Devant le succès mitigé du programme de dépistage du cancer du sein en Communauté française (voir notre numéro précédent), la Ministre Catherine Fonck avait évoqué un faible enthousiasme du corps médical pour adhérer au programme. Cela lui a valu une lettre ouverte outrée dans Le Journal du Médecin du 6 novembre 2007, signée par plusieurs dizaines de radiologues et cliniciens francophones.
Elle y a répondu en invitant ses contradicteurs à un dialogue dans le cadre d’un groupe de travail à mettre en place au Centre de référence communautaire.
Elle leur rappelle aussi que « le Programme de dépistage est organisé conformément aux recommandations européennes . Ses principes de fonctionnement ont été confirmés par le Centre fédéral d’expertise en soins de santé ( KCE reports vol . 11B : Dépistage du cancer du sein . 2005 ), de même que par les experts signataires du livre blanc concernant la prise en charge du cancer en Belgique ( juin 2007 ). Ces experts soutiennent totalement le Programme de dépistage par mammotest et incitent à le promouvoir . Sans vouloir envenimer la polémique , je tiens à les citer : ‘ D’une façon générale , il est important d’augmenter le taux de couverture en attirant les femmes qui ne se font pas dépister vers le dépistage organisé » et « il s’agit d’inciter davantage de femmes à quitter la mammographie ordinaire pour s’inscrire dans le dépistage systématique qui offre des garanties de qualité supérieure à un coût de revient beaucoup plus avantageux pour la société ».
La ministre ne nie pas qu’il y a eu un manque de concertation préalable à l’organisation du programme en ajoutant que son cabinet a entrepris de nombreuses démarches pour rencontrer les médecins traitants, les doyens, les chefs de service de radiologie et gynécologie. Le Centre de référence a également participé à un grand nombre de réunions.
Sur le plan scientifique, elle précise que « c’est parce que nous sommes parfaitement au courant des limites de la mammographie en cas de seins denses que le Programme de dépistage prévoit de réaliser des échographies si nécessaire . Il ne serait pas honnête d’affirmer que le Programme de dépistage se limite à une mammographie seule . L’échographie est bien recommandée dans le cadre du Programme , non de façon systématique mais bien lorsque deux radiologues la jugent nécessaire .
Les résultats préliminaires du Programme mettent en avant l’apport de la double lecture : elle a permis de « récupérer » des cancers non identifiés par le premier lecteur à un taux de 11 %.
L’échographie en cas de seins denses a pour sa part « récupéré » 0 , 8 % de cancers . Ces données ont été confirmées par une étude réalisée par le Programme de dépistage français : 0 , 4 % des cancers sont découverts via l’échographie + l’examen clinique . (…)
Notons que le mammotest rencontre beaucoup plus de succès en Flandre alors que l’échographie n’y est pas recommandée . Plus de la moitié des examens réalisés dans le groupe d’âge le sont dans le cadre du programme . Le corps médical et les femmes y adhèrent mieux . Il serait édifiant d’étudier les causes profondes de cette divergence .
Concernant le dépistage français, nous ne disposons pas aujourd’hui d’éléments prouvant la supériorité du programme français en termes de réduction de la mortalité. Aucun élément ne permet d’affirmer non plus que le dépistage tel qu’il est réalisé hors Programme est efficace en termes de réduction de la mortalité. La seule méthode de dépistage qui effectue un suivi épidémiologique à grande échelle et qui évalue ses résultats est le mammotest. Et les résultats préliminaires du Programme sont excellents.»
Réponse de la Ministre fournie aimablement par son Cabinet