Nous vous avons déjà parlé de «Pipsa», le site de l’Outilthèque Santé. Depuis quelques mois, un autre site reprenant la base de données de l’ «Inventaire des groupes d’entraide», lui aussi géré par le Service Promotion santé de la Mutualité socialiste, est accessible.
Nous nous sommes demandé ce qui poussait une mutualité à investir dans des sites de promotion de la santé à côté de son propre site http://www.mutsoc.be . Nous avons donc rencontré Catherine Spièce et Anne Fenaux, qui gèrent respectivement les sites Pipsa et Self-help.
Education Santé: Pouvez-vous retracer pour nous en quelques mots l’origine des sites Pipsa et Self-help?
Catherine Spièce : Au départ, nous n’avions pas pensé immédiatement à un site. Nous songions plutôt à réaliser un catalogue papier présentant les outils disponibles dans le secteur de la promotion de la santé (un peu sur le modèle du catalogue de la collection Education pour la santé de la Médiathèque de la Communauté française de Belgique ). Pour nous, le site viendrait plus tard. Il faut savoir qu’au moment où nous imaginions de lancer l’ Outilthèque Santé (1998), moins de gens avaient accès à l’internet qu’aujourd’hui.
Nous étions toutefois confrontées au problème de la gestion des mises à jour d’un catalogue, de son manque d’interactivité, de sa lourdeur d’utilisation. L’idée a fait son chemin et nous nous sommes lancées dans le projet de site; nous avons introduit une demande de financement auprès de la Communauté française, qui a été acceptée.
La subvention prend en charge les coûts de fonctionnement du projet Outilthèque Santé , c’est-à-dire qu’elle soutient le travail réalisé en direction des éducateurs-relais.
Anne Fenaux : L’idée du site Self-help est venue un an après. Dans la décision de le réaliser intervient à nouveau le problème de la lourdeur des mises à jour de l’inventaire des groupes d’entraide que nous éditons depuis une dizaine d’années. Contrairement au site Pipsa, celui-ci est entièrement financé par la Mutualité socialiste, et non par la Communauté française, puisqu’il ne s’agit pas de prévention mais de participation des usagers des services de santé.
ES: Pourquoi ce choix de la Mutualité socialiste d’investir dans l’internet?
AF : En réalité, au moment de la création du site Pipsa, le site de la Mutualité socialiste n’était pas encore accessible. Mais la demande pour ce type de support était bien présente. Il faut quand même remarquer que le lien avec la Mutualité socialiste sur Pipsa est assez discret.
Par rapport au site Self-help, la Mutualité socialiste a depuis des années la pratique des associations de patients. Il s’intègre dans les ambitions de la Mutualité socialiste de développer un système de santé moderne et accessible à tous, de favoriser le travail de prévention et d’information et d’améliorer le soutien aux patients et à leur famille.
ES: Quel est le coût du lancement et de la maintenance de deux sites comme ceux-là?
CS : La conception de Pipsa a coûté environ 17.350 €. Dans ce montant, on compte le travail de la société créatrice ainsi que le service après-vente de la première année, mais pas notre temps de travail.
AF : On arrive à environ la même somme pour le site Self-help…
A cela, il faut ajouter le coût de l’hébergement du site (les deux sites sont hébergés chez le concepteur), qui se monte à 49,58 € par an, ainsi que la réactualisation du nom de domaine pour 2 ans. Pour nous, cela se chiffre à 991,57 € pour 8 noms (on peut ainsi arriver sur nos sites en utilisant plusieurs orthographes).
Dans le coût de l’entretien d’un site, il faut aussi compter le travail de référencement sur d’autres sites, qui dans notre cas est pris en charge par le concepteur, la gestion des ‘bugs’, l’ajout de fonctionnalités nouvelles, … Tout ajout ou toute modification technique fait l’objet d’un devis complémentaire.
ES: A qui avez-vous fait appel pour concevoir les sites?
CS : Nous avons envoyé des demandes de prix un peu au hasard, auprès de différentes sociétés qui ne s’occupent que de conception de sites. La société avec laquelle nous travaillons actuellement a été choisie en fonction du sentiment que nous avions de pouvoir travailler avec quelqu’un capable d’opérationnaliser nos souhaits, qui connaissait un peu notre domaine, et surtout qui avait le souci de rendre le client indépendant et autonome. C’est très important lorsqu’on se lance dans une telle aventure!
Un conseil pour ceux qui veulent créer un site de banque de données: n’hésitez pas à le pré-tester avec des gens qui ne sont pas familiarisés avec le message que vous voulez faire passer, laissez-les surfer et recueillez leurs impressions. C’est aussi une étape intéressante dans le processus de création.
ES: Comment arrivez-vous à maintenir un niveau de qualité dans la mise à jour de chaque site?
AF : Avant tout, il faut savoir que ce genre de sites ne peut pas vivre tout seul. Pour Pipsa, chaque mois ou parfois plus, un nouvel outil est publié. De plus, les avis sur les outils recueillis dans le cadre du travail de la Cellule d’experts , doivent être ajoutés au fur et à mesure. Sur le site Self-help, ce sont des adresses d’associations qui sont répertoriées, ainsi qu’un agenda de leurs activités, et il n’y a rien de plus changeant!
Pour ce dernier, nous travaillons donc en partenariat avec ces associations, chacune s’engageant par un accord annuel à nous fournir toute l’information sur un éventuel changement de coordonnées, sur les activités qu’elle développe (publications, colloques, formations,…). Ce n’est qu’avec cet accord daté et signé que nous renseignons l’association sur le site.
CS : Pour Pipsa, nous travaillons un peu différemment. Il y a en fait deux étapes: l’encodage dans la base de données d’outils pédagogiques se fait soit par nous-mêmes, soit directement par les producteurs des outils. On a alors une simple collection d’outils, sans jugement de valeur (sauf si un utilisateur prend la peine de partager son expérience avec un outil et souhaite en faire part au plus grand nombre via le site). Pour aller plus loin, nous avons mis sur pied une Cellule d’experts représentatifs du secteur de la promotion de la santé (relais de terrain, CLPS, pédagogues, documentalistes,…), qui analysent les outils et émettent un avis sur les objectifs qu’ils poursuivent et sur les utilisations possibles. A ce jour, 31 outils ont été évalués et ont reçu entre zéro et trois coups de cœur. Cette liste est accessible directement sur le site dans la rubrique « Sélection rapide » en sélectionnant « Nos coups de cœur ».
Par ailleurs, nous avons établi des conventions de partenariat:
– avec la plupart des centres locaux de promotion de la santé (CLPS), dans le but d’optimaliser l’échange d’informations entre les utilisateurs de Pipsa et les relais qui fréquentent les CLPS, et de mettre en commun l’analyse des besoins et attentes de nos publics respectifs;
– avec la Pédagothèque du Comité français d’éducation pour la santé, qui a la même démarche que nous dans le recensement et la recherche de qualité dans les outils de promotion de la santé;
– avec le service Infor Santé de l’Alliance nationale des mutualités chrétiennes qui publie Education Santé, afin d’optimaliser le système d’échange d’information entre les utilisateurs de Pipsa et les lecteurs de la revue (3)
AF : Vous l’aurez compris, la gestion de ces deux sites est très exigeante, elle demande beaucoup de rencontres et discussions avec les différents partenaires… Je pense que nous ne pourrions pas le faire si nous n’avions, derrière nous, l’appui de la Mutualité socialiste, c’est-à-dire une institution importante, qui nous soutient par l’apport de son infrastructure, de l’outil informatique, ainsi que par l’investissement en terme de temps de travail.
ES: Pouvez-vous nous donner un aperçu des gens qui consultent les sites?
AF : Pour Pipsa, il s’agit de relais et de professionnels de la santé ou de l’éducation. Nous avons environ 1800 visiteurs par mois (au bout de deux ans), dont on observe la fidélisation progressive et, peu à peu, l’interaction avec notre service en terme de demandes pour aller plus loin que le seul outil.
Pour le site Self-help, le public est différent. Il s’agit prioritairement des affiliés, des familles, des patients et ensuite des professionnels de la santé. Ce site a été ouvert en mai 2001 et nous avons à ce jour environ 850 visiteurs par mois. Il est possible d’obtenir chez nous des statistiques de consultation détaillées.
L’essentiel est de fidéliser l’utilisateur, puisque les sites évoluent chaque jour. Pour cela, la page d’accueil est très importante. Elle doit accrocher le visiteur et lui donner envie d’effectuer une visite plus complète du site. Mais ce qui compte, c’est surtout le contenu des bases de données (informations détaillées, claires et exactes).
Je voudrais encore dire une chose: le support internet permet de nous faire connaître dans le monde entier et de créer des liens (ndlr: sans jeu de mot!), notamment via le site Self-help. Une anecdote, à ce propos: nous avons un jour reçu un appel à l’aide venant du Mali (un enfant soldat déserteur et dans une grande détresse avait lancé une ’bouteille à la mer’ avec le mot ‘help’ repris dans l’adresse de notre site). Nous avons pu relayer cet appel auprès de différentes ONG qui ont pu le localiser et l’aider. Cela, c’est un des côtés agréables de notre travail sur internet!
Propos recueillis par Maryse Van Audenhaege
Ces sites sont accessibles aux adresses http://www.pipsa.org et http://www.self-help.be
Pour plus de renseignements: Union nationale des mutualités socialistes, Service Promotion santé, Anne Fenaux et Catherine Spièce, place Saint-Jean 1-2, 1000 Bruxelles. Tél. 02-515 05 85. (1)A présent, ce catalogue n’existe plus sous format papier mais est lui aussi accessible sur le site http://www.lamediatheque.be (ndlr)
(2)Voir Education Santé n° 155, janvier 2001, p.17.
(3) C’est pourquoi vous retrouvez les informations que nous publions dans la rubrique ‘Brèves’ sur le site Pipsa. Nous fournissons également aux ‘Niouzes’ de Pipsa les informations que nous recevons hors délais pour une publication dans la revue, mais qui trouvent leur place sur le site (ndlr).