Juillet 2012 Par Bernadette TAEYMANS Christian DE BOCK Initiatives

Enfin un outil de référence pour celles et ceux qui ont la responsabilité d’enfants ou d’ados au sein d’une structure collective. Il convient de saluer comme elle le mérite cette initiative qui permet d’accorder les violons de nombreuses structures œuvrant en faveur de la santé et du bien-être des jeunes, à l’école comme pendant les activités de loisirs.
Nous avons rencontré Bernadette Taeymans (Service communautaire de promotion de la santé Question Santé), une des chevilles ouvrières de cette entreprise de longue haleine.
Éducation Santé: Pourquoi un tel guide, et aussi pourquoi sort-il seulement en 2012?
Bernadette Taeymans : Offrir un cadre sain et sécurisant, favorable à la santé et à l’épanouissement des enfants fait partie intégrante des préoccupations de tous ceux qui accueillent des enfants lors d’activités collectives, que ce soit à l’école ou lors d’activités extrascolaires et de loisirs. Les intervenants de terrain, qu’ils soient professionnels ou bénévoles, sont en demande d’outils de référence pour pouvoir agir de façon adéquate face aux situations de santé rencontrées. Des outils existent mais les messages qui s’y trouvent sont parfois différents voire contradictoires selon la source d’informations. L’objectif était d’élaborer un référentiel précis et cohérent concernant la santé en collectivité pour les enfants et jeunes de 3 à 18 ans, qui puisse soutenir l’action des intervenants de terrain.
Pourquoi en 2012? Parce qu’une concertation aussi large en diversité de partenaires et en nombre de sujets abordés prend du temps pour que le point de vue de chacun puisse être entendu et que le résultat final soit le fruit du partenariat. Et que ce partenariat est la garantie de la légitimité du contenu proposé et de son acceptabilité par tous ceux qui sont concernés. Parce que les moyens pour réaliser cette brochure n’ont pas été faciles à dégager, il n’y a pas eu de ressources humaines détachées spécifiquement sur ce projet. Parce que, autre raison, le nouvel arrêté relatif aux mesures de prévention des maladies transmissibles dans le milieu scolaire et étudiant tant attendu par les services PSE a été publié au Moniteur le 14 juillet 2011. Parce que… Je vais m’arrêter là…
ES: Que trouve-t-on exactement dans les 100 pages de cet outil impressionnant?
B.T.: Vous y trouverez une base de réflexion, de recommandations et mesures à prendre pour assurer au mieux des conditions favorables à la santé des enfants de 3 à 18 ans en collectivité. Vous y trouverez également des liens vers d’autres sites et/ou documents existants, d’autres ressources qui permettront d’approfondir certains sujets.
ES: ‘Mômes en santé’ est le fruit d’une large collaboration. Avec quels partenaires?
B.T.: À l’initiative de l’ONE et de services de promotion de la santé à l’école, avec l’appui du Service communautaire de promotion de la santé Question Santé, un large partenariat s’est constitué réunissant des représentants de la Commission de promotion de la santé à l’école, de la Fédération des écoles de devoirs, du Conseil supérieur des CPMS, de la Croix-Rouge de Belgique, de l’asbl Jeunesse & Santé, de l’asbl Résonance (anciennement ICC). Un «cadre de partenariat», sorte de convention, a été établi, permettant une meilleure visibilité du projet. Chaque partenaire a apporté ses experts, ses références, ses contacts et sa collaboration pour aider à l’élaboration d’un consensus scientifique.
ES: Comment êtes-vous arrivés à vous entendre, non seulement sur les contenus, mais aussi sur la philosophie de l’outil, sur des questions aussi essentielles que les limites à poser à ‘l’encadrement sécuritaire’ et le développement de l’autonomie des enfants?
B.T.: Les temps étaient mûrs pour que les partenaires se retrouvent ensemble autour de questions communes et puis nous avons aussi mûri ensemble tout au long de ce processus. Il faut également rappeler que ‘Mômes en santé’ est un outil de référence et non pas une énumération d’obligations. Comme le disait Florence Guastella (asbl Jeunesse & Santé) lors de la présentation, « L’enjeu d’un tel outil est de permettre d’interroger nos pratiques . C’est un point de référence qui permet de se situer , donc d’évaluer et d’évoluer . Il ne s’agit pas d’ajouter des normes aux normes . Particulièrement dans notre réalité d’organisation de jeunesse s’appuyant sur l’engagement volontaire de jeunes animateurs , nous avons la conviction forte que l’amélioration de la qualité passe par les processus pédagogiques , plutôt que par l’accumulation de normes . Des montagnes de règles ne sont pas transposables sur le terrain et donc pas utiles . Elles sont même dangereuses puisqu’elles risquent d’accentuer le champ déjà considérable de responsabilité individuelle de chaque acteur . Par contre , des montagnes de balises et de ressources sont précieuses et même indispensables . Elles permettent de mettre en question ce qui est fait , d’adapter les réponses et de produire un effet tangible sur le terrain .»
C’est en effet, je crois, la juste manière de penser ‘Mômes en santé’…
ES: ‘Mômes en santé’ est un travail d’équipe, mais à un certain moment, il faut bien trancher en cas d’approches différentes d’une thématique. Comment avez-vous procédé? Qui avait le dernier mot?
B.T.: Le dernier mot? Non, cela a toujours été la recherche du dénominateur commun. Ce qui a parfois nécessité des temps de discussion plus longs, des allers et retours supplémentaires. Mais, et cela peut paraître angélique, il y a toujours eu une attitude d’écoute du point de vue de chaque partenaire car chacun était expert de son secteur d’intervention avec ses contraintes et ses réalités. L’objectif était véritablement d’aboutir à une base commune. Cela a pris du temps, de l’énergie, et a nécessité de la persévérance…
ES: De combien de temps avez-vous eu besoin pour développer ce référentiel, de la ‘commande’ initiale à la présentation officielle fin mars 2012?
B.T.: Le premier contact à ce propos a dû avoir lieu en février 2009. Soit trois ans. Trois ans, pour mûrir le projet, associer les partenaires, rechercher des ressources pour produire la brochure, élaborer le contenu des différents chapitres, les soumettre à discussion entre partenaires mais aussi à des experts externes en fonction des thématiques, jusqu’à aboutir au dénominateur commun, le document à mettre en page et illustrer, et enfin, maintenant, la présentation et la diffusion de la brochure.
ES: Certains chapitres ont-ils été plus délicats que d’autres à rédiger? Je pense par exemple à celui sur les maladies infectieuses, un sujet qui suscite fréquemment une certaine émotion dans l’opinion publique…
B.T.: Les sujets les plus délicats? Ceux pour lesquels chaque partenaire avait déjà des outils d’information porteurs de messages précis… Par exemple, que doit contenir une pharmacie ou une trousse de secours… Pour ce qui concerne les maladies infectieuses, la difficulté était autre. En effet, le nouvel arrêté donnant un cadre précis aux services PSE, a servi de référence mais il a fallu faire un travail complémentaire de réflexion et d’échanges pour préciser les messages à donner au secteur extrascolaire: que faire quand on est animateur par exemple. Des sujets comme la pédiculose sont des problèmes qui concernent toutes les collectivités d’enfants et posent des questions telles que la participation ou non aux activités qu’elles soient scolaires ou de loisirs, le risque de stigmatisation des enfants concernés…
ES: Avez-vous eu l’occasion de tester l’outil auprès d’un échantillon de ses utilisateurs potentiels avant sa mise au point définitive?
B.T.: Autour de la table se trouvaient des personnes qui elles-mêmes intervenaient auprès de collectivités d’enfants ou qui, de par leur fonction, coordonnaient des intervenants de terrain et donc connaissaient les difficultés rencontrées. Certains des partenaires ont également soumis les contenus à leurs relais. De plus, le contenu se base en partie sur d’autres documents qui avaient déjà fait leurs preuves: le référentiel «santé» pour les 0-3 ans publié par l’ONE et les brochures ‘Faire face aux maladies infectieuses’, ‘La pharmacie scolaire’ et ‘Faire face aux bosses et bobos’ publiées antérieurement et qui avaient déjà reçu un accueil très favorable de la part des intervenants.
ES: Quel est le budget et le tirage de cette première édition?
B.T.: Au total, 25.000 brochures ont été imprimées. Un budget d’un montant total de 23.400 euros a été octroyé en deux temps par la Ministre de la santé, Madame Fadila Laanan . Un premier budget a permis d’assurer la mise en page et les illustrations et le second a servi à l’impression et à la diffusion. L’ONE a pris en charge financièrement les 8000 exemplaires qu’il diffuse vers le secteur Accueil Temps Libre.
ES: C’est vraiment un projet d’une belle ampleur. Comment allez-vous faire pour l’évaluer, dans la perspective d’une éventuelle réédition après cette première diffusion?
B.T.: Depuis la présentation officielle de la brochure et sa diffusion, nous avons eu beaucoup de remarques très positives. Si des réflexions, réactions, remarques nous sont formulées concernant le contenu, nous les conserverons précieusement. Nous disposons aussi des coordonnées de demandeurs et si les ressources humaines le permettent, nous pourrons les contacter pour réaliser une démarche d’évaluation.

Le contenu de ‘Mômes en santé’

Partie 1 – La prise en charge des enfants en collectivité: cadre législatif, responsabilité des encadrants, cadre éthique, sécurité de base, relations avec les parents
Partie 2 – L’hygiène: techniques d’hygiène, hygiène de vie
Partie 3 – Pour un environnement de qualité – paramètres d’ambiance, lutte contre les polluants
Partie 4 – La gestion des soins: organisation matérielle, boîte de soins et trousse de secours, administration de médicaments, documents types
Partie 5 – Des bosses et bobos aux premiers secours: prévoir l’imprévu, faire face aux bosses et bobos les plus courants, faire face à l’urgence
Partie 6 – Faire face aux maladies infectieuses: les maladies infectieuses, l’hygiène en collectivité, le rôle des intervenants, le rôle du médecin traitant (déclaration obligatoire de certaines maladies transmissibles), mesures spécifiques à l’école, mesures et points d’attention en dehors de l’école, mesure particulière à prendre par maladie infectieuse
Partie 7 – Les allergies
Partie 8 – Accueillir des enfants à besoins spécifiques

ES: À propos de diffusion, à qui avez-vous envoyé le document? Et comment les lecteurs d’Éducation Santé intéressés qui ne l’auraient pas encore reçu peuvent-ils obtenir ‘Mômes en santé’?
B.T.: Les partenaires assurent la diffusion auprès de leurs relais via leurs canaux de communication: l’ONE vers le secteur Accueil Temps Libre, les organisations de jeunesse vers leurs animateurs, les services PSE et CPMS vers les écoles… Une série de médias professionnels ou grand public ont également relayé l’information. Nos différents sites Internet proposent aussi cette information.
Pour les lecteurs qui souhaiteraient un ou plusieurs exemplaires de ‘Mômes en santé’, ils peuvent contacter le SCPS Question Santé via notre adresse mail: info@questionsante.org. S’ils souhaitent recevoir plus d’un exemplaire, seuls les frais d’envoi seront à leur charge.
ES: Certaines informations reprises dans ce guide sont susceptibles d’être obsolètes dans un futur plus ou moins proche. Je suppose que vous y avez pensé. Avez-vous déployé un site Internet pour y remédier? Y a-t-il moyen de le télécharger, en tout ou par chapitres? Pourrez-vous communiquer facilement les futures mises à jour aux utilisateurs?
B.T.: L’adresse Internet [L]www.momesensante.be[/L] permet d’accéder à la brochure pdf, en version écoconso pour l’imprimante. Il est possible de télécharger l’un ou l’autre chapitre ou l’ensemble de la brochure. Cette version téléchargeable pourra être adaptée si des modifications s’avèrent nécessaires, et ce à moindre coût.
ES: Un petit compliment pour terminer. Je trouve ‘Mômes en santé’ très agréable à consulter, malgré le caractère ardu ou fastidieux de certaines infos qui doivent absolument s’y trouver. Heureusement, s’agissant d’un outil de référence, on n’est pas obligé de le lire d’une traite!
Propos recueillis par Christian De Bock