Septembre 2023 Par Fédération wallone de Promotion de la Santé (FWPSanté) Politiques
une fillette levant les bras devant un grand pré
crédit: Adobe

Au cours de cette législature 2019-2024, nous avons connu des situations de crise inédites (la pandémie de Covid-19, les inondations, la crise énergétique, etc.) qui, si elles ont pu faire émerger des projets innovants et actes de résilience, ont également contribué à aggraver les inégalités, notamment les inégalités sociales de santé.

Ces différentes crises ont démontré que, plus que jamais, l’approche en promotion de la santé est indispensable pour apporter une vision globale, positive et transversale de la santé, en agissant sur ce qui la détermine tout au long de la vie :

  • avant l’apparition de problème de santé, en donnant les clés pour adopter des modes de vie sains, en tenant compte des facteurs individuels, sociaux, économiques et environnementaux,
  • en proposant des outils pour comprendre l’information et se l’approprier afin de faire des choix éclairés pour sa santé et celle de son entourage,
  • en travaillant sur la réduction des risques et la prévention,
  • en accompagnant les besoins propres des publics et/ou des professionnel·le·s proches de ces publics.

Dans le cadre des Stratégies Concertées Covid-19 en promotion de la santé, différents constats ont été posés et ont fait l’objet d’un rapport en septembre 2022 comprenant des recommandations en cas de situation de crise similaire [1].

Ce dispositif a également confirmé l’importance d’inclure la santé dans toutes les politiques.

Cette stratégie doit être menée à tous les niveaux, du terrain aux cabinets ministériels. En effet, même si des actions peuvent être menées par les acteurs de promotion de la santé dans des domaines tels que l’accès aux soins, l’accès et le recours aux outils numériques, la mobilité, le logement, etc., ces domaines dépassent le seul champ de la promotion de la santé.

Cela souligne une fois de plus la nécessité d’articuler les différents plans d’actions régionaux, communautaires et fédéraux et de créer des synergies entre secteurs d’activités.

En 2023, le secteur de la promotion de la santé wallon a été restructuré sur base d’un nouveau décret et de son arrêté d’exécution. Ses acteurs historiques sont fraichement agréés, au terme d’une longue période de stand still (2014-2022). Le secteur s’agrandit et accueille de nouveaux opérateurs. Une programmation du WAPPS a été validée par le Gouvernement pour les cinq prochaines années (2023-2027) avant qu’un nouveau plan quinquennal ne prenne la relève.

A l’aube d’une nouvelle législature, la FWPS porte un plaidoyer composé de 8 points d’attention à l’intention des femmes et hommes politiques qui seront élu·e·s pour porter la voix des citoyen·n·e·s.

Education Santé publie ici une version raccourcie des 8 points d’attentions et leurs recommandations. Dans la version complète, chaque chapitre est accompagné d’une mise en contexte et d’éléments explicatifs.Le pilotage du WAPPS

1. Le pilotage du WAPPS

Pilotage, mise en œuvre et évaluation du Plan wallon de promotion de la santé et prévention (WAPPS) et de sa programmation.

Recommandations

  • Mettre en place rapidement les groupes de travail composés d’expert·e·s chargés de formuler des propositions auprès du Comité de pilotage en matière d’objectifs de santé et d’actions de promotion de la santé.
  • Indiquer dans le ROI ou tout autre document la nécessité de tenir compte des objectifs transversaux du WAPPS au sein des groupes de travail et, à tout le moins, charger un groupe de travail de leur suivi afin que toutes les composantes du Plan soient effectivement couvertes.
  • Définir rapidement un ROI qui précise les missions des différents groupes et représentant·e·s qui les composent et de le faire valider.
  • Transposer le caractère intersectoriel du Comité de pilotage aux groupes de travail afin d’aboutir à l’objectif de la santé dans toutes les politiques.
  • Clarifier les décisions qui reviennent au Comité de pilotage de celles qui relèvent du cabinet ministériel ou de l’AViQ afin de ne pas créer un décalage entre les besoins du terrain et la mise en œuvre des mesures prises.
  • L’accompagnement, le suivi et l’évaluation des opérateurs doivent être pris en charge par l’AViQ en dehors du Comité de pilotage ou des groupes de travail.
  • Le ou la Président·e du Comité de pilotage devrait être issu·e du secteur de la promotion de la santé.
  • Evaluer les besoins et renforcer les moyens alloués à la promotion de la santé afin de permettre un déploiement efficace et complet du WAPPS, sans attendre le prochain appel à agréments.
  • Faire des groupes de travail, voire du Comité de pilotage, des lieux privilégiés pour discuter d’autres sujets prioritaires en matière de promotion de la santé et ne pas se limiter au suivi du Plan.

2. Transversalité

Intégrer l’approche transversale dans les politiques de promotion de la santé et prévention.

Recommandations

  • Considérer les objectifs transversaux du Plan wallon de promotion de la santé et prévention et les stratégies d’action de la Programmation comme de réels objectifs de santé à partir desquels un programme d’actions peut se déployer.
  • Permettre aux opérateurs de pouvoir s’inscrire dans le plan à travers les objectifs transversaux opérationnalisés et donc leur offrir une porte d’entrée qui correspond mieux à la réalité.
  • Donner aux futurs plan et programmation et/ou à leurs futurs ajustements une orientation moins thématisée, plus intersectorielle et transversale en cohérence avec les principes de promotion de la santé.

3. Santé sexuelle

Reconnaître et soutenir une approche globale et positive de la santé sexuelle, qui inclut la prévention des maladies sexuellement transmissibles sans s’y limiter.

Recommandations

  • Inverser le raisonnement selon lequel la santé sexuelle, dont l‘EVRAS, fait partie de la prévention des maladies infectieuses : c’est la prévention de certaines infections qui fait partie de la santé sexuelle.
  • Le traduire dans les documents officiels, notamment dans le futur Plan de promotion de la santé et prévention (WAPPS) 2028-2032 et sa programmation.
  • Ce faisant, reconnaître l’importance et la complémentarité des opérateurs de promotion de la santé en tant qu’acteurs de seconde ligne en matière d’EVRAS.
  • Financer des campagnes d’information et de sensibilisation à propos de l’EVRAS à l’attention du grand public afin d’en valoriser les bénéfices et de déconstruire les idées reçues à son propos.
  • Mettre en œuvre et favoriser l’accès à des programmes de sensibilisation des équipes professionnelles encadrantes pour favoriser l’accès à l’information et la mise en place d’activités EVRAS au sein des institutions et autres milieux de vie.
  • Mettre en œuvre et favoriser l’accès à des programmes de formation en matière d’EVRAS à l’attention des professionnel·le·s relais de la première ligne de l’aide et du soin, de la petite enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse, via la formation initiale et/ou la formation continue.

4. One Health

Soutenir une politique de santé environnementale ambitieuse et intersectorielle.

Recommandations

  • Inscrire la santé environnementale et le concept One Health comme une priorité dans les politiques publiques, notamment dans la Déclaration de Politique Régionale et élaborer une vision politique ambitieuse et à long terme.
  • Prévoir les modalités de collaboration entre les Ministres compétent·e·s pour que les cabinets se concertent régulièrement sur ces questions.
  • Ouvrir le Plan ENVIeS à d’autres types d’acteurs, notamment de terrain, qui sont en lien avec des publics relais (les professionnel·le·s) ou des publics finaux (la population), sans se limiter aux acteurs du secteur de l’environnement.
  • Identifier la santé environnementale comme axe ou objectif prioritaire dans le prochain Plan wallon de prévention et de promotion de la santé.
  • Prendre en compte les inégalités sociales de santé et appliquer le principe d’universalisme proportionné dans le cadre de cette politique.
  • Soutenir le rapprochement des secteurs de l’environnement et de la promotion de la santé, encourager les collaborations, les partenariats et l’interconnaissance.

5. Public jeunes

Mettre en place un accord de coopération entre le Fédéral, les Régions et les Communautés pour assurer la promotion de la santé des enfants et des jeunes wallons.

Recommandations

  • Mettre en place un accord de coopération entre la Région wallonne, la Fédération Wallonie-Bruxelles, le Fédéral et l’O.N.E., sur le modèle de celui qui a été défini en 2023 dans le cadre de la généralisation de l’EVRAS en milieu scolaire.
  • Permettre aux acteurs de promotion de la santé subventionnés par la Région wallonne d’intervenir dans tous les milieux de vie des enfants et des jeunes wallons et de garantir ainsi l’accès aux actions de promotion de la santé au plus grand nombre sur le territoire de la Région wallonne.

6. Proxisanté

Une 1ère ligne de soins visant la promotion de la santé et la prévention en Wallonie.

Recommandations

Les stratégies wallonnes de promotion de la santé et de prévention doivent s’articuler avec la future organisation des soins de santé de 1ère ligne et ce, à tous les niveaux :

  • Au niveau des territoires, il importe que les acteur·trice·s de la promotion de la santé soient reconnu·e·s comme des partenaires à part entière de la 1ère ligne de soins. A cet égard, les Centres Locaux de Promotion de la Santé (CLPS) sont des opérateurs incontournables.
  • Au niveau régional, tant en ce qui concerne les institutions que les dispositifs de coordination opérationnels et stratégiques (prévus dans le futur décret organisant la 1ère ligne de soins), il est nécessaire d’inclure des représentant·e·s du secteur de la promotion de la santé et de la prévention afin de garantir la prise en compte des stratégies de promotion de la santé dans toutes décisions qui impactent le système de santé, les professionnel·le·s et les usager·ère·s.
  • Sur le terrain, il est indispensable de proposer des mesures concrètes et pratiques favorisant et soutenant la démarche de promotion de la santé et de prévention dans la pratique de tous les professionnel·le·s du secteur de soins de première ligne, et dans chaque lieu de soins (cabinet privé, maison médicale, hôpital, etc.).

Cela passe par :

  • l’instauration de programmes de formation en promotion de la santé et en prévention pour tous les professionnel·le·s impliqué·e·s, que ce soit en formation initiale ou continue,
  • la reconnaissance et le soutien de toutes les initiatives et dispositifs déjà existants en promotion de la santé en Wallonie,
  • la mise en place d’incitants, y compris financiers, pour la pratique d’actes de prévention et d’actions de promotion de la santé par les professionnel·le·s de la 1ère ligne de soins et la valorisation de ces actions.

7. Agir en prévention

Financer la création d’un label pour les services d’accompagnement et de formation en prévention des assuétudes.

Recommandations

  • Financer la coordination d’un processus de stratégies concertées visant à impliquer tous les acteurs spécialisés en matière de prévention des assuétudes.
  • Mettre en place une procédure de labellisation qui s’appuierait sur un référentiel commun pour l’action en termes d’objectifs, de contenus et de stratégies en matière de prévention des assuétudes.

8. Cadre de travail

Améliorer le cadre de travail des acteurs de promotion de la santé.

Recommandations

  • Adapter les financements aux missions allouées aux opérateurs, notamment en cas de demande croissante émanant du public cible, relais ou des pouvoirs publics.
  • Harmoniser les Accords du Non-Marchand afin de prévoir des mesures et des financements suffisants pour tous les travailleur·euse·s, sans mettre en péril l’équilibre budgétaire des asbl subventionnées par différents niveaux de pouvoir.
  • Valoriser les postes de direction et de coordination dans le dispositif légal afin de rendre ces postes attractifs et psychologiquement tenables.
  • Valoriser le travail de concertation des acteurs par des financements complémentaires.
  • Garantir le versement des soldes de subventions pour le troisième trimestre de l’année n + 1 au plus tard.
  • Mettre en place avec les opérateurs, des outils qui visent la simplification administrative.
  • Garantir un minimum de prévisibilité et de souplesse dans le contrôle administratif.
  • Définir, de manière collective, une vision, une méthode de travail et un calendrier dès le début d’une concertation impliquant les pouvoirs subsidiants et les acteurs de terrain.
  • Mettre en place une communication saine et continue entre les parties prenantes lors d’une concertation ainsi qu’une évaluation collective du processus.

Pour lire l’intégralité du Plaidoyer, n’hésitez pas à consulter le site de la Fédération Wallonne de Promotion de la Santé – FWPSanté : www.fwpsante.be 

Lien vers le texte intégral : https://www.fwpsante.be/wp-content/uploads/2023/06/fwps-plaidoyer-2023.pdf