Mai 2016 Par la Mutualité Chrétienne Données

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La Mutualité chrétienne (MC) a réalisé une analyse sur la base des attestations de soins que lui ont fait parvenir ses membres afin d’être remboursés des prestations en dentisterie. Les résultats sont interpellants: 55,9% des adultes francophones et germanophones n’ont eu aucun contact avec le dentiste en 2015. À l’occasion de la journée mondiale de la santé bucco-dentaire – le 20 mars – la MC a plaidé pour une politique de santé publique d’envergure pour sensibiliser la population à l’importance d’adopter les bonnes pratiques et habitudes pour conserver des dents saines durant toute la vie.«Par rapport à 2014, le nombre de personnes ayant eu au moins une prestation en dentisterie a quelque peu augmenté (+ 2,2%) mais cela reste bien en deçà de ce qu’on pouvait espérer», regrette Jean Hermesse, Secrétaire général de la Mutualité chrétienne. «En effet, la population a largement été informée et sensibilisée à l’importance de consulter le dentiste en 2015 pour éviter un remboursement moindre pour la plupart des soins dentaires en 2016».Pour rappel, une nouvelle règlementation a été décidée pour le remboursement des soins dentaires: le ‘trajet de soins buccaux’. L’objectif est d’inciter les assurés à consulter régulièrement le dentiste. Ce trajet de soins implique que, pour la plupart des soins dentaires – sauf consultations, traitements préventifs, orthodontie et parodontologie – le remboursement sera moindre pour les personnes qui n’ont pas consulté leur dentiste au cours de l’année civile précédente.Pour des raisons de procédure légale, l’entrée en vigueur de cette mesure a été reportée de quelques mois. Dès le 1er juillet prochain, les adultes (sans statut BIM d’intervention majorée) qui n’ont pas bénéficié d’au moins un remboursement en soins dentaires en 2015 verront leur quote-part personnelle passer de 25 à 40% pour de nombreuses prestations. D’ici là, les honoraires et remboursements restent inchangés par rapport à 2015. «Il n’est donc pas trop tard pour se rendre chez le dentiste afin de ne pas être pénalisé financièrement», conseille Jean Hermesse.

Autres constats

  • La fréquentation du dentiste est plus faible entre 18 et 30 ans et après 75 ans.
  • Il existe une forte différence entre les personnes qui bénéficient de l’intervention majorée (statut BIM) et les assurés ordinaires: seulement 36,3% des BIM ont eu au moins une prestation chez le dentiste en 2015. Ce pourcentage est plus élevé chez les assurés non BIM (45,8%).
  • La fréquentation du dentiste est meilleure en Flandre (55,6% ont eu au moins une prestation de dentisterie en 2015) qu’en Wallonie et en Région bruxelloise. Elle y a aussi davantage progressé par rapport à 2014: + 10%.

«Les gens pensent – à tort – que tant qu’ils n’ont pas mal aux dents, il n’est pas nécessaire de consulter le dentiste. C’est sans doute ce qui explique en partie le fait que les jeunes adultes fréquentent moins le dentiste que leurs parents», analyse Jean Hermesse. «Au grand âge, la perte d’autonomie peut être un élément explicatif. Mais beaucoup de personnes âgées estiment – à tort aussi – que la visite chez le dentiste n’est plus utile, notamment lorsqu’elles sont pourvues de prothèses dentaires».Le mot d’ordre est: consulter le dentiste au minimum une fois par an. La fréquence sera plus soutenue en fonction de certains facteurs de risque comme la présence de plaque dentaire, des antécédents de pathologies bucco-dentaires, de mauvaises habitudes alimentaires, une consommation de tabac ou d’alcool, un déficit d’exposition au fluor…Par ailleurs, le fait que pratiquement deux tiers des bénéficiaires de l’intervention majorée n’ont pas consulté de dentiste en 2015 inquiète particulièrement la MC. «Le coût élevé de certains traitements représente sans aucun doute un obstacle à la visite du dentiste pour les personnes défavorisées sur le plan socio-économique. Du reste, plus la santé bucco-dentaire se détériore, plus le coût des traitements est élevé pour le patient», fait remarquer Jean Hermesse. «Cela étant, quasi tous les soins dentaires de base, à l’exception des radiographies, sont particulièrement bien remboursés par l’assurance soins de santé obligatoire. Pour le BIM, le remboursement est même intégral s’il consulte un dentiste qui applique les tarifs de la convention».À ce propos, la MC attire l’attention sur le fait qu’à partir du 1er janvier 2017, dans le cadre du trajet de soins buccaux, les BIM devront payer une petite contribution s’ils ne consultent pas le dentiste en 2016. Pour les enfants, par contre, rien ne change: à l’exception de l’orthodontie, toutes les prestations de dentisterie sont remboursées à 100% des tarifs de la convention.Selon la MC, la suppression des obstacles financiers doit rester une priorité pour renforcer l’accès aux soins dentaires des personnes précarisées. Elle plaide d’ailleurs pour une meilleure prise en charge de soins actuellement peu remboursés ainsi que pour l’application du tiers payant social chez le dentiste. Cependant, la MC estime indispensable d’accompagner ces efforts par une véritable politique de santé publique afin de lever les barrières socio-culturelles qui prévalent bien souvent. «Il est important de mener des campagnes de sensibilisation et d’éducation à la santé bucco-dentaire auprès de la population et ce, dès le plus jeune âge car les bonnes habitudes doivent être prises dès l’enfance», rappelle Jean Hermesse.La MC s’est d’ailleurs clairement engagée dans cette voie il y a plusieurs années déjà. Avec Infor Santé – son service de promotion de la santé – et Jeunesse&Santé – l’organisation de jeunesse dont elle est partenaire – la MC mène un vaste programme d’informations, de conseils et d’animations à l’intention des enfants (dans les écoles, les séjours de vacances…). D’autre part, depuis le 1er janvier 2014, tous les membres de la MC bénéficient automatiquement d’une couverture supplémentaire en soins dentaires: Dento solidaire.Pour en savoir plus, nombreux conseils et outils pédagogiques proposés par la MC.