Pour la première fois, plusieurs administrations et associations de la Communauté française (ONE, Direction générale de l’Aide à la jeunesse, Direction générale de l’Enseignement obligatoire, Equipes SOS Enfants, Ligue des familles…) ont collaboré à la mise au point d’un programme de prévention de la maltraitance. Cette campagne débutée le 15 avril dernier et humoristiquement intitulée Yapaka, est une initiative de Nicole Maréchal, Ministre de l’Aide à la jeunesse et de la Santé.
Reposant sur un décret relatif à l’aide aux enfants victimes de maltraitances voté par le Parlement de la Communauté française le 16 mars 1998, la campagne Yapaka vise à soutenir le travail des intervenants de première ligne et à sensibiliser le public à une optique d’aide et de soutien aux familles en difficulté plutôt qu’à leur stigmatisation. Ici, la maltraitance est envisagée comme résultant de situations de souffrance plutôt que de malveillance ou de perversion.
Elle poursuit essentiellement deux objectifs:
– redonner confiance aux parents, les encourager dans leurs démarches éducatives, les inviter à s’appuyer sur leurs proches et leur rappeler qu’en cas de besoin, des professionnels sont là pour les aider;
– inviter les parents à prendre conscience du décalage qui peut exister entre leur monde et celui de leurs enfants, entre leur rythme et celui des plus petits. Dans une famille, chacun a ses envies, ses besoins, son langage. Comprendre ces différences, prendre du recul, s’interroger sur ce qu’on est en train de vivre est une première étape pour éviter de sombrer dans les situations de maltraitance.
L’esprit
Les projets et les actions de communication sont centrés sur une sensibilisation à ‘bien traiter’ les enfants, à construire des relations de confiance.
Le programme travaille avec toutes les personnes en contact avec les enfants: parents, adultes, acteurs de terrain, professionnels, tous secteurs confondus. Chacun à son niveau peut jouer un rôle dans ce domaine.
On y privilégie donc le décloisonnement, la pluridisciplinarité et la transversalité de manière à valoriser les diverses compétences et collaborations.
La plupart des projets mis en place sont issus de propositions du terrain qui ont fait l’objet d’une réflexion approfondie.
L’interdisciplinarité implique également des collaborations avec les organismes dépendant d’autres entités fédérées (la justice au fédéral et la santé mentale au régional).
Avec son drôle de nom, Yapaka tente aussi de mettre du jeu et de la créativité entre les difficultés réelles et les réponses toutes faites (il n’y a qu’à, il suffit de…) ou déresponsabilisantes (que fait la justice, le corps médical, le gouvernement?).
Les outils
Le programme se décline en deux axes.
Le premier concerne les professionnels et les acteurs du terrain . Il est symbolisé par le concept du ‘temps d’arrêt’: s’arrêter un moment pour s’informer, se former, travailler en réseau… C’est dans cette optique qu’un guide à l’usage des intervenants a été réalisé et diffusé à 40.000 exemplaires dans toute la Communauté française, et qu’une formation rassemblant des professionnels de tous secteurs en contact avec les enfants est en cours. Divers outils seront également mis à leur disposition dans les mois à venir pour les aider concrètement dans leurs contacts avec les parents et les enfants.
Exemples de structures concernées: l’Enseignement, l’ONE, les Services d’Aide à la jeunesse (SAJ, SPJ, IPPJ, institutions résidentielles, services de placement familial, centres d’orientation éducative, services d’aide en milieu ouvert), l’Education permanente et la Jeunesse (organisations de jeunesse, centres de jeunes, plaines de jeux, unités scouts et guides, échevinats de la jeunesse des communes), la Culture (bibliothèques), le Sport (centres sportifs, bureaux provinciaux), la Santé (centres locaux de promotion de la santé).
Le deuxième axe concerne le grand public . La communication grand public vise à construire un climat favorable à une prévention basée sur l’aide plutôt que sur la répression, à relier publics et professionnels, et à encourager d’y avoir recours. Le public concerné représente l’ensemble des parents en mettant un accent particulier sur les familles en situation de fragilité affective, financière, sociale pouvant les amener à rencontrer plus de difficultés. Concrètement, la campagne médiatique prend quatre formes.
Les spots TV et radio
Huit saynètes mettent en scène la vie quotidienne de manière à sensibiliser les parents à la coexistence des différences entre leur rythme de vie et celui de leurs enfants, dans le but de susciter un recul sur leur façon d’être. Le simple fait de ne pas prendre conscience de l’existence de ces deux univers peut entraîner, dans certains cas, des situations de maltraitance. Aménager un temps d’écoute est une manière de mieux se comprendre.
Le magazine Yapaka
Ce magazine de 16 pages complète la campagne audiovisuelle. Il apporte une information plus nuancée, destinée au grand public. Il s’intègre dans une démarche positive du développement de l’enfant, veille à faire confiance aux parents. Il est notamment diffusé par Ciné Télé Revue et par les services de proximité qui pourront l’utiliser comme outil de communication.
Les autocollants
Ils ont pour but de tisser un lien entre les spots TV et le magazine, et de stimuler l’interactivité. Neuf messages pense-bête invitent parents et enfants à prendre le temps de jouer, de s’arrêter, à veiller à ce que chacun ait son rythme, son espace. Les autocollants avec une bulle vide permettent aux familles de créer leur propre message. Les meilleurs seront édités dans la suite de la campagne. La diffusion est assurée par les intervenants en contact avec les parents et les enfants.
Le site internet: http://www.yapaka.be
L’intérêt du site est qu’il est facilement accessible à n’importe quel moment dans les foyers, là où la maltraitance se développe principalement. L’objectif est de favoriser les relations et la parole entre parents et enfants au sein de la famille. Le site privilégie l’impulsion vers la famille plutôt que la relation à l’ordinateur.
On y retrouvera les articles du magazine Yapaka , des propositions d’activités à faire ensemble (lecture, jeux, bricolage, sport… notamment en lien avec d’autres départements de la Communauté française, comme la lecture publique, l’ADEPS, etc.) et de nombreux liens vers d’autres sites de référence intéressants ( http://www.one.be , http://www.liguedesfamilles.be …).
Adresse de contact: Coordination de l’Aide aux victimes de maltraitance, Ministère de la Communauté française, Bd Léopold II 44, 1080 Bruxelles. Tél.: 02-413 25 69. Fax: 02-413 23 18.Courriel: yapaka@yapaka.be. d’après le dossier transmis par le Cabinet de Nicole Maréchal, Ministre de l’Aide à la Jeunesse et de la Santé