Paradoxes à propos du cannabis. Trente-six minutes pour dédramatiser

Réalisée à l’intention des parents et des éducateurs, la vidéo Paradoxes à propos du cannabis visite avec humour et recul les idées reçues et les préjugés. Elle invite à construire des points de vue réfléchis sans dramatisation ni banalisation.
«Mesdames, Messieurs, au nom de la protection, de la jeunesse et de la santé publique en général, le Haut Conseil des Pays du Sud (HCPS) a décidé d’interdire la production, l’importation et la consommation d’alcool, sous toutes ses formes en ce compris la bière et le vin de table, dans l’ensemble des pays d’Afrique et d’Asie.
Dans le but d’enrayer le fléau que représente l’alcoolisme, le HCPS a voté un budget extraordinaire de 55 milliards d’Unités financières pour aider les pays producteurs tels que la France, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, le Chili, la Californie, à arracher leurs pieds de vignes et les plants de houblon et à reconvertir les producteurs dans d’autres secteurs agricoles».
Avec ce premier sketch d’une série de douze, le ton est donné. Paradoxes, à propos du cannabis emmène le spectateur au cœur-même des idées reçues et des stéréotypes les plus répandus. Conçue à l’intention des parents, des enseignants et des animateurs, cette vidéo met en scène une série de situations quotidiennes et aborde ainsi, avec humour et en permettant de prendre un salutaire recul, une douzaine de facettes de la problématique de l’usage du cannabis.

Remise en question

Dans la première saynète, Le vin drogue interdite , un dirigeant africain interdit l’alcool au nom de la santé publique. Dans la dernière, Taxes et accises , un présentateur de télévision et un responsable politique discutent de la morale et des intérêts économiques. Entre les deux, Suspicion en chaîne montre comment un joint trouvé dans le hall d’entrée d’une famille tranquille alimente rumeurs et conclusions hâtives, Les mauvais parents peint un couple touchant et désireux de bien faire en proie à l’éternelle culpabilité des parents, Tout est permis met le doigt sur le désarroi du grand public face aux changements de législation…
Contrairement à ce qui se fait généralement, la vidéo ne contient donc ni chapitre historique, ni témoignages dramatiques, ni volet scientifique sur le produit et ses effets. Elle ne présente pas non plus un vaste inventaire des lois et arrêtés en vigueur. Elle n’est pas davantage recueil de recettes ou de conseils judicieux…
Paradoxes, à propos du cannabis aborde l’usage du cannabis via ses mécanismes fondamentaux. Elle propose donc tout simplement – mais c’est très ambitieux – de permettre à chaque éducateur de remettre en question son approche du sujet.

Une approche pour le terrain

Cette approche est née du besoin régulièrement rappelé par les travailleurs de terrain de disposer d’un outil d’information à l’usage des parents et des enseignants. En effet, s’il existe en Europe environ 2000 vidéos recensées sur la «drogue», aucune ne répondait à un besoin d’information claire, objective, dénuée de parti pris. Or l’usage du cannabis est une réalité dans notre société. On ne parle généralement plus à son propos de «drogue» ou de «drogué» et on ne le compare plus à l’héroïne, mais plutôt à l’alcool ou au tabac.
La réalisation d’une vidéo adaptée aux besoins du terrain a donc été confiée à Joël A. Stevens qui a travaillé en collaboration avec Infor-Drogues.
Le propos est exposé sous forme de douze sketches d’environ trois minutes chacun, interprétés par des comédiens professionnels qui jouent un dialogue entre deux ou trois personnages. Ces douze saynètes sont reliées les unes aux autres par l’intervention d’un personnage metteur en scène qui commente chacune d’elles. La forme est dépouillée, les décors stylisés: toute l’attention est donc focalisée sur le propos servi par une interprétation de qualité.

Un guide d’animation

Pour chaque saynète, l’équipe de prévention d’Infor-Drogues a rédigé une fiche d’animation qui balise les pistes de réflexion suscitées par les douze situations. Le document qui les rassemble est destiné aux éducateurs et aux animateurs soucieux de s’informer avant de lancer le débat auprès d’un public de parents. Il propose un résumé de chaque séquence filmée et, pour chacune, un relevé des idées paradoxales présentées avec un commentaire argumenté et quelques pistes pour prolonger la réflexion. Il est complété par une sélection bibliographique.
Les idées développées dans l’argumentaire ont été choisies de manière subjective et il serait possible, bien sûr, d’en sélectionner d’autres. Le but des auteurs de ces fiches a été de reprendre une à une les idées reçues sur les drogues et sur leur consommation qui circulent dans le discours ambiant. En effet, «la manière dont on parle des drogues n’est pas sans effet sur la manière dont chacun considère la question».
La volonté des auteurs de la vidéo et du document qui l’accompagne est d’éviter la dramatisation comme la banalisation et de permettre à tous les éducateurs de se forger une opinion personnelle grâce à des points de repère et des informations claires et sereines. Ceci afin d’ouvrir un véritable dialogue qui puisse avoir un effet préventif sur les consommations problématiques de drogues.
Anne-Marie Pirard