Avril 2003 Par R. MERTENS Initiatives

L’étude des Mutualités chrétiennes

Voici trois ans (1), les Mutualités chrétiennes publiaient une étude qui indiquait que l’hystérectomie (ablation de la matrice) est une pratique très répandue en Belgique: à 60 ans, 20% des femmes n’ont plus d’utérus.
L’étude montrait aussi des différences de pratiques significatives entre hôpitaux et entre gynécologues.
Ainsi, le pourcentage d’interventions par voie vaginale montrait de fortes variations, et ce pourcentage aurait avantage à augmenter par rapport à l’abord abdominal. La même observation s’applique à l’intervention vaginale assistée par laparoscopie, mais des chiffres précis n’étaient pas encore disponibles à ce moment.
Il apparaissait également que parmi les alternatives à ce geste radical, la résection de l’endomètre stagnait à un niveau modeste.
Une constatation suscita aussi quelque controverse: les femmes avec le statut d’ouvrière et un revenu moyen ou faible avaient une probabilité de 60% plus élevée de subir une ablation de l’utérus que les femmes avec un statut d’employé et bénéficiant d’un revenu plus élevé. Quant aux femmes médecins, elles avaient encore 40% de probabilité en moins de subir une hystérectomie!

Information en trois phases

Ces résultats ont incité les Mutualités chrétiennes à attirer l’attention de leurs affiliées sur la question, et à les inciter à discuter franchement avec leur médecin quand il envisage une telle intervention.
Dépliant d’information et articles dans la presse ont tenté de donner aux femmes une idée précise des enjeux en la matière, des alternatives à l’hystérectomie et de l’utilité d’obtenir une second avis avant une éventuelle opération. Ce travail d’information s’inscrivait dans une démarche d’émancipation des patientes auxquelles la mutualité souhaitait donner certains outils leur permettant un échange constructif avec leur gynécologue et finalement d’être associées à la décision d’enlever ou non l’utérus.
Deuxième élément important: les hôpitaux avec département de gynécologie ont pu obtenir des informations précises sur les caractéristiques de leur pratique en la matière. Les médecins pouvaient obtenir des données personnalisées relatives à leurs patientes affiliées aux mutualités chrétiennes via un module uniquement accessible aux prestataires sur le site http://www.mc.be .
Enfin, les groupements professionnels, le Groupement des Gynécologues Obstétriciens de Langue Française de Belgique (GGOLFB) et son pendant flamand le VVOG ont été associés à la démarche, notamment lors de la présentation de l’étude à la presse. Il leur fut demandé de prendre une initiative en matière de recommandations concernant les problèmes qui peuvent conduire à l’hystérectomie.

Evolution des pratiques en 2000 et 2001

Entre 1989 et 1999, l’hystérectomie n’a pas cessé d’augmenter en fréquence à un rythme moyen d’1% par an en Belgique (cancers non compris). En 2000 et 2001 par contre, on observe une diminution de 8% par rapport à 1998-1999.
Entre ces deux périodes, on constate par contre une augmentation de 58% du nombre des résections de l’endomètre.
De même, le pourcentage d’interventions par voie vaginale a aussi augmenté (de 50 à 53%), un quart d’entre elles se faisant maintenant en combinaison avec la laparoscopie.
Ces chiffre sont encourageants. Bien évidemment, il n’est pas possible d’attribuer cette évolution à une et une seule cause, à savoir l’initiative de l’ANMC. Nous constatons en tout cas que le renversement de tendance depuis 1999 va dans le sens suggéré par notre travail.
Les données accessibles aux prestataires ont été actualisées, et permettent aux équipes de gynécologues de comparer leurs résultats spécifiques à l’ensemble des chiffres concernant les affiliées des Mutualités chrétiennes.

Bonnes pratiques

Le besoin de recommandations scientifiquement fondées concernant les problèmes de santé menant souvent à l’hystérectomie aux environs de la ménopause se fait quant à lui toujours sentir. A chacun son métier: ce n’est pas une tâche pour les organismes assureurs, mais plutôt pour les sociétés scientifiques de gynécologie.
Dr Raf Mertens , Responsable de la Cellule Qualité des Mutualités chrétiennes
(1) Voir L’hystérectomie en questions, l’article de couverture du n° 145 d’Education Santé, février 2000.