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Le rapport sur la santé dans le monde 2002

Le 30 Déc 20

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En collaboration avec des experts du monde entier, l’Organisation mondiale de la santé a recueilli et analysé des données servant à guider les responsables de la santé dans le monde dans les années à venir.
Le Rapport sur la santé dans le monde 2002 décrit la charge de morbidité, d’incapacité et de mortalité attribuable, dans le monde d’aujourd’hui, à quelques-uns des risques les plus importants pour la santé humaine et il calcule la part de cette charge qu’il serait possible d’éviter au cours des deux prochaines décennies si ces mêmes facteurs de risque commençaient à être atténués dès à présent.
L’objectif est d’aider les gouvernements à allonger l’espérance de vie en bonne santé de leur population.
Le rapport retient la définition du risque suivante: ‘probabilité d’une issue sanitaire défavorable, ou facteur qui augmente cette probabilité’. Ces facteurs sont nombreux et le rapport n’inclut pas quelques facteurs de risque importants associés aux maladies infectieuses, comme les virus, les bactéries et la résistance aux antibiotiques.
Dix facteurs de risque ont été choisis sur la base du nombre total de décès et de la charge de morbidité qui leur sont imputables aux niveaux régional et mondial: la sous-alimentation, les pratiques sexuelles dangereuses, l’hypertension artérielle, le tabagisme, l’alcoolisme, l’utilisation d’eau non potable et le défaut d’assainissement et d’hygiène, la carence en fer, la pollution des habitations par des combustibles solides (responsable d’infections des voies respiratoires inférieures et de bronchopneumopathies chroniques obstructives), l’hypercholestérolémie et l’obésité. Globalement, ils sont responsables de plus d’un tiers des décès dans le monde.
Les constatations du rapport mettent en évidence le fossé qui sépare les nantis des déshérités en montrant la part de la charge mondiale de morbidité due à la sous-alimentation des pauvres et à la suralimentation des riches, où qu’ils vivent.
Le rapport tire la sonnette d’alarme en montrant que c’est dès maintenant que les pays doivent adopter une politique de maîtrise des risques. Selon les auteurs, des facteurs tels que les pratiques sexuelles dangereuses et le tabagisme pourraient sensiblement accroître la mortalité à l’échelle mondiale au cours de ces prochaines décennies et, dans certains pays, retrancher jusqu’à 20 ans d’espérance de vie.
Globalement, le rapport propose de s’attaquer en priorité aux facteurs de risque connus, fréquents, importants et répandus contre lesquels on dispose de stratégies acceptables et efficaces. Par exemple, les auteurs sont d’avis qu’une augmentation substantielle des taxes sur le tabac pourrait avoir une influence bénéfique non négligeable sur la santé pour un très faible coût.
Des mesures adoptées par les pouvoirs publics, en partenariat avec de nombreux acteurs, pour réduire la teneur en sel des aliments industriels permettraient aussi d’obtenir des avantages sanitaires substantiels dans tous les contextes. Le rapport propose d’en faire l’une des composantes d’une stratégie générale de lutte contre les risques de maladie cardio-vasculaire.
D’une façon générale, le rapport demande aux gouvernements de se convaincre qu’il vaut mieux cesser de mettre l’accent sur une minorité d’individus à haut risque pour se consacrer davantage à une prévention pouvant être appliquée à l’ensemble de la population. Pour tout renseignement: Rapport sur la santé dans le monde, Organisation mondiale de la santé, 1211 Genève 27, Suisse. Fax: (41 22)791 4870. Adresse courriel pour les commandes: bookorders@who.int. Site internet: https://www.who.int/whr/fr/

La dépression

Le 30 Déc 20

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Après le Rapport sur la maladie ischémique du cœur (1), le Centre de recherche opérationnelle en santé publique a produit un nouveau rapport qui propose un ‘état des connaissances et données disponibles pour le développement d’une politique de santé en Belgique’ à propos de la dépression.
Il est assurément pertinent de disposer d’informations fiables sur cette affection extrêmement médiatisée, et dont l’incidence semble en forte augmentation depuis quelques années dans les pays développés.
Les auteurs abordent le sujet sous 10 aspects: définitions, classifications et diagnostic; mécanismes physiopathologiques; facteurs de risque; évolution; comorbidité; conséquences; données épidémiologiques; traitements; aspects économiques; prévention.
Dans leurs conclusions, les auteurs rappellent que ‘la prévention primaire qui permettrait d’éviter la survenue de dépression s’inscrit plutôt dans une attitude de promotion de la santé mentale et d’amélioration de la qualité de vie. Ces notions sont souvent évoquées en Belgique et se traduisent la plupart du temps par des actions ponctuelles, alors qu’elles devraient s’inscrire dans la continuité’. Kristina BAYINGANA, Jean TAFFOREAU, La dépression, état des connaissances et données disponibles pour le développement d’une politique de santé en Belgique, ISSP-Service d’épidémiologie, Centre de recherche opérationnelle en santé publique, 2002, 106 pages. Sur le même sujet, on lira avec curiosité un ouvrage assez corrosif de Philippe Pignarre , ‘Comment la dépression est devenue une maladie’, dans lequel l’auteur n’hésite pas à désigner ceux à qui profite en premier l’extraordinaire progression du nombre de personnes souffrant de dépression: les firmes pharmaceutiques, qui n’ont pas leur pareil pour mettre le nom de dépression sur le mal-être bien réel de millions de personnes et se créer ainsi une clientèle aussi vaste que fidèle. ‘Elle (l’industrie du médicament) a mobilisé d’énormes moyens financiers alors qu’aucun test biologique ne permet de diagnostiquer la dépression: les industriels du médicament testent au hasard les substances et élargissent les définitions des différentes formes de dépression (toujours plus nombreuses) chaque fois qu’ils trouvent un médicament ‘efficace’. Chacun se voit désormais offrir la possibilité de traduire sous forme de ‘dépression’ son mal-être: la cause déclenchante – deuil d’un proche, problèmes familiaux, harcèlement moral…- serait secondaire, le problème viendrait des gènes ou de la biologie du cerveau. Et les antidépresseurs sont là pour redonner l’énergie qui semble manquer…’
Stimulant. Philippe PIGNARRE, Comment la dépression est devenue une épidémie, Editions La Découverte, 2001, 160 pages. (1) Voir ‘Mieux prévenir les maladies coronariennes’, Education Santé n° 167, mars 2002.

Récit d’une dépression

Le 30 Déc 20

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Philippe Labro, homme aux facettes multiples, journaliste, écrivain, homme de cinéma, raconte sa dépression dans «Tomber sept fois, se relever huit».
Pour Philippe Labro, le cauchemar a commencé par des nuits interminables passées le corps en sueur, par la sensation d’un hématome sur la cage thoracique. La broyeuse, la bétonneuse qui sépare volonté et désir , le boa , le crabe , comme il nomme tour à tour la maladie, sont en marche. Il croira d’abord à des problèmes purement physiologiques. Est-ce ignorance, orgueil? Il continue à prendre le chemin du travail. Là, rapidement on l’estime fini. Les soutiens sont rares, mais précieux. Identifiée tardivement, la pathologie sera difficilement apprivoisée à coup d’antidépresseurs.
Malgré le traitement, la situation semble s’aggraver. « Les effets secondaires sur la notice , ce sont les symptômes .», raconte l’auteur. Il faudra oser tâtonner avec le médecin pour trouver le traitement approprié, et y ajouter l’aide de l’amitié et de l’amour: « J’ai été aimé et aidé ; un médicament a parfaitement convenu ; le temps a œuvré ; j’ai fait le reste .» Le reste étant notamment se pencher sur des épisodes de vie, au nombre de sept, qui ont pu à la fois préparer le terrain pour la dépression et préparer le patient à l’affronter.
Si Philippe Labro décortique le parcours vers la dépression situationnelle qu’il a vécue et qui semble due tout à la fois à l’envie et au refus du fauteuil présidentiel de RTL, il reconnaît la « part de mystère dans la maladie ». Il réhabilite les émotions: « À tort ou à raison je crois que nous possédons une dose incalculable de ressorts internes , de mécanismes salvateurs . Il y a au fond de nous dans les couches sédimentaires de notre identité une capacité de volonté , un noyau dur de respect de soi , une notion de dignité qui n’est pas éloignée de l’orgueil , la fierté d’être ce que l’on est . Ces réflexes ne sont pas rationnels et je les assimilerais plutôt à des émotions , mais on peut aussi estimer que les émotions fondent notre conscience et notre âme et interviennent à un moment ou un autre sans que nous ayons décidé d’aller les chercher .» Pour lui, les mécanismes salvateurs, les réflexes de résistance, les pensées positives se sont mises en route autour d’une cuillère de confiture, d’une jupe rouge, d’un parfum capiteux ou d’une intimité violée à l’hôpital.
Philippe Labro a écrit pour partager son expérience avec « ceux qui sont entrés dans la nuit du corps et de l’âme ». Il faut, écrit-il, oser parler des premiers symptômes avec le médecin parce qu’ils lui parleront, oser dire ses réticences, ne pas avoir peur de choquer. Se faire violence, se forcer à manger, à boire, même quand l’appétit et la soif ont disparu. L’épreuve ne fut pas vaine. Elle a apporté modestie, distance. Il faudra les cultiver, pour « ne pas oublier les moments de vérité , les révélations de qui est vraiment qui , qui vaut vraiment quoi .» Aujourd’hui, parfaitement guéri, Philippe Labro est sûr de ne « plus permettre cette chose » parce qu’aujourd’hui, les premiers symptômes, il les reconnaîtrait…
VJ
Philippe Labro, Tomber sept fois, se relever huit, Albin Michel, 320 pages, 2003.

La promotion de la santé à l’école

Le 30 Déc 20

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Le décret du 20 décembre 2001 relatif à la promotion de la santé à l’école réformait l’Inspection médicale scolaire et créait les services de promotion de la santé à l’école (services PSE).
Sa mise en application a débuté en septembre 2002, par un long processus d’information et de formation des équipes.
La Ministre de la santé de la Communauté française de la précédente législature, Nicole Maréchal, a confié à Anne-Marie Pirard la mission de réaliser un ouvrage expliquant le décret, d’où il vient, sur quelles expériences et ressources il s’appuie… Cet ouvrage a pour objectif de guider les enseignants et les directions dans la conception et la mise en oeuvre de leur projet de promotion de la santé (notamment en retraçant les grandes lignes de la Charte d’Ottawa, le texte de référence des acteurs en promotion de la santé).
Dans un premier temps, l’ouvrage fait le point sur les notions de santé, d’éducation pour la santé et de promotion de la santé, ainsi que sur les rapports qui ont depuis longtemps lié l’école et la santé.
Il souligne ensuite que le décret de 2001 s’inscrit dans la ligne du décret Missions de l’inspection médicale scolaire de 1997.
Et il raccroche le décret aux multiples expériences du Réseau des écoles en santé qui aida, durant les années 90, une série d’écoles situées en Communauté française et en Communauté germanophone à implanter des projets santé. Ce chapitre est truffé de nombreux témoignages d’enseignants et de directeurs qui nous font part de leur enthousiasme, de leurs réussites, de leurs difficultés aussi.
Enfin, l’ouvrage en vient à l’essentiel: il détaille les différentes étapes pour implanter un projet-santé et renseigne les ressources (équipes et bibliographies) sur lesquelles les acteurs de l’école pourront s’appuyer.
Cet outil a déjà été largement diffusé auprès des équipes PSE et des écoles. Il intéressera toute personne impliquée dans la promotion de la santé des jeunes.
MVA
PIRARD A.M., Promotion de la santé à l’école, Ministère de la Communauté française, Ed. Labor, 2003, (Labor Education), 96p.

Les droits des patients

Le 30 Déc 20

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Peut-on m’opérer sans mon consentement? Puis-je consulter un autre médecin? Mon médecin doit-il me donner toute l’information? A qui m’adresser si je ne suis pas satisfait des soins? Puis-je avoir accès à tout mon dossier médical? Des questions légitimes qui, un jour ou l’autre, se posent à nous dans des moments de fragilité et de souffrance. Depuis le 6 octobre 2002, une loi précise les droits des patients et la manière de les exercer. Connaître ses droits reste le meilleur moyen d’améliorer la qualité des relations avec le corps médical et de réagir adéquatement le jour où…
Jusqu’en octobre 2002, contrairement au Danemark, à la Finlande, à la Grèce et aux Pays-Bas, notre pays ne disposait pas de loi relative aux droits du patient. Avant cette loi, le patient avait des droits mais ceux-ci connaissaient des lacunes et de plus, ils n’étaient pas toujours clairs ou suffisamment connus. Par conséquent, ils étaient difficiles à exercer.
L’objectif de cette nouvelle loi est d’améliorer la qualité des prestations de soins de santé et la qualité des relations avec le professionnel. Elle rassemble les droits individuels essentiels du patient et évite autant que possible les exceptions.
Bien que se rapprochant des règles déontologiques existantes, la loi apporte quelques nouveautés (la représentation des adultes devenus incapables) ou des précisions (le droit des professionnels de refuser de communiquer des informations déterminées au patient ou à une compagnie d’assurance).
Concernant les devoirs des patients, la loi mentionne qu’il doit collaborer avec le professionnel, par exemple en communiquant l’information nécessaire ou en suivant les recommandations.
Pour garantir l’application des droits du patient dans la pratique, un service de médiation a été créé pour intervenir entre le patient et les professionnels en cas de besoin.
Pour évaluer l’application de la loi et conseiller l’autorité en matière de droits et devoirs des patients et des professionnels, une Commission fédérale ‘Droit du patient’ a été créée au sein du Ministère fédéral des affaires sociales, de la santé publique et de l’environnement. Elle est constituée de représentants de patients, de mutuelles, de professionnels des soins et d’hôpitaux. Dans cette commission, un service a été créé pour servir de médiateur en matière de plaintes relatives aux droits des patients.

Quels sont ces droits?

Le droit à la prestation de services de qualité
Le patient a droit à des soins de qualité tenant compte des connaissances médicales actuelles et des moyens disponibles.
Il a droit au respect de sa dignité humaine et de son autonomie. Aucune distinction de classe sociale, de nationalité, de situation financière ne peut être faite. Si un professionnel refuse de soigner un patient, il doit l’orienter vers un autre professionnel.
Le droit au libre choix du professionnel
Le droit de choisir librement la personne qui soigne, y compris si le médecin oriente vers un autre médecin ou spécialiste.
Le droit de prendre contact avec différents professionnels et de demander un deuxième avis.
Le droit de changer de prestataire.
Le droit à la protection de la vie privée
L’information concernant la santé du patient ne peut pas être communiquée à des tiers sauf exceptions prévues par la loi.
Sauf avec l’accord du patient, seules les personnes nécessaires sont autorisées à être présentes lors des soins, examens ou traitements…
Le droit à l’information
Le professionnel doit informer, en temps utile, dans un langage compréhensible. Le patient peut demander à confirmer ces informations par écrit. Ce droit concerne les informations relatives à la santé du patient (diagnostic, évolution probable, recommandations, traitement…) et concerne aussi une intervention possible (but, urgence, durée, effets secondaires, risques, coût financier, alternatives éventuelles.). Pour mieux comprendre ce que dit le médecin, le patient peut être assisté par une personne de confiance (ami, professionnel ou non). Cette personne ne doit pas nécessairement être le mandataire.
S’il le souhaite, le patient a le droit de ne pas recevoir d’information excepté si son refus peut sérieusement nuire à sa santé ou à celle d’autres personnes (ex.: maladie contagieuse).
De manière exceptionnelle et temporaire, le professionnel peut décider de ne pas donner une information qui représente un danger grave pour la santé du patient.
Dans ce cas, il doit:
– consulter un autre professionnel;
– motiver sa décision dans le dossier du patient;
– informer la personne de confiance éventuellement désignée par le patient.
Le droit au consentement
Sans le consentement du patient, aucune intervention ne peut être commencée ou continuée.
Comment le patient donne-t-il son consentement?
Le consentement doit être donné, après avoir été suffisamment informé, verbalement et sans ambiguïté, mais il peut être consigné par écrit dans le dossier médical. Le patient peut donner son consentement sous certaines conditions (ex.: arrêt d’un traitement de chimiothérapie en cas d’échec).
En cas d’urgence, les volontés du patient sont tenues en compte en priorité. S’il est impossible de connaître ses volontés, de demander ou d’attendre le consentement du patient ou de son mandataire, le médecin doit commencer tous les traitements nécessaires.
Les obligations liées à l’information et au consentement devront être respectées dès que possible.
Le droit concernant son dossier
Le patient a droit à un ‘dossier patient’ tenu à jour et conservé en lieu sûr. Il peut exister plusieurs dossiers sur le patient à différents endroits (chez le médecin généraliste, à l’hôpital, chez le kiné…).
Le patient a le droit de le consulter directement. Il peut également désigner une personne pour le consulter avec lui ou à sa place (personne de confiance, professionnel ou non). Il peut en demander copie partielle ou totale au prix coûtant. Sa demande doit être satisfaite dans un délai de 15 jours.
Ce droit de consultation n’est pas absolu. D’une part, le patient ne peut pas consulter les données qui concernent une autre personne, ni les notes personnelles du professionnel; d’autre part, le professionnel peut refuser l’accès à certaines données qui pourraient représenter un danger grave pour la santé du patient. Dans ce cas, seul un professionnel désigné par le patient peut consulter le dossier.
Certains documents peuvent ou doivent être inclus dans le dossier, comme la désignation du mandataire du patient, l’identité d’une personne de confiance, la demande du patient de ne pas être informé, l’autorisation ou le refus d’un traitement, d’autres attentes éventuelles…
En cas de décès, le conjoint ou les parents jusqu’au 2e degré (enfants, petits-enfants, soeurs et frères, parents et grands-parents) ont le droit de désigner un professionnel pour consulter le dossier. Ils doivent pouvoir invoquer un intérêt spécifique et le patient décédé ne doit pas s’y être opposé.
Le droit de médiation
Si le patient est insatisfait, en désaccord ou en conflit avec un professionnel de soins, il peut s’adresser à un service de médiation.
La loi prévoit:
– un service de médiation pour chaque hôpital. Ce service traite les plaintes qui concernent les professionnels de son établissement;
– des services spécifiques de médiation pour d’autres groupes de professionnels travaillant en dehors de l’hôpital;
– un service de médiation fédéral. Il traite l’ensemble des demandes et des plaintes pour lesquelles il n’existe pas de services spécifiques.
Tout sera mis en œuvre pour trouver une solution positive au problème, nous promet-on.
Si la médiation échoue, ce service renseigne sur les autres possibilités de recours. Le patient conserve le droit d’introduire une plainte en justice. La médiation peut cependant éviter un parcours long, pénible et coûteux en justice

Comment exercer ces droits?

En principe, les droits des patients mineurs sont exercés par leurs parents (père, mère) ou leurs tuteurs. Le professionnel doit toutefois évaluer, au cas par cas, en tenant compte de l’âge et de la maturité du patient mineur, dans quelle mesure il est suffisamment capable pour juger lui-même de ses intérêts. En fonction de cela, le mineur peut décider en totalité ou en partie sur ses droits en matière de santé sans intervention de ses parents ou de son tuteur.
Les personnes majeures peuvent exercer elles-mêmes leurs droits de patient. Il peut arriver qu’elles en soient incapables (coma, démence, anesthésie…). Par précaution, elles peuvent désigner une personne, un mandataire, chargé d’exercer leurs droits dans des circonstances particulières.
Comment faire?
– choisir une personne majeure de confiance pour exercer leurs droits en leur nom;
– rédiger un document avec le nom du mandataire et la date. Ce document doit être signé par le mandataire et celui qui le mandate;
– préciser dans ce document ce que la personne attend du mandataire;
– donner une copie du document au médecin traitant et au mandataire.
Par la même procédure, il est toujours possible de révoquer le mandataire.
S’il n’y a pas de mandataire désigné:
Si la personne n’est plus capable d’exercer elle-même ses droits, ils seront exercés par un représentant. Ce sera dans l’ordre: l’époux ou le partenaire cohabitant, un enfant majeur, un des deux parents, une sœur ou un frère majeur.
S’il n’y a pas de représentant ou si aucun accord ne peut être trouvé, c’est le professionnel de santé qui décide pour le patient. Dans ce cas, il va consulter d’autres professionnels.
Le professionnel doit suivre la décision du mandataire ou du représentant, sauf si la santé du patient est menacée (par exemple: refus d’une transfusion) et s’il n’est pas clair qu’il s’agisse de la décision du patient. Dans ce cas, le professionnel doit refuser cette décision.

Pour qui la loi est-elle d’application?

Un patient est toute personne qui reçoit des soins de santé, sous quelque forme que ce soit, à sa demande ou non. La loi est dès lors d’application lorsque les soins sont dispensés:
– à la demande d’un représentant (ex.: parents d’un mineur d’âge);
– à la demande d’une tierce personne (ex.: un employeur dans le cadre du contrôle d’une incapacité de travail);
– sans demande dans un cas d’urgence.
La loi doit être appliquée par tous les professionnels de soins : médecins, dentistes, pharmaciens, sages-femmes, kinésithérapeutes, praticiens de l’art infirmier, paramédicaux…
Dans le futur, elle sera également d’application pour les psychothérapeutes, sexologues, psychologues cliniciens et orthopédagogues, et les professionnels enregistrés de pratique non-conventionnelle.

En résumé, cette loi:
– favorise des relations plus transparentes;
– fixe clairement les droits de chacun;
– offre un moyen de faire connaître les attentes des patients;
– offre une possibilité de médiation en cas d’insatisfaction et de plainte.
Sylvie Bourguignon
Vous pouvez retrouver ces informations dans le dépliant ‘Vos droits de patient’ et dans ‘La loi relative aux droits du patient. Partenaires pour une plus grande qualité des soins de santé’, une brochure de 36 pages pour les professionnels qui parcourt de manière détaillée les champs d’application de la loi, les différents types de droit concernés et le texte paru au Moniteur belge.
Contact: Service public fédéral de la Santé publique, de la Sécurité de la chaîne alimentaire et de l’Environnement, Quartier Vésale V502, 1010 Bruxelles. Site: https://www.health.fgov.be/vesalius .

La brochure ‘Les droits du patient’ éditée par les Mutualités Socialistes décrit de manière précise et synthétique la nouvelle réglementation et met en évidence sa vocation à stimuler le dialogue et la coopération. Le contenu et l’organisation des 7 droits fondamentaux de la loi sont détaillés. Au chapitre des modalités d’exercice de ces droits, on examine les situations particulières d’incapacités, les possibilités de représentation du patient par un tiers, les prescrits en matière de responsabilité de l’institution hospitalière, les limites nouvelles mises à la gestion de l’information médicale par les compagnies d’assurance (volet qui peut concerner de près les médecins traitants sollicités pour produire des certificats médicaux…).
Cette brochure gratuite est disponible sur simple demande à l’Union nationale des mutualités socialistes, Département Communication, rue Saint-Jean 32-38, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-515 05 59. Fax: 02-512 62 74.
Vous pouvez également la commander ou la télécharger sur le site: https://www.mutsoc.be à la rubrique ‘Publications’
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Arrêter de fumer

Le 30 Déc 20

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La Mutualité socialiste vient d’éditer un nouveau Guide Solidarité Santé , intitulé prudemment ‘Se préparer à arrêter’, à l’intention des fumeurs insatisfaits.
Pas question ici de faire la leçon aux fumeurs, mais d’offrir un grand nombre d’informations, sur près de 70 pages, à ceux d’entre eux qui envisagent d’essayer d’arrêter de fumer, ce qui n’est jamais simple.
Le document aborde les obstacles (dépendance à la nicotine, peur d’échouer, de prendre du poids…), la préparation (en 5 étapes: faire le point, renforcer la confiance en soi, imaginer le futur sans tabac, relaxation et respiration, modification progressive des habitudes avant le sevrage), l’arrêt proprement dit, et la gestion de l’envie de fumer après l’arrêt.
La brochure s’attarde aussi sur les aides extérieures, qui ne dispensent pas le candidat non-fumeur de se prendre en charge lui-même: médecin généraliste, centres d’aide aux fumeurs, traitements médicamenteux, médecines parallèles, relaxation, aide psychologiques, groupes de soutien…
A noter aussi que cette publication fait largement appel aux témoignages d’anciens fumeurs.
Se préparer à arrêter, brochure disponible au Département Communication de l’UNMS, rue St-Jean 32-38, 1000 Bruxelles. Tél.: 02-515 05 59. Fax: 02-512 62 74. Vous pouvez aussi commander ou télécharger le document sur le site [L=https://www.mutsoc.be]www.mutsoc.be[/L], à la rubrique ‘Publications’.

Incinération des déchets à domicile

Le 30 Déc 20

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L’incinération des déchets par les particuliers pose un réel problème d’environnement et de santé publique. Réalisée, en toute illégalité, au fond des jardins, cette incinération pollue l’air et le sol et présente des risques pour la santé: libération de dioxines et de furanes réputées cancérigènes, fumées toxiques qui irritent les voies respiratoires, etc.
Malheureusement, cette pratique est encore courante en Wallonie. C’est pour sensibiliser le grand public aux risques qu’il encoure qu’Inter-environnement Wallonie publie un dépliant disponible via les acteurs de santé de proximité: pharmaciens, pneumologues et dermatologues. Ce dépliant se veut aussi didactique puisqu’il présente des solutions concrètes pour diminuer le volume des déchets ménagers et des adresses de référence pour mieux se documenter.
Cette action a bénéficié du soutien du Ministre des Affaires sociales et de la santé de la Région Wallonne.
Si vous souhaitez disposer de ce dépliant, contactez Inter-environnement Wallonie au 081-255 280 ou par courriel iew@iewonline.be
Plus d’infos: Véronique Bouttin, chargée de mission Santé-Environnement. Tél.: 081-255 294 ou v.bouttin@iewonline.be

La politique pénale belge en matière de drogues

Le 30 Déc 20

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En 1999, le Gouvernement ‘arc-en-ciel’ avait annoncé son intention d’approcher la problématique de la drogue sous l’angle éthique, amorçant peut-être un tournant dans l’histoire belge des drogues. Cependant le compromis entre la composante favorable à une forme plus ou moins poussée de dépénalisation de l’usage du cannabis (les socialistes, les écologistes et dans une moindre mesure les libéraux francophones) et la composante libérale flamande soucieuse de maintenir l’interdit de l’usage de toutes les drogues, fut difficile.
Les deux lois élaborées en la matière furent promulguées à l’extrême fin de la législature, respectivement le 4 avril et le 3 mai 2003.
Dans ce Courrier hebdomadaire du CRISP, Christine Guillain (1) analyse d’abord la situation avant la réforme intervenue en 2003. L’application des lois de 1921 et de 1975 avait connu une évolution à travers des directives ministérielles. En 1998, à la suite des conclusions d’un groupe de travail parlementaire chargé d’étudier la problématique, la directive De Clerck (du nom du ministre de la Justice de l’époque) enjoignait aux parquets ‘d’accorder la plus faible des priorités’ aux usagers simples de cannabis sans pour autant modifier la loi sur les stupéfiants.
L’auteur se penche ensuite sur le processus par lequel le gouvernement ‘arc-en-ciel’ a tenté, mais sans y parvenir, de sortir de l’insécurité juridique créée par la directive De Clerck. Vu l’absence d’accord gouvernemental sur une proposition du ministre de la Justice Marc Verwilghen dans le cadre de son Plan fédéral de sécurité et de politique pénitentiaire , une Note politique du gouvernement fédéral en matière de drogue fut élaborée par un groupe de travail dirigé par la ministre de la Santé Magda Alvoet (1) . Les réactions à cette note, au Parlement lors de sa discussion à la Chambre et dans le monde associatif, pointèrent les ambiguïtés des mesures envisagées, que ne levèrent ni la traduction du contenu de cette note en projets de loi, ni les débats parlementaires, ni l’adoption d’un arrêté royal d’application et d’une directive ministérielle.
GUILLAIN C., La politique pénale du gouvernement arc-en-ciel en matière de drogues, Courrier hebdomadaire du CRISP, 2003, n°1796.
Ce document est disponible au prix de 6,90 € auprès du CRISP, place Quetelet 1A, 1210 Bruxelles. Tél.: 02-211 01 80. Il peut également être commandé sur le site www.crisp.be
(1)Christine Guillain est assistante aux Facultés universitaires Saint-Louis et à l’Université libre de Bruxelles.
(2) Voir à ce propos: DE BOCK C., GEERTS P., BASTIN P., Cannabis, fin de l’hypocrisie?, in Education Santé n°160, juin 2001, pp 1-5. Cet article peut être imprimé sur le site www.educationsante.be

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Peur et prévention

Le 30 Déc 20

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L’asbl Question Santé vient d’éditer une brochure reprenant les textes des interventions de la journée de réflexion qu’elle a organisée le 10 décembre 2002 sur ce sujet controversé (1) . On y lira ou redécouvrira avec plaisir les textes de:
Marie-Sylvie Dupont-Bouchat , Faire peur et avoir peur, attitudes et comportements face à la maladie et à la mort, du Moyen âge à nos jours;
Patrick Trefois , L’usage de la peur, une approche légitime en promotion de la santé?
Jean-Jacques Jespers , Santé: les médias dans le vortex;
Jean-Michel Besnier , La peur en question.
Le livret est complété par une contribution originale d’ Alain Cherbonnier ( Question Santé ), intitulée ‘Peur, culture et prévention’.
Ce document de qualité comprend aussi 9 reproductions en couleur d’affiches tirées de l’exposition ‘Images de la santé’ ( Question Santé ). Il a été réalisé avec le soutien de la Commission communautaire française de la Région de Bruxelles-Capitale.

Ne serait-ce pas plutôt la peur de la mort, dont on nous parle si peu, qui nous hante? L’immortalité sur terre n’est-elle pas devenue le rêve des sociétés modernes? A l’échelle individuelle, chacun a tendance à se vivre comme immortel, et, selon son angoisse ou son indifférence, il se soucie plus ou moins de se prémunir contre ce qui pourrait augmenter le risque de la maladie, non seulement pour prolonger sa vie, mais surtout pour préserver sa qualité de vie. (…)
Paradoxe des sociétés nanties où l’individu s’était accoutumé à bénéficier, récemment il ne faut pas l’oublier, de l’assistance de l’Etat Providence, aujourd’hui en voie de disparition. Brève parenthèse dans l’histoire de l’humanité, et assez strictement localisée dans l’hémisphère nord, cette émergence de l’Etat Providence a pu conjuguer intérêt individuel et politiques publiques de santé pour fournir aux populations les plus favorisées une amélioration de leurs conditions d’existence.
(extrait du texte de Marie-Sylvie Dupont-Bouchat)

Bruxelles Santé numéro spécial 2003, Peur et prévention, 52 pages, disponible gratuitement à Question Santé, rue du viaduc 72, 1050 Bruxelles. Tél.: 02 – 512 41 74. Fax: 02 – 512 54 36. Courriel: question.sante@skynet.be. Site: [L=https://www.questionsante.org]www.questionsante.org[/L].
(1) ‘La peur est-elle conseillère?’, C. De Bock, Education Santé n°177, mars 2003, p. 7 et 8.

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Médicaments génériques

Le 30 Déc 20

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Plusieurs fois par an, les mutualités proposent à leurs affiliés une liste mise à jour des médicaments génériques disponibles en Belgique.
Depuis l’introduction en juin 2001 du remboursement de référence , l’intérêt pour le recours à ces médicaments est plus net qu’auparavant: en effet, à défaut de ‘substitution’, la partie du coût des traitements à charge du malade augmente fortement.
Autre élément: la majeure partie des spécialités présentes sur le marché sont disponibles sous forme générique ou pourraient l’être. Autrement dit, les alternatives moins chères sont de plus en plus nombreuses.
Bref, aujourd’hui plus que par le passé, une information précise et régulièrement mise à jour des professionnels et du public a tout son sens.
Vous trouverez ces données sur plusieurs sites (mutualités, Test-Achats…).
Les mutualités chrétiennes et socialistes viennent aussi (chacune de son côté) d’éditer la nouvelle version de leur brochure complète sur la question.
Les médicaments génériques (2e édition 2003), 48 pages au format 15 x 21cm, Infor Santé ANMC, chée de Haecht 579/40, 1031Bruxelles. Joindre 2 timbres à 49 centimes pour les frais d’envoi.
Médicaments moins chers, guide pratique, 106 pages au format 15 x 10 cm, Département communication UNMS, rue St-Jean 32-28, 1000 Bruxelles.

Les pharmaciens à leur tour

Le travail d’information en faveur des médicaments génériques a maintenant un renfort de poids, ce qui est heureux pour un dossier sur lequel les mutualités ont été bien seules pendant de longues années, et pour des médicaments qui continuent à être l’objet d’une campagne de dénigrement dans la presse professionnelle (un peu moins fort qu’avant toutefois depuis que les producteurs de génériques ont les moyens d’y insérer des publicités…).
Les pharmaciens belges – tant les indépendants (Association Pharmaceutique Belge) que les pharmacies coopératives (OPHACO) – ont lancé le 1er juin une campagne d’information sur les médicaments à moindre coût. Par le biais de cette campagne, ils souhaitent bien sûr informer les patients qu’il existe, pour de nombreux traitements, des alternatives nettement moins chères. Parallèlement, les pharmaciens ont le souci de collaborer avec les médecins afin de parvenir, par le biais de la concertation locale, à une sélection maîtrisable des médicaments.

La demande de médicaments à moindre coût


Les médicaments génériques sont encore loin d’être bien implantés en Belgique. Nombreuses sont les personnes à ne pas très bien savoir ce qu’elles doivent en penser: ces médicaments leur sont-ils destinés? Sont-ils fiables? Pourquoi sont-ils parfois nettement moins chers? Pour répondre aux interrogations et aux craintes éventuelles du grand public, un dépliant a été réalisé. Une affiche, porteuse d’un double message (‘ Parlez -en à votre pharmacien’ – ‘ Demandez conseil à votre médecin’ ) a également été conçue afin d’attirer l’attention du public sur la campagne.
De leur côté, les médecins sont, eux aussi, régulièrement confrontés à des demandes de médicaments moins chers. Une enquête menée récemment par les Mutualités chrétiennes a notamment révélé que 75% de leurs membres estiment que le médecin doit prescrire le médicament le moins cher. La campagne veut également apporter une réponse à cette demande bien réelle.
Mais si le prix est important, il n’est pas non plus une panacée. Le choix le moins cher n’est pas nécessairement le meilleur. Les pharmaciens insistent donc aussi sur la liberté de choix thérapeutique du médecin. Par le biais d’une concertation locale entre médecins et pharmaciens, le but est de parvenir à une sélection de médicaments offrant un rapport qualité-prix optimal. Une telle liste donne au médecin un fil conducteur qui lui permettra par la suite de faire – en fonction aussi de ses propres connaissances – un choix judicieux.

Une sélection claire et gérable


L’augmentation exponentielle du nombre de médicaments (génériques) engendre des problèmes tant pour les médecins que pour les pharmaciens. De nombreux médecins ne s’y retrouvent plus. Bien entendu, face à un marché aussi nerveux, on ne peut pas s’attendre à ce qu’ils retiennent avec précision les médicaments qui, pour telle ou telle maladie, offrent le meilleur rapport qualité/prix.
L’abondance de l’offre pose également problème aux pharmaciens, et ce essentiellement au niveau de la gestion des stocks et de la disponibilité des médicaments. Stocker tous les médicaments existants et toutes les variantes génériques est devenu financièrement intenable. Conséquence: certains médicaments prescrits par le médecin ne sont parfois pas disponibles immédiatement.
Pour sortir de cette impasse, les médecins et les pharmaciens peuvent conclure – au niveau local – des accords visant à limiter l’offre à des quantités gérables. Il va de soi qu’une telle sélection ne peut pas s’opérer sur base du prix uniquement. La santé du patient et la fidélité au traitement passent avant tout. Une sélection ne peut se faire que sur base de critères objectifs: composition, forme, couleur, notice… L’A.P.B. a réuni toutes ces données afin de constituer un dossier scientifique, sur base duquel la concertation avec les médecins peut se faire.
APB, rue Archimède 11, 1000 Bruxelles. Dépliant disponible en pharmacie.

Le suicide en Belgique: des préjugés et un manque de prévention et de suivi

Le 30 Déc 20

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Test-Achats vient de publier dans Test Santé les résultats d’une enquête sur le suicide. Il en ressort notamment que l’idée que l’on se fait du phénomène est souvent différente de la réalité. Beaucoup trop de préjugés circulent sur le sujet, alors qu’une conception correcte est importante en vue de la prévention. Par ailleurs, l’enquête démontre que la prévention et le suivi après une tentative de suicide sont nettement insuffisants.

Le suicide dans notre pays: un phénomène sous-estimé?

En Belgique, on compte chaque année plus de morts par suicide que de victimes de la route. Il va de soi qu’un tel drame touche automatiquement une série d’autres personnes, la famille ou des amis. Les chiffres sont en constante augmentation à tel point que le suicide est la première cause de mortalité chez les hommes de 25 à 45 ans et la deuxième chez les jeunes de 15 à 25 ans.
Test Santé a voulu évaluer la perception du phénomène et a voulu savoir dans quelle mesure les personnes interrogées pensaient elles-mêmes au suicide, si elles avaient déjà attenté à leurs jours et à qui elles s’étaient éventuellement adressées afin de surmonter cette crise. L’enquête a été menée dans 4 pays: la Belgique, l’Italie, le Portugal et l’Espagne. Au total, 13.356 personnes ont participé à l’enquête, dont 2.034 Belges.

Idées suicidaires et tentatives

19 % des Belges ont déclaré avoir pensé au suicide au cours de l’année écoulée, souvent même plusieurs fois. Bien sûr, ces idées suicidaires n’aboutissent pas toujours à une tentative de suicide. Dans 42 % des cas, les personnes qui pensaient souvent au suicide n’en ont pas parlé autour d’elles. Aborder le sujet reste manifestement très difficile. Il est clair que le suicide n’a pas encore perdu son statut de sujet tabou. Seules 20 % des personnes interrogées se trouvant dans la situation ont fait appel à un soutien professionnel, la plupart du temps un psychologue, un psychiatre et/ou un médecin généraliste.

Suivi insuffisant

10% des Belges interrogés ont déjà fait au moins une tentative de suicide. Parmi celles-ci, 32 déclarent ne pas avoir fait appel à un professionnel de la santé après leur tentative. C’est inquiétant ! Celui qui essaie de se donner la mort devrait au moins suivre par après un traitement psychologique court et intensif, en vue de désamorcer la situation de crise aiguë. Moins d’un quart des personnes ayant voulu mourir ont suivi ensuite une psychothérapie. On ne prescrit donc pas plus souvent la psychothérapie, en tant que traitement, que la simple intervention physique qu’est le lavage d’estomac (après l’absorption de médicaments). Au bout d’un certain temps, presque 70 des personnes ayant suivi une psychothérapie ont arrêté ce traitement car elles n’avaient plus, d’après elles, d’idées suicidaires. Ce chiffre en soi plaide en faveur de la prévention du suicide.

Trop d’idées fausses

L’enquête révèle également les très nombreuses fausses idées que la population se fait sur le suicide et sur les mécanismes qui peuvent amener une personne à se suicider. Ces idées fausses doivent être combattues car tous, un jour ou l’autre, nous serons amenés à rencontrer une personne qui envisage de mettre fin à ses jours. A titre d’exemple, les idées préconçues erronées suivantes circulent sur le suicide:
Pour 51 % des personnes interrogées, les tentatives de suicide ont principalement pour but d’attirer l’attention . C’est une erreur de considérer une tentative de suicide comme une demande d’attention excessive. Toutes les tentatives de suicide doivent être prises au sérieux. Ces personnes ont besoin d’une oreille attentive et de l’aide d’un professionnel de la santé.
Pour 45 % des personnes interrogées, ceux qui ‘menacent’ de se suicider passent rarement à l’acte . Cette idée ne correspond pas non plus à la réalité. Des études scientifiques ont démontré que sur 10 personnes tentant de se suicider, 8 donnent l’un ou l’autre signal auparavant.
Pour 45 % des personnes interrogées, tout individu qui a eu un jour des idées suicidaires continuera à en avoir toute sa vie . De nombreuses études scientifiques et l’expérience clinique démontrent qu’une bonne partie des personnes qui suivent une psychothérapie après leur tentative de suicide se débarrassent définitivement de leur envie de mourir.

Plus de prévention et de suivi

,

surtout grâce à une aide professionnelle

Avoir un penchant pour les idées suicidaires est un problème complexe, qu’il vaut mieux confier à des personnes qui s’occupent, à titre professionnel, de ces questions. Les amis et la famille ne doivent pas se sentir obligés d’endosser seuls cette lourde responsabilité ni de jouer au sauveur. Les proches d’une personne suicidaire doivent surtout s’efforcer de détecter les signaux d’alerte, d’adopter le bon comportement quand la personne suicidaire exprime son envie de mourir et, probablement le plus important, de faire appel à temps à l’aide de professionnels de la santé.
Test Santé a publié un article plus complet sur la question dans son n° 58 d’octobre/novembre 2003
d’après un communiqué de Test-Achats

L’accompagnement des mourants en roman

Le 30 Déc 20

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Avec «Le Diable est dans les détails», Marc Durin Valois signe son deuxième roman. Il a pour cadre un centre de soins palliatifs et pour sujet la rencontre entre un bénévole et une patiente. Tous deux sont des révoltés. Lui par la société formatée dans laquelle il essaie tant bien que mal de survivre, elle par la maladie dont elle ignore pourtant encore la gravité.
Il opte, se démarquant des soignants officiels, pour encourager jusqu’au bout les malades. Selon lui, annoncer le pronostic et évaluer l’échéance fatale conduit trop souvent à la résignation: «Il ne fallait rien dire à Alexandra. Elle avait encore la force et le besoin de lutter. Elle ne se doutait de rien. Il fallait lui laisser sa fraîcheur, sa pureté.»
De page en page, Marc Durin-Valois défend ce point de vue. Il le fait bien, et a le mérite de poser aussi la question de la motivation dans la démarche d’aider l’autre. Pour sa part, le bénévole du roman identifie «le désir d’apprendre en creux le contour de l’existence en se familiarisant avec son processus de destruction».
V.J. Marc Durin-Valois, Le Diable est dans les détails, Lattès, 2003

Retour sur le programme quinquennal 1998-2003

Le 30 Déc 20

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Nous avons évoqué dans Education Santé le bilan (partiel) qui a pu être fait du premier Programme quinquennal de promotion de la santé instauré par le décret du 14 juillet 1997 (1) .
La Direction générale de la santé propose aujourd’hui un bilan établi sur base d’un travail préparatoire de ses services et des quatre Services communautaires de promotion de la santé, ULg-APES, ULB-Promes, UCL-RESO et Question Santé asbl.
Ce document reprend plusieurs éléments de l’article en les détaillant:
– une analyse de la répartition des budgets (1998-2002);
– une analyse de la répartition des espaces audiovisuels alloués par la Communauté française (1998-2002);
des tableaux récapitulatifs par priorité, assortis de perspectives pour 2003-2008. Par manque de place, un seul de ces tableaux (maladies cardio-vasculaires) avait été publié dans Education Santé . Le lecteur trouvera ici un grand nombre d’informations sur 13 autres priorités.
L’analyse qualitative de la réalisation des priorités, présente dans la revue, n’a pas été retenue ici.
Ce document quelque peu austère a le grand mérite de constituer une trace concrète des avancées observées ces cinq dernières années. L’impression en couleur en facilite la consultation, en particulier des nombreux graphiques.

Renseignements: Sabine Piérard, DG Santé Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles.
Tél.: 02 413 26 34.
Courriel: sabine.pierard@cfwb.be
Le document peut aussi être téléchargé à l’adresse suivante: [L=https://www.cfwb.be/sante/charger/bilanProg5.pdf[/L]

(1) Voir ‘Un bilan du programme quinquennal 1998-2002’ , Education Santé n°184.

Le diabète comme acte de résistance

Le 30 Déc 20

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Un anthropologue québécois, ex-infirmier, s’est penché sur la prévalence du diabète chez les Autochtones. Sa thèse: le diabète s’inscrit dans le processus de leur construction identitaire.
Il propose d’extrapoler ce mécanisme de résistance au «pouvoir médical» à d’autres populations, défavorisées elles aussi.

Près d’un Indien de plus de 40 ans sur deux est diabétique (trois femmes pour un homme alors que la distinction n’existe pas dans la population non-autochtone). On peut craindre une
augmentation de 300 % du taux de diabète chez les Autochtones du Canada d’ici 2016.
Un programme, l’Initiative sur le Diabète, est spécialement destiné aux membres des Premières Nations. Il repose sur trois notions clefs: la surveillance, le contrôle et l’enseignement.
Les résultats se font attendre. Le programme repose sur des présupposés que l’étude de Bernard Roy met à mal. Il s’insurge contre une approche génétique de la question. Ou culturelle. Il réfute le pseudo-manque d’information du public concernant le diabète. Une enquête qu’il a menée révèle la connaissance du diabète comme facteur de risque important. Le taux normal de glycémie est cité dans la plupart des cas.
Les diabétiques non compliants ne feraient pas preuve, selon lui, de comportements irrationnels, comme parfois incriminés, mais bien de résistance aux politiques de gestion des comportements planifiée par les dominants. Dans des milieux victimes de marginalisation et d’exclusion, la présence d’une maladie ne signifie pas toujours la perte de la santé. La santé y est d’abord associée à un état positif caractérisé par le fait d’être bien dans sa famille, dans son groupe.
Le «micro» de la vie dans les réserves devrait ainsi être mis en relation avec le niveau «macro», à savoir un contexte de revendications de décolonisation de la population indienne se considérant comme une nation.

Corps colonialisés

Les Indiens ont été intégrés à l’économie jusque dans les années 60. Ensuite, le chômage commence à croître, et, dans les années 80, le taux de chômage enregistré chez les Innus de Pessamit est 4 fois supérieur à la moyenne québécoise.
L’épidémie de diabète se déclare dans les années 70. On essaie de l’enrayer dans les réserves, en s’appuyant sur un type de structure mise en place pour lutter contre la tuberculose. «La réserve en tant que lieu d’exercice du pouvoir colonial s’est vu doté de dispositifs qui ont permis aux fonctionnaires de s’emparer des détails intimes de la vie quotidienne, de l’expérience du corps et du soi. Les centres de santé sont des systèmes très structurés. Les diabétiques sont suivis de la même manière que les tuberculeux avant eux. Chaque patient est fiché, convoqué à des rendez-vous.»
Parmi les dysfonctionnements pointés par l’auteur: le rendez-vous est pris à l’initiative des soignants. Pas étonnant que les Indiens ne se sentent pas vraiment concernés, eux qui pourtant fréquentent les centres de soins pour d’autres problèmes mais qui jamais au sein de ces autres consultations n’entendent évoquer le diabète! Ils sont réduits, pour leur bien, à des «individus à risque, des cas de diabète» alors que leur aspiration essentielle est de vivre sous le signe du groupe. Du groupe contre l’Autre, dominant, colonisateur.
«Bien que la relation entre le praticien et le bénéficiaire se construise au présent, elle est teintée par une histoire et interprétée à partir des mémoires collectives et individuelles», constate Bernard Roy. Rien ne pourra donc empêcher que le médecin soit perçu comme assumant une autorité politique, et donc appartenant à l’Ennemi.
Les professionnels de la santé, même lorsqu’ils sont issus de la population indienne, n’en gagnent pas pour autant en confiance, laquelle est sans commune mesure avec celle que les Innus déclarent témoigner pour la médecine traditionnelle. La montée du diabète coïncide avec des relations plus tendues que jamais entre Indiens et professionnels de la santé. Les premiers exerçant même parfois ce qui s’apparente à de la tyrannie à l’égard des soignants. «La clinique est l’occasion pour certains acteurs des communautés autochtones d’acquérir du pouvoir sur des acteurs perçus comme des représentants de la société dominante», commente Bernard Roy.

Pouvoir sur le corps

Dans les réserves, s’affirmer dans sa manière de parler, d’être et de faire et ce dans l’espace du «biopouvoir» est primordial. La réserve est lieu de reconnaissance, de construction de l’identité innue et de son affirmation. Une lutte s’y mène, pour le pouvoir sur le corps. Des aliments sont perçus comme d’exclusion ou d’inclusion. Inclusif: l’alcool, ce produit chargé de symbolique sociale. Sa consommation était interdite par le passé. L’Indien déjouant les interdits gagnait en héroïsme. Les légumes relèvent, eux, d’une alimentation de non-Autochtones. Manger est loin d’être une habitude, bonne ou mauvaise. Bernard Roy constate que jusqu’à l’âge de 15-16 ans, il n’est pas rare que les adolescents s’habillent comme les jeunes résidant hors de la réserve, mais qu’il est un moment où ils choisissent le profil de leurs aînés.
Dans cette logique, la population considère presque comme normal de devenir diabétique à l’âge adulte. Banalisé, le diabète est en même temps sur toutes les lèvres. On compare les expériences. La maladie appartient à la communauté. Il arrive que des malades modifiant leurs comportements alimentaires soient en but à des commentaires désobligeants, voire plus: «La surveillance populaire à l’intérieur des réserves est réelle. Elle prend la forme de commérages, de rumeurs, de ragots. Déjà marginalisés par l’extérieur, certains, en changeant, risqueraient de redoubler leur exclusion.»
Et Bernard Roy de conclure: «Tant et aussi longtemps que persisteront l’ostracisme et l’hostilité envers les autochtones, de même que leur non-inclusion dans les principaux champs d’activités sociales, économiques et politique, l’identité univoque demeurera un rempart derrière lequel les acteurs de la société autochtones trouveront réconfort et sécurité, sinon bonheur et santé. »
Les thèses émanant de cette recherche pourront éclairer les réalités qui émergent dans le sillage de la mondialisation de l’économie capitaliste. Ne voit-on pas se développer de nouveaux profils épidémiologiques dans les secteurs des populations les plus appauvris de la planète qui ressemblent étrangement à ceux trouvés dans les populations autochtones?

Maigrir

,

bouger

:

une traîtrise

Bernard Roy fut infirmier dans des Centres de soins fréquentés par les Indiens, plus particulièrement les Innus de la Côte-Nord. Il a vécu l’échec des politiques de prévention et de lutte contre le diabète. Pour comprendre les mécanismes en œuvre chez les soignants et chez les soignés, réticents, il s’est engagé dans des études d’anthropologie.
Sur son terrain de travail, il a recueilli quantité de témoignages. Ils traversent son ouvrage « Sang sucré, pouvoirs codés, médecine amère. »
Jamais ces paroles d’hommes et de femmes ne sont prises en otage du point de vue de l’auteur. Elles vivent leur vie, comme autant de respirations dans l’interprétation d’une situation sanitaire alarmante. Parmi les témoignages, relevons ceux évoquant des femmes diabétiques refusant de se démarquer des repas conviviaux et d’imposer des restrictions alimentaires aux leurs. «Quand mon père a commencé à faire du diabète, ma mère a commencé à faire plus de prévention. C’est peut-être le fait que mon père n’a jamais été malade. Ma mère, elle, elle a souvent été malade, avec son foie, ses accouchements.» Des Indiens racontent aussi le rejet provoqué par des comportements (alimentaire ou d’activité physique) les distinguant du groupe. Pas biens vus du tout quand il s’agit avant toute chose de faire tous ensemble corps contre les Blancs: «Je marche, mais quand la nuit tombe. Parce qu’ils ont dit elle fait un régime pour paraître bien. (…) Je ne pourrais pas dire pourquoi c’est mal de vouloir bien paraître. Il y en a qui disent ça. Si tu fais des affaires non autochtones, c’est parce que tu veux devenir Blanc.»

ROY Bernard, Sang sucré, pouvoirs codés, médecine amère, Québec, Presses de l’Université Laval, 247p., 2002 Véronique Janzyk Paru dans Le Généraliste n° 661, 8 octobre 2003 © Roularta Medica

Quand une mutualité dialogue avec les prestataires

Le 30 Déc 20

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Voici un peu plus de 10 ans, les Mutualités socialistes lançaient la feuille d’information bimestrielle Renouer , dont l’ambition était de favoriser une meilleure compréhension entre un organisme assureur et les professionnels de santé.
Le 22 novembre dernier, l’UNMS organisait une journée d’échanges avec ses lecteurs pour marquer le coup et témoigner concrètement de son souci d’enrichissement mutuel des pratiques par une réflexion commune sur des enjeux de santé publique, réflexion n’excluant nullement la confrontation de points de vue pas nécessairement convergents.
Trois ‘panels’ structuraient les débats:
la question de l’usage adéquat du médicament dans le face à face entre professionnel et patient;
les politiques de renforcement de l’usage adéquat du médicament;
l’amélioration de l’accès à la santé bucco-dentaire.
Ayant été sollicité par Thierry Poucet , rédacteur en chef de Renouer , pour faire partie d’un des trois panels, j’ai pu apprécier le sérieux avec lequel la journée du 22/11 avait été préparée, et la qualité des débats auxquels elle a donné lieu.
Cela m’a donné aussi envie d’en savoir un peu plus sur cette publication. Thierry Poucet a bien voulu éclairer ma lanterne. Education Santé : Pourquoi la Mutualité socialiste a-t-elle choisi voici dix ans d’investir dans un pareil outil d’information du corps médical?
Thierry Poucet : Soulignons tout d’abord – ce n’est pas un cocorico, c’est un simple constat – que l’initiative fut doublement pionnière. D’une part, au sein de l’univers mutualiste en général : seule la Mutualité libre allait un peu plus tard éditer à son tour un périodique pour médecins ( Fax Medica ), mais son destin fut éphémère. D’autre part, au sein des Mutualités socialistes, où les politiques de communication sont en grande partie scindées sur le plan communautaire. C’est en l’occurrence le secrétaire général francophone, dépité par le nombre de malentendus voire de basses polémiques qui émaillaient les relations entre organismes assureurs et corps médical, qui a lancé l’idée d’un périodique pour prestataires francophones. Convaincus eux aussi de l’importance d’une telle communication, nos collègues ont lancé par la suite un trimestriel à destination des médecins du nord du pays. Les deux rédactions sont totalement autonomes, même s’il nous arrive de collaborer ponctuellement. Baptisé InterVisie , ce petit frère de Renouer s’est placé lui aussi, à travers la symbolique du titre, sous l’emblème du dialogue à visée constructive.
Ce qui nous amène droit à la question de la motivation à investir dans un pareil outil d’information. Rappelons que les années ’80 avaient vu s’attiser, notamment à travers des procès, l’animosité entre monde médical et organismes assureurs. En toile de fond, une querelle souvent simplifiée à l’extrême entre tenants de la qualité des soins (souvent réduite à la liberté de prescrire) et tenants de la maîtrise des coûts (souvent réduite à la traque aux surprescripteurs présumés). Renouer ambitionnait d’introduire un axe de rupture avec ces logiques binaires. Avec pour conviction que dans le tandem « professionnels de santé » / « gestionnaires de l’assurance maladie », on a chacun à apprendre de l’autre, sans renoncer à sa spécificité, et à lui apprendre, sans jouer pour autant les donneurs de leçons.
E . S .: Qui sont exactement les lecteurs de la publication? Les médecins reçoivent-ils d’office Renouer , ou doivent-ils prendre un abonnement? Combien de personnes reçoivent la revue? Quels autres professionnels de la santé sont-ils concernés en-dehors des médecins?
T . P .: Le premier numéro (juin 1993) était réservé au corps médical et son rythme était trimestriel. Un an plus tard, on a fait le choix d’accroître la cadence (6 numéros par an au lieu de 4) et l’audience (extension aux dentistes et pharmaciens d’officine). On en est resté là jusqu’ici, même si a parfois été évoquée la possibilité d’étendre un jour à d’autres catégories de prestataires, comme les kinés ou les infirmiers/ères ambulatoires. Mais, outre les problèmes de coûts, cela poserait aussi des problèmes de cohésion rédactionnelle (j’entrevois un risque de dilution des centres d’intérêt).
L’élément essentiel du projet était bien de toucher le praticien « lambda » et pas uniquement les militants et porte-parole des organisations professionnelles de prestataires avec qui les mutuelles négocient déjà régulièrement dans la sphère institutionnelle. C’est pourquoi le choix a été fait d’expédier d’office le périodique à tous, en sachant du reste qu’il faut des années pour créer un lien de familiarité avec un public, surtout s’il est plutôt hostile a priori. Au total, nous imprimons 23.500 exemplaires, dont un bon millier est communiqué à des tiers (journalistes, cadres mutualistes, autorités…).
E . S .: Quels sujets sont-il abordés dans Renouer ? Visez-vous plutôt à faire comprendre les positions de la mutualité au corps médical, ou leur proposez-vous aussi des outils les aidant à s’y retrouver dans le maquis des réglementations aussi complexes que nombreuses de notre système d’assurance-maladie?
T . P .: Dès le départ, nous poursuivions trois objectifs en matière de contenu :
1° transmettre à chacun, par voie directe, nos positions sur les questions d’actualité les plus sensibles ou les plus importantes (dans l’espoir de réduire les caricatures ou les mécompréhensions induites par les « morceaux choisis » et autres citations approximatives). Si nécessaire soit-elle, cette tâche n’occupe pas le plus gros du volume rédactionnel;
2° fournir, via notre service d’études notamment, des éclairages originaux sur certains aspects de notre système de santé et d’assurance maladie (y compris sur certains aspects du travail mutualiste, d’ordre social ou éducatif par exemple, parfois méconnus ou sous-estimés par les praticiens de terrain);
3° ouvrir des débats, inviter nos lecteurs à y réagir. Parmi beaucoup d’illustrations possibles, nous avions organisé fin 1996, bien avant les mouvements de fronde des médecins généralistes, une table-ronde sur « le présent et l’avenir de la médecine générale », qui a donné lieu à un numéro spécial. Citons aussi une série de dossiers sur les facettes multiples de la qualité des soins.
Pour ce qui est des réglementations complexes, nombreuses (et j’ajouterais : affectées trop souvent des syndromes de naissance prématurée et de vieillissement précoce), nous en suivons tant bien que mal les méandres dans nos colonnes.
Pour autant, bien sûr, que cela reste compatible avec notre format délibérément modique (8 pages, un choix de lisibilité). Mais nous avons manifestement fait mouche en adjoignant à chaque livraison de notre périodique, depuis septembre 1997, une « fiche pratique » de plus en plus largement appréciée.
On n’y expose pas seulement en termes condensés et intelligibles le contenu de nouvelles dispositions. On y attire aussi l’attention des professionnels de santé sur des erreurs préjudiciables au patient à éviter dans l’accomplissement de certaines formalités médico-administratives ou sur des ressources existantes du système trop peu sollicitées (il y a parfois de bonnes choses dans les réglementations, que la plupart des intéressés et de ceux qui les soignent ignorent – comme la réadaptation professionnelle, qui permet de payer aux frais de l’INAMI, pour des personnes en incapacité de travail pour raisons spécifiques de santé, des formations à de nouveaux métiers compatibles avec leur affection).
E . S .: Comment les prestataires réagissent-ils aux articles publiés dans Renouer ? Essuyez-vous beaucoup de critiques ou d’encouragements, ou bien y a-t-il plutôt une indifférence à l’égard de votre souci de dialogue?
T . P .: Les réactions directes ne pleuvent pas, du moins sous forme épistolaire. En dix ans, nous avons peut-être reçu une dizaine de messages glaciaux nous invitant à cesser d’envoyer ce périodique en pure perte à son destinataire. Les compliments sont plus allusifs. C’est par exemple à l’occasion d’une commande de document, que certains nous félicitent pour la clarté ou l’esprit d’ouverture de nos écrits en général. Parfois des controverses argumentées naissent à partir de tel ou tel article, qui nous font réfléchir ou nous permettent de lever certains malentendus. Il pourrait y en avoir un peu plus à mon goût.
E . S .: Renouer a-t-elle pu aborder des questions liées à la médecine préventive, à la promotion de la santé? Ce genre de texte suscite-t-il une curiosité particulière chez les lecteurs?
T . P .: Je n’aime pas faire de frontière trop nette entre préventif et curatif. Les bonnes pratiques soignantes sont souvent, me semble-t-il, préventives de plein d’ennuis ultérieurs certes difficilement quantifiables mais sûrement pas imaginaires. L’accessibilité universelle aux soins requis et la lutte contre les inégalités de santé comptent parmi les chevaux de bataille de Renouer , sans pour autant se décliner sous forme de campagnes de sensibilisation préventive. Cela dit, nous présentons systématiquement à nos lecteurs professionnels de santé les actions et publications classiquement préventives que nous réalisons pour le grand public, en leur offrant de nous en commander des exemplaires. C’est par dizaines toujours et parfois par centaines qu’ils répondent à ces offres gracieuses.
E . S .: Quel budget faut-il pour développer un outil comme Renouer ? Question subsidiaire, cet investissement est-il justifié? Avez-vous évalué la perception de votre travail par les lecteurs, leurs attentes? La méfiance bien connue du corps médical à l’égard des organismes assureurs s’est-elle atténuée au fil du temps et des numéros?
T . P .: Outre le salaire d’un permanent (qui ne fait pas – loin de là – que s’occuper de la coordination de ce périodique et de ses produits annexes), le gros des frais est représenté par les factures d’imprimeur et, plus encore, d’affranchissement postal. On s’est posé d’emblée la question de savoir si une mutualité devait dépenser de l’argent pour informer d’autres personnes que ses affiliés. Nous avions l’intuition, et c’est devenu une conviction à l’expérience, que pour faire progresser bien des choses il faut simultanément travailler la cohérence du discours envers tous les partenaires impliqués. On l’a reconnu en haut lieu en organisant des campagnes multi-public de modération antibiotique. C’est pareil quand il faut faire comprendre les règles du maximum à facturer, du dossier médical global, ou quand on veut favoriser l’arrêt tabagique, la bonne gestion du diabète… Lors d’une annonce de parution d’un de nos premiers guides comparatifs sur les prix des médicaments équivalents, nous avons reçu 6.000 commandes de lecteurs en une semaine. C’est notre record et il augure d’un certain taux de lecture. Un coup de sonde plus modeste, portant sur un échantillon trop réduit pour être représentatif, nous a quand même assuré que Renouer est connu au minimum par un médecin sur quatre et que 40% de ceux-là le lisent.
E . S .: Et RenouWWW ? Utilisez-vous les ressources du net pour renforcer votre présence auprès des professionnels de santé?
T . P .: En matière de support électronique, d’autres mutualités communiquent aussi avec les médecins. Le périodique et les fiches sont téléchargeables depuis environ 5 ans. Notre site est en phase de remaniement et j’ignore encore si nous irons plus loin.
Propos recueillis par Christian De Bock
Renouer, périodique bimestriel réservé aux médecins, dentistes et pharmaciens. Adresse: rue St-Jean 32, 1000 Bruxelles. Courriel: renouer@mutsoc.be.

L’asthme en Belgique, un rapport détaillé

Le 30 Déc 20

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L’asthme est une cause majeure de morbidité dans le monde, près de 100 millions de personnes. Victimes désignées, les enfants, chez qui l’asthme est la maladie chronique la plus fréquente. Qu’en est-il en Belgique? Comment prévenir cette affection? Quel rôle la pollution joue-t-elle dans sa prévalence? Vous trouverez réponses à ces questions et d’autres encore dans le nouveau dossier thématique du CROSP «L’asthme et la pollution de l’air», rédigé par Marina Puddu et Jean Tafforeau. Morceaux choisis.
En Belgique, l’asthme représente près de 300 décès par an, soit 0,28% des décès dans la population générale. Mais l’impact de l’asthme est beaucoup plus important en terme de morbidité.

La pollution

,

facteur aggravant

Les études et enquêtes réalisées montrent que la prévalence de l’asthme diagnostiqué varie de 2 à 8% et qu’elle croît d’année en année.
La pollution peut-elle ici être mise en cause? En théorie, oui, mais il ne s’agit encore que d’une hypothèse, expliquent les auteurs. Même si l’asthme semble être plus fréquent dans les pays industrialisés, peu de résultats montrent que la pollution de l’air est directement responsable de l’apparition de nouveaux cas d’asthme dans nos pays. Toutefois, les polluants provenant notamment du transport routier et des industries ont un impact négatif sur le système respiratoire et sont en cela un facteur aggravant de l’asthme notamment. En Belgique, on constate ces dernières années une amélioration de la qualité de l’air ambiant, suite à une diminution des polluants émis par les industries, mais les émissions provenant du transport routier sont par contre en augmentation…

Impact social et économique

Que ce soit pour les malades, leur entourage ou pour la société, la charge que représente l’asthme au niveau social et économique est énorme. Les petits asthmatiques risquent des difficultés d’apprentissage et ont plus souvent besoin d’un accompagnement scolaire. L’asthme peut également affecter leur développement psychologique. Chez les adultes, cela peut entraîner une diminution de la productivité au travail, voire une perte d’emploi.
Ce rapport fait état de coûts directs médicaux (médicaments, consultations, hospitalisations) s’élevant pour la Belgique en 1996 à 2441 euros par patient. Sans compter les coûts annexes tels que l’aménagement de l’habitat, l’achat de housses anti-acariens etc, ainsi que les coûts indirects représentés par une perte d’emploi, la dégradation de la qualité de vie et les ‘inchiffrables’, telle la souffrance engendrée…

Eléments de prévention

Eviter les complications, limiter les symptômes, tels sont les objectifs d’une prévention de l’asthme, rapportent les auteurs.
En terme de prévention primaire, il s’agira d’éviter toute condition favorable au développement de la maladie, afin de prévenir ou retarder sa survenue chez des sujets prédisposés. Les femmes enceintes elles-mêmes allergiques peuvent déjà modifier leurs habitudes tabagiques, optimiser leur alimentation et éviter toute exposition aux sensibilisants.
Après la naissance, l’allaitement maternel est à encourager bien que ceci reste toujours controversé. Enfin, l’amélioration de la qualité de l’air intérieur par l’éviction des allergènes et l’aménagement de l’habitat représente un réflexe préventif capital.
Le dépistage et la détection précoce de l’asthme sont à encourager dans le cadre d’une prévention secondaire. Beaucoup de jeunes asthmatiques s’ignorent…
Enfin, l’asthme établi, il est conseillé en terme de prévention tertiaire, d’assurer l’éviction des allergènes et des facteurs déclencheurs dans le but de prévenir les crises d’asthme et de réduire les traitements médicamenteux. Education du patient et du personnel soignant, évaluations, et suivi de la maladie et des soins sont les maîtres mots d’une bonne prise en charge du patient asthmatique.

Recommandations

Le dépistage à grande échelle est aussi une mesure préventive à envisager, estiment Marina Puddu et Jean Tafforeau. D’après une récente enquête bruxelloise, 50% des enfants asthmatiques en milieu scolaire sont méconnus et ne bénéficient donc pas d’une prise en charge adaptée. Or il n’existe malheureusement pas pour l’instant de test efficace et fiable de dépistage de l’asthme.
Avant l’âge de deux ans, les asthmes et les allergies sont encore trop souvent sous-diagnostiqués, sous-traités ou mal traités, d’où la nécessité d’une détection précoce.
Il faudrait également centrer les efforts sur une réduction des coûts globalement élevés du traitement de l’asthme, qui de ce fait est moins bien suivi surtout dans les familles à faibles revenus.
Les auteurs plaident encore pour une meilleure information des patients, de leur entourage et du personnel soignant, notamment en ce qui concerne les directives nationales et internationales largement appliquées en matière de traitement de l’asthme.
Il serait par ailleurs opportun que les évolutions thérapeutiques en la matière fassent l’objet d’une formation continue des médecins.
Enfin, le développement de nouveaux médicaments et l’étude scientifique clinique d’un traitement optimal de l’asthme représentent aussi une stratégie importante de lutte contre la maladie.
Un asthmatique l’est en général à vie. La guérison totale est rare. Ces interventions, éléments conseillés d’une politique de santé en matière de lutte contre l’asthme en Belgique, peuvent au moins contribuer à réduire le déclenchement des crises d’asthme et, par là, améliorer un tant soit peu la qualité de vie des malades.
Myriam Marchand
«L’asthme et la pollution de l’air – Etat des connaissances et données disponibles pour le développement d’une politique de santé en Belgique», Marina Puddu et Jean Tafforeau, travail effectué dans le cadre du Centre de Recherche Opérationnelle en Santé Publique (CROSP), dernière mise à jour : août 2003. Pour toute information ou obtention d’un exemplaire, contactez Mme Puddu Marina, ISP, Section d’épidémiologie, 14 rue J Wytsman, 1050 Bruxelles, tél.: 02 642 57 92, fax: 02 642 54 10. Ces textes peuvent également être consultés sur le site: [L=https://www.iph.fgov.be/epidemio/morbidat]www.iph.fgov.be/epidemio/morbidat[/L]

Trouver le bien-être sans artifice

Le 30 Déc 20

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La revue bimestrielle Actualquarto propose des dossiers et outils éducatifs destinés aux 2e et 3e degrés du secondaire.
Elle consacre son numéro de mars-avril 2004 au thème des drogues et des assuétudes.
Le texte est réalisé par Jean-Paul Brohée , pharmacien et D.E.S. en assuétudes de l’Université de Mons.
Il balaie largement les différents aspects de la problématique: quelle est la différence entre drogue dite dure et drogue dite douce, quelle est la gamme des drogues illicites connues, le point sur le concept de dépénalisation de l’usage de cannabis, les autres assuétudes comme le tabac, qu’est-ce que la réduction des risques et des dommages, le traitement des dépendances…
La page sur la prévention est un peu rapidement bouclée, mais il est clair que dans ce dossier l’auteur souhaite aller au-delà des préjugés sur les toxicomanies et faire réfléchir, à l’aide de nombreux témoignages, les jeunes et les éducateurs.
‘Dossier Drogues et assuétudes. Trouver le bien-être sans artifice’, Actualquarto, n°9, mars-avril 2004, 24 pages.
Les dossiers Actualquarto peuvent être obtenus au prix de 4 € auprès des Editions Averbode, BP54, 3271 Averbode.

Construire la résilience

Le 30 Déc 20

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Voilà une lecture qui fait du bien!
Le bonheur est toujours possible… Construire la résilience. Avec le titre, le ton est donné: à la fois résolument optimiste et empreint de réalisme, l’ouvrage de Stefan Vanistendael et Jacques Lecomte nous plonge au cœur de la résilience.
Ces auteurs nous invitent à lutter contre notre tendance de professionnels (de la santé ou autre) à voir ce qui ne va pas, à pointer ceux qui tournent mal. Ils nous invitent à examiner le parcours de ceux qui, malgré des conditions de vie particulièrement défavorables, ‘s’en sortent’.
Le principe des recherches sur la résilience est prospectif. Il consiste à suivre à intervalles plus ou moins réguliers une population spécifique (ici, des personnes ayant traversé des conditions de vie particulièrement difficiles – maladie, abus, guerre). On s’aperçoit alors qu’une grande proportion de ces personnes parviennent à un certain état de stabilité (émotionnelle, sociale,…). On examine alors ce qui a pu favoriser cette trajectoire positive.
Rédigé dans un langage simple, accessible à tous et étoffé de multiples exemples souvent poignants, ce livre se lit presque comme un roman. Même les quelques présentations d’études et de résultats statistiques sont limpides et compréhensibles pour tout un chacun, fût-il un parfait néophyte en la matière!
La résilience y est définie d’une part comme la capacité de résister à l’adversité et d’autre part comme l’aptitude à transformer une expérience personnelle douloureuse en dynamique permettant d’ouvrir de nouveaux horizons. La résilience implique donc une capacité d’aller de l’avant. Contrairement au concept de résilience utilisé en physique (domaine auquel ce terme est emprunté), la résilience humaine ne se limite pas à une attitude de résistance; elle permet la construction, voire la reconstruction.

Une maison solide pour trouver du sens

Pour illustrer les divers aspects et les fondements de la résilience, les auteurs proposent une métaphore, celle de la casita (‘maisonnette’). Chaque partie de la casita illustre une possible voie d’action pour ceux qui souhaitent construire ou rétablir la résilience. Le livre est ainsi résolument tourné vers l’aspect pratique et s’adresse à tous ceux qui souhaitent développer la résilience chez les personnes avec lesquelles ils sont en contact.
La structure du livre s’inspire de celle de la casita :
Le sol représente les besoins physiques de base (nourriture, sommeil,…).
Les fondations de la casita sont composées des réseaux sociaux formels ou informels. La notion de base dans ces réseaux est celle d’acceptation fondamentale de la personne.
Les personnes résilientes évoquent souvent une personne qui les a reconnues et acceptées de façon inconditionnelle (les auteurs attirent l’attention sur le fait qu’accepter une personne n’équivaut pas à accepter son comportement), qui leur a donné du temps, qui les a écoutées, qui a cru en elles et en leurs potentialités, et qui a aussi reconnu et accepté leurs défauts.
Cette acceptation fondamentale peut s’enraciner dans les réseaux informels (famille, amis,…), dans des groupes d’entraide, auprès d’un thérapeute (l’ouvrage cite notamment l’influence des idées de Carl Rogers et de Claire Portelance ), auprès d’une aide familiale ou d’un éducateur de rue, …
Au rez-de-chaussée se trouve la capacité à trouver un sens, une cohérence à sa vie. ‘Le concept de sens va au-delà de la pure réflexion intellectuelle, il renvoie l’individu à une réalité qui le dépasse et l’incite à s’ouvrir aux aspects positifs de l’existence.’ La recherche de sens, lorsqu’elle aboutit et n’enlise pas l’individu dans un cercle sans issue, est donc un processus adaptatif.
Par exemple, certains enfants battus ou ayant vécu l’expérience d’un camp de concentration construiront cette cohérence sur base de la foi religieuse; d’autres, au travers du pardon qu’ils accorderont à ceux qui les ont fait souffrir; pour d’autres encore, l’important sera de comprendre le passé. D’une manière ou d’une autre, les personnes résilientes se construisent une philosophie de la vie qui les pousse en avant.
Le rez-de-chaussée est aussi le niveau des projets concrets: le sens peut se manifester au travers de l’action, un projet à mettre en œuvre, un objectif à réaliser. La résilience peut passer par l’engagement auprès de l’humanité souffrante, l’investissement dans un projet collectif ou la responsabilité d’une plante, d’un animal, d’un petit frère, …
On trouve au premier étage trois pièces principales:
– l’estime de soi, qui dépend à la fois de la qualité des relations affectives entre l’enfant et ses parents (ou ses substituts parentaux) et des propres réalisations de l’enfant;
– les compétences humaines, sociales et professionnelles, parfois profondément enfouies et qui ne pourront s’exercer que si l’individu a un minimum de sentiment de contrôle, de maîtrise sur son environnement ( =locus of control) ; )
– les stratégies d’ajustement ( =coping) sont les processus mentaux que nous utilisons pour vivre dans ce monde imparfait. Les auteurs consacrent un chapitre entier à ce concept, en exposent quelques éléments théoriques et en explorent ensuite plus en détails cinq types de stratégies: l’humour (l’humour de tous les jours, l’humour en thérapie), le déni et l’évitement (qui ne sont des stratégies efficaces que s’ils ne sont pas prolongés dans le temps), la minimisation (relativisation de la situation personnelle par comparaison à celle des autres), le contrôle des affects (qui, poussé à l’extrême, peut être un facteur d’isolement et d’endurcissement) et la rêverie diurne (qui prend souvent chez l’enfant la forme du jeu).

Aide-toi…

Développer la résilience, c’est agir à l’un ou l’autre niveau de la casita , c’est ‘aider la personne à s’aider elle-même’… n’est-ce pas là aussi un des principes de base de l’éducation pour la santé? Alors que le cœur de l’ouvrage évoque des situations particulièrement dramatiques, le dernier chapitre trace quelques pistes pour une application de ces réflexions dans la vie de tous les jours, face à des situations plus courantes.
Ces ‘nouvelles pratiques’ sont guidées par le regard non pathologique que les auteurs nous invitent à poser sur les individus et sont donc applicables à tout processus éducatif.
L’ouvrage introduit ainsi à différents domaines susceptibles d’être travaillés, par exemple, dans les projets d’éducation pour la santé. A chacun de puiser et d’approfondir les éléments les plus accessibles et les plus adaptés à sa pratique quotidienne.

Pour approfondir cette réflexion méthodologique, prendre un peu de recul et dépasser l’enthousiasme suscité par le livre, on pourra conseiller d’autres lectures. Ainsi par exemple les actes du Séminaire international sur les indicateurs de santé chez les adolescents , organisé à Paris en novembre 1996, est un bon départ pour se documenter.
La communication de Monique Bolognini est consacrée au concept de coping et présente quelques typologies et instruments d’évaluation de l’ajustement, de même qu’une étude sur les stratégies d’ajustement utilisées par les adolescents dans les situations de la vie courante.
Le rapport du groupe de travail coordonné par Pierre-André Michaud se penche sur la pertinence de l’utilisation de la notion de résilience dans la conception et l’analyse des résultats des études sur les adolescents. Ce texte apporte des éléments critiques et nuancés de définition du concept de résilience et attire l’attention sur un certain nombre de risques (éthiques et méthodologiques) liés à son utilisation. Ces deux extraits fournissent également un grand nombre de références pour qui souhaite aller plus loin.
En tenant compte de ces quelques bémols, vous qui, face à votre ‘public cible’, êtes découragé, fatigué, envahi par un pernicieux sentiment de ‘à quoi bon?’, … ce livre est fait pour vous!
Sophie Grignard , APES-ULg
VANISTENDAEL S., LECOMTE J. Le bonheur est toujours possible – Construire la résilience. Paris, Bayard, 2000, 223 pages. (1) Dressen C, Chan Chee C, Lamarre MC, éds. Séminaire international sur les indicateurs de santé chez les adolescents. Vanves:Comité français d’éducation pour la santé, 1996. 115 p.