Février 2005 Par Anne AVAUX Initiatives

Dans le numéro 171 de juillet-août 2002, nous vous présentions les débuts de la campagne pédagogique «Ensemble, découvrons l’hôpital», premier volet d’un projet en trois axes. Deux ans plus tard, le programme a continué de mobiliser les énergies et les volets complémentaires à ce premier axe se développent pour toucher différents acteurs. Après sa présentation au 2e Colloque international sur les programmes locaux et régionaux de santé à Québec, revenons sur cette campagne ainsi que sur les axes complémentaires.

Un projet en trois volets

La finalité du programme «L’enfant et l’hôpital» piloté par les Mutualités chrétiennes, l’asbl Jeunesse & Santé et la Clinique de l’Espérance – asbl C.H.C. est de favoriser une approche dynamique et contrastée de l’hôpital par l’enfant et de valoriser les compétences de chacun des partenaires autour de l’enfant pour lui permettre le meilleur vécu possible lors d’une éventuelle hospitalisation.

Favoriser une image dynamique et contrastée

Chacun d’entre nous a un vécu autour de l’hôpital, chacun en a une représentation, souvent teintée d’une certaine émotion. Les enfants aussi. Certains disent «J’ai peur, on se dit que si on doit y aller, ça sera une grosse maladie, que l’opération se passera mal», «Ce n’est pas très joyeux, personne ne sourit», «On reçoit des piqûres et d’autres choses encore pires»… Certaines images sont positives aussi: «C’est bien parce qu’on y guérit», «Ma maman est infirmière, c’est bien», «Grâce à l’hôpital, on sauve des vies», «Mon petit frère y est né»… Développer une image plus contrastée qui englobe les récentes évolutions de l’hôpital est important, que ce soit chez les enfants, mais aussi chez les adultes qui l’entourent comme ses parents ou les enseignants.

Valoriser les compétences de chacun

Jamais facile à vivre une hospitalisation d’enfant. Chacun peut pourtant faciliter ce passage… Les enfants eux-mêmes peuvent être acteurs dans leurs relations avec les soignants. Les parents ont un rôle à jouer, une place à prendre pour soutenir leur enfant. Les enseignants peuvent contribuer à la dédramatisation collective du passage à l’hôpital. Et les soignants, en parlant de leur métier, de l’hôpital et des soins, peuvent adopter un langage qui apaise l’enfant et l’invite à collaborer.
Le projet est donc développé selon trois axes afin de toucher un maximum d’acteurs: les enfants et le cadre scolaire, les parents, les équipes hospitalières.

Le premier volet: la campagne vers les enfants et les écoles

Faire découvrir l’hôpital aux enfants, comme découvrir la ferme ou parler du métier de pompier, tel est l’objectif de la campagne pédagogique diffusée depuis septembre 2002 à l’attention du cycle 5-8 ans. Cet objectif ne se cantonne pas à une découverte des lieux. A travers ce programme, les enseignants sont invités à développer des projets qui permettent une dédramatisation de l’univers hospitalier, qui permettent une meilleure connaissance de ce qui s’y vit, ce qui s’y fait, de ceux qui y travaillent. Le projet invite à dépasser la connaissance du milieu hospitalier pour travailler des aspects tels que l’expression de la douleur et des peurs, la découverte du corps humain, de l’univers médical en général… Et des compétences telles que savoir poser des questions, savoir dialoguer avec un adulte sont également mises en évidence.

Du matériel adéquat

Les enseignants qui participent au projet reçoivent un dossier pédagogique qui leur propose tout d’abord de s’interroger sur leurs propres représentations de l’hôpital. Avec nuances, il informe ensuite sur les représentations-types de l’enfant et sa façon de vivre l’hôpital pour proposer ensuite des pistes de projets et des fiches d’activités à développer en classe.
Chaque enfant reçoit une brochure illustrée «Ensemble, découvrons l’hôpital» dans laquelle Harold, la mascotte, l’invite à découvrir sa maison, l’hôpital. Harold interroge l’enfant sur ce qu’il aime ou n’aime pas à l’hôpital, lui propose d’observer ce qui s’y passe, ce qu’on y fait, comment on prend en charge la douleur et comment on peut en parler, à quoi sert une radio ou une perfusion, de découvrir aussi certains lieux comme la salle de jeux, l’école, la chambre ou la salle d’opération.

Une large diffusion et de multiples réappropriations

Depuis septembre 2002, ce sont environ 440 écoles qui ont participé au programme. Elles en ont pris connaissance soit par un courrier adressé à l’école soit par des échos dans la presse ou encore par le bouche-à-oreille. A travers l’exploitation de quelques fiches pédagogiques, à travers l’organisation d’une visite d’un hôpital, à travers le montage d’une exposition, l’accueil d’infirmiers, de médecins ou d’une ambulance à l’école… les enseignants et leurs élèves ont fait preuve d’imagination pour se réapproprier les outils disponibles gratuitement et les adapter aux réalités des classes.
Les outils sont également sortis des murs de l’école: les enfants ont ramené les livrets chez eux, des hôpitaux ont diffusé des livrets pour les enfants venant à l’hôpital ou pour les frères et sœurs d’enfants hospitalisés, des associations ont décidé de sensibiliser les enfants qu’elles rencontrent, etc. Au total, 55.000 enfants ont ainsi pu découvrir l’hôpital avec Harold, mais aussi avec les adultes qui les entourent.

Des résultats encourageants

« Ce projet a permis de mettre les enfants en confiance et de dédramatiser tout ce qui tourne autour de l’hôpital » nous dit une enseignante. Cet avis rejoint celui de bon nombre d’instituteurs et institutrices.
Les évaluations auprès des enseignants montrent que dans tous les cas, les enfants apprennent un nouveau vocabulaire. 71% des enseignants déclarent que les enfants ont pu évoquer leurs peurs. 60% rajoutent que les enfants ont développé une image plus positive et plus multiple de l’hôpital.
Quant aux parents, 30 ont répondu à une interview téléphonique et ont rapporté que leur enfant avait parlé du thème à la maison et qu’il avait fait le lien avec ce qu’il connaissait. Deux tiers de ces parents ont lu le livret, se sont dits intéressés par la thématique et trouvent qu’il vaut la peine d’en parler avec les enfants. Ceux qui ont lu le livret disent qu’il est plus facile de parler de l’hôpital avec ce support et ils réalisent davantage le soutien nécessaire pour un enfant lorsqu’il doit être hospitalisé.
Ces derniers résultats mettent en évidence l’intérêt d’un support et l’importance d’encourager les parents dans le soutien qu’ils peuvent apporter à l’enfant en cas d’hospitalisation. Ces éléments sont à la base du second axe.

Le deuxième volet: un soutien des parents dans l’hospitalisation de leur bébé ou leur enfant

Comment expliquer à son enfant qu’il va devoir aller à l’hôpital? Comment le soutenir au moment d’un soin douloureux? Comment dialoguer avec le personnel soignant? Pour aborder ces questions, les partenaires du projet «L’enfant et l’hôpital» ont créé un outil dynamique et interactif pour les parents.
Depuis septembre 2004, la brochure «Mon enfant à l’hôpital. L’accompagner avant, pendant et après» est diffusée auprès de parents devant faire face à l’hospitalisation (de courte durée) de leur bébé ou de leur enfant.

Un outil multiple

Témoignages de parents, interviews d’un médecin généraliste et d’une infirmière, jeux pour les enfants à faire seul et à faire avec les parents, conseils pratiques, attitudes à adopter, questionnements, réflexions, outils à utiliser (le mémo de ce qu’il faut mettre dans la valise, une carte postale à découper et à personnaliser pour son enfant, des références de livres et de jeux)… A travers ces divers contenus, cette brochure de 28 pages tend à montrer au parent qu’il peut trouver lui-même une multitude de ressources pour accompagner son enfant. Car qui sait mieux que lui ce dont son enfant a besoin? Les informations proposées ne sont que des pistes que chaque parent est capable de s’approprier.

Une diffusion par des acteurs

Pour toucher les parents au moment opportun, des partenariats se créent petit à petit avec les hôpitaux. A l’heure actuelle, une quinzaine de services de pédiatrie soutiennent la démarche et réfléchissent à une diffusion adéquate de l’outil. Une information aux médecins généralistes et pédiatres a eu lieu en novembre 2004. Les Mutualités chrétiennes s’activent dans la mobilisation de différents secteurs afin d’assurer la meilleure diffusion possible de l’outil.

Le troisième volet: une réflexion à construire avec les équipes hospitalières

Travailler à une approche positive de l’hôpital par l’enfant et soutenir les parents dans leur dialogue avec l’hôpital sont deux démarches complémentaires. Elles en appellent cependant une troisième: celle de la réflexion avec les équipes hospitalières.
Après l’évaluation du deuxième volet fin 2004, l’équipe du projet souhaite, en 2005, réfléchir avec les équipes hospitalières intéressées à la manière d’accueillir et de présenter l’hôpital aux enfants: que cela concerne des enfants sans hospitalisation prévue (pour accueillir une visite scolaire par exemple), des enfants en visite (par exemple ceux qui viennent rendre visite à leur frère ou à leur sœur), des enfants dont l’hospitalisation est prévue (pour leur présenter l’hôpital lors d’une visite préopératoire par exemple) ou des enfants hospitalisés (ceux qui arrivent par le circuit des urgences par exemple, pour leur parler de l’endroit où ils arrivent).
Beaucoup d’initiatives existent déjà dans les services: pourquoi ne pas les reconnaître, les valoriser, les communiquer? Et ainsi poursuivre le travail d’amélioration globale de la prise en charge des petits patients. Tel sera l’objectif du troisième volet qui clôturera ainsi la trilogie du projet.
Il s’agit d’un projet global qui met l’accent sur la prévention dans et en dehors du milieu hospitalier, qui reconnaît l’émotion associée à ce lieu et ce qui s’y passe, et qui valorise les compétences de chacun, adultes et enfants.
Anne Avaux Responsable de projet pour la Mutualité chrétienne
Pour se procurer les outils ou pour tout renseignement: infor.sante@mc.be, tél.: 02 246 48 51. Le dossier pédagogique est téléchargeable sur http://www.mc.be , pages Infor Santé. Vous y trouverez aussi les coordonnées des responsables du projet dans chaque implantation des Mutualités chrétiennes en Communauté française Wallonie-Bruxelles.