aux normes de qualité de l’Europe contre le cancer : l’équipement est soumis à des contrôles stricts et le mammotest fait l’objet d’une deuxième lecture par un radiologue indépendant.
L’objectif du Programme est d’alléger le traitement des tumeurs diagnostiquées à un stade précoce et, bien sûr, de diminuer la mortalité par cancer du sein.
L’Agence Intermutualiste fait, chaque année, une évaluation de ce programme de dépistage du cancer du sein. Elle vient de publier son quatrième rapport.
Sur base des mammographies réalisées entre 1999 et 2004, l’Agence étudie un premier «tour» complet du programme de dépistage en Wallonie et à Bruxelles et presque deux «tours» de dépistage en Flandre. Elle peut également les comparer avec la période «avant programme», où seul le dépistage spontané existait.

Peu d’augmentation dans la participation et faible «fidélisation» au programme

Couverture par mammotest Couverture par mammographie diagnostique Couverture totale
1999-2000 / 2001-2002 / 2003-2004 1999-2000 / 2001-2002 / 2003-2004 1999-2000 / 2001-2002 / 2003-2004
Région Bruxelles-Capitale 0% / 1,40% / 5,40% 47% / 48% / 46% 47% / 50% / 51%
Région Flamande 0% / 23% / 35% 33% / 27% / 21% 33% / 50% / 56%
Région Wallonne 0% / 1,20% / 9,80% 45% / 49% / 46% 45% / 50% / 56%
Belgique 0% / 14% / 25% 38% / 35% / 31% 38% / 50% / 56%

En Flandre

En 1999-2000, avant le programme organisé, le dépistage spontané par mammographies diagnostiques était le plus bas du pays. Après un premier tour de dépistage organisé, la Flandre rattrape son retard. 50% des femmes ont été examinées et 23% l’ont été grâce au mammotest.
En 2003-2004, au deuxième tour, la couverture totale n’augmente que de 6%, tandis que la couverture par mammotest augmente de 12%. Au second tour, un grand nombre de ‘nouvelles’ femmes, qui n’avaient donc pas été examinées au premier tour, entrent encore dans le programme. Seules 19% des femmes sont fidélisées au programme: elles se sont fait examiner par un mammotest au premier et au second tour.

En Wallonie et à Bruxelles

En 1999-2000, l’habitude de dépistage spontané par mammographie diagnostique était déjà bien ancrée avec une couverture de 45% et de 47%. En 2003-2004, lors du premier tour du programme, plus de 50% des femmes réalisent une mammographie, soit une augmentation d’à peine 1 à 6% par rapport à la période 2001-2002. 10% des femmes en Wallonie et 5% à Bruxelles participent au programme de dépistage organisé par mammotest gratuit.
Ce sont surtout les femmes qui n’avaient pas réalisé de mammographie en 2001-2002 qui ont été sensibilisées au programme. En effet, très peu de femmes déjà suivies auparavant par la mammographie diagnostique ont changé leurs «habitudes» pour passer au mammotest.
Soulignons que suite à des problèmes techniques, il n’a pas été possible d’inviter une partie importante de la population-cible de Bruxelles et en Wallonie. Ce qui nous invite à interpréter les taux de couverture avec prudence. Ces problèmes ont été résolus depuis lors.

De «nouvelles» femmes ont été sensibilisées

Le programme de dépistage organisé avec mammotest gratuit a surtout sensibilisé des femmes qui réalisaient peu de dépistage spontané auparavant: les femmes résidant en Flandre, les femmes plus âgées et les femmes défavorisées socialement.
Avant le programme, c’étaient surtout les femmes jeunes et favorisées socialement qui réalisaient un dépistage spontané. Aujourd’hui, dans chaque région, le mammotest touche de façon égale les femmes de tout âge au sein de la population cible. De plus, on observe au deuxième tour, en Flandre, que les femmes plus âgées sont plus «fidélisées» au programme organisé.
La couverture en mammotest reste encore un peu inférieure chez les femmes précarisées. Pourtant, elles sont plus nombreuses à entrer dans le programme. Et, en Flandre, au deuxième tour, elles sont également plus «fidélisées» au programme organisé.

Peu d’augmentation de la couverture totale

Malgré l’évolution favorable, la couverture totale n’a pas beaucoup progressé depuis la période 2001-2002. Plusieurs actions sont mises en place par les Communautés et le Gouvernement fédéral pour tenter de re-dynamiser le programme. Dans ce but, l’Agence Intermutualiste a collaboré avec le Centre fédéral d’expertise des soins de santé et l’INAMI à la création d’informations rétroactives envoyées aux médecins généralistes, gynécologues et radiologues.
L’Agence Intermutualiste souligne, elle aussi, l’importance et l’intérêt du dépistage organisé.
Il ne s’agit pas seulement de proposer au groupe cible un dépistage gratuit et de qualité mais également d’éviter des examens inutiles pour les femmes et des dépenses injustifiées pour la société. Il y a, en effet, une différence entre l’examen à visée diagnostique pour la femme se présentant avec des symptômes ou plaintes et le mammotest de dépistage qui s’adresse à des femmes ne présentant aucun symptôme.
Suivant les recommandations de l’Europe contre le cancer , en moyenne seulement 6% des mammotests devraient être complétés par une échographie. En Belgique, plus de 80% des examens mammographiques diagnostiques, en grande majorité réalisés dans un cadre de dépistage spontané, sont suivis par une échographie réalisée le plus souvent le jour même.
La collectivité paie ici un coût élevé souvent injustifié. En effet, la combinaison d’une mammographie diagnostique et d’une échographie coûte deux fois plus cher qu’un mammotest et génère en outre un nombre plus élevé de fausses présomptions de cancer, sources d’angoisses et de mises au point inutiles.
Il est donc important de tout mettre en œuvre pour convaincre les femmes de 50 à 69 ans de se faire dépister gratuitement à l’aide du mammotest.
Il est tout aussi essentiel de convaincre les médecins des avantages du programme organisé, dans le but de mener à un meilleur dépistage, tout en réduisant le nombre d’examens complémentaires inutiles, angoissants pour la femme et chers pour la société.
Le rapport complet de l’Agence est publié sur le site http://www.cin-aim.be .
D’après un communiqué de presse de l’Agence Intermutualiste, 20 septembre 2006