Le 19 octobre, les professeurs docteurs Lieven Annemans et Lieve Brochez ont présenté à la Chambre des Représentants les résultats de la première étude belge portant sur l’impact du cancer de la peau : ‘Impact of skin cancer in Belgium and potential reduction of the impact by effective prevention programs’. Cette étude analyse d’une part le coût des cancers de la peau pour la société, et d’autre part le rapport coût/efficacité de la prévention secondaire des cancers de la peau. L’analyse de l’impact de la prévention primaire (c’est-à-dire la protection contre les rayonnements ultraviolets) est encore en cours.
Sur base des résultats de leur étude, les professeurs Annemans et Brochez ont émis des recommandations qui permettraient de s’attaquer à l’incidence et aux conséquences des cancers de la peau. L’étude montre notamment que certaines stratégies de prévention peuvent être efficaces en matière de santé publique, tout en présentant un bon rapport coût/efficacité.
Les cancers de la peau font partie des cancers les plus fréquents et dont l’incidence augmente le plus rapidement. On s’attend à ce que les chiffres augmentent encore plus avec le vieillissement de la population (Registre du cancer). Chaque année, le nombre de cas augmente de 13% (IARC Globocan 2012). Simplement exprimé, il s’agit des cancers les plus en hausse au niveau mondial.
En Belgique, le mélanome – la forme la plus agressive de cancer de la peau – réclame environ 400 vies chaque année. C’est une forme de cancer qui touche principalement une population relativement jeune. Il a donc un impact important sur les coûts indirects (incapacité de travail, morbidité et mortalité). Les cancers non-mélanomes ne tuent presque pas, mais les soins associés ont un coût médical direct très élevé (traitement, consultations, hospitalisation), et un coût indirect élevé (incapacité de travail, morbidité, mortalité).
Résultats de l’étude
Le coût annuel du cancer de la peau pour la société s’élève actuellement à 114 millions d’euros. Si les tendances actuelles se poursuivent, le nombre de cancers de la peau triplera d’ici 20 ans. Le coût projeté du cancer de la peau sur un total de 20 ans a été estimé à 5,9 milliards d’euros dans l’étude du Prof. Lieven Annemans. La prévention primaire (éviter l’exposition aux rayons UV) peut sauver 1100 vies (si les mesures de prévention s’avèrent efficaces après dix ans) et économiser 300 000 000 euros, tandis que la détection précoce des cancers existants peut sauver 1 250 vies.
Le dépistage induit des frais de traitement et revient plus cher que de ne pas dépister. Mais le rapport cout-efficacité est positif. Le résultat est meilleur chez la femme en raison d’une plus grande incidence du mélanome. Ces résultats provisoires doivent être creusés, et les modalités optimales de la prévention et du dépistage doivent être étudiées.