L’évolution du traitement des maladies coronariennes est positif. Mais les écarts entre la connaissance des facteurs de risque et leur incidence sur le mode de vie de la population reste énorme. Il est donc urgent d’intensifier la prévention auprès du plus large public.
Les maladies cardio-vasculaires restent la première cause de mortalité en Belgique. Toutes se caractérisent par un dépôt de lipides à la surface et à l’intérieur même de la paroi artérielle (athéromatose). Ces dépôts se forment petit à petit mais leurs manifestations extérieures (angine de poitrine, accident vasculaire cérébral, infarctus aigu du myocarde, etc.) surviennent généralement plusieurs décennies après le début des lésions vasculaires.
Le traitement de ces maladies a connu une évolution favorable au cours des dernières décennies, si l’on en croit les études réalisées à Charleroi et Gand depuis 1983. Cette évolution s’explique tant par une baisse des taux d’attaque que par une meilleure survie, surtout quand les patients sont hospitalisés à temps. Malgré cela, la maladie ischémique du cœur tue encore: en 1993-1994, elle était la cause du décès de 11 % des femmes et 13 % des hommes. De plus, les femmes malades bénéficient moins que les hommes de ces mesures positives puisque leur survie est moins bonne alors que leur risque absolu est moins élevé.
Facteurs de risque connus
Toutes ces données sont mises en évidence par le dernier ‘Rapport sur la maladie ischémique du cœur’ . Réalisé par le Centre de recherche opérationnelle en santé publique (CROSP), il a pour objectif d’ aider les ministres des Communautés française et flamande compétents en matière de prévention santé et leurs Administrations à rechercher une approche globale et harmonieuse des problèmes. Mais les données qu’il contient, accessibles très largement via l’internet, peuvent également intéresser le personnel médical et paramédical, les chercheurs, les enseignants et les étudiants, et la presse médicale. Elles montrent en effet l’écart entre la connaissance que le public a des risques encourus et l’influence étonnamment faible de ce savoir sur son mode de vie.
Les facteurs de risque des maladies cardio-vasculaires, en effet, sont bien connus. On sait que les facteurs génétiques jouent un rôle important dans la genèse de la maladie cardio-vasculaire ainsi que dans le développement de plusieurs de ses facteurs de risque majeurs: l’hypertension, la cholestérolémie, le diabète et la consommation de tabac. On sait aussi que le risque lié au manque d’exercice physique est clairement démontré, de même que l’influence directe du régime alimentaire. Enfin, on n’ignore plus que les facteurs psychosociaux (personnels, familiaux et professionnels) et les facteurs socioéconomiques jouent également un rôle important tant sur les facteurs de risque que dans la genèse de la maladie.
Intensifier la prévention primordiale
Pourtant, en Belgique, un cinquième des patients sont toujours fumeurs, quatre cinquièmes sont obèses ou présentent une surcharge pondérale. La moitié a une pression artérielle trop élevée. Trois cinquièmes présentent un excès de lipides…
Les progrès à réaliser en matière de détection et de prévention restent donc très importants, qu’il s’agisse de prévention primaire (auprès du public à risque) ou de prévention secondaire (accompagnement des patients après un accident coronarien). Le Rapport note aussi que le vieillissement de la population et l’amélioration de l’efficacité des traitements préventifs et curatifs font croître le nombre de patients qui nécessitent une prévention secondaire. Avec l’augmentation des coûts que cela suppose.
Ceci rend donc la ‘prévention primordiale’ (auprès du plus large public possible) plus nécessaire que jamais. Celle-ci relève de la promotion de la santé. Comment s’y prendre? Selon le Rapport , pour amener la population à adopter un mode de vie plus sain, il ne suffit pas d’influencer les connaissances, les attitudes et les pratiques des individus. Il faut surtout réussir à mobiliser tous les secteurs concernés: milieux de travail, écoles, transports, consommation, logements… Ces actions de prévention primordiale exigent un travail de longue haleine, mais ce sont elles qui doivent permettre d’atteindre les gains de santé les plus importants.
Le texte de ce Rapport peut être consulté sur le site ‘>http://www.iph.fgov.be/epidemio/morbidat
Renseignements complémentaires: Centre de recherche opérationnelle en santé publique (CROSP), Docteur Jean Tafforeau, ISP, Service d’épidémiologie, 14, rue J. Wytsman, à 1050 Bruxelles. Tél.: 02 – 642 57 71. Fax: 02 – 642 54 10.