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Dérives du principe de prévention

Le 30 Déc 20

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La santé est devenue notre bien le plus précieux. Les recommandations qui saturent l’espace public viennent nous le rappeler quotidiennement : « fumer tue », « évitez de grignoter entre les repas », « lavez-vous les mains fréquemment », etc.
Car, pour faire reculer le plus possible la maladie et la mort, il faut traquer le risque partout où il existe. La prévention des excès alimentaires, du tabagisme, de la consommation d’alcool et de drogues s’efforce d’atteindre cet idéal de sécurité totale.
Mais la « mise en risque » du monde ne va pas sans dysfonctionnements. Le culte de la santé disqualifie ceux qui transgressent les conseils des experts. Il enserre les individus dans de nouveaux carcans moraux. Enfin, il est l’allié des industries agroalimentaires et pharmaceutiques à qui il ouvre des marchés lucratifs.
‘Le principe de prévention’, sous-titré ‘Le culte de la santé et ses dérives’, un bref essai d’une centaine de pages de Patrick Peretti-Watel (sociologue à l’INSERM) et Jean-Paul Moati (prof d’économie à Aix-Marseille II), dénonce à juste titre les excès d’une politique de santé qui tend au risque zéro de manière de plus en plus obsessionnelle, stigmatisant au passage les ‘déviants’ avec un discours moralisateur digne du plus bel obscurantisme religieux.
Le propos des auteurs n’est pas pour autant libertaire sans nuance, ils ne nient pas la nécessité d’une prévention, qu’ils souhaitent plus éthique, plus légitime, plus efficace, et moins médicale…
Leur raisonnement s’articule en quatre temps : naissance du concept, défauts de ses déclinaisons actuelles, impasse du modèle médical, et, heureusement, pistes positives pour réinventer la prévention.
En résumé, « conçue pour protéger les citoyens, les enfants, les personnes vulnérables, la prévention doit aujourd’hui être réinventée, sous peine de perdre son âme ».
Stimulant.

En France comme à l’étranger, dans le sillage de la Némésis médicale d’ Ivan Illich , de nombreux auteurs ont dénoncé tour à tour la « surmédicalisation de l’existence », « la marchandisation de la santé », « le nouvel hygiénisme », « la santé totalitaire », voire « le fascisme de santé ».
Ces formules percutantes renvoient à diverses facettes d’un même phénomène : inféodé au néolibéralisme et au savoir médical, le culte de la santé écraserait tout le reste, y compris les libertés individuelles, intimant à chacun de nous l’ordre de préserver au mieux son « capital santé » en se conformant aux comportements prescrits par les médecins, et blâmant ceux qui n’y parviennent pas.
(extrait, page 11)

Patrick Peretti-Watel, Jean-Paul Moati, Le principe de prévention – le culte de la santé et ses dérives, La République des idées, Seuil, 2009, 104 pages, 10,5 euros.

« J’arrête quand je veux »

Le 30 Déc 20

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C’est à l’initiative d’Infor-Drogues que Nicolas Ancion a écrit ce roman pour les 10-12 ans, publié récemment aux éditions Jourdan (9,90 € prix France).
Théo est fan de jeux vidéo et, un jour, il découvre en ligne un jeu encore plus passionnant que les autres, qui lui fait oublier tout le reste. Parviendra-t-il à revenir dans notre monde?
Pour parler du making of de ce livre, du choix du sujet et, bien entendu, des jeux vidéo, nous avons rencontré Philippe Bastin et Antoine Boucher , responsables du projet chez Infor-Drogues.
«L’idée de départ est très concrète et ne date pas d’hier: elle vient des demandes d’ouvrages que l’on nous adresse souvent, pour faire de la prévention, pour parler des drogues. Or, pour les jeunes enfants, on ne peut renvoyer le public à aucun document récent, de qualité et qui soit facile à se procurer. Soit les supports existants sont trop compliqués pour cette tranche d’âge, soit ce sont de petites historiettes où le jeune est celui qui sauve la situation, ce qui n’est pas très crédible. Ce qui existe dans la série Max et Lili nous semble trop stéréotypé et moralisateur. Les best-sellers comme Christiane F., L’Herbe bleue ou Trainspotting s’adressent à un public plus âgé et sont en outre catastrophiques sur le plan éducatif parce qu’ils racontent des histoires à sensation, dramatiques, très éloignées de ce que vit la grande majorité des jeunes. Notre souhait était de disposer d’un outil qui soit à leur portée et aborde la question de manière ludique, aux antipodes de la croisade sanitaire.»
Mais comment attirer l’attention des enfants, comment leur faire percevoir le ressort de ce qui peut nous accrocher dans la vie, positivement ou négativement, et nous passionner au point de devenir problématique? Comment les aider à trouver des repères pour avoir un certain recul et mettre des limites? « Nous ne voulions pas faire cela nous mêmes : ce n’est pas notre métier . Car il fallait réaliser un vrai livre , écrire une vraie histoire qui parle à son public , qui se branche sur sa réalité , avec des personnages auxquels il puisse s’identifier . Nous devions donc obtenir la collaboration d’un écrivain et , pour que le livre circule bien , celle d’un éditeur

On demande un romancier

Nicolas Ancion a écrit de nombreux romans (dont une demi-douzaine pour la jeunesse), il a aussi été enseignant et ses enfants vont arriver à l’âge du public cible. Il s’est emballé pour le projet, ravi que son roman puisse avoir une perspective éducative. Cerise sur le gâteau: il utilise beaucoup Internet et connaît bien les jeux électroniques! Ce dernier point s’est révélé fort utile lorsque, accompagné d’un membre de l’équipe, il s’est rendu dans une dizaine de classes de différentes régions et de différents milieux sociaux: « Il venait les voir comme un écrivain qui prépare un livre . Il n’a pas du tout été question de dépendance , il posait des questions ouvertes . Par exemple : si vous deviez vous rendre sur une île déserte , qu’est ce qui vous manquerait beaucoup , qu’est ce que vous emporteriez avec vous ? Ces échanges ont été enregistrés , et les résultats sont extraordinaires . À cet âge , ils ont encore un pied dans l’enfance , ils ne craignent pas de parler d’un doudou , d’un nounours . Mais , très vite , ce qui arrivait en tête de liste c’était la console de jeux , la PlayStation . Ce qui les branche le plus , et de façon débordante , ce sont les jeux vidéo en ligne : cela déclenchait chez eux une excitation incroyable . Les enseignants disaient : je découvre des enfants que je ne connaissais pas ; c’est tout un univers dont ils ne parlent jamais en classe … »
La plupart du temps, les jeunes ne discutent jamais de ces jeux avec les adultes. Bien entendu, les parents n’ignorent pas que leurs enfants jouent. Et tous les enfants ont accès aux jeux, même dans les milieux moins favorisés où, à la limite, on considère comme encore plus important d’avoir accès aux mêmes biens de consommation, aux mêmes codes que les autres: « C’est tout à fait accepté par les parents et ceux ci , le plus souvent , semblent bien fixer des règles d’utilisation , des balises de temps . Contrairement à ce que l’on croit , il est rare que les jeunes de cet âge transgressent gravement ces limites . Par contre , le contenu des jeux n’est pas du tout contrôlé par les parents , qui les connaissent mal : peu d’entre eux pratiquent cette activité pour eux mêmes . Par ailleurs , on sait bien que les enfants sont prescripteurs d’achats . Certains achètent même leurs jeux tout seuls , ils échangent , revendent , font des recherches sur Internet Et , parfois , ils tombent sur des choses qui ne sont pas de leur âge , comme cette petite fille qui montrait beaucoup d’anxiété , stressée par un jeu où elle devait gérer sa vie financièrement , comme une femme adulte

La pression du groupe

On pense souvent que les jeux à éviter sont particulièrement violents. Or, de ces échanges avec les enfants, il ressort que le risque réside surtout dans le manque d’interaction avec un adulte et l’effacement de la distinction entre réel et virtuel, sans oublier la pression exercée par le groupe sur chaque joueur: quand une partie implique de jouer pendant des heures quotidiennement pour atteindre un résultat, quand les autres participants vivent aux quatre coins du monde et que des tas de choses peuvent se passer pendant mon sommeil, comment ne pas m’inquiéter, comment résister à l’envie de me lever en pleine nuit pour voir ce qu’il est advenu de mon personnage?… Un enfant a ainsi témoigné qu’il avait dû donner sa clé USB à son père pour pouvoir arrêter de jouer.
En conclusion: l’idée n’est pas de lutter contre les jeux mais de fixer des limites non seulement de temps mais aussi de contenu. Ce qui implique de se frotter un minimum à ces contenus en se familiarisant avec les jeux. Parents, éducateurs, encore un apprentissage en vue… Vous pouvez aussi aller faire un tour sur https://www.jarretequandjeveux.org , où se trouvent des questions-réponses et des suggestions aux parents (pistes de discussion), aux éducateurs (pistes pédagogiques, idées d’activités) et aussi aux enfants (imaginer des fins différentes, donner son avis, écrire une histoire).
Propos recueillis par Alain Cherbonnier
Article publié initialement dans Bruxelles Santé n° 57, mars 2010, et reproduit avec son aimable autorisation

31. Tête à tête

Sergio est assis à une table du réfectoire, Théo est debout, appuyé contre le mur.
Alors, tu me racontes ? demande l’éducateur.
Qu’est-ce que je dois raconter ?
Land of the Living Dead , tiens, je n’ai jamais joué à ça.
Théo est un peu interloqué. Il ne s’attendait pas à ce sujet de conversation.
Tu sais, je ne peux pas jouer à tout. Moi je suis plutôt vieux jeu, si je peux dire ça. Je reste cantonné aux simulations de sport.
Théo sait tout ça, mais il ne s’attendait pas à ce que la discussion porte là-dessus. Pour faire bonne figure, il répond :
Aux jeux de plates-formes aussi, tu es super fort.
Sergio sourit, mais il n’a pas envie que la conversation dévie sur ses performances au joystick.
C’est un jeu multijoueurs en ligne, c’est ça ?
Théo hoche la tête.
Tu joues dans un univers qui existe tout le temps, même quand tu n’es pas connecté ?
Théo approuve de nouveau.
Tu as mangé ta langue, Théo ? Tes copains m’ont dit que tu ne parlais que de ça. Que tu jouais un zombie…
Oui, mais ça les intéresse vraiment, eux : ils ne posent pas les questions, ils me laissent raconter quand j’en parle, c’est tout.
Sergio se lève et prend le garçon par les deux épaules, en posant son regard droit dans le sien.
Ne prends pas ça mal, Théo. Je t’assure que ça m’intéresse. Je te pose des questions parce que j’ai envie de savoir à quoi ça ressemble. Je n’ai jamais joué, je te dis. Tu vois le personnage d’en haut ? En perspective ou à la première personne ?
Théo a du mal à résister. Il a envie de répondre à toutes ces questions, mais quelque chose en lui craint de s’ouvrir, comme si partager son jeu avec un adulte allait le rendre moins passionnant.
Un zombie, c’est immortel ?
Ben non, répond Théo, c’est un mort-vivant, il est déjà mort, donc il ne peut plus mourir. Mais il ne vit plus non plus. C’est pour ça que c’est chouette, on peut s’arracher un bras et le recoudre. On n’est pas limité.
Sergio sent que Théo se lâche un peu. Il le laisse raconter avec tous les détails. Ils parlent une bonne vingtaine de minutes, Sergio n’arrête pas de poser des questions pour amener Théo à parler encore.
A un moment il dit :
Et à la maison, ça se passe comment ? Tu vis chez ton père, non ?
D’un coup Théo se cabre. Son visage se referme, ses yeux se baissent.
Il n’a pas envie de parler de ça. Il n’a rien dit, mais Sergio lit très bien ce qui se chuchote dans les silences.
Tu as raison Théo, ça ne me regarde pas, reprend l’éducateur.
Théo lui sourit de nouveau. Il ne dit rien, mais son regard vaut bien un remerciement.
Tu sais, poursuit Sergio, quand j’avais ton âge, j’étais beaucoup plus timide que maintenant. J’avais un mal fou à parler de ce que je sentais à l’intérieur. Tu sais ce que je faisais quand je voulais discuter d’un truc, mais que je ne trouvais personne à qui en parler ?
Non, répond Théo d’une mimique du visage.
Je m’écrivais des lettres à moi-même.
Le regard de Théo montre bien que le garçon trouve l’idée ridicule.
Attends, je t’explique, je n’écrivais pas pour moi maintenant mais pour le Sergio qui serait là un mois plus tard. J’écrivais au gars que je serais dans le futur. Pas dans dix ans, mais dans quelques semaines. Je me demandais ce que le gars que j’allais devenir penserait de ce que j’étais en train de faire. Et tu sais quoi ?
Évidemment que Théo n’en a aucune idée, on devrait interdire de poser des questions qui n’attendent pas de réponse.
Eh bien, je me suis rendu compte qu’en écrivant, je parvenais à mieux me comprendre. Je n’avais pas besoin de me relire un mois plus tard. Le simple fait de m’avoir écrit m’aidait à y voir clair. Tu écris parfois ?
Non répond Théo, je n’y ai jamais pensé.
Fais ce qui te plaît surtout. Mais quand tu as un coup de cafard, pense au cahier. Ou au traitement de texte. Quand j’étais gamin ça n’existait pas et j’aimais bien l’encre bleue sur les feuilles quadrillées. Mais ça doit marcher sur l’écran d’un ordinateur aussi, j’imagine. Un peu comme quand on écrit un blog.
(extrait, page 141 à 144)

Aider l’élève à construire sa vie

Le 30 Déc 20

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Sous-titré ‘Approches plurielles de l’éducation’, cet ouvrage de Patrick Tancrez (psychologue et logopède, responsable d’un Centre PMS) développe différents thèmes qui mettent en jeu l’éducation cognitive, corporelle, morale, relationnelle et politique. Il approfondit une série de sujets fondamentaux : le langage, la violence, les matières scolaires, le corps, l’architecture, la sexualité, les rapports sociaux, l’inclusion des élèves avec déficience ou handicap, l’évaluation du travail et des institutions, sans oublier le travail social ainsi que l’accompagnement et l’aide psychologiques.
Il adopte des points de vue complémentaires : philosophie, psychologie, sociologie, pratique, politique.
Dans sa première partie, ‘Aider l’élève à construire sa vie’ fait un large tour d’horizon des nombreuses questions que les enseignants se posent aujourd’hui : finalités de l’éducation et de l’instruction, rapports à la violence, aux savoirs, approches pédagogiques des matières, le corps et la sexualité, les rapports sociaux entre filles et garçons, les rapports sociaux liés aux différences économiques et culturelles, les élèves présentant une déficience, l’orientation, le mérite, l’efficacité, l’aventure humaine que constitue l’éducation.
La seconde partie présente (parfois un peu rapidement) des outils pour aborder une série de questions très concrètes : harcèlement moral, racket, affectivité, éducation à la sexualité…
Originalité de l’ouvrage, sa lecture est rythmée par une vingtaine de poèmes.
Il est destiné aux professionnels des différents métiers liés à l’éducation scolaire, aux futurs professionnels en formation, aux parents d’élèves et aux politiques.
Patrick Tancrez, Aider l’élève à construire sa vie, Approches plurielles de l’éducation, Chronique sociale (Lyon), 2010, 208 pages, 15 euros 90. Adresse de l’éditeur : 7 rue du Plat, 67002 Lyon, France. En vente via le site : https://www.chroniquesociale.com .

Un peu de littératude d’anticipation

Le 30 Déc 20

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1er septembre 2317 , de notre envoyé spécial à Brulville

Une découverte intrigante

Les archéologues travaillant sur le site mis à jour pour la construction du nouveau spaciodrome de Brulville ont découvert, parmi de nombreux autres vestiges, des objets très curieux.
De forme le plus souvent circulaire, ils sont creusés en leur centre et présentent des gouttières (de 1 à 4 généralement) horizontales. Ils existent en formats et matières (verre, métal, etc.) divers.
Les chercheurs s’interrogent sur l’usage de ces objets. L’équipe de l’Université de Nicotineville ose un rapprochement avec des vestiges électroniques retrouvés dans cette ville le siècle dernier. Sur les images de piètre qualité, on pouvait deviner des personnages du début du troisième millénaire rassemblés en divers lieux, au voisinage d’objets similaires, généralement vides.
Vu la présence quasi généralisée de ces objets dans les documents d’archive présentant des vues en extérieur, une signification rituelle est envisagée par les chercheurs, d’autant plus qu’une étrange gestuelle est observée dans leurs parages: mouvements des mains et des bras, voire de la bouche. Certains avancent l’hypothèse d’un mini autel d’offrandes, car dans de rares vestiges électroniques, on discerne vaguement des objets tubulaires blanchâtres dégageant de la fumée disposés dans ces réceptacles. L’avenir et les recherches en cours nous permettront sans doute de mieux comprendre la signification de ces découvertes. A suivre donc…
Q. Witoutti

L’inentendu

Le 30 Déc 20

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La médecine devient mortellement ennuyeuse, redoutablement scientifique et dangereusement marchandisée. Il lui arrive de jouer aux dés avec les conséquences humaines et psychiques de ses prouesses techniques.
Sans cesser d’admirer sa marche triomphale vers le progrès et son efficacité, deux auteurs ont mobilisé leur expérience clinique pour transmettre aux étudiants et aux soignants une autre lecture de la relation soignant – soigné que celle qui surgit des éprouvettes, des scanners et des cotations en bourse de l’industrie biomédicale. Comme dans l’enseignement de Philippe van Meerbeeck et les travaux de Jean-Pierre Jacques , il s’agit de traquer l’inconscient et l’infantile partout où ces registres sont aux commandes, c’est-à-dire aussi bien dans la demande que dans l’effort du soignant.
Comment rendre vivant et concret les effets d’inconscient aux oreilles des étudiants en médecine et des autres «sciences de la santé», alors que leur formation les écrase de savoir et de l’idée de la maîtrise possible? Comment ouvrir les étudiants aux bouillonnements d’un monde globalisé, qui envoie désormais au cœur des métropoles occidentales des malades sahéliens, philippins ou latinos à soigner sans disposer des clés de l’âme de ceux-ci et de leur façon de croire, de faire confiance, de transférer? Pourquoi devient-on médecin et comment les idéaux qui avaient orienté le candidat résistent-ils aux stages et à la formation technicoscientifique?
L’enjeu des auteurs est de montrer à quel point la relation est au cœur même de la pratique des métiers du soin. Elle est au centre, elle est déterminante, elle est un levier thérapeutique formidable. Elle peut aussi produire des effets toxiques, négatifs ou pervers.
Cet enjeu, pourtant primordial et quotidien, est largement méconnu par la plupart des acteurs, comme si l’évolution scientifique de la médecine impliquait de nier la part de subjectivité à l’œuvre dans l’exercice des métiers du soin.
Philippe Van Meerbeeck et Jean-Pierre Jacques, L’inentendu, Ce qui se joue dans la relation soignant-soigné, De Boeck, 2009, 320 pages, 27 euros.

Pratiques communautaires

Le 30 Déc 20

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Bernard Goudet , intervenant en sociologie, anthropologie et psychologie sociale dans le champ de l’action sanitaire et sociale, vient de publier chez Chronique sociale (Lyon) ‘Développer des pratiques communautaires en santé et développement local’.
Cet ouvrage s’adresse à tous ceux qui sont engagés dans des pratiques d’actions communautaires dans le champ de la santé publique et de l’action sociale ou qui souhaitent le faire. Il s’appuie sur une longue expérience d’action, de conseil technique, de formation et de recherche dans le champ du travail social et de la promotion de la santé.
Il propose trois parties.
Connaître : les repères permettant de comprendre comment s’est constitué le champ des pratiques communautaires et de retrouver les éléments principaux des documents et des définitions.
Comprendre : les rapports entre le développement des pratiques communautaires et les modes de structuration des sociétés, des outils d’analyse pour renforcer les processus de développement des actions communautaires.
Agir : la mise en œuvre des pratiques communautaires grâce à des schémas méthodologiques illustrés d’exemples diversifiés.

Développer des pratiques communautaires en santé et développement local

Le contenu en bref

Introduction
Première partie Connaître
Chapitre 1 – Pratiques communautaires en promotion de la santé et développement social
Chapitre 2 – Doctrines
Deuxième partie Comprendre
Chapitre 3- Contingences sociétales du développement des pratiques communautaires
Chapitre 4 – Intérêt et limites théoriques et pratiques des approches de la santé communautaire et de la promotion de la santé
Chapitre 5 – Èclairages sociologiques sur les conditions de l’action communautaire
Chapitre 6 – Enjeux de la convergence des référentiels de promotion de la santé, du développement social et du développement durable
Troisième partie Agir
Chapitre 7 – Typologie des pratiques communautaires actuelles
Chapitre 8 – Méthodologie de projet à intention communautaire
Chapitre 9 – Présentation et analyse comparative de différentes actions communautaires
Chapitre 10 – Présentation de six démarches modélisées
Chapitre 11 – Apport de deux problématiques sociologiques à la démarche de projet en santé communautaire
Conclusion
Bibliographie

Une grille d’analyse des pratiques communautaires termine l’ouvrage.
Les acteurs concernés pourront ainsi donner du sens à leur pratique, étayer leurs repères théoriques et renforcer l’élaboration, la mise en œuvre et l’évaluation de projets.
Bernard Goudet, ‘Développer des pratiques communautaires en santé et développement local’, Chronique sociale, Lyon, 2009, 356 pages, 16 euros 90. Adresse de l’éditeur: 7 rue du Plat, 67002 Lyon, France. En vente dans toutes les bonnes librairies et via le site https://www.chroniquesociale.com .

Paroles et expériences de femmes autour de la cinquantaine

Le 30 Déc 20

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Qui sont ces femmes autour de la cinquantaine, que font-elles, que disent-elles ?
Après le départ de leurs enfants, ce sont des femmes qui découvrent avec enthousiasme et détermination une nouvelle sérénité, l’envie de s’affirmer, d’enfin suivre leurs aspirations propres, de se lancer dans de nouveaux projets, d’être plus calmes ou enfin actives.
Cependant, le monde biomédical considère cette période comme une phase dégénérative, ce qui rend les femmes anxieuses, les dépossède de leurs savoir traditionnels et sape leur confiance. Leur sagesse est balayée par les discours d’«experts» qui veulent les maîtriser, les contrôler, les utiliser.
Mimi Szyper et Catherine Markstein (1) souhaitent que leurs propos et les paroles qu’elles ont recueillies rejoignent les récits et témoignages de celles qui traversent la cinquantaine, et participent ainsi à l’énoncé et au renouvellement d’un discours qui permet aux femmes de construire leur identité, d’affirmer leur indépendance, de valoriser leurs ressources et leur savoir, de vivre ce temps selon leur rythme, leurs valeurs, leurs vérités.
Dr Mimi Szyper et Dr Catherine Markstein, Le temps de s’émanciper et de s’épanouir, Paroles et expériences de femmes autour de la cinquantaine, Éd. Le Souffle d’Or, Collection Chrysalide, 2009, 192 pages, 14 euros. (1) Éducation Santé a déjà présenté le travail que Catherine Markstein réalise (avec une passion communicative!) au cours de ses ateliers autour de la ménopause. Voir son article ‘Identité et post-reproduction. Paroles de femmes qui traversent la cinquantaine’, n° 214 ( https://www.educationsante.be/es/article.php?id=781 ).

Fragments d’intime

Le 30 Déc 20

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Dans les espaces urbains marqués par la précarisation, les sphères de l’intime se fragilisent.
Le nouvel essai de Pascale Jamoulle (‘Drogues de rue’, ‘La débrouille des familles’, ‘Des hommes sur le fil’ réédité récemment en poche chez La Découverte ) explore la vie émotionnelle, affective et sociale de personnes de toutes origines, souvent marquées par l’épreuve de l’exil, dans un quartier ‘chaud’ de Bruxelles, où les relations hommes/femmes, les quêtes affectives et sexuelles sont d’une grande complexité.
L’auteure y a longuement fréquenté des prostituées, des errants avec ou sans papiers, des jeunes issus des anciennes et des nouvelles migrations, turques en particulier. Elle restitue ici leurs histoires et contextes de vie, qui contribuent à façonner leurs rapports au corps, à l’autre sexe et à la solitude.
Éprouvés mais altiers, marginalisés mais créatifs, brisés mais tenaces, les interlocuteurs de l’ethnologue font face à l’insécurité sociale et intime. Celle-ci peut devenir une quête initiatique, où s’invente une autre vie urbaine, souterraine et alternative. Il en va ainsi de la prostitution, libre et courtisane, vécue comme un métier de service; des squats semi-organisés qui protègent de la rue et de l’isolement; des couples mixtes et des inventions transculturelles qui décloisonnent les ghettos urbains.
À travers la vie intérieure et secrète de ses interlocuteurs, Pascale Jamoulle nous invite à découvrir les mondes off des grandes métropoles, à voir comment s’invente la mondialisation par le bas de l’échelle sociale.
Pascale Jamoulle, Fragments d’intime, Amours, corps et solitudes aux marges urbaines, La Découverte, Collection Alternatives sociales, 2009, 264 pages, 22 euros.

Développer les compétences sociales des adolescents

Le 30 Déc 20

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Tel est le propos de l’ouvrage d’ Édith Tartar Goddet , qui se propose de nous expliquer comment pratiquer et mettre en œuvre les ateliers de parole en contexte scolaire, pour aider les jeunes à réactiver ou à développer leurs compétences sociales.
L’auteur aborde ici une démarche pédagogique articulée autour de 100 exercices pratiques pour développer les savoir-être et les savoir-faire des adolescents.
Il s’agira pour eux:
-d’apprendre à se connaître;
-d’accepter l’autre;
-de connaître ses capacités, ses ressources et ses limites;
-d’apprendre les compétences nécessaires pour vivre avec et parmi les autres;
-de se responsabiliser;
-de mettre en pratique les lois et les règles de vie en société.
L’atelier de parole est un espace d’échange et de discussion sur des thèmes généraux. Sa caractéristique principale est de s’appuyer sur des documents, de faire appel au témoignage, au ressenti de chacun, et d’être fortement réglementé. Ce n’est ni un groupe de parole à vocation thérapeutique ou rééducative, ni un lieu de débat argumenté, comme il peut en exister en classe.
Les bénéfices psychiques liés à l’atelier de parole sont ressentis et exprimés par l’ensemble des participants, animateurs et adolescents, qui ont mis en œuvre cette démarche dans de nombreux établissements. Confrontées à la réalité de la vie collective, les attitudes des adolescents évoluent très nettement au fur et à mesure du déroulement des rencontres.
Un ouvrage à la fois rigoureux dans sa construction et très concret.
Développer les compétences sociales des adolescents par des ateliers de parole, Édith Tartar Goddet, Retz Éducation, 2007, 196 pages.

Panorama social

Le 30 Déc 20

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Le Service social de la Mutualité chrétienne a voulu faire profiter les intervenants sociaux et le grand public de son expérience en publiant un guide abordant toutes les dispositions sociales en vigueur dans notre pays concernant les personnes malades, handicapées, âgées et/ou à faibles revenus.
Où dois-je m’adresser pour obtenir des allocations pour handicapés? Suis-je dans les conditions pour bénéficier d’un remboursement préférentiel en soins de santé? En tant que malade chronique, ai-je droit au tarif téléphonique social? À quelles conditions puis-je bénéficier d’un forfait «énergie»? Autant de questions parmi d’autres auxquelles le Panorama social apporte des réponses concrètes.
Suite aux demandes de lecteurs des éditions précédentes, l’éditeur a modifié le format du guide pour plus de facilité de lecture et d’utilisation. Deux nouveaux chapitres ont aussi vu le jour: les forfaits pour l’énergie et les réductions pour les transports en commun (en plus des avantages sociaux pour les personnes malades ou handicapées).
Les premières pages de cet ouvrage comportent le plan croisé du livre: les quatre parties de l’ouvrage y sont classées par groupe cible (les personnes malades, les handicapés, les personnes âgées et les personnes en difficulté financière), ce qui permet de trouver l’information pertinente pour un public déterminé n’importe où dans le livre.
Panorama social, 4e édition, Vandenbroele Éd., 2009, 824 pages, 52 euros .

Equilibre, un magazine de santé pas comme les autres

Le 30 Déc 20

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Chaque mois, un regard critique sur des thématiques de santé, sans publicité, vous en rêviez? Elle l’a fait! Education Santé a rencontré pour vous Karin Rondia, rédactrice en chef du magazine Equilibre
Education Santé: Parlez-nous d’Equilibre…
Karin Rondia : Equilibre est un mensuel de 48 pages dont les fils conducteurs sont 4 grands chapitres: ‘santé’, ‘bien manger’, ‘bouger’ et ‘psychologie’. Ces sujets attirent un lectorat fidèle: environ 12.000 personnes y sont abonnées pour les 2 éditions, en français et en néerlandais.
ES: Si vous deviez décrire le magazine Equilibre en quatre adjectifs?
K . R .: D’abord honnête et critique: nous n’y faisons aucune publicité et essayons de porter un regard critique sur les sujets que nous traitons.
Ensuite, accessible, «à la hauteur des yeux des gens»: nous ne simplifions pas à outrance, mais nous ne voulons pas non plus tomber dans un ton trop scientifique.
Et enfin convivial, car nous voulons que le magazine soit agréable à lire. Notre rigueur et notre sérieux ne sont pas synonymes d’austérité!
ES: Comment est venue l’idée de ce magazine? Pourquoi et par qui a-t-il été créé?
K . R .: Auparavant, il existait 3 lettres d’information (diététique, santé, science du sport) destinées aux professionnels de la santé, éditées par Biblo, une filiale non commerciale du groupe Roularta. Il y a deux ans, Roularta a choisi de fusionner les trois, d’y ajouter un volet psychologie et d’en faire un magazine adressé à un plus large public. Quand la version néerlandaise a été lancée, on m’a proposé de m’occuper du mensuel en français. J’ai accepté.
ES: Abordez-vous les mêmes sujets de la même façon dans les deux éditions?
K . R .: La manière d’aborder la santé est culturellement assez différente au nord et au sud du pays, cela se ressent dans nos textes, bien sûr. Nous traduisons environ 50% des articles, mais chaque traduction demande ensuite un gros travail d’adaptation.
A cause de leur passé de newsletters professionnelles, nos collègues néerlandophones avaient déjà un bon réseau dans les universités flamandes. Notre équipe francophone bénéficie également de contacts privilégiés avec les universités du sud du pays, c’est important pour notre crédibilité.
Mais nous tenons aussi beaucoup à donner la parole aux experts de terrain, en dehors des milieux académiques.
ES: Quel est le public visé par Equilibre?
K . R .: Toute personne qui s’intéresse à sa santé et qui veut aller au-delà des messages véhiculés par la presse commerciale.
ES: Quel est son objectif?
K . R .: Nous essayons de bien informer les lecteurs pour qu’ils puissent poser des choix de santé en toute connaissance de cause.
ES: Quelle est la philosophie du mensuel?
K . R .: Je pense que l’absence de publicité est notre caractéristique essentielle! La santé est un domaine intime, où chacun est vulnérable à bien des égards. Je ne pense pas uniquement aux messages commerciaux, qui ne sont pas toujours honnêtes, mais aussi à toute cette vague du ‘mieux-être’ à travers laquelle on nous ‘vend’ beaucoup de vent. Nous avons pris le parti de ne publier que des informations scientifiquement étayées. C’est un choix clair.

Un défi de plus…

Karin Rondia a déjà fait un bout de chemin dans le secteur de la santé. Médecin de formation, elle a affiné son apprentissage du journalisme médical au fil de ses collaborations, en presse écrite d’abord, dans les pages Sciences de La Libre Belgique , puis dans l’audiovisuel avec l’émission Parcours Santé sur RTL-TVi. En 1994, elle quitte la chaîne privée pour la RTBF où elle crée l’émission Pulsations , qu’elle produit pendant 5 ans (1).
En 1999, elle reprend son statut de free-lance; elle développe de nombreux projets et collaborations (notamment avec la Fondation Roi Baudouin ou le Centre fédéral d’expertise des soins de santé), jusqu’à ce début d’été 2006, où on lui propose de devenir rédactrice en chef d’un nouveau magazine, Equilibre . Elle se sent mûre pour passer à la vitesse supérieure et se lance avec enthousiasme dans l’aventure.

ES: Qui écrit pour Equilibre?
K . R .: Principalement des journalistes indépendants spécialisés en santé, des collègues qui ont accepté de se lancer dans l’aventure avec moi. Je suis très fière de la qualité de cette équipe, solide et motivée.
ES: Comment les sujets sont-ils traités?
K . R .: Nous privilégions une approche positive. Nous orientons nos articles de manière à ce qu’ils aient un intérêt pratique dans le quotidien des gens de tous âges, de toutes origines… Notre cheval de bataille, c’est la prévention: plutôt que de développer des articles encyclopédiques sur telle ou telle maladie, nous envisageons les différentes manières de se maintenir en bonne santé.
Quant à la forme des articles, elle est variée: textes détaillés, interviews, brèves…
ES: Où trouve-t-on le magazine? Comment est-il distribué?
K . R .: Il est en vente dans la plupart des librairies, mais l’essentiel de nos lecteurs sont des abonnés.
ES: Qu’est-ce qui différencie Equilibre d’autres magazines en lien avec la santé?
K . R .: Concernant le contenu, nous essayons d’aller au fond des choses, de ne pas nous contenter d’informations superficielles. Pour ceux qui cherchent à aller encore plus loin, nous proposons des références à la fin de nos articles, fort appréciées par les enseignants, par exemple.
Pour la forme, nous avons voulu une mise en page plus calme, plus apaisante, aérée, colorée mais pas avec de gros titres flash et un nombre incalculable de brèves… Je pense que notre magazine est moins agressif sur le plan visuel que la plupart des autres, et pas seulement parce que plus de la moitié de leurs pages sont des publicités…
ES: Roularta est un grand groupe de presse, il édite de nombreux magazines. La promotion de la santé, est-ce «rentable» pour eux, surtout sans publicité?
K . R .: Je suppose que si Roularta a lancé ce concept de magazine, c’est qu’il a quelque chose à y gagner, ne serait-ce qu’en image de marque… Plus sérieusement, s’il est rentable, c’est grâce aux abonnés, qui sont très fidèles. Ils permettent sa stabilité.
ES: Quels sont vos projets pour Equilibre?
K . R .: J’aimerais créer une rubrique «interview» où l’on retrouverait chaque mois l’avis d’une personnalité de la santé sur une thématique donnée.
J’aimerais aussi développer davantage de dossiers de plusieurs articles autour d’une même problématique de santé, 3 ou 4 fois par an par exemple.
Enfin, ce mois-ci, Equilibre a deux ans. Une bonne occasion de rafraîchir notre look, ce sera chose faite d’ici peu!
Propos recueillis par Carole Feulien (1) Grâce à la Collection Education pour la Santé de la Médiathèque, il est toujours possible de visionner de nombreux travaux de Karin Rondia pour la télévision (en VHS!). Voir à l’adresse https://www.lamediatheque.be/ext/thematiques/es/index.html

Améliorer l’offre alimentaire dans les écoles et les collectivités

Le 30 Déc 20

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L’alimentation est reconnue comme étant un déterminant important pour le maintien de la santé. Le développement fulgurant, et de plus en plus précocement, de l’excès de poids et de l’obésité figure aujourd’hui parmi les grandes préoccupations pour la santé publique.
Au moins un Belge sur trois souffre d’une surcharge pondérale et un sur dix d’obésité (1).
L’alimentation et l’activité physique représentent les deux leviers les plus importants pouvant être actionnés pour relever ce défi.
Les habitudes alimentaires sont influencées par de nombreux facteurs, notamment l’offre. De nombreux repas sont pris dans une collectivité, que ce soit à l’école ou sur les lieux de travail, et contribuent ainsi à influencer les apports nutritionnels.
C’est précisément la stimulation de l’offre en matière d’alimentation saine pour les jeunes dans les collectivités, en particulier dans les écoles, que la Fondation Roi Baudouin s’est fixée comme objectif dans le cadre de son programme «santé». Il s’agissait, pour atteindre cet objectif, d’identifier et de réunir différents acteurs (gestionnaires de cantines scolaires, responsables de la santé dans les écoles) qui souhaitent relever le même défi: offrir une alimentation plus saine en tenant compte de différents facteurs, comme les préférences alimentaires des jeunes, la rentabilité de la cantine, des prix accessibles pour tous, la logistique, le fonctionnement de la cantine.
La Fondation a ainsi lancé un appel à projets auprès des écoles qui se sont déjà lancées ou souhaitaient se lancer dans une démarche concernant cette thématique. Un réseau «Mieux manger à l’école», ouvert à tous les acteurs impliqués dans ce défi, a été mis sur pied afin de favoriser les échanges de bonnes pratiques, les partages d’expériences et d’informations, à travers des visites d’une dizaine de projets concrets au contenu très varié.

Les visites du réseau

Des «bons grammages» aux produits bio (Ottignies – Louvain-la-Neuve)
«De la soupe à 10 heures aux tartines du goûter» (Woluwe-Saint-Lambert)
«Refaire la cuisine en interne: quel investissement pour quels résultats?» (Ath)
«Cuisine en interne, et légumes produits en partie sur place, internat avec «vrai» souper et participation des élèves» (Izel-sur-Semois)
«Manger sain sans croquer la planète – un restaurant scolaire à l’ère du développement durable» (Eupen)
«Tartine maligne», kit rééquilibrant le repas tartines (Intercommunale de Santé Harmegnies-Rolland)
«Un institut où les élèves sont des clients qui vont au restaurant» (Huy)
«La sensibilisation est en marche» (Marche-en-Famenne)
«Des mamys pour dîner comme à la maison» (Courrière)

Au terme des visites, le réseau comprenait environ 400 personnes. Ces initiatives s’inscrivent dans le cadre du plan d’action «Politique de promotion des attitudes saines sur les plans alimentaire et physique pour les enfants et les adolescents en Communauté française», développé par les ministres de l’Enseignement, de la Santé et des Sports de la Communauté française (2). Les écoles visitées émanaient du réseau de la Communauté française (villes, communes, provinces), ainsi que du réseau libre.
Le guide qui synthétise cette démarche participative se nourrit des expériences menées dans les projets des écoles visitées (3), ainsi que des échanges effectués dans le cadre du réseau. Il n’a pas la prétention d’apporter des réponses ou des solutions toutes faites à la problématique de la qualité de l’offre alimentaire. Il vise à identifier et à explorer les différentes lignes de force impliquées dans ce qui conditionne l’offre alimentaire dans les collectivités pour tenter de mieux comprendre la situation, et, au travers des diverses expériences, à dégager des messages clés, des trucs et astuces, pour tracer les pistes susceptibles d’être des facteurs de succès pour faire évoluer l’offre alimentaire dans un sens qui soit favorable à la santé.
Après avoir exposé les différents modes de fonctionnement qui caractérisent l’organisation de l’offre alimentaire, rappelé les objectifs nutritionnels poursuivis dans le cadre d’une alimentation saine et dressé un état des lieux dans les écoles, le guide aborde les différents paramètres qui apparaissent comme des points clés. Ces paramètres sont développés et illustrés par des exemples concrets en faisant référence aux projets visités (voir encadré). La description des projets permet de mettre en valeur ce qui a bien marché, sans omettre les problèmes rencontrés.
Guggenbühl N., Améliorer l’offre en matière d’alimentation saine dans les écoles et les collectivités: expériences et pistes pour relever le défi, Fondation Roi Baudouin, juin 2008. Vous pouvez obtenir gratuitement ce guide à la Fondation (070 233 728), ou le télécharger à l’adresse [L]http:/www.kbs-frb.be/publication.aspx?id=235906&LangType;=2060[/L] (4 Mb). (1) Plan national nutrition santé belge, texte scientifique, version finale 2005.
(2) Pour consulter le plan: https://www.sante.cfwb.be/publications-et-periodiques/alimentation/
(3) Ces écoles ont été visitées en Communauté française et en Communauté germanophone. Un autre guide a été élaboré en Communauté flamande. Nous vous en recommandons aussi la lecture, il ne fait pas double emploi avec le guide francophone. Il donne plus de conseils de ‘bonnes pratiques’ que son pendant francophone, mais ne s’appuie pas sur un réseau d’expériences de terrain.

Comment les médias façonnent les normes en matière de santé

Le 30 Déc 20

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Les Presses de l’Université du Québec publient le fruit des recherches du Groupe «Médias et Santé» de l’Université du Québec (Montréal). Il s’agit d’une foisonnante compilation d’articles dans laquelle chacun (travailleur de la santé, de l’éducation, des médias…) trouvera éléments de réflexion. Depuis 2005, ce Groupe se consacre à l’étude du rôle des médias dans le façonnement des normes sociales, principalement en matière d’alimentation et d’activité physique.
Les recherches du Groupe (en fait une Unité pluridisciplinaire, instance du Département de communication sociale et publique de l’Université du Québec à Montréal) sont motivées par le double souci d’effectuer des études utiles aux acteurs de terrain et de favoriser une utilisation des médias susceptible d’améliorer la santé et le bien-être de la collectivité.

Postulat

La création du Groupe repose sur le postulat que les médias constituent des sources importantes d’influence sociale et de socialisation mais aussi qu’ils contribuent à structurer les environnements sociaux et physiques. Les médias peuvent de ce fait influer sur le processus de changement individuel et collectif. Et ce de trois manières: en influençant les croyances et les attitudes individuelles, en recadrant le débat d’une perspective individuelle à une perspective sociopolitique (avec le concours de leaders d’opinions) et en modelant les normes sociales (définies comme ce qui est collectivement acceptable et reconnu par un groupe).
L’influence directe des médias sur les croyances et sur les attitudes sociales a fait l’objet de nombreuses études. L’ouvrage rappelle qu’une revue systématique de plus de cent recherches quantitatives sur le lien entre les médias et des indicateurs de santé (obésité, tabagisme, drogue, alcool, hyperactivité, performance scolaire et comportement sexuel) fait état d’un lien entre le degré d’exposition aux médias des enfants et des adolescents et l’obésité et le tabagisme.
Cependant, peu de recherches ont analysé le façonnement médiatique des normes sociales liées à la santé et au bien-être, notamment l’effet des prises de décision des différents agents sociaux (industriels, politiciens, leaders d’opinion) sur la transmission des messages et à l’inverse la façon dont les médias influencent ces agents.
Ces patterns d’influence, leurs effets sur la nature du message émis et reçu, ainsi que sur les normes se situent au cœur du présent ouvrage. Le Groupe «Médias et santé» a développé un modèle intégrateur de la norme. Dans ce modèle, les agents de changement comme les leaders d’opinion, les industriels et les politiciens exercent un rôle dans l’émergence et dans le renforcement de la norme. Ils peuvent influencer l’effet des médias sur la norme.
Ces émetteurs de normes, dépositaires d’enjeux, sont en interaction avec les organisations et les individus qui créent et qui produisent des messages médiatiques (télédiffuseurs, producteurs, scénaristes), ce qui les définit comme émetteurs-relais auprès du public. Lequel public s’approprie et interprète les normes transmises en fonction de son contexte de vie et de son état de santé.
Les médias ne représentent cependant, il faut le rappeler, qu’une des forces d’intégration de la norme. Une force d’intégration loin d’être insensible à la santé justement. On apprend ici que près de 1500 professionnels des médias ont été interrogés sur leur intérêt pour la santé. Les trois-quarts affirment aborder le thème de la santé dans leur projet médiatique. Un professionnel sur dix affirme que l’on devrait accorder à la santé une importance majeure vu les dépenses publiques dans le secteur et l’intérêt des citoyens. Les choix quant aux contenus santé, sont faits en fonction de l’existence de débats sociaux (y compris dans des pays voisins), de l’intérêt de la population, de l’originalité possible dans le traitement du sujet. Sont aussi avancés les prises de position des scientifiques et le traitement de certains sujets par la concurrence.

Vie de la norme

Le cycle de vie d’une norme compte trois temps: l’émergence, la cascade et l’internalisation. Ce cycle peut être influencé par le contexte général mais aussi par des problèmes particuliers, par exemple par un problème de santé publique comme le SRAS (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère).
Au temps de l’émergence , des spécialistes (au sens large, car il peut s’agir de citoyens ayant expérimenté une situation, comme des membres de groupes de self-help souhaitant contribuer à modifier une norme) s’essaient à la construction de normes, avec l’aide de leaders d’opinion qu’ils tentent de persuader du bien-fondé des normes mais aussi de convaincre de les adopter. Les médias peuvent être considérés comme des leaders d’opinion. Ils peuvent jouer un rôle dans la vie des normes.
On signalera ici l’apport d’un chercheur comme Linkebach pour qui les médias, pour changer la perception de certains comportements, devraient présenter la norme réelle. Dans le cas du «binge drinking», cela signifierait que les médias devraient mettre l’accent sur le très faible pourcentage de jeunes qui ont ce comportement excessif plutôt que sur les cas les plus choquants ou spectaculaires.
Une des principales conditions d’émergence des normes résiderait dans leur caractère instrumental. Autrement dit, il faut qu’elles soient perçues comme permettant à des individus d’atteindre un but. Lors de la cascade , les leaders usent de leur pouvoir de conviction. Les adjuvants à l’adhésion à la norme seront le sentiment d’appartenance à un groupe, la conformité, l’estime. Avec l’internalisation , les débats concernant la norme se tarissent.

Nombreux médias

L’approche du Groupe «Médias et Santé» l’a amené à se pencher sur l’évolution des discours médiatiques sur la santé, l’évaluation des campagnes de promotion de la santé, les perceptions de différents publics quant aux messages sur l’alimentation et l’activité physique, les contenus médiatiques ciblant les jeunes ou encore l’épidémie d’obésité et le rôle joué par l’industrie agroalimentaire.
De la vingtaine d’entretiens menés au sein de ce secteur, il ressort que les décideurs pensent qu’il appartient aux seules autorités publiques de sensibiliser à l’équilibre alimentaire le consommateur, défini comme cuisinant définitivement moins qu’il y a quelques années!
Les médias interrogés au cours des contributions qui composent l’ouvrage sont variés: actualités, publicité, séries TV… Ainsi, pour ces dernières, une étude exploratoire de treize séries TV révèle que les références à l’alimentation sont plus fréquentes (40 % des séquences!) que celles à l’activité physique (6% seulement des séquences!). De l’alcool est consommé dans la grande majorité des émissions (10 sur 13). Les fruits et les légumes ne comptent que pour 10 % des occurrences des aliments (127). Le choix se porte vers des silhouettes féminines (le constat ne concerne pas les hommes!) dont la corpulence est loin d’être représentative de celle du commun des vivants.
Les publicités diffusées lors de la présentation de ces séries ont été analysées. Friandises, céréales et fast-food y sont les aliments surreprésentés. L’activité physique est deux fois moins présente à l’image que des aliments. L’activité physique informelle, intégrée au quotidien, est quasiment absente de l’écran.
L’activité physique étant un des thèmes prioritaires du Groupe, celui-ci a analysé l’évolution de la sédentarité de la population québécoise en lien avec les actions gouvernementales et la couverture médiatique en activité physique.
A partir de trois sources de données (données d’enquêtes, couverture médiatique et interventions des autorités publiques via le programme Kino Québec de 1984 à 2005), l’analyse montre un lien ténu entre le bruit sociétal et la pratique d’une activité physique. L’étude met aussi en avant des lacunes en ce qui concerne des données comparables dans le temps.

Les jeunes

Sur le même thème, une étude auprès des jeunes entre 12 et 14 ans révèle qu’ils sont peu interpellés par les messages portant sur l’activité physique qui leur sont destinés. La moitié des jeunes ignorent la fréquence de pratique recommandée.
Des différences se font jour dans la perception des filles et des garçons. Les filles associent l’activité physique aux loisirs, au maintien ou à la perte de poids quand les garçons mettent, à cet âge, en avant les performances et le développement de leurs muscles…
Les chercheurs ont aussi demandé aux jeunes de décrire la journée d’une personne sédentaire. Il ressort des réponses un portrait caricatural: la personne sédentaire mange, dort et regarde la télévision. On voit combien, du coup, les jeunes se sentent peu concernés par la sédentarité.
Les mêmes jeunes ont fait part de leur perception de la campagne québécoise de promotion de l’activité physique et d’une alimentation saine. Le recours à un personnage, soit «Vasy» ou «Le bonhomme bleu», fut-il pertinent? Les filles se montrent critiques quant au look du personnage, et par ricochet au message qu’il colporte, ce dont s’abstiennent les garçons. Au contraire, ils apprécient un personnage masculin et «musclé»! Garçons comme filles soulignent le rôle de leurs parents dans leur alimentation, ce qui invite à ne pas oublier les parents comme cibles des campagnes destinées aux jeunes.
En matière d’alimentation, l’impact d’une campagne grand public à l’alimentation saine (dite aussi «offensive»!) a été analysé. La campagne comprenait des émissions TV, des spots santé télévisuels, des articles, un site internet et la possibilité de participer à un défi individuel.
Parmi les limites pointées par le public: la crainte de voir utilisées des données confidentielles. Les répondants proposent de varier encore davantage les outils de communication: circulaires, tournée d’un porte-parole de la campagne dans des magasins et des lieux publics, organisations de stands, journées-événements dans les municipalités, sensibilisation dans le milieu du travail.

Pistes d’action

L’ouvrage se clôt par une série de pistes d’action pour les praticiens en santé publique. Ces pistes concernent le rôle des intervenants, les messages et les cibles de ceux-ci. Le rôle des intervenants est quadruple: intervenir dans le processus de sensibilisation de l’opinion publique, travailler avec des acteurs de différentes sphères, développer une réelle connaissance des relais médiatiques et enfin tenir compte des représentations de la santé propres aux acteurs médiatiques, aux acteurs de santé et aux acteurs des différentes sphères.
Concernant le contenu des messages qu’ils diffusent, les intervenants sont invités à ne pas perdre de vue qu’ils devraient proposer des données probantes sur des expériences menées ailleurs, être sans cesse curieux des messages véhiculés par les médias et enfin assurer la continuité de leurs propos dans le temps. Il s’agirait donc à la fois de prévoir des «retours de campagnes» et de mettre systématiquement en place des actions-relais. La cible devrait être approchée selon trois priorités: l’action locale, l’identification des relais de terrain et l’adaptation des contenus aux publics ciblés.
Véronique Janzyk
Les médias et le façonnement des normes en matière de santé, sous la direction de Lise Renaud, Presses de l’Université du Québec.
A visiter, le site du Groupe «Santé et Médias» à l’adresse https://www.grms.uqam.ca

Quand art et santé s’allient

Le 30 Déc 20

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La publication «Art et Santé. Regards croisés» a été conçue par un groupe de travail du réseau Art et Santé, coordonné par Culture et Démocratie (voir encadré).
Elle est destinée aux acteurs culturels, aux intervenants en milieux de soins, aux artistes et aux représentants des pouvoirs publics. Son ambition est de soutenir leur travail et d’encourager de nouvelles initiatives.
Elle est le fruit d’un véritable partenariat entre les milieux de soins et artistique, basé sur la concertation, la collaboration et l’enrichissement mutuel, l’accueil, le respect des différences et des spécificités du travail de chacun. Le but de cette publication est avant tout de soutenir cette dynamique.
On y retrouve une présentation des expériences de soignants et d’artistes, soulignant la variété de leurs univers et les réflexions qui les accompagnent.
Un chapitre est spécifiquement consacré à la philosophie et l’éthique du projet. Il présente l’argumentaire qui sous-tend ces démarches artistiques. Les membres d’Art et Santé insistent dans cette partie sur l’idée qu’une intervention artistique en milieu de soins n’a pas pour objectif de guérir mais qu’elle joue le même rôle qu’ailleurs, c’est-à-dire développer la créativité et l’imaginaire, favoriser la rencontre… Sa particularité en milieu de soins est qu’elle rend ce dernier plus humain et favorise le bien-être des patients.
Enfin, la dernière partie de la brochure propose des pistes pour le développement des actions d’Art et Santé: l’information, la formation, des financements…
Une belle initiative mettant en évidence l’importance du réseau. A consulter!

Pour en savoir plus ou pour recevoir/télécharger la brochure: Culture et Démocratie, rue de la Concorde 60, 1050 Bruxelles. Tél.: 02502 12 15. Fax: 02 512 69 11. Courriel: cultureetdemocratie@scarlet.be. Internet: https://www.cultureetdemocratie.be .

Culture et Démocratie en détails

Dans notre société, seule une minorité a réellement accès aux biens culturels classiques, et les autres modes d’expression résistent à une culture de masse où la recherche du profit l’emporte sur toute autre considération.
Dans ce cadre, l’asbl Culture et Démocratie, fondée en 1993, encourage l’accès et la participation de tous les publics à la vie culturelle et artistique.
En effet, en réunissant des partenaires de toutes les disciplines du monde artistique et intellectuel, en les reliant au monde socioculturel et à la mouvance associative, Culture et Démocratie est avant tout un réseau. Sa capacité à rassembler ceux qui travaillent isolément à des projets parallèles, à jeter des ponts, est son atout principal.

Le réseau Art et Santé

Le réseau Art et Santé fédère tous les arts en milieu d’accueil, d’aide et de soins, pour et avec les personnes fragilisées en Communauté française. Toutes les disciplines artistiques et les diverses formes d’approche sont visées: l’animation ou le spectacle, la pratique d’une expression artistique, l’amélioration du cadre de vie.
Le réseau s’est fixé plusieurs objectifs:
– établir un état des lieux de la situation et des ressources existantes (réaliser et diffuser un répertoire);
– définir des attentes et des propositions favorisant la rencontre entre l’art et le patient où qu’il soit (hôpitaux, centres de soins…) et toute personne fragilisée (personnes âgées, handicapées…);
– déterminer un code de déontologie (1);
– contribuer à la mise en place et à l’organisation de formations spécifiques pour les artistes et le personnel soignant/accompagnant;
– favoriser les échanges d’expériences et les rencontres entre soignants et artistes (et autres personnes concernées);
– nouer des contacts avec des services de soins afin de les sensibiliser et de leur fournir des outils pour développer des projets culturels pour leurs publics;
– développer la réflexion et l’expertise sur des problématiques précises (grâce à des groupes de travail thématiques et des échanges d’expériences);
– diffuser l’information entre les membres du réseau et à l’extérieur (agenda des activités, site Internet, reportages…);
– créer les conditions nécessaires au développement structurel durable et professionnel des liens et actions Art et Santé, et permettre la reconnaissance du travail des artistes dans le secteur;
– faire le lien avec les pouvoirs publics et autres réseaux (en Flandre et à l’étranger);
– centraliser l’information concernant le financement des projets et imaginer des campagnes de collecte de fonds et des actions communes.
Le réseau Art et Santé est ouvert aux personnes et associations issues des milieux culturels, de soins et sociaux, et à toute personne concernée ou intéressée. Pour plus d’informations ou pour vous inscrire, n’hésitez pas à contacter Culture et Démocratie.

(1) Ce code intègre trois types de recommandations: des dispositions générales en lien avec la profession, les relations avec le bénéficiaire et ses proches, la collaboration avec les équipes soignantes et l’institution.

Envie de passer à la casserole?

Le 30 Déc 20

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La Mutualité chrétienne vient de sortir un livre au titre assez spectaculaire. On ne s’attendrait pas à tant de légèreté de la part d’un auguste organisme assureur! Nous avons voulu en savoir plus, et avons rencontré France Gerard, chargée de projets à Infor Santé, le service de la Mutualité chrétienne spécifiquement dédié à la promotion de la santé, qui a coordonné la réalisation de cet ouvrage.
Education Santé: Rassurez-nous, les Mutualités chrétiennes n’ont quand même pas succombé à la mode du porno chic?
France Gerard: Bien sur que non! Pour une fois, le titre est à prendre littéralement! Il s’agit donc bien d’un livre de recettes de cuisine.
E.S.: On pourrait dire qu’il s’agit d’un livre de recettes de plus, dans un marché déjà très encombré. Qu’est-ce qui fait son originalité, qu’est-ce qui le distingue du tout-venant?
F.G.: Son originalité essentielle est qu’il est conçu pour des gens qui ne savent pas cuisiner! Nous avons voulu faire un livre de recettes pour les jeunes qui s’installent en kot ou dans leur premier appartement… et doivent pour la première fois assumer la cuisine au quotidien.
Nous sommes partis des situations de vie qu’ils rencontrent tous les jours: les soirées entre copains, la drague, la famille qui s’invite, le blocus, les lendemains de fête… Et nous leur proposons des recettes simples, équilibrées et peu coûteuses.
Nous essayons aussi d’instaurer de bonnes habitudes avec par exemple, un chapitre sur les différentes manières d’accommoder les restes ou un tableau reprenant les fruits et légumes de saison.
E.S.: Pourriez-vous nous en dire plus sur le processus qui a débouché sur la production de cet ouvrage?
F.G.: Depuis plusieurs années déjà, la Mutualité chrétienne développe des outils sur l’alimentation, et ce pour différentes tranches d’âge. Nous avons constaté que peu de choses existaient pour les étudiants et les jeunes qui s’installent. Ils se retrouvent souvent démunis dans une cuisine et sautent alors sur les pizzas, les hamburgers et autre junk food. Notre objectif en réalisant ce livre est de leur donner envie de cuisiner ou d’au-moins oser entrer dans une cuisine. Nous avons voulu mettre en avant le fait que cuisiner est un acte convivial et sympathique. Toutes les recettes ont d’ailleurs été testées et approuvées par les jeunes avec lesquels nous avons travaillé. Certaines sont même leurs créations!

Ce livre destiné aux 18-25 ans propose des recettes simples, équilibrées et peu coûteuses. Il est basé sur 9 situations de la vie quotidienne des jeunes: les copains débarquent, le blocus, le plan drague, à l’improviste, tour du monde express, enfin seul(e), la famille s’invite, les lendemains de la veille, les restes.
Ce livre leur permet d’aborder poêles et casseroles en toute sérénité et même d’y prendre du plaisir! Il comprend également une explication sur les différents modes de cuisson, propose une liste des ustensiles indispensables, un calendrier des légumes et fruits de saison et un lexique qui leur permettra d’utiliser des livres de recettes «sérieux» sans avoir recours sans cesse à un dictionnaire.
Il a un format carré de 15 cm de côté, et une reliure à anneaux qui en facilite l’utilisation en cuisine (pas de risque que le bouquin se referme lâchement au moment crucial!).
Alors, craquerez-vous pour les tagliatelles aux scampis diabolito, pour le taboulé fantaisie, ou pour le tiramisu fraise/rhubarbe?
Envie de passer à la casserole? La cuisine pour les pas trop forts!, une réalisation de la Mutualité chrétienne et de l’asbl Jeunesse & Santé, 86 pages. Illustrations de Serge Dehaes.
Disponible gratuitement pour les 18-25 ans membres de la Mutualité chrétienne sur simple demande en appelant le numéro de téléphone gratuit 0800 10 9 8 7 ou en surfant sur https://www.mc.be . Il est en vente au prix de 5 euros pour les non-membres (frais d’envois compris).

E.S.: En quoi ‘Envie de passer à la casserole?’ est-il un outil de promotion de la santé? Quels objectifs poursuivez-vous en matière d’ ‘éducation nutritionnelle’ des jeunes adultes?
F.G.: Notre volonté n’est pas de faire un livre de recettes pour faire un livre de recettes. Notre souhait est que les jeunes puissent associer manger à un moment convivial, agréable. Nous avons aussi travaillé des notions de confiance en soi et d’estime de soi. Inviter des copains à manger quelque chose que l’on a réalisé soi-même n’est pas évident pour tous les jeunes. En soutenant les compétences psychosociales du jeune, nous encourageons le fait qu’il ose se lancer et qu’il puisse même y prendre du plaisir. Notre but n’est pas d’en faire un chef-coq ou un pro de la nutrition…
E.S.: Avez-vous déjà assez de recul pour vous faire une idée de l’accueil que les jeunes réservent à cet ouvrage?
F.G.: Trois mois après sa sortie, nous ne pouvons évidemment pas encore évaluer avec précision et finesse, mais les réactions sont très positives. Aussi bien au niveau des recettes que les jeunes ont testées que du «look» du livre.
E.S.: Le bouquin est-il réservé aux seuls affiliés de la Mutualité chrétienne ou tout un chacun peut-il se le procurer facilement?
F.G.: Tout le monde peut se procurer le livre via le site internet de la mutualité. Il est offert aux membres de la Mutualité chrétienne âgés de 18 à 25 ans et coûte 5€ pour les non-membres.
E.S.: Avez-vous fait un effort particulier en matière de promotion?
F.G.: Oui. Pour cette production, outre les canaux de communication habituels (journal de la mutualité, site internet, lettre d’information électronique), nous avons aussi eu recours au réseau de cartes postales Boomerang qui sont présentes dans les endroits où les jeunes sortent (restos, cafés, cinémas…) et nous avons également envoyé des affichettes aux hautes écoles et aux universités.
E.S.: Depuis 2 ans, notre pays met fortement l’accent sur l’alimentation équilibrée et l’exercice physique. Avez-vous également des initiatives visant le public jeune sur ce plan-là?
F.G.: Oui. La Mutualité chrétienne développe toute une série d’actions reprises sous le label Réflexe Santé. Il s’agit aussi bien de dépliants d’information que d’actions sur le terrain visant à «mieux manger et bouger plus». Rendez-vous sur https://www.reflexesante.be pour en savoir plus. Propos recueillis par Christian De Bock

Comportements à risque des enfants et adolescents

Le 30 Déc 20

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L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) met à la disposition des promoteurs de programmes de prévention ou de promotion de la santé des enfants d’âge scolaire une synthèse de la littérature scientifique et technique internationale sur les interventions de prévention des comportements à risque et leurs modalités d’application.
Ce référentiel de bonnes pratiques ‘Comportements à risque de santé: agir en milieu scolaire – Programmes et stratégies efficaces’ s’adresse aux personnes qui sont à l’initiative de la conception et de l’implantation de programmes de prévention et de promotion de la santé en milieu scolaire, et, au-delà, à tous ceux qui interviennent dans la conception, la mise en œuvre et l’évaluation de ces programmes.
Il identifie les moyens efficaces pour prévenir les comportements à risque et contribuer ainsi à réduire leur fréquence et la gravité des traumatismes ou pathologies qui pourraient en découler, sans pour autant supprimer toute prise de risque.
En effet, l’enfance et l’adolescence sont des périodes d’expérimentation, associées à des comportements à risque: violence dirigée contre soi ou contre les autres, usage nocif de substances psycho-actives, expériences de comportements dangereux sur les routes ou durant les loisirs, comportements sexuels à risque…

Permettre aux enfants d’acquérir des compétences favorables à leur santé

L’école est le lieu par excellence d’ancrage des programmes de promotion de la santé et de prévention des conduites à risque. Ces programmes permettent aux enfants d’acquérir des compétences favorables à la santé (développement de compétences sociales, émotionnelles et cognitives) en utilisant des méthodes interactives s’inscrivant dans la durée. Ils favorisent la création d’un environnement propice à leur mise en pratique.
Ces comportements, qui sont des facteurs de protection vis-à-vis des comportements à risque, sont aussi des vecteurs de réussite à l’école.

Proposer des stratégies de prévention reconnues

Ce recueil se structure en deux parties autour de six chapitres.
La première décrit les étapes et éléments du développement des enfants et des adolescents, les comportements considérés comme à risque et les facteurs qui influencent et déterminent ces comportements.
L’autre partie propose des stratégies de prévention reconnues comme efficaces ainsi que les ressources utiles à l’élaboration des interventions.
‘Comportements à risque de santé: agir en milieu scolaire’, sous la direction de Martine Bantuelle et René Demeulemeester, Ed. INPES, 2008, 132 p.
Ouvrage disponible gratuitement sur demande auprès de l’INPES (edif@inpes.sante.fr), Service diffusion, 42 boulevard de la Libération, 93203 Saint-Denis Cedex.

Le Panorama social, un guide complet des législations sociales (2008)

Le 30 Déc 20

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Le service social de la Mutualité chrétienne est à la pointe de l’information sociale concernant les personnes malades, handicapées, âgées et/ou à faibles revenus. Il a voulu faire profiter les intervenants sociaux et le grand public de son expérience en publiant un guide abordant les dispositions sociales en vigueur dans notre pays.

Cet ouvrage de référence en est aujourd’hui à sa troisième édition.
Où dois-je m’adresser pour obtenir des allocations pour handicapés? Suis-je dans les conditions pour bénéficier d’un remboursement préférentiel en soins de santé? En tant que malade chronique, ai-je droit au tarif téléphonique social? A quelle condition puis-je bénéficier de la garantie de revenus pour personnes âgées?

Autant de questions parmi d’autres auxquelles le «Panorama social» apporte des réponses concrètes.

Notre système de protection sociale est complexe et les législations sociales sont sans cesse modifiées, actualisées. Il n’est pas facile non plus de s’y retrouver parmi les dispositions en vigueur dans un paysage politique régionalisé.

D’ailleurs, beaucoup d’ayants droit ne profitent pas des avantages sociaux offerts pour la bonne et simple raison qu’ils ne les connaissent pas ou qu’ils pensent ne pas répondre aux conditions et ne savent pas à qui s’adresser.

Concrètement, le «Panorama social» aborde la législation sociale en Belgique, en Wallonie et à Bruxelles en 5 parties
– la sécurité sociale: le guide donne un aperçu des différents régimes qui la composent et approfondit chacun de ses secteurs;
– l’aide sociale: ce deuxième filet de notre système de protection sociale est basé sur une enquête sur les revenus;
– les institutions et dispositifs favorisant l’autonomie des personnes malades et handicapées;
– les différentes réglementations centrées sur la notion d’accessibilité aux dispositifs sociaux spécialisés;
– récapitulatif des montants des prestations sociales.

L’originalité du «Panorama social» est d’aborder les législations sociales sous deux angles d’approches complémentaires. On peut entrer dans le guide par le biais des publics concernés. L’utilisateur pourra ainsi trouver rapidement l’information dont il a besoin en fonction de sa situation personnelle ou en fonction de celle de la personne rencontrée. Par la même occasion, il pourra consulter une sorte de liste récapitulative des mesures prises en faveur d’un public défini. A chacun des publics cibles correspond un symbole représentatif.
On peut aussi consulter le guide en choisissant un thème bien précis comme par exemple l’assurance maladie-invalidité, l’assurance chômage, les pensions, le revenu d’intégration, les prestations familiales, les avances sur créances alimentaires, le règlement collectif de dettes, les avantages sociaux pour personnes handicapées, les accidents de travail, etc.

Le «Panorama social» est un outil incontournable pour tous ceux qui, de près ou de loin, dans leur vie quotidienne ou à titre professionnel, sont confrontés aux législations sociales ou rencontrent des personnes en difficulté. Il s’adresse ainsi aux services sociaux, aux services de santé généraux, aux infirmiers, aux médecins mais aussi aux personnes malades, handicapées, dépendantes de soins…

Jacquinet S., Meurice A., Notté C., Panorama social 2008, 936 p., Editions Vanden Broele, 49 euros en librairie).

Usage de drogue

Le 30 Déc 20

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Depuis 2001, Citadelle asbl organise des séances de partage de pratiques autour des assuétudes. L’ensemble des interrogations des professionnels et des pistes de réponses d’experts a été réuni dans un livre intitulé ‘Usage de drogues: des professionnels vous en parlent’. Il s’adresse aux professionnels mais aussi au grand public.
Un Midi Santé de l’Observatoire de la Santé du Hainaut présentait récemment l’ouvrage et la démarche du réseau. « Il était urgent de prendre le temps de réfléchir …» Voilà comment le Dr Nadine Van den Broeck , de la maison médicale de Tournai résume le projet. « Nous nous sommes mis à organiser la réflexion après avoir beaucoup agi au sein de Citadelle », explique-t-elle. « Nous avons donc rassemblé nos questions et invité une série d’experts à des tables rondes
La réflexion est née simultanément au passage d’une époque de ‘haut seuil’ vers une époque de ‘bas seuil’ pour la prise en charge du patient. « Au début », explique-t-elle, « nous avions en tête une dégression dans l’usage de drogues . C’était avant l’époque de la prévention des risques . C’était avant tout ce que les patients nous ont appris . Aujourd’hui , nous répondons à la demande de substitution , nous rassurons le patient . Nous posons les doigts sur la prescription en demandant comment ça va à part ça , et là la communication peut s’enclencher
Au fil du temps, les tables rondes vont brasser la problématique des assuétudes, actualiser les connaissances, faire se rencontrer les points de vue.
L’ouvrage comprend cinq grandes rubriques: les familles, les jeunes et les nouveaux usages de drogues (en ce y compris le ‘net’ et les jeux) , les thérapies de substitution (la situation géographique du réseau permet de développer les différences Belgique-France), le sevrage et une dernière section consacrée à des thérapies plus marginales ou alternatives (il y est question par exemple des groupes d’entraide). Des experts s’expriment aussi, au fil des pages, sur des sujets complexes comme le lien entre la psychose et la toxicomanie, l’état des lieux des connaissances en matière de neurotransmetteurs, la substitution et ses ‘dérapages’.
Un des points de vue développés concernant ces dérapages souligne que la présence de méthadone en rue (donnée ou vendue) permet à certains, qui ne seraient pas allés la chercher en cabinet ou en centres spécialisés, de l’approcher et d’entamer par la suite une démarche de demande de substitution.
L’ouvrage ‘Usage de drogues’ est issu d’une collaboration avec le réseau ALTO (Alternatives aux Toxicomanies) de la Société scientifique de médecine générale. La particularité du réseau Citadelle est d’organiser ses consultations de manière décentralisée. Celles-ci se déroulent dans quatre lieux, deux maisons médicales et deux services de santé mentale. Les patients y sont reçus (par les médecins, psychologues, assistants sociaux) comme des patients parmi d’autres, à part entière.
Citadelle travaille avec tout usager de produit psychotrope ou toute personne de l’entourage qui formule une demande. Le champ d’action ‘assuétudes’ est perçu comme étant indissociable des difficultés psychologiques et des problèmes sociaux. Citadelle travaille ainsi aujourd’hui sur deux axes complémentaires: la prévention (en collaboration avec Canal J) et le soin psycho-médico-social (par la coordination de quatre institutions de soins ambulatoires).
L’expérience acquise au contact d’usagers de drogues, particulièrement des héroïnomanes, a amené l’équipe du réseau à réfléchir à des stratégies de prévention primaire et secondaire. Interpellés par le monde des enseignants et des travailleurs sociaux confrontés aux jeunes consommateurs de produits stupéfiants, les travailleurs ont élargi leurs actions et se sont engagés dans des réflexions et des actions à leur égard. Sont ainsi menés des programmes de prévention dans les milieux de vie des jeunes (écoles, institutions de placement et d’hébergement, internats, maisons de jeunes, clubs sportifs, chapiteaux, dancings, quartiers…). Autant que possible, l’équipe privilégie le travail en groupe avec les membres d’une même institution de manière à pouvoir réfléchir ensemble à une approche adaptée.
On soulignera que les conférences qui ont mené à l’ouvrage ‘Usage de drogues’ se poursuivent. Tout professionnel y est le bienvenu. Citadelle collabore étroitement avec les hôpitaux, les généralistes (notamment les membres de Alto), les différents partenaires de la ville, les pharmaciens, etc.
Usages de drogue, des professionnels vous en parlent, pratiques partagées autour des assuétudes, Ed. Luc Pire, 2007, 144 pages, 14 euros.
Site internet: https://www.citadelle-asbl.org
Véronique Janzyk , Observatoire de la Santé du Hainaut