Quel type de profil a le jeune d’aujourd’hui face à la consommation d’alcool, de tabac, de drogues et de jeux d’argent? Le CRIOC a mené une enquête quantitative auprès de jeunes âgés de 10 à 17 ans dans les écoles de Belgique entre octobre et novembre 2010. Les résultats ont permis d’établir cinq profils de jeunes consommateurs. On remarque que la cohérence de leurs propos n’est pas toujours en adéquation avec leurs comportements.
Les candides
Ce sont les jeunes ‘responsables’, ils représentent la grande majorité, avec 48%. Ce sont des jeunes généralement contents de leur vie familiale, amicale et scolaire, qui ont une hygiène de vie satisfaisante et des passe-temps variés. Le groupe des candides estiment que la vente de cigarettes devrait être interdite et que l’école devrait être un lieu où le tabac devrait être banni.
Actuellement, ces jeunes avouent toutefois fumer, souvent en cachette de leurs parents. Quant au cannabis, ils sont en majorité conscients des dangers et insistent sur l’importance du dialogue dans la prévention et sur le rôle des parents. L’usage de cannabis se fait le plus souvent en groupe, dans un cadre festif et est souvent combiné avec la consommation d’alcool. À noter que près de 50% de ces jeunes candides ont déjà consommé des boissons alcoolisées et que cette consommation a débuté très tôt, vers l’âge de 12 ans.
Les jeunes candides sont surtout des Bruxellois, âgés de 12 à 15 ans, issus des classes sociales privilégiées. Le paradoxe vient du fait qu’ils sont conscients du caractère addictif du tabac et du cannabis mais qu’ils ne se considèrent pas comme dépendants.
Les discordants
Ils représentent 9% des jeunes et sont la plupart du temps satisfaits de leur vie familiale, amicale et scolaire, ainsi que d’eux-mêmes et de l’endroit où ils vivent. Ils ont une hygiène de vie méticuleuse, font attention à ce qu’ils boivent et mangent, et ont des passe-temps variés. Ils aiment surtout faire du sport, regarder la télévision et sortir avec des copains dans le quartier. Ils considèrent que le tabac, l’alcool et la drogue sont mauvais pour la santé et que le vol n’est pas un acte anodin. Cependant, ils fument régulièrement et avec, disent-ils, l’accord de leurs parents. L’usage du cannabis est plutôt rare. La consommation de solvants est un peu plus fréquente. Ce groupe est composé le plus souvent d’enfants de 10 ans, issus des groupes sociaux moyens des communes rurales wallonnes et fréquentant l’enseignement primaire. Il est plus sensibilisé que les autres aux messages de prévention.
Cette catégorie de jeunes ne se sent pas dépendante mais ils déclarent tout de même qu’il leur est difficile d’arrêter de consommer des substances addictives. Certains jeunes admettent ressentir l’effet de manque quand ils s’abstiennent de fumer.
Les mitigés
Ils sont 28%, ce sont des jeunes comblés par leur vie familiale, amicale et scolaire. Ils ont une hygiène de vie soignée, font attention à ce qu’ils boivent et mangent, et pratiquent des passe-temps variés. Ils consomment rarement du tabac, mais en parlent ouvertement avec leurs parents, qui fument parfois eux-mêmes. Des proches (famille ou amis) leur ont proposé leur première cigarette vers l’âge de 12 ans. Concernant le cannabis, ils disent ne pas en consommer, même si des amis leur en proposent régulièrement. Ils sont toutefois d’avis que le danger que représente la consommation de cannabis peut être contrebalancé en prêtant une attention particulière à la qualité du produit et à la quantité consommée. Parfois, ils ont commencé à goûter aux boissons alcoolisées un peu avant 10 ans, souvent sur proposition d’un membre de leur famille. Les jeunes mitigés fréquentent souvent l’enseignement primaire, habitent dans une ville, en Wallonie ou en Flandre, vivent dans une famille monoparentale à garde alternée et sont issus de la classe moyenne.
Ce groupe de jeunes n’est pas convaincu que le tabac entraîne une dépendance mais déclare avoir difficile à arrêter de fumer.
Les blasés
Ils sont 5%, ces jeunes sont satisfaits de leurs amis et de leur vie scolaire mais sont plus réservés sur leur vie de famille, leur habitation et sur eux-mêmes. Ces jeunes font moins attention à ce qu’ils consomment comme nourriture et boissons. Ils ont des passe-temps variés mais aiment surtout aller boire un verre entre amis. Ils estiment que le tabac, l’alcool et la drogue ne sont pas si néfastes pour la santé, et que le vol n’est pas si dramatique. Le jeune blasé a tout testé et la consommation de substances addictives fait partie de son quotidien. Malgré d’évidents signes de dépendance, il nie les dangers des produits et se focalise sur les bénéfices qu’il tire de sa consommation. Les blasés vivent souvent entourés de fumeurs, et fument eux-mêmes avec une moyenne de 13 cigarettes par jour. Le cannabis est considéré comme «sans danger» et a été essayé vers 14 ans. Ils consomment aussi toutes sortes de boissons alcoolisées, régulièrement de façon excessive et consacrent en moyenne 80 euros par mois aux jeux d’argent. On retrouve ces jeunes en particulier à Bruxelles et dans les communes rurales wallonnes. Ils sont souvent issus d’une famille monoparentale (mère seule), sont âgés de 16-17 ans et fréquentent l’enseignement professionnel ou artistique.
Ces jeunes perçoivent les effets de manque quand ils ne consomment pas de la drogue ou des cigarettes pendant un certain temps mais ils estiment qu’il suffit de s’arrêter à temps.
Les curieux
Ils sont 9% et sont satisfaits de leurs relations amicales et d’eux-mêmes. Ils rejettent globalement le vol, la drogue, l’alcool et le tabac mais sont moins catégoriques. Ils ont des hobbies variés mais préfèrent aller boire un verre avec des amis, faire du sport, regarder la télévision et jouer aux jeux vidéo ou sur ordinateur. Entourés de fumeurs, ils ont allumé leur première cigarette, seul ou en groupe, vers 12 ans. Ils continuent souvent de fumer à l’heure actuelle. Ils ont essayé le cannabis vers 14 ans, après avoir goûté au tabac. Beaucoup consomment encore, en semaine ou le week-end, mais rarement seuls. Parfois, ils usent de produits pour améliorer leurs performances intellectuelles ou sportives, pour lutter contre la fatigue physique et pour améliorer la mémoire. Certains ont parfois même testé de la cocaïne ou du crack. Depuis en moyenne l’âge de 15 ans, il leur arrive de jouer de temps en temps pour de l’argent: loterie, billets à gratter, cartes, poker ou bingo dans les cafés. Ils consacrent en moyenne 32 euros par mois aux jeux d’argent. Vers 12 ans, ils ont commencé à boire toutes sortes de boissons alcoolisées avec leurs amis. La consommation se fait dans un cadre festif. On retrouve ces jeunes en particulier à Bruxelles et dans les petites localités flamandes. Ils appartiennent plus souvent aux groupes sociaux modestes, vivent dans un ménage de 2 personnes, souvent en famille monoparentale, père ou mère. Ils sont en général âgés de 16-17 ans et suivent un enseignement technique.
Ces jeunes sont conscients que la cigarette entraîne une dépendance mais ne se sentent pas concernés par cette dépendance alors que certains avouent ressentir des effets de manque lorsqu’ils ne fument pas.
Communiqué par le CRIOC