Juin 2015 Par Conseil supérieur de Promotion de la Santé Politiques

Les trois axes fondamentaux pour un programme quinquennal: les thématiques de santé prioritaires

Le découpage des priorités selon des thématiques ou des publics pourrait laisser croire que celles-ci peuvent se dérouler indépendamment les unes des autres et selon des modalités liées à leurs spécificités. Or, une politique globale, cohérente et efficiente doit se construire sur un socle de dispositifs, de services, d’acteurs, de compétences qui ont leur ancrage dans les réalités du monde actuel et qui répondent à des exigences qui leur sont communes et transversales.

Parmi celles-ci épinglons-en quatre.

La réduction des inégalités sociales de santé. Il importe d’accompagner les stratégies universelles par des interventions adaptées aux difficultés de certains groupes de populations. Le concept de vulnérabilité peut ici être utile à condition de lui donner une visée opérationnelle : il importe de définir le plus précisément possible quels sont les facteurs de vulnérabilité par rapport à chaque problématique de santé et quels sont les individus, groupes ou populations les plus exposés à ces facteurs. Une attention particulière sera portée aux personnes connaissant une situation de pauvreté ou de handicap afin de créer les conditions d’accès aux offres de services et d’exercer leur recours à ce droit à la santé.

Dans ce contexte, la promotion de la santé vise davantage une action transversale sur des facteurs individuels et collectifs qui peuvent diminuer ou accentuer cette vulnérabilité, notamment au sein des milieux de vie (l’éducation, le lien social et relationnel, la participation aux décisions, etc.). Les objectifs de prévention qui visent à réduire l’incidence et les risques spécifiques à certaines problématiques doivent veiller à favoriser l’accès à tous avec une attention particulière pour les personnes en situation de vulnérabilité. Aussi, l’efficacité des interventions développées pour chaque problématique de santé, dépendra de l’existence de politiques intégrées, de dispositifs et de procédures qui assurent un continuum ‘promouvoir-prévenir-soigner-soutenir’.

Le développement de la connaissance sur les déterminants et les facteurs qui influencent la santé met en évidence les similitudes dans le développement de différentes problématiques. Aussi, l’efficience des politiques dépendra de la mise en œuvre de programmes transversaux, ayant un impact sur plusieurs problématiques. Par exemple, prévenir et contrôler l’abus d’alcool aura des effets sur la santé bucco-dentaire, les maladies cardiovasculaires, certains cancers, les comportements à risque d’accidents de la route, de violence, de maltraitance.

Certains objectifs de promotion de la santé constituent un socle commun sur lequel asseoir la spécificité des interventions liées à certaines thématiques. Ils sont partagés par un grand nombre d’intervenants spécialisés. Certains milieux d’interventions et certains publics sont aussi systématiquement évoqués quelle que soit la problématique concernée : il en est ainsi de la famille et du milieu scolaire, des enfants et des jeunes, des pouvoirs locaux, des lieux d’accueil et d’hébergement… Ces objectifs transversaux ont été réunis sous le titre ‘promouvoir des modes de vie et des environnements favorables à la santé’. Ils méritent qu’on leur accorde une importance élevée car ils se situent en amont de la vulnérabilité et des inégalités sociales de santé.

Promouvoir des modes de vie et des milieux de vie favorables à la santé physique et psychique

Il s’agit bien d’aplanir ou de lever les obstacles à la santé physique et psychique, c’est-à-dire toute condition qui nuit à l’adaptation réciproque entre la personne et son milieu, comme par exemple la pauvreté, la pollution ou la discrimination. À l’inverse, il s’agit de favoriser l’émergence de toute condition qui facilite cette adaptation réciproque, comme par exemple, la distribution équitable de la richesse collective, l’accès à une éducation de qualité ou à un environnement sain.

Le bien-être défini comme l’état d’équilibre d’une personne à un moment donné, s’apprécie, entre autres, à l’aide des éléments suivants : le niveau de bien-être subjectif, l’exercice des capacités mentales, physiques et sociales, la qualité des relations avec le milieu et les capacités d’adaptation au milieu. Le bien-être résulte d’interactions entre des facteurs de trois ordres : des facteurs biologiques, relatifs aux caractéristiques physiologiques de la personne, des facteurs psychologiques, liés aux aspects cognitifs, affectifs et relationnels, et des facteurs contextuels, qui ont trait aux relations entre la personne et son environnement. Ces facteurs sont en évolution constante et s’intègrent de façon dynamique chez la personne.

On sera ainsi particulièrement attentif aux facteurs suivants : l’alimentation, l’activité physique, la diminution du tabac et des substances toxiques dans les lieux de vie (notamment dans la prévention des cancers et des risques cardiovasculaires…), le lien social et la cohésion sociale, la qualité de la vie relationnelle, la construction de l’identité et la préservation de l’intégrité psychique, l’aménagement des lieux de vie (notamment dans le soutien à la parentalité, la prévention des assuétudes, l’éducation à la vie sexuelle et affective, la prévention du suicide et de la violence, la prévention des accidents…).

Des conditions transversales aux thématiques sont évoquées à trois niveaux.

Les compétences individuelles

Favoriser la diffusion par divers canaux d’une information validée et accessible : campagnes de communication larges ou ciblées, gestion d’outils internet, actions de sensibilisation de proximité au plus proche des réalités et des préoccupations des publics (notamment vulnérables), actions éducatives adaptées à la variété des publics et visant le développement de l’esprit critique, notamment vis-à-vis des stratégies de marketing et de promotion de la consommation.

Promouvoir un équilibre de vie qui ne soit pas dépendant de la consommation régulière de substances psychoactives, d’aliments gras ou sucrés, de jeux en ligne ou de cyberservices, d’un présentéisme au travail, etc.

Développer des aptitudes à faire des choix en tenant compte de tous les facteurs de bien-être (et pas seulement des facteurs médicaux).

Développer les compétences favorisant la santé mentale et relationnelle (être bien avec soi et avec les autres, compétences dites psycho-sociales) via

  • l’apprentissage de savoir-être (estime de soi, empathie, capacité de résoudre les problèmes, de résister à l’influence des autres, de prendre des décisions, de gérer le stress…);
  • la communication et la participation à des projets collectifs, en prise sur les besoins, les attentes et les désirs des jeunes;
  • la gestion des conflits et la qualité des relations humaines, notamment entre adultes et adolescents.

L’aménagement matériel et organisationnel des milieux de vie pour rendre accessible les modes de vie préconisés

Soutenir les acteurs scolaires pour qu’ils mettent en place des actions collectives favorables à un bon climat d’école (développement de l’estime de soi, respect, participation de tous à la gestion de la vie scolaire) et à la mise en pratique d’un style de vie équilibré (offre d’une alimentation variée à l’école, de possibilités d’activités physiques et sportives).

Encourager les politiques, actions et concertations locales, en lien avec la prévention des assuétudes, la promotion d’une activité physique régulière et d’une alimentation équilibrée, sans oublier d’adapter les interventions aux groupes plus vulnérables.

Être particulièrement attentif à soutenir les familles (et leur entourage) accueillant des nourrissons, jeunes enfants et adolescents quant à la mise en place de conditions favorables au bien-être physique et psychique de tous les membres de la famille, en vue d’assurer la sécurité des lieux de vie du jeune enfant, une alimentation adéquate, son développement psychosensoriel et social.

Promouvoir dans les milieux de vie, sur la base de processus participatifs, des actions intégrées de sensibilisation et de mise en pratique d’une alimentation variée, d’activité physique modérée et régulière, de prévention du tabagisme et des assuétudes, prévention des risques psycho-sociaux. Ces actions doivent être développées au quotidien et s’inscrire dans la durée.

Les politiques, les mesures légales et réglementaires

Développer des mesures incitatives (réglementaires, fiscales, etc.) et développer l’offre promouvant une alimentation durable en réduisant les facteurs nocifs bien identifiés (pesticides, aliments trop gras, trop sucrés, trop transformés) et les moyens permettant de réduire les facteurs de risque connus : protection et réglementation sur le milieu de travail, en matière d’environnement, etc.

Développer des programmes cohérents et coordonnés en matière d’alimentation, de prévention du tabagisme et de promotion de l’activité physique.

Inscrire la promotion de l’alimentation saine dans le développement durable en mobilisant l’ensemble des acteurs du cycle de l’alimentation : producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs, dans les secteurs économiques, sociaux, sanitaires, culturels et environnementaux.

Inscrire la promotion de l’activité physique et sportive dans la perspective du développement durable en mobilisant en particulier les acteurs de l’aménagement du territoire pour les politiques de mobilité.

Développer des programmes liés aux conditions et au contenu des prises alimentaires dans le cadre de l’ensemble des collectivités (cahier des charges, type de produits, qualité du lieu…).

La prévention des assuétudes

La prévention des assuétudes par la promotion de la santé vise à l’autonomisation des personnes et à la co-construction de capacités et de compétences à poser des choix positifs en matière de santé. Elle s’oppose à l’angoisse suscitée par les drogues incitant à rechercher des solutions en termes d’élimination et d’éradication.

L’objet d’une grande partie des activités spécialisées en assuétudes porte sur les comportements de consommations et les processus d’addiction à des substances psychoactives. Cependant, le développement d’une dépendance n’est pas exclusivement lié à la consommation de produits. Dès lors le terme assuétudes englobe l’alcool, le tabac, le cannabis, les médicaments psychoactifs et autres, les autres drogues illégales et produits de synthèse, les jeux et cyberdépendances. Par ailleurs, il est nécessaire de rappeler que les usages et comportements en matière de dépendances sont envisagés sous l’angle d’une interaction entre une personne, un produit et un contexte. Enfin, la notion d’usage peut recouvrir autant de situations diverses que l’usage expérimental, simple ou modéré et encore abusif, tant en quantité qu’en fréquence. Il y a dès lors, en fonction de l’individu, du produit et du contexte particulier, des usages non problématiques et des usages problématiques.

Dans cette optique, la stratégie qui consiste à ‘promouvoir-prévenir-soigner-soutenir’ peut se développer au sein d’un même milieu de vie par la même équipe ou en articulation avec différents services, de manière individuelle ou collective, dans le but de s’adapter au bénéficiaire et à la variété des problématiques existantes. Dans la mesure où le vécu de la santé physique et mentale peut conduire à la consommation de substances psychoactives (alcool, tabac, médicaments, cannabis, ecstasy, héroïne…), une cohérence doit être assurée entre les actions et programmes de promotion du bien-être et les actions et programmes de prévention des assuétudes.

En milieu scolaire, les autorités concernées veilleront à garantir l’application de la politique de promotion de la santé et de prévention de la Fédération Wallonie-Bruxelles en matière d’assuétudes. Il convient de distinguer les missions et la légitimité d’intervention des services psycho-médico-sociaux de celles de la police. L’école apparaît comme un lieu particulièrement propice à la promotion de la santé mentale. Elle est pour le jeune un lieu de vie et d’apprentissage, intermédiaire entre la famille et le monde des adultes, un lieu de rencontres, d’échanges souvent intenses et de construction de l’identité. Toutefois, il apparaît que les jeunes hors obligation scolaire ou en rupture de scolarité se retrouvent parmi les publics les plus à risque dans le domaine de la santé mentale; il est donc important de chercher les canaux et les acteurs qui permettraient d’intervenir auprès d’eux.

Par ailleurs la réflexion a montré la nécessité de développer également des projets de promotion de la santé visant la réduction des risques liés à la consommation, intraveineuse ou non, de drogues licites ou illicites.Tenant compte de ces enjeux, les objectifs de promotion de la santé et de prévention sont les suivants :

  • donner les moyens aux professionnels travaillant dans le champ des assuétudes de mettre en œuvre des stratégies et des méthodes cohérentes en regard de leur expertise et de leur connaissance des publics;
  • promouvoir une prévention intégrée aux différents contextes de vie de la population à développer au quotidien et s’inscrivant dans la durée (milieu de la rue, milieu de la famille, milieu scolaire, milieu festif, milieu carcéral, milieu sportif, milieu du travail…);
  • mobiliser chaque citoyen dans sa dimension d’acteur de prévention. Les assuétudes concernent toutes les couches de la population. De ce fait, tout individu concerné peut être mobilisé en tant qu’acteur de prévention;
  • favoriser des dynamiques d’information et d’entraide de groupes d’usagers, intégrer ceux-ci aux actions développées par les services et les soutenir dans la mise en œuvre de celles qu’ils proposent;
  • accompagner les professionnels et les futurs professionnels à intégrer la promotion de la santé en matière d’assuétudes dans leur pratique professionnelle (Aide à la jeunesse, Justice, Aide sociale, Insertion, Intégration, Immigration, Petite enfance, Enseignement, Horeca…);
  • sensibiliser et former les intervenants de première ligne (maisons médicales, centres de santé mentale, médecins généralistes…) à mettre en question les habitudes de consommation et à soutenir les patients dans la recherche d’une consommation à moindre risque ou de l’abstinence;
  • développer des programmes de gestion et de réduction des risques sanitaires liés à la consommation de différents produits, en tenant compte des contextes de consommation, du type de produits, du mode et de la fréquence de la consommation, du sexe et des différences d’âge des personnes, des propriétés des différents produits et des risques sanitaires liés à la consommation;
  • aider les personnes à se situer personnellement par rapport à la consommation de substances psychoactives, en prenant en compte leurs projets de vie personnels et leurs conditions de vie, mais aussi la réalité sociale.

La prévention des cancers

Le cancer représente globalement la deuxième cause de mortalité dans les entités fédérées. La problématique des cancers s’inscrit dans un continuum, de la prévention primaire à la prévention quaternaire.

La prévention primaire des cancers passe à la fois par des modifications durables de certains modes de vie habituels et par la réduction de certains facteurs de risque connus, présents dans l’environnement de travail ou dans l’environnement général. Les modes de production, de distribution, de consommation, les politiques de mobilité et d’aménagement des espaces sont particulièrement concernés.

La prévention secondaire (dépistage) du cancer du sein, du cancer de l’intestin et du cancer du col de l’utérus doit être encouragée conformément à la Recommandations du Conseil de l’Union européenne du 2 décembre 2003.

Celle-ci précise que «le dépistage doit s’adresser à l’ensemble de la population-cible et être réalisé dans le cadre d’un programme d’assurance de qualité». Celui-ci comporte un contrôle de qualité des procédures, un enregistrement des résultats et du suivi des examens ainsi qu’une évaluation. Elle précise aussi que «le dépistage doit être réalisé selon les indicateurs définis dans les ‘European guidelines for quality assurance in breast/colon/cervical cancer screening and diagnosis’.»

Dépistage du cancer du sein

En Belgique en 2011, 10490 nouveaux cas de cancer invasif du sein ont été enregistrés. En 2008, 2329 femmes en sont décédées. Le cancer du sein est la première cause de mortalité par cancer chez la femme. La mortalité liée au cancer du sein diminue régulièrement depuis une vingtaine d’années grâce à l’effet conjugué du dépistage et de l’évolution des traitements.

La méthode la plus efficace pour dépister le cancer du sein est la mammographie (radiographie du sein). Elle permet de détecter la présence d’anomalies qui pourraient être le signe d’un cancer du sein débutant. La plupart des experts estiment qu’entre 50 et 69 ans, le dépistage par mammographie peut être recommandé car les bénéfices l’emportent sur les effets indésirables.

Suite aux études qui ont démontré l’efficacité du dépistage du cancer du sein pour réduire la mortalité liée à cette affection et sur base des recommandations du Rapport de l’Advisory Committee on Cancer Prevention, le Conseil de l’Union européenne a recommandé aux États-Membres de mettre en place un programme de dépistage du cancer du sein pour les femmes de 50 à 69 ans.

Le mammotest (mammographie réalisée dans le cadre du programme) a pour objectif d’identifier les femmes qui présentent une image radiologique qui pourrait être le signe d’un cancer débutant et qui nécessite des examens complémentaires.

Les femmes peuvent bénéficier d’un mammotest entre le 1er janvier de l’année au cours de laquelle elles atteignent l’âge de 50 ans et le 31 décembre de l’année au cours de laquelle elles atteignent l’âge de 69 ans. Cet examen est recommandé tous les 2 ans.

Quoique le cancer du sein puisse apparaître avant 50 ans et après 70 ans, les experts ne recommandent pas d’étendre le Programme à ces groupes d’âge, car les effets indésirables l’emportent sur les bénéfices.

Quel que soit leur âge, les femmes qui présentent des facteurs de «risque fortement accru» de cancer du sein doivent bénéficier d’un suivi particulier.Un Programme organisé de dépistage du cancer du sein est opérationnel depuis juin 2002.

Dépistage du cancer de l’intestin

En Belgique en 2011, 4836 nouveaux cas de cancer de l’intestin ont été enregistrés chez les hommes et 3833 chez les femmes. En 2008, 1555 hommes et 1375 femmes en sont décédés. Le cancer de l’intestin est la deuxième cause de décès par cancer.

Suite aux études qui ont démontré l’efficacité du dépistage du cancer colorectal pour réduire la mortalité liée à cette affection et sur base des recommandations du Rapport de l’Advisory Committee on Cancer Prevention, le Conseil de l’Union Européenne a recommandé aux États-Membres de mettre en place un programme organisé de dépistage du cancer colorectal, pour les femmes et les hommes de 50 à 74 ans.En Fédération Wallonie-Bruxelles, un Programme de dépistage du cancer colorectal est opérationnel depuis mars 2009 pour la population âgée entre 50 et 74 ans. Le dépistage proposé est :

  • en l’absence de facteurs de risque, réalisation d’un test de recherche de sang occulte dans les selles. Actuellement, le test utilisé est le test Hemoccult®. Ce test doit être réalisé tous les 2 ans;
  • en présence de facteurs de risque, coloscopie (examen endoscopique du colon).

Prévention du cancer du col de l’utérus

En Belgique en 2011, 623 nouveaux cas de cancer invasif du col ont été enregistrés. En 2008, 186 femmes en sont décédées. Le cancer du col est la sixième cause de décès par cancer.

Le cancer du col de l’utérus est dans plus de 95% des cas lié à une infection persistante par certains papillomavirus humains (HPV) cancérogènes. L’infection du col, par transmission sexuelle, est très fréquente.Toutefois la plupart des infections passent inaperçues et guérissent spontanément en quelques mois. Il n’y a pas de traitement de l’infection par HPV.

Une minorité des infections persistent et entraînent, généralement très lentement, des modifications au niveau des cellules du col de l’utérus. Dans certains cas, celles-ci peuvent évoluer vers un cancer.

L’apparition d’un cancer du col de l’utérus est précédée par le développement de lésions précancéreuses (dysplasies – cancer in situ).

Le dépistage a pour objectif de détecter la présence des lésions précancéreuses. Le traitement de celles-ci permettra d’éviter leur évolution vers un cancer invasif tout en préservant la fertilité.

La réalisation d’un frottis de dépistage tous les 3 ans entre 25 et 65 ans réduit de 80% l’apparition d’un cancer invasif.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de programme organisé de dépistage du cancer du col. Cependant, près de 60% des femmes de 25 à 64 ans bénéficient d’un dépistage ‘individuel’ dont la qualité n’est pas contrôlée et dont les effets ne sont pas évalués.

La prévention du cancer du col de l’utérus passe aussi par la vaccination contre le papillomavirus humain d’une cohorte ciblée de jeunes filles, avant l’âge des premières relations sexuelles.

L’objectif principal du dépistage des cancers est de réduire la mortalité liée à ces cancers.

Il importe de favoriser une ‘culture’ raisonnée de prévention par le dépistage notamment par des approches collectives :

  • identifier les représentations qui peuvent rendre l’accès au dépistage difficile ou inconstant;
  • améliorer la compréhension, par la population, du dépistage et de ses enjeux;
  • sensibiliser à l’importance d’un dépistage régulier selon les recommandations des programmes;
  • diffuser le concept de culture du dépistage à travers des actions vers les professionnels de santé et les documents d’information vers les usagers;
  • encourager le dialogue entre la population et les professionnels de santé sur les effets positifs et négatifs des dépistages en vue de favoriser une prise de décision éclairée.

Il importe aussi de développer des programmes de dépistage organisés :

  • poursuivre les activités du programme de dépistage du cancer du sein par mammotest en région wallonne et en région bruxelloise (évaluer le programme en termes de qualité des procédures et des résultats atteints, adapter le programme en fonction des évaluations et des recommandations, sensibiliser à l’importance du contrôle de qualité et de l’évaluation, augmenter la formation des professionnels impliqués (personnel d’accueil, technologues, radiologues) dans le programme de dépistage);
  • poursuivre les activités du programme de dépistage du cancer de l’intestin en région wallonne et en région bruxelloise (évaluer le programme en termes d’assurance de qualité des procédures et des résultats atteints, adapter le programme en fonction des évaluations et des recommandations, sensibiliser les professionnels de la santé et le public cible à l’importance d’un dépistage régulier);
  • prévention du cancer du col de l’utérus (communiquer sur le dépistage du cancer du col de l’utérus en région wallonne et en région bruxelloise, favoriser et renforcer la vaccination notamment de la cohorte de jeunes filles ciblées par le programme de vaccination, évaluer la faisabilité de la mise en place d’un programme ‘organisé’ de dépistage).

La prévention des maladies infectieuses

La promotion de la vaccination

La lutte contre les maladies évitables par la vaccination s’inscrit non seulement au niveau de la Communauté française mais également aux niveaux fédéral, européen et planétaire. L’objectif d’élimination de la poliomyélite dans le monde est en passe d’être atteint. L’objectif d’élimination de la rougeole est fixé pour 2015 au niveau européen.

Les effets positifs de la vaccination sur la collectivité seront pleinement garantis si l’ensemble de la collectivité adhère à un programme régulier, qui repose sur l’adoption de recommandations scientifiques et d’un calendrier vaccinal, sur la définition d’objectifs communs de protection tant collective qu’individuelle et sur la concertation avec l’ensemble des structures impliquées et des vaccinateurs. La qualité du programme de vaccination dépend non seulement de l’accessibilité des vaccins, du niveau d’adhésion des professionnels et du grand public aux objectifs de prévention par la vaccination, mais également des conditions de réalisation du programme pour les populations prioritaires.

L’objectif général est d’assurer l’accès aux vaccins pour les populations concernées, c’est-à-dire les nourrissons, les enfants et les adolescents, mais aussi les adultes, en veillant à lutter contre les inégalités sociales de santé.

Les objectifs spécifiques sont :

  • favoriser une ‘culture’ raisonnée de protection de santé par la vaccination (identifier les représentations qui peuvent rendre l’accès à la vaccination difficile ou inconstant; améliorer la compréhension, par la population, de la vaccination et de ses enjeux; sensibiliser à l’importance d’un bilan régulier de la vaccination de l’individu tout au long de sa vie et à l’intérêt de la constitution d’un registre vaccinal; favoriser le dialogue entre la population et les professionnels de santé en vue de favoriser une prise de décision éclairée; diffuser le concept de culture vaccinale à tout âge à travers des actions vers les vaccinateurs et les documents d’information vers les parents et les usagers);
  • pour les nourrissons, assurer la prévention de douze maladies (poliomyélite, diphtérie, tétanos, coqueluche, Haemophilus influenzae de type b, hépatite B, méningocoque C, rougeole, rubéole, oreillons, pneumocoque et rotavirus) tout en limitant le nombre d’injections à administrer aux jeunes enfants et en leur assurant une grande sécurité vaccinale. En termes de couverture vaccinale, les objectifs à atteindre sont au moins de 95 % pour la vaccination de base des nourrissons, commençant à 2 mois et prenant fin à 15 mois. Si le démarrage de la vaccination des nourrissons est excellent, une attention particulière doit être néanmoins portée sur le renforcement des vaccinations à réaliser au cours de la deuxième année de vie de l’enfant ainsi qu’aux refus de vaccinations;
  • les enfants de 5-6 ans, de 11-12 ans, les jeunes filles de 13-14 ans et les adolescents constituent les groupes prioritaires pour les vaccinations de rappel et de rattrapage ainsi que pour la vaccination contre le papillomavirus humain;
  • pour les adultes, l’objectif prioritaire est d’assurer une information sur la périodicité des rappels pour tous (diphtérie et tétanos) et l’intérêt de vaccins spécifiques pour les plus vulnérables (grippe et pneumocoque). Un objectif supplémentaire est celui de la protection des nourrissons contre la coqueluche par la vaccination systématique des femmes enceintes organisée dans le cadre d’un programme structuré et financé par les autorités.

Dans la continuité du précédent programme quinquennal, il faut rappeler toute l’importance de la gestion du programme de vaccination comme un programme de santé publique coordonné et intersectoriel, en vue d’en garantir la cohérence, la continuité, la pérennité et l’accessibilité à l’ensemble des publics-cible du calendrier vaccinal recommandé. Cela suppose de maintenir une gestion coordonnée par une équipe pluridisciplinaire d’un programme de qualité comprenant au moins les objectifs stratégiques suivants :

  • organiser la concertation et la coordination de l’ensemble des opérateurs de la vaccination en vue d’une meilleure articulation des pratiques: les structures préventives (ONE et PSE) et services hospitaliers, les pédiatres, les médecins généralistes, des représentants des mutuelles, du CSPS, de l’Institut de santé publique, du Service de surveillance des maladies infectieuses, du SCPS Question Santé;
  • organiser le suivi des recommandations formulées en matière de vaccination par le Conseil supérieur de la santé;
  • développer des documents d’informations vers les vaccinateurs, les parents et les usagers;
  • assurer le financement de l’achat des vaccins et l’accessibilité des vaccins à tous les publics-cible au travers du système de commande e-vax, en déploiement auprès des vaccinateurs;
  • évaluer le programme par des enquêtes de couvertures vaccinales régulières, tant auprès des parents de nourrissons que des enfants et jeunes en âge scolaire, ainsi que par la surveillance épidémiologique des maladies;
  • développer et gérer un registre centralisé des vaccinations.

La prévention du sida et des IST

Malgré les avancées médicales, l’épidémie de VIH est en croissance depuis une quinzaine d’années. Elle se double d’une augmentation des cas de plusieurs infections sexuellement transmissibles (IST). Sur le plan social, le sida devient une maladie chronique mais il engendre encore de la stigmatisation et du rejet.

Les stratégies de prévention sont marquées par un contexte d’innovation rapide, principalement du fait des usages préventifs avérés des traitements antirétroviraux. Le virage de la prévention combinée, entériné dans le Plan national VIH 2014-2019, a réorienté le cadre d’action.

Plusieurs éléments modifient les attitudes de la population vis-à-vis du sida et de la prévention : l’effet de génération (les jeunes qui entrent dans la vie sexuelle aujourd’hui sont moins sensibilisés par la prévention), l’accès à des traitements thérapeutiques très performants, la relative banalisation du VIH, la possible lassitude à l’égard du préservatif. Un certain relâchement des comportements de protection et le dépistage trop tardif du VIH chez les personnes à risque font que la prévention du sida reste une priorité.

Elle doit nécessairement et de plus en plus être associée à la prévention des autres IST (vu notamment le fait que celles-ci constituent des portes d’entrée pour le VIH), à la promotion du dépistage précoce, à la généralisation de l’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS), à la réduction des risques en milieu festif et à l’accès universel aux services et programmes de santé. Enfin, on veillera à lutter contre toute discrimination vis-à-vis des populations à risque ainsi que vis-à-vis des personnes séropositives; on continuera à associer celles-ci, notamment via le milieu associatif, aux programmes de prévention.

L’objectif général est de réduire la transmission du VIH et des autres vecteurs d’IST, de réduire les vulnérabilités et les discriminations multiples à l’égard des publics cibles et de promouvoir une sexualité libre, épanouie et responsable.

Les priorités d’action vont aux populations les plus vulnérables. Parmi celles-ci, deux groupes nécessitent une attention renforcée, les personnes migrantes et issues des pays gravement touchés par le sida; les hommes ayant des rapports sexuels avec d’autres hommes.

D’autres formes de vulnérabilités justifient le maintien d’une action préventive, surtout lorsque ces vulnérabilités sont cumulées avec les précédentes, et notamment :

  • les personnes séropositives et malades, particulièrement les couples dont un des membres est séropositif, les personnes séropositives qui désirent avoir un enfant et les enfants séropositifs;
  • les personnes prostituées des deux sexes, en particulier migrantes et/ou consommatrices de drogues;
  • les usagers de drogues (non seulement les usagers de drogues par voie intraveineuse, mais aussi les personnes qui consomment des produits entraînant une baisse de vigilance lors des rapports sexuels);
  • les personnes détenues;
  • les jeunes particulièrement aux âges d’entrée dans la sexualité.

Les objectifs spécifiques sont :

  • promouvoir l’accessibilité de l’information et de tous les moyens de prévention et de réduction des risques, principalement par des actions permettant de contacter les populations dans leur lieu de vie, en veillant à éviter toute stigmatisation;
  • lutter contre les discriminations dont les personnes séropositives font l’objet et associer celles-ci au travail de prévention;
  • développer des stratégies adaptées aux spécificités des publics en évitant les actions coercitives;
  • intégrer les actions de prévention dans les services éducatifs et médico-sociaux existants, ce qui suppose une formation adaptée des intervenants;
  • promouvoir des actions de communication vers la population générale, dans le sens de la prévention mais aussi de la solidarité vis-à-vis des personnes séropositives;
  • intégrer la prévention du sida et des autres IST dans les programmes d’éducation sexuelle destinés aux jeunes pendant leur scolarité et aux personnes vivant en milieu d’accueil (notamment les personnes handicapées mentales);
  • évaluer les actions en continu, assurer la durabilité de celles qui font leurs preuves, adapter les stratégies de prévention aux évolutions des comportements;
  • promouvoir le dépistage précoce du VIH et des autres IST;
  • développer des pratiques et des formations en matière de dépistage qui visent à encourager le dépistage précoce du VIH et des autres IST, favoriser un accompagnement de qualité lors de ces dépistages, favoriser un accès adéquat aux traitements post-exposition (TPE), combattre la pratique du test non justifié et/ou réalisé à l’insu du patient et augmenter l’accessibilité du dépistage pour les publics prioritaires et les personnes ayant couru un risque d’infection;
  • renforcer et diversifier l’offre de dépistage décentralisé dans des structures adaptées aux spécificités des publics cibles.

La lutte contre la tuberculose

Comme dans tous les pays à basse incidence, la tuberculose reste un problème préoccupant en Belgique, notamment dans les grandes villes en raison des facteurs sociaux et environnementaux liés à cette maladie. Des actions ciblées permettent de limiter la transmission du bacille tuberculeux à partir de cas contagieux et de diminuer le risque que des sujets infectés ne deviennent malades.

Les objectifs spécifiques sont :

  • développer l’information et la sensibilisation des populations à risque et des professionnels en contact avec celles-ci, particulièrement dans les villes à forte incidence;
  • créer des partenariats avec les acteurs sociaux et de santé les plus proches des personnes en situation de précarité;
  • analyser l’évolution des déterminants sociaux en lien avec la tuberculose;
  • assurer la surveillance épidémiologique et rédiger chaque année un registre des cas actifs de tuberculose;
  • organiser la socioprophylaxie;
  • sensibiliser et former les professionnels de la santé et les acteurs des services de première ligne des secteurs santé et social en contact avec les personnes à risque élevé de tuberculose;
  • informer la population et plus spécialement des personnes exposées à un risque accru de contagion;
  • évaluer les stratégies et leur impact.

La prévention des traumatismes intentionnels et non intentionnels et la promotion de la sécurité

L’OMS préconise de favoriser la prise en compte de la sécurité, comme un élément déterminant pour la santé, dans les milieux de vie et les communautés. À l’échelle internationale, un consensus s’est formé sur le concept de prévention des traumatismes, c’est-à-dire la diminution et le contrôle des conséquences d’un événement appelé accident. Envisager la prévention sous l’angle des traumatismes multiplie les stratégies d’intervention en dépassant celles qui se limitent à l’identification des personnes à risque et à la modification de leurs comportements, en s’élargissant aux modifications de l’environnement physique, aux législations et aux technologies susceptibles d’influencer la gravité des traumatismes. Dans cette perspective, l’établissement de concertation entre les secteurs concernés (par exemple: santé, social, éducation, logement, urbanisme, équipement…) est indispensable.

Il existe deux catégories de traumatismes sur lesquels agir.

  • Les traumatismes intentionnels: homicides, violence, agressions, suicides, auto mutilations (voir la partie ‘Prévention de la violence et du suicide’ dans ce numéro).
  • Les traumatismes non intentionnels souvent classés selon leur lieu de survenue: route, travail, loisir et sport, école, domicile, ou selon leur type ou conséquence: chutes, noyades, brûlures, intoxications, suffocations.

La mortalité par traumatismes non intentionnels demeure la plus grande cause de décès chez les enfants de 1 à 14 ans. Ils sont deux à trois fois plus fréquents chez eux que dans l’ensemble de la population. Exprimés en taux d’années potentielles de vie perdue, les traumatismes occupent la première place parmi les causes de décès. Une personne âgée sur trois chute à partir de 65 ans. Les conséquences de ces chutes ont un lourd impact sur la perte d’autonomie, l’hospitalisation et le recours aux maisons de repos et de soins.

Notre pays se trouve dans le peloton de tête des pays européens qui ont le plus haut taux de suicides. Les décès par suicide occupent la deuxième place chez les jeunes de 15 à 24 ans, après les accidents de la route. Chez les personnes âgées de plus de 60 ans, le taux de suicide est 4 à 5 fois supérieur à la moyenne nationale.

L’approche de la prévention des traumatismes et de promotion de la sécurité comporte trois atouts pour renforcer l’efficacité des mesures qui sont prises :

  • les mesures de prévention dite passive, qui reposent sur la technologie, l’aménagement des environnements, la législation et qui combinent des actions qui visent à rendre l’environnement plus sûr et à faire évoluer les mentalités et les comportements, afin de favoriser le renforcement et l’application des mesures de sécurité;
  • un outil d’analyse des traumatismes, la ‘Matrice de Haddon’, s’appliquant à tous les traumatismes intentionnels et non intentionnels, qui favorise une meilleure connaissance des facteurs qui les influencent, multiplie les types d’intervention et facilite le travail intersectoriel;
  • la démarche des ‘Safe Communities’ (‘Communautés sûres’), qui développe les stratégies de la promotion de la santé, appliquées selon sept critères de qualité qui en sont les conditions de réussite. Cette intervention est motivée par la nécessité d’ajouter aux campagnes générales des actions locales fondées sur une analyse de situation, la participation de la population et l’intervention intersectorielle.

Les objectifs généraux de la prévention des traumatismes visent la réduction de la mortalité, de la morbidité et de la gravité des traumatismes. Les objectifs spécifiques sont :

  • améliorer le système d’information sanitaire des traumatismes pour une meilleure connaissance des circonstances liées aux traumatismes survenant au domicile, dans le milieu scolaire et dans l’activité physique et sportive;
  • augmenter chez les professionnels des secteurs concernés la connaissance des facteurs qui influencent les traumatismes selon les groupes vulnérables, les lieux de survenue, les niveaux de preuve des mesures préventives et les interventions prioritaires;
  • développer les capacités d’intervention en prévention des acteurs des différents milieux concernés;
  • intégrer aux pratiques des professionnels des différents secteurs concernés (exemples: logement, urbanisme, éducation, loisir et sport, santé) des activités d’information, d’éducation et de conseil dans le domaine de la sécurité;
  • développer la capacité des professionnels des services d’aide, de santé et d’éducation à évaluer les situations à risque pour les enfants et le risque de chute chez les personnes âgées de plus de 65 ans, à proposer des mesures de prévention reconnues efficaces et à collaborer entre eux;
  • articuler les secteurs et les acteurs qui interviennent aux différents niveaux de la prévention (universelle, indiquée et sélective);
  • augmenter la mobilisation et l’intervention pour la sécurité dans les milieux de vie et les communautés;
  • encourager les méthodes créatives d’éducation et de changement environnemental;
  • promouvoir les mesures de prévention passive (implantation de matériel de sécurité, législation) notamment au domicile des familles ayant de très jeunes enfants et au domicile des personnes âgées de plus de 60 ans;
  • favoriser les interventions qui augmentent les habiletés à faire face aux situations difficiles de la vie et qui développent l’estime de soi;
  • soutenir l’application des lois, normes et recommandations qui favorisent la sécurité.

La promotion de la santé bucco-dentaire

La santé bucco-dentaire est régulièrement négligée en tant que priorité de santé publique, y compris dans les études épidémiologiques. Si ces dernières nous montrent une remarquable évolution de la santé bucco-dentaire des enfants, des inégalités sociales de santé restent toutefois très présentes également en ce domaine malgré l’introduction de la gratuité des soins dentaires pour les moins de 18 ans.

Cependant elle représente un champ d’activités significatif et génère des coûts importants pour l’assurance maladie et pour la population. Son impact est également significatif sur d’autres systèmes (cardites par exemple) et, à l’inverse, elle peut être la conséquence d’autres maladies (dans le cas du diabète par exemple) ou assuétudes (tabac, drogue). Enfin, l’état de santé bucco-dentaire est étroitement corrélé au statut social, tant pour des raisons financières que par déficit de l’estime de soi.

La prévention, passant par une bonne hygiène bucco-dentaire, se montre rentable en termes de coûts/efficacité, et plus particulièrement pour les populations les moins favorisées. Ces éléments sont bien montrés dans les fondements scientifiques du Plan stratégique des soins dentaires en Belgique, publié par van Steenberghe et Perl en mars 2003. Les équipes de promotion de la santé à l’école ont un rôle particulier à jouer tant en médecine préventive qu’en promotion de la santé.

Deux objectifs spécifiques sont soulignés :

  • informer la population – parents, enfants et enseignants – afin de lever un certain nombre de préjugés qui banalisent les maladies bucco-dentaires, y compris chez l’adulte et d’informer sur les conditions d’accès, notamment rappeler la gratuité des soins dentaires chez les moins de 18 ans;
  • réduire l’incidence carieuse via l’apprentissage, si possible dans les temps scolaires, de l’hygiène bucco-dentaire et en particulier d’un brossage adéquat; promotion de l’eau comme seule boisson à l’école (moments d’hydratation); la stimulation de campagnes de dépistages organisés en faveur des populations précarisées; le renforcement de l’information du public sur les conditions financières d’accès aux services de prévention et de soins; la sensibilisation et la formation des médecins, en particulier des généralistes.

La prévention des maladies cardiovasculaires

Les formes principales de maladies cardiovasculaires sont les maladies ischémiques du cœur et les accidents vasculaires cérébraux. Elles constituent la première cause de mortalité.

Les maladies cardiovasculaires et leurs facteurs de risques constituent une manifestation concrète des inégalités sociales de santé (gradient social clairement établi). Les interventions médicales (médicaments, chirurgie, etc.) permettent d’accroître l’espérance de vie et la qualité de vie des personnes déjà atteintes.

La prévention de ces maladies est classiquement abordée par la réduction des risques. Ceux-ci sont multiples. Citons parmi les principaux facteurs accessibles à la promotion de la santé : le tabagisme, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’excès chronique de stress, l’obésité, la sédentarité, le diabète de type II. Ces facteurs de risque ne s’additionnent pas, ils se multiplient.

Les pathologies cardiovasculaires sont une priorité de santé publique qui dépasse la problématique cardiovasculaire au sens strict. D’un côté, les facteurs de risque et les déterminants associés aux pathologies cardiovasculaires sont également associés à d’autres problématiques de santé. D’un autre côté, les approches ‘innovantes’ de santé, qui se centrent entre autres sur les déterminants de la santé physique, psychique et sociale (sans référence à une pathologie particulière), et sur la participation des acteurs, touchent aussi le champ des pathologies cardiovasculaires.

Les stratégies de prévention et de promotion de la santé chevauchent et renforcent les stratégies en œuvre pour d’autres problèmes de santé, dont les cancers.

Les principaux facteurs de protection contre ces risques sont le recours à une alimentation équilibrée, tant sur le plan quantitatif que qualitatif, et la pratique d’une activité physique régulière à tous les âges de la vie.

Les objectifs spécifiques sont au nombre de six :

  • favoriser le développement du dépistage en vue d’identifier au sein de la population cible les personnes présentant un risque cardiovasculaire global majoré;
  • favoriser une culture de santé, particulièrement en identifiant les représentations qui, en pratique, peuvent rendre l’accès au dépistage difficile ou inconstant;
  • se concerter pour prévoir d’orienter les personnes présentant un risque cardiovasculaire global majoré vers une prise en charge médicale préventive adaptée au risque et orientée notamment sur le mode de vie;
  • encourager le recours au DMG+ comme support d’une approche globale de la santé (les principaux facteurs de risque que sont le tabagisme, l’hypertension, l’hypercholestérolémie, l’excès chronique de stress, l’obésité, la sédentarité, le diabète de type II, ne doivent pas repris en tant qu’objectifs de prévention isolés);
  • sensibiliser et former des acteurs de santé (paramédicaux et médicaux) pour une approche préventive pluridisciplinaire tenant compte des déterminants de la santé;
  • favoriser pour ces personnes l’accès à des programmes spécifiques multifactoriels et pluridisciplinaires de promotion de la santé et d’éducation thérapeutique.

La prévention de la violence et du suicide

La violence est omniprésente dans la vie d’un grand nombre de personnes. Son ‘bilan’ humain et financier est considérable. Elle s’exprime au niveau interpersonnel, collectif et contre soi (violence auto-infligée, comme le suicide). La violence est à la fois prévisible et évitable. Les différents types de violence sont liés les uns aux autres à bien des égards. Ils subissent l’influence des mêmes déterminants et la présence de facteurs de risque et de protection similaires. Parmi ceux qui sont communs à toutes les formes de violence, notons : le niveau de développement des compétences psycho-sociales et de l’estime de soi, l’histoire du mode de consommation d’alcool et de drogues, les habitudes de vie, la santé mentale, les histoires familiales ou personnelles, la violence subie, la maltraitance et les carences affectives, la disponibilité des substances et des moyens, les caractéristiques socio-économiques, l’isolement social, les valeurs culturelles et sociétales.

Ces liens donnent à penser qu’il existe un potentiel important de partenariats entre les groupes qui ont un intérêt majeur dans la prévention de tous les types de violence.

Il y a beaucoup à gagner à organiser des plateformes d’échange d’informations, de pratiques, de données, en vue de l’efficacité des interventions; la suppression des chevauchements des missions et des activités; l’accroissement des ressources disponibles; la coordination entre les activités de prévention entre elles, et entre les activités de prévention et de recherche; le passage d’une politique de fragmentation des mesures vers des interventions plus globales et plus efficientes.

La violence a beaucoup à voir avec les inégalités : sociales, de genre, d’âge. L’expérience menée dans divers pays incite à plaider pour l’intégration de la prévention de la violence dans les politiques sociales et éducatives et pour le développement d’une diversité d’interventions législatives et juridiques, de sensibilisation, de formation, d’aide et d’accompagnement.

Les interventions de prévention appliquées au suicide s’inscrivent dans un cadre théorique qui fait la distinction entre :

  • les stratégies de prévention universelle qui concernent l’ensemble d’une population en vue d’optimiser la santé et minimiser les risques en renforçant les processus de protection, en modifiant l’environnement physique et en élargissant les offres de services de santé et d’aide;
  • les stratégies de prévention sélective qui concernent les groupes vulnérables au sein d’une population, en fonction de certaines caractéristiques, qu’ils manifestent ou non des comportements suicidaires;
  • les stratégies de prévention indiquée qui se concentrent sur des personnes vulnérables au sein de la population, plus particulièrement celles qui ont déjà tenté de se suicider et celles qui montrent des comportements suicidaires, aussi précoces soient-ils.

Face à la multiplicité des facteurs qui entrent en jeu dans les conduites suicidaires, et des stratégies de prévention, un programme de prévention du suicide requiert une approche multisectorielle globale qui porte sur les différents groupes à risque, sur les populations et sur les contextes sociaux et environnementaux.

Il pourra viser 7 objectifs spécifiques :

  • améliorer la connaissance par la mise en place d’un système de surveillance qui rassemble toutes les données déjà existantes tout en veillant à la fiabilité, la validité et la disponibilité publique des données;
  • mener des activités de recherche afin de documenter certains aspects méconnus de la problématique;
  • faire évoluer les attitudes et les croyances et mener des évaluations de leur évolution;
  • évaluer la couverture médiatique des faits de violence et de suicide et former les médias à la couverture responsable de ces événements sur base de la brochure ‘Points de repère, le traitement du suicide dans les médias’ réalisée en 2012;
  • exercer des activités régulières d’évaluation des services et actions et mettre à profit les résultats pour leur amélioration ou leur réorientation;
  • continuer à élaborer une stratégie régionale, articulée avec celle des autres régions, même si les données et les ressources ne sont pas encore toutes disponibles, et veiller à ce qu’elle soit multisectorielle et concertée, et qu’elle comble les lacunes en matière de services et d’interventions;
  • agir à tous les niveaux de prévention le plus précocement possible en renforçant les habiletés individuelles et collectives, le repérage des signes avant-coureurs et le contrôle des conséquences.

L’éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle (EVRAS)

La généralisation de l’EVRAS en milieu scolaire et son développement en milieu extrascolaire accueillant des jeunes particulièrement vulnérables est une stratégie essentielle de réduction des inégalités sociales de santé, de renforcement de l’égalité entre les hommes et les femmes, de réduction des discriminations liées au genre, à l’origine culturelle, à l’appartenance sexuelle.

L’éducation la vie relationnelle, affective et sexuelle (en abrégé EVRAS) est un processus éducatif qui implique notamment une réflexion en vue d’accroître les aptitudes des jeunes à opérer des choix éclairés favorisant l’épanouissement de leur vie relationnelle, affective et sexuelle et le respect de soi et des autres. II s’agit d’accompagner chaque jeune vers l’âge adulte selon une approche globale dans laquelle la sexualité est entendue au sens large et inclut notamment les dimensions relationnelle, affective, sociale, culturelle, philosophique et éthique. L’EVRAS se développe tout au long de la scolarité des élèves et implique l’ensemble de la communauté scolaire, avec le soutien éventuel dintervenants extérieurs. Elle est complémentaire à la responsabilité des parents et de l’entourage adulte des enfants et des jeunes en matière d’éducation et ne s’y substitue pas.

Quelques objectifs spécifiques :

  • développer des activités d’EVRAS pour accroître auprès des jeunes leurs connaissances, leur capacité critique, leur savoir-faire et leur savoir être en vue de promouvoir le libre-choix, le respect, la responsabilité envers l’autre et soi-même dans les relations amoureuses et les pratiques sexuelles des jeunes; prévenir la violence dans les relations amoureuses; déconstruire les stéréotypes sexistes et homophobes; prévenir les grossesses non désirées et les IST; prévenir les grossesses adolescentes et les accompagner le cas échéant;
  • soutenir la mobilisation des écoles sur les enjeux de l’EVRAS en organisant, au niveau local et au niveau global, la concertation entre les acteurs scolaires, les Services PSE, les Centres PMS, les Centres de planning familial, les CLPS…
  • assurer des formations et des échanges d’informations relatifs à la politique de généralisation de l’EVRAS, à disposition des acteurs scolaires et de leurs partenaires.

La promotion des dépistages néonataux

Des programmes spécifiques de dépistage néonatal ont également toute leur pertinence.

Il s’agit d’une part du programme de dépistage néonatal organisé en Fédération Wallonie-Bruxelles qui a pour but de proposer aux parents d’un nouveau-né de dépister, par voie biochimique, des anomalies congénitales qui, si elles ne sont pas prises en charge précocement, entraînent un décès, une arriération mentale ou d’autres troubles permanents et profonds.

D’autre part, il s’agit du programme de dépistage néonatal de la surdité qui a pour but de proposer aux parents de dépister la surdité via un test spécifique.Vu l’importance de ses conséquences, la surdité est une problématique de santé publique. La dépister le plus précocement possible permet d’éviter un maximum de risques que le développement de l’enfant soit perturbé et de limiter l’impact de la surdité sur la vie des futurs adultes.

Il faut donc poursuivre les activités des programmes organisés de dépistages néonataux (anomalies congénitales, surdité); les évaluer en termes d’assurance de qualité du processus et des résultats atteints; les adapter en fonction des évaluations et des recommandations.

Promotion de la santé environnementale

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), «Les relations entre l’environnement et la santé recouvrent les aspects de la santé humaine, y compris la qualité de la vie, qui sont déterminés par les facteurs physiques, biologiques, sociaux et psychosociaux de l’environnement. L’environnement comprend les aspects théoriques et pratiques de l’évaluation, de la correction, du contrôle et de la prévention des facteurs environnementaux qui peuvent potentiellement affecter de manière adverse la santé des générations présentes et futures» (OMS, 1993).

La promotion de la santé occupe une place importante en santé environnementale. Dès 1986, la Charte d’Ottawa développait les concepts de base de la promotion de la santé, par la suite, la Conférence de Sundsvall en 1991 a précisé les liens entre la santé et l’environnement.

Au niveau des États européens, des engagements ont été pris lors des conférences ministérielles Environnement Santé de l’OMS (Région européenne) à Helsinki (1994) et Londres (1999) en vue de promouvoir la santé environnementale.

En Belgique, l’accord de coopération du 10 décembre 2003 a eu pour principal objectif d’assurer la concertation entre l’Autorité fédérale, les Régions et les Communautés concernant la rédaction, le suivi et la mise en œuvre du Plan national d’actions environnement-santé (NEHAP). Cet accord a fait l’objet d’un décret d’assentiment qui a été adopté par le Parlement de la Communauté française le 22 mars 2004.

La concertation et la mise en œuvre du plan national d’actions se font, aujourd’hui encore, par le biais de deux organes, la Conférence Interministérielle de l’Environnement élargie à la Santé (CIMES) et la Cellule Environnement-Santé (dénommée Cellule nationale).

Sept recommandations jalonnent la mise en œuvre du NEHAP :

  • établir une collaboration fonctionnelle entre les structures existantes de l’environnement et de la santé;
  • développer et gérer des bases de données concernant l’ensemble des aspects environnement-santé;
  • définir les priorités de recherche sur les relations entre l’environnement et la santé;
  • développer une politique de prévention pour les relations entre l’environnement et la santé;
  • communiquer sur les relations entre l’environnement et la santé;
  • soutenir le développement de cours et de formations spécifiques sur les relations entre l’environnement et la santé;
  • sensibiliser et éduquer aux relations entre l’environnement et la santé.

De nombreux projets sont coordonnés par la Cellule nationale, ils s’articulent autour de deux actions bien distinctes : la promotion de la santé et la prévention. Ces deux actions s’inscrivent en lien étroit avec les recommandations du plan national.

Les projets en matière de promotion de la santé visent à sensibiliser et à éduquer le grand public. Le projet ‘jeunes et environnement santé’ s’attache à cet objectif tout comme divers plans nationaux tels que les plans climat, pesticides, POPs et ozone et vague de chaleur.

En matière de prévention, de nombreuses études scientifiques sont pilotées par la Cellule nationale telles que l’étude belge sur l’impact de la pollution urbaine sur la santé et la mortalité (APHEIS), l’étude européenne sur la qualité du lait maternel en Belgique et d’autres études portant sur les particules fines (PM 2.5 et10), les nanoparticules ou la qualité de l’air intérieur.

Pour chacune de ces études, la Cellule nationale est attentive à l’élaboration de recommandations en matière de prévention. À côté de ces études scientifiques, la Cellule nationale a également diligenté une étude sur le bénéfice d’une formation spécifique en santé environnement et en médecine environnementale pour les professionnels de la santé, afin d’établir la pertinence de nouveaux programmes de formations.