Mai 2020 Par Sarah HASSAN Dossier

Nous avons tendance à considérer notre environnement comme une petite bulle dans laquelle nous sommes en sécurité… Pourtant, des intrus, nocifs pour notre santé, s’y cachent trop souvent. Il s’agit des Perturbateurs Endocriniens (PE). Dans les peintures, les jeux des enfants, sur les meubles, dans les vêtements ou dans les ordinateurs, ils sont présents tout autour de nous, et de plus en plus pointés du doigts par le monde scientifique et les organismes de santé publique.

Perturbateurs endocriniens et principe de précaution : où en sommes-nous ?

L’OMS les définit comme “une substance exogène ou un mélange qui altère la ou les fonction(s) du système endocrinien et, par voie de conséquence, cause un effet délétère sur la santé d’un individu, sa descendance ou des sous-populations’. Une définition qui se veut large. Cependant, les noms de certains PE nous sont plus familiers que d’autres. C’est le cas pour les pesticides, et notamment le fameux glyphosate qui fut au cœur de polémiques dernièrement, mais aussi des insecticides, de certains parabènes (dans les shampoings, notamment), les « phtalates » contenus entre autres dans les parfums, le « téflon » des poêles, ou encore les « retardateurs de flammes » Une grande partie d’entre eux est issue de l’industrie de la chimie et a été volontairement ajoutée aux produits quotidiens pour les améliorer ou augmenter notre confort (conservation, propriétés moussantes, solidité ou malléabilité du matériau, …) .

« Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 800 produits sont suspectés d’être des perturbateurs endocriniens. Ils miment, bloquent ou modifient les hormones dont ils détraquent complètement le fonctionnement. Ils engendreraient allergies, troubles de la fertilité, cancers, problèmes neurologiques, anomalies génétiques, diabète, obésité Pourtant, aucune preuve n’atteste incontestablement que la hausse de l’infertilité, le nombre de cancers ou d’anomalies génétiques chez l’homme sont dus à ces perturbateurs endocriniens. ».Source : “Perturbateurs endocrinien Ces produits chimiques capables de bouleverser notre équilibre hormonal”, brochure éditée par La Province de Liège en 2016.

Mode de fonctionnement d’un perturbateur endocrinien et effets potentiels

Dès qu’elles ont pu pénétrer dans le sang, les substances perturbatrices se font passer pour les hormones sécrétées naturellement par l’organisme, elle les imitent. Dès lors, en plus de perturber la livraison des messages hormonaux, elles seraient suspectées de bloquer les hormones naturellement produites par nos glandes endocrines. Or, le système endocrinien fonctionne avec une extrême précision et les quantités hormonales nécessaires au contrôle de l’organisme, pour le protéger ou assurer son développement par exemple, sont très faibles. Le moindre bouleversement pourrait avoir de graves conséquences et mener à de l’infertilité, des cancers, des anomalies génétiques…

Quelques hormones sécrétées par les glandes endocrines :

  • oestrogène,
  • testostérone,
  • adrénaline et noradrénaline,
  • progestérone,
  • ocytocine,
  • cortisol,
  • insuline,
  • mélatonine,
  • prolactine,

Publics à risque

Ce mode de fonctionnement implique que certains moments de la vie sont plus sensibles que d’autres à l’action des PE. Un dérèglement hormonal qui surviendrait aux périodes pendant lesquelles les tissus et organes sont en cours de développement, soit pendant les premiers mois de grossesse, pourrait avoir des conséquences très néfastes et provoquer, entre autres, des malformations du système génital, voire de l’infertilité de l’enfant.

Le Sénat belge, dans son Rapport d’information sur la question des perturbateurs endocriniens[1] du 28 mars 2018 s’adresse particulièrement aux femmes enceintes : “Pour les femmes qui désirent avoir un enfant ou qui sont enceintes, il est préférable de limiter au maximum l’exposition aux perturbateurs endocriniens. En effet, ces substances peuvent influencer la croissance et le développement du fœtus, même à de très faibles doses.”. Il est donc recommandé d’être particulièrement vigilant.e en période gestationnelle.

Cependant, il ne s’agit pas de la seule période de vulnérabilité. Lors la petite enfance, durant le développement (surtout la première année de vie), l’enfant est également plus sensible au PE. Il en est de même, lorsqu’il/elle arrive à la puberté (développement des organes sexuels).

Femmes enceintes, ados et jeunes enfants sont donc ceux pour qui la vigilance doit être accrue.

Le nœud du problème

Etablir des études scientifiques qui attestent rigoureusement du lien entre l’exposition à un PE et le développement d’un cancer est à ce jour très compliqué. La cause étant que le cancer (mais aussi la majeure partie des autres pathologies provoquées) reste multifactoriel. Or, si l’on ne peut isoler l’effet du perturbateur endocrinien, on ne peut l’incriminer officiellement (pour plus de détails à ce sujet, retrouvez l’interview de Martine Röhl, du SPF Santé, en deuxième partie de cet article). Néanmoins, nombre d’experts s’accordent à dire qu’il y a déjà suffisamment de preuves de la nocivité des PE pour se permettre d’appliquer le “principe de précaution”. [2]

Le principe de précaution

En cas de risque de dommages graves ou irréversibles, l’absence de certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard l’adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l’environnement.”

(Source : Déclaration de Rio, Sommet de la Terre, 1992)

Il existe de nombreuses substances qui perturbent le système endocrinien. En voici quelques-unes :

  • 4-Nonylphenol : utilisé dans la production de résines époxy et stabilisants de plastiques, peintures…
  • 4-Nonylphenol ethoxylates : utilisé dans la production de polymères, papiers, textiles, peintures…
  • 4-Tert-octylphenol : intermédiaire dans la production de résines, de peintures…
  • 4-Tert-octylphenol ethoxylates : détergent utilisé en biologie cellulaire et moléculaire qui permet de détruire les membranes cellulaires (Triton X-100), surfactant dans les savons…
  • Bis(2-ethylhexyl) phthalate (DEHP) : utilisé pour assouplir les plastiques PVC et dans d’autres composés plastiques, présence dans certaines peintures, encres d’imprimante…
  • Bisphenol A : utilisé dans la fabrication de plastiques polycarbonates…

Pour une liste plus longue des substances les plus souvent rencontrées : https://www.echa.europa.eu/fr/candidate-list-table

(Source : SPF Santé)

Du côté des autorités, les prises de décision avancent

Education Santé a rencontré Martine Röhl, en charge de la thématique PE au SPF Santé Publique.

Martine Röhl : Je travaille à la Direction Générale Environnement depuis maintenant presque 16 ans, dans unservice qui s’occupe de la gestion des risques des produits chimiques. Je coordonne les positions belges sur la thématique des perturbateurs endocriniens (PE).

Jusqu’à présent, mon travail se situait principalement au niveau européen mais, depuis peu, le niveau belge prend de l’importance. Le sénat, en mars 2018, a sorti un rapport d’information contenant 72 recommandations, dont celle d’élaborer un plan d’action national sur la thématique des perturbateurs endocriniens. Cela commence à se mettre en route. Les ministres de l’environnement et de la santé ont donné le coup d’envoi en décembre dernier pour élaborer ce plan d’action national. Ma collègue, Sandrine Jouan, et moi-même, coordonnons ce travail. En juin, un premier projet de plan d’action national, va être présenté aux ministres.

Education Santé : Et maintenant, quelle est la situation au niveau européen ?

MR : Les choses bougent à nouveau. Pendant tout un temps, il y a eu un blocage. En 2013, la Commission européenne devait proposer des critères qui permettent d’identifier les perturbateurs endocriniens pour les biocides/pesticides. Ils ne l’ont pas fait … La Suède a donc intenté une action au niveau de la Cour Européenne de Justice, disant que la Commission n’avait pas rempli ses obligations. Après de longues discussions, des critères ont finalement été adoptés au niveau européen en 2018, pour les biocides et les produits phytopharmaceutiques.

Pour qu’une substance soit reconnue comme perturbateur endocrinien, il faut qu’elle remplisse 3 conditions essentielles :

  • un mode d’action endocrinien déterminé, par exemple, par des études in vitro (tests sur des cellules)
  • un/des effet(s) néfaste(s) démontré(s) chez un organisme intact (tests sur animaux)
  • une relation de cause à effet plausible entre les deux

(Source : SPF Santé Publique, Sécurité de la chaine alimentaire et Environnement)

Les mêmes critères ont donc été adoptés pour deux règlements existants celui sur les biocides (pour tout ce qu’on utilise notamment à l’intérieur des maisons pour tuer la vie), et celui sur les produits phytosanitaires (les pesticides pour l’agriculture).

Il y a aussi le règlement REACH qui concerne toutes les substances qui ne sont pas réglementées par d’autres législations. Dans le cadre de REACH, on peut identifier des substances comme perturbateurs endocriniens sur base de la définition de l’OMS et au cas par cas. Et actuellement, la Commission est en train d’analyser les différentes législations qui sont concernées par la thématique (ex : matériaux en contact avec la nourriture, cosmétiques,…) afin de décider de la meilleure manière d’avancer. L’idéal serait de pouvoir identifier tous les perturbateurs endocriniens au moyen d’un seul et même outil et que cette identification ait une conséquence directe sur la manière dont la substance est règlementée dans tel ou tel secteur.

ES : Dans les critères de reconnaissance d’un PE, on lit qu’il faut montrer l’existence d’une relation de cause à effet PLAUSIBLE. Qu’est-ce que ça signifie exactement ?

MR : Plausible parce que c’est le plus difficile à montrer : le lien causal. Les tests sur animaux permettent de voir des effets comme des pertes d’embryons post-implantatoires, lorsque la rate est exposée à certaines substance chimiques. On peut donc dire que ces substances sont toxiques pour le développement des petits parce qu’ils ne restent pas dans l’utérus mais pour dire que c’est un perturbateur endocrinien, il faut d’autres preuves, qui feraient le lien entre cet effet est un mode d’action PE de la substance.

De plus les décisions se prennent au niveau européen, donc des pays peuvent dire qu’un certain niveau de preuve est suffisant tandis que d’autres ne seront pas d’accord. Il y a des modes d’actions pour lesquels on dispose de plus d’études scientifiques. Par exemple les substances qui agissent comme plastifiants (PVC souple). Pour leur donner de la souplesse, on y ajoute des phtalates, dont plusieurs substances de cette famille sont identifiées comme perturbateurs endocriniens. Pour ceux-là, on avait un mode d’action bien connu qui a donc pu être utilisé.

ES : Est-il vrai qu’aucune étude ne démontre clairement l’implication des PE dans les cancers ou sur l’infertilité ?

MR : En fait si, il y en a. On sait que des substances chimiques peuvent induire le cancer ou l’infertilité. Le bisphénol S peut par exemple agir au niveau du cycle de la femelle chez le rat. On a des données au niveau des rats/animaux et notre volonté est de considérer qu’elles sont suffisantes et qu’on ne veut pas la preuve chez l’humain (pour des raisons éthiques évidemment). On a d’une part les données de substances chimiques, et d’autre part, on voit des problèmes tels que des recrudescences de cancers ou autres. On sait que c’est possible mais on ne sait pas dire, comme pour la cigarette et le cancer des poumons, que tels pourcentages de cancers sont dus aux PE. Pour les substances chimiques, il y a tellement de substances différentes qu’on ne sait pas faire ce lien chez l’homme. Ou alors dans des cas bien précis. Je pense notamment à l’amiante pour laquelle on a su faire un lien parce que des travailleurs y étaient exposés dans un cadre bien précis.

Il faut aussi faire le lien entre une exposition 10, 20 ans avant et l’apparition du cancer. De plus, un cancer, c’est multifactoriel… Donc, quelle est la part de responsabilité des substances chimiques ? Celle de l’alimentation ? Du stress ? C’est très compliqué à déterminer. Maintenant, à force de rassembler les données, on va savoir faire des liens entre certaines substances et l’apparition de certains cancers, dans des cas bien précis, comme lorsqu’on s’est rendu compte que des femmes qui prenaient un médicament particulier en étant enceinte voyaient leur fille développer, vers la vingtaine, une forme de cancer très rare. Dans ce cas-là, il n’a suffi que de 7 cas pour faire le lien. Maintenant, c’est essentiellement sur base de données animales qu’on prend des décisions. Avec parfois la difficulté que l’animal et l’homme ne réagissent pas de la même manière. Et les divergences de vues calent quelques fois là-dessus.

Certaines études épidémiologiques essaient quand même de faire des liens… Au niveau belge, et surtout au niveau flamand, ils sont assez bien impliqués dans des programmes de biomonitoring[3] , depuis quelques années. La Région wallonne vient également de lancer un programme de biomonitoring. Au niveau européen, un programme de biomonitoring rassemble différents pays. C’est important parce qu’on n’aura pas les mêmes infos si on a un petit ou un grand échantillon.

ES : Les effets démontrés des PE étant multifactoriels, difficile d’avoir des critères rigoureusement scientifiques ?

MR : Oui, souvent on analyse un aspect ou un effet d’une substance isolée… Il faudrait tout mettre ensemble mais c’est un gros travail. C’est une combinaison d’un ensemble de facteurs. Quand on fait des tests avec les animaux, on est dans des conditions standardisées. On leur donne tous la même nourriture, ils sont dans des cages, ont un environnement contrôlé. Tandis que pour nous c’est différent. Vous allez manger quelque chose, moi, peut-être plus de fruits et de légumes, et je vais être exposée différemment, avoir moins de stress… Et donc les effets peuvent être différents simplement parce qu’on a des conditions environnementales différentes.

ES : A côté des substances isolées, est-il possible que 2 substances non-toxiques indépendamment le deviennent une fois mises ensembles ?

MR : Oui, c’est ce qu’on appelle les effets cocktails. C’est un élément clé aussi. On a montré chez l’animal que deux substances qui n’avaient pas d’effet de manière isolée, pouvaient ensemble induire des effets. Or, on est toujours exposés à une multitude de substances et donc, là on joue un peu aux apprentis sorciers parce qu’on ne sait pas quels sont les effets possibles… Au niveau des législations, cet aspect n’est quasiment pas pris en compte . On examine la plupart du temps les substances de manière isolée. C’est clairement quelque chose sur laquelle il faut agir, mais pour l’instant, on ne sait pas encore comment.

ES: En plus des effets cocktails, la toxicité n’est pas liée à la dose…

MR : Une faible exposition peut déjà avoir un effet. Surtout que dans notre corps, les hormones circulent à des concentrations très faibles (entre 10-9 et 10-12 mol/l). J’ai fait le calcul, cela équivaut à un petit morceau de sucre dans une piscine olympique.

Chez l’adulte, le système endocrinien a la capacité de revenir rapidement à l’équilibre et de s’auto-réguler, avec des boucles de contrôles qui permettent de conserver l’homéostasie (soit un état d’équilibre du système), mais certaines périodes de la vie sont beaucoup plus sensibles, comme les périodes de développement par exemple. Durant la grossesse, énormément de choses se construisent sous le contrôle des hormones et donc des expositions à ce moment-là peuvent vraiment avoir des effets à long terme. Et parfois ce n’est même pas à la naissance qu’on voit l’effet. Ça peut être le cas au niveau du système reproducteur, par exemple. Peut-être que quelque chose va se passer au moment de la puberté… Dès lors, le Conseil Supérieur de la Santé (avis de 2013) a mis l’accent sur la période prénatale qui est vraiment une période très sensible, ainsi que pour les jeunes enfants.

ES: Y a-t-il une concentration en-dessous de laquelle on peut affirmer qu’il n’y a pas de soucis ?

MR : Il y a un débat d’experts, forcément, mais c’est surtout aussi une question liée aux législations puisque beaucoup fonctionnent sur base du risque. Certaines décident que le risque est écarté en-dessous d’une telle concentration, mais d’autres législations ont fait un pas plus loin et disent ‘On ne sait plus calculer le risque. A partir du moment où on sait qu’il y a un danger et que la substance agit comme un PE, il n’y a pas de concentration sûre. L’exposition doit être supprimée’. Les règlements Biocides et Pesticides ont cette approche. Pour REACH, ce n’est pas aussi clair, même si les autorités belges soutiennent ici aussi l’absence de concentration sûre pour les PE

ES : Un PE, ça disparait ou se dégrade facilement ?

MR : Cela dépend des substances, certaines se dégradent bien tandis que d’autres pas, mais aussi de l’exposition. Certaines substances s’accumulent dans les tissus, d’autres seront éliminées rapidement par le corps, mais pour ces dernières, si on est continuellement exposés, c’est problématique également. Et puis, il y a les substances qui vont s’accumuler dans l’environnement…

Là aussi on a plein de cas de figure. Ici on parle énormément de la santé humaine mais après il y a aussi tout le volet environnemental. Certains médicaments, les pilules contraceptives ne sont pas dégradés dans les stations d’épuration d’eau et finissent dans les rivières. C’est une problématique qui est aussi discutée au niveau européen.

ES : Précaution, donc ?

MR : Notre approche est de suivre l’avis du Conseil Supérieur de la Santé, qui est de préconiser une hygiène chimique. Ce sera donc : arrêter de fumer, de boire de l’alcool, ventiler les chambres, faire souvent les poussières qui sont pleines de matériaux chimiques désagrégés, éviter les parfums, désodorisants, les peintures… On a souvent l’image de la future maman enceinte qui repeint la chambre de bébé… Non ! Ce sont des choses très ancrées et il y a vraiment une grosse communication à faire.

Evidemment, Évitez le plus possible d’utiliser des insecticides, herbicides, … Ce sont quand même des substances qui sont faites pour tuer, elles ne sont pas anodines !

Il y a des recommandations pour certains produits mais qui les suit strictement? Qui met systématiquement un masque et aère après avoir pulvériser un insecticide?

ES: Concernant ce qui a déjà été fait, quels résultats ?

MR : Certaines substances ont été interdites parce qu’on s’est rendu compte qu’elles étaient persistantes, donc qu’elles restaient dans l’environnement, qu’elles se bio-accumulaient dans la graisse des animaux, et qu’on en avait de plus en plus dans la chaine alimentaire. Ces substances ont été interdites au niveau international, et maintenant on voit que ça diminue… Une série d’études, notamment sur le lait maternel, ont été menées dans le cadre de l’OMS et montrent une diminution. Du côté de chez nous, lors du dernier biomonitoring flamand, on a testé des adolescents et on constate que ces substances diminuent également. C’est encourageant parce qu’on voit que ce qu’on fait en tant qu’autorité a un impact.

ES : Bonne nouvelle ! Et ensuite ? Qu’est-ce qui est mis en place pour sensibiliser la population ?

MR : Le Plan d’action national devrait aborder ce point. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour sensibiliser et informer le grand public. Il nous faudra aussi essayer de cibler tout particulièrement les populations précarisées qui ont encore plus de mal à avoir accès à l’information. Nous imaginerons donc un canal d’information spécifique à cette population. Mais d’autres publics concernés sont, par exemple, les médecins généralistes. Lors d’un atelier sur les PE réalisé en 2017, beaucoup ont découvert la problématique, simplement parce que ce n’est pas dans leur formation initiale. L’idéal à l’avenir serait d’ailleurs d’intégrer cette thématique aux cursus universitaires. C’est aussi un travail en cours.

Le processus pour faire retirer un produit du marché prend du temps, des années, parce qu’il faut suivre des procédures établies, avec des discussions parfois longues pour se mettre d’accord… Il faut donc appliquer le principe de précaution. La connaissance est suffisante pour dire : évitons les produits à risque. Il ne faut pas attendre un niveau de preuve maximal, et se dire « tant que tout n’est pas prouvé à 100%, tant que le lien causal entre telle substance et tel cancer n’est pas établi, alors on ne fera rien ». En tant qu’autorité, on traite certaines substances, on avance, mais on est aussi conscient que ça prend beaucoup (trop) de temps et qu’il faut agir sur les deux fronts. A la fois faire de la prévention auprès de la population, et agir en tant qu’autorité pour interdire certaines substances. Ça avance, même si ça prend du temps et que c’est parfois décourageant. Mais on y croit parce que ça a du sens !

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Quelques ressources pour aller plus loin :

Nous vous conseillons de consulter le site https://www.perturbateurendocrinien.fr

  • Mazzoni, M. (2018) Perturbateurs endocriniens : état des lieux et perspectives en promotion de la santé. Santé en action, n°446, pp. 46-48 : disponible sur www.santepubliquefrance.fr
  • Province de Liège. (2016) Les perturbateurs endocriniens : Ces produits chimiques capables de bouleverser notre équilibre hormonal. Liège : Province de Liège. 49p.
  • Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France. (2019) Perturbateurs endocriniens. Effets sur la santé et leviers d’action en région Île-de-France. Paris : Observatoire régional de santé (ORS) Île-de-France, 20p.

Comment s’en protéger au mieux ?

De plus en plus de voix se font entendre, et des associations se mettent en place pour lutter contre les PE. Si certaines entreprises commencent à tenter de les bannir. La seule solution actuellement viable reste d’être soi-même vigilant quant à ses achats. Qu’il s’agisse de denrées alimentaires, de produits d’entretien de la maison, de matériaux de bricolage, … il faut, dans la mesure du possible, contrôler ses achats et s’informer sur les contenus et origines du produit. Une tâche qui peut être fastidieuse mais qui, c’est à espérer, deviendra une habitude avec le temps.

Pour vous aider à y voir plus clair, voici quelques applications pour smartphone

Yuka scanne vos produits et analyse leur impact sur la santé. En un clin d’œil, il déchiffre pour vous les étiquettes : vous visualisez les produits qui sont bons et ceux qu’il vaut mieux éviter.

  1. Scanner un produit

Et consulter la liste des ingrédients qui le compose

  1. Rechercher un produit

Afin de vérifier sa composition sans avoir le produit sous la main

  1. Trouver un meilleur produit

Les propositions de produits alternatifs sont là pour vous aider

  1. S’informer sur un composant

Grâce à sa description, son appartenance aux différentes familles, etc.

[2] NB : Nous sommes conscients du fait qu’il est difficile d’aborder cette thématique sans mentionner le poids du lobbying. Cependant, afin de la faire de manière rigoureuse et détaillée, nous avons pris la décision de traiter cette problématique dans un prochain article, dédié exclusivement au sujet.

[3] Le biomonitoring, ou biosurveillance, est la détection de polluants dans un milieu et de leurs effets sur les organismes et sur les écosystèmes.