Octobre 2017 Par C DEMANET L. GALANTI Pierre-Olivier ROBERT Réflexions

Background

À l’époque, le tabac était très présent dans notre société. Sa légitimité était telle que fumer dans les lieux publics ou en présence d’enfants était chose commune, et ce malgré la connaissance des répercussions néfastes pour la santé. Le manque de mesures de protection autour du tabagisme a duré un siècle avant que l’Organisation Mondiale de Santé (OMS) ne mette en place des stratégies de « dénormalisation ». Ces dernières ont permis la remise en cause de l’acceptabilité sociale de la cigarette et l’avènement de la stigmatisation de l’acte de fumer, avec comme conséquence la dégradation de l’image du fumeur. (Vancassel et Calmes, 2014)

La consommation de tabac est associée à une réduction d’espérance de vie et se trouve être un facteur de risque important (6.3%) du fardeau des maladies (Lim, 2012 ; Ericksen et Whitney, 2013). Le tabagisme est donc actuellement considéré par la santé publique comme une pratique à risque. Dès lors, le fait de fumer est devenu peu à peu une pratique déviante, notamment grâce aux campagnes de prévention. (Peretti-Watel et Constance, 2009)

Si cette vision du tabagisme est liée à son histoire, elle est aussi liée à ses acteurs sociaux car une grande majorité des fumeurs appartiennent aux classes sociales plus défavorisées. En effet, le tabac est l’un des principaux responsables des inégalités sociales de santé. Par inégalités sociales de santé, il faut entendre les écarts de santé qui existent entre des individus de classes sociales distinctes, ayant des revenus et des niveaux de diplômes différents. La stratification sociale joue donc également un rôle important dans le retournement de situation que connaît le tabagisme. (Peretti-Watel et al. 2014) Indéniablement, les ressources financières et culturelles de l’individu influencent ses connaissances et sa compréhension des nouvelles pratiques, ainsi que ses capacités d’exploitation de celles-ci. C’est la raison pour laquelle le statut socioéconomique est reconnu comme un facteur incontestable dans l’adoption et la diffusion des comportements de santé.

En bref, c’est la dénormalisation du tabac qui permet l’avènement de la cigarette électronique car elle apparaît pour l’individu comme une solution rationnelle aux dangers du tabac. Dans cet ordre d’idées, l’e‑cigarette constitue une pratique de contagion simple étant donné qu’il suffit qu’une personne de notre entourage adopte cette nouveauté technologique pour que cela encourage un fumeur régulier à se sevrer. (DiMaggio et Garip, 2011)

Effectivement, elle permet aux fumeurs – qui veulent se conformer aux normes – de devenir adepte d’un nouveau dispositif technologique moins risqué et toxique, mais aussi non stigmatisé par la société. De plus, la diffusion de cette pratique pourrait être encore plus facile et rapide en raison de ses arguments d’économie d’argent sur le long terme.

Force est de constater que la cigarette électronique détient une grande acceptabilité parmi les fumeurs désireux de se sevrer tant elle permet la prolongation des habitudes tabagiques. (Caponnetto et al. 2013b) En effet, ce nouvel objet technologique agit sur les aspects sociaux et comportementaux associés au fait de fumer. Si certains considèrent les similitudes entre la cigarette électronique et la cigarette classique comme l’un de ses principaux atouts dans le sevrage tabagique (CSS, 2014), d’autres qualifient le comportement des vapoteurs de paradoxal car « en un certain sens vapoter, c’est encore fumer ».  (Vancassel et Calmes, 2014, p 49.) En conséquence, il faut rester vigilant car l’image positive de la cigarette électronique véhicule la croyance qu’il est aisé de se sevrer seul. (Ebbert et al. 2015)

Aussi, les jeunes sont très demandeurs d’introduire des nouveautés hi-tech dans leur quotidien. Il est d’ailleurs certain que l’innovation technologique qu’incarne l’e-cigarette lui vaut une grande part de son succès. Par ailleurs, si la cigarette électronique est perçue comme étant un dispositif moins nocif que le tabac, elle n’est pas automatiquement perçue par les jeunes ‑ contrairement à la population adulte – comme un outil de sevrage. (Sanders-Jackson et al., 2015 ; Roditis et Halpern-Felsher, 2015 cités par HCSP, 2016)

En effet, les jeunes semblent avoir des compétences plus faibles en matière de prise de décisions et évaluation des risques, et c’est notamment ce qui les amène à croire qu’ils sont moins vulnérables aux dangers. (Song et al., 2009). La perception du risque dépend des principes sociaux, des expériences personnelles et celles de la communauté, ainsi que des messages véhiculés par les leaders d’opinion. Pour un comportement addictif comme le fait de fumer – et donc potentiellement le fait de vapoter – l’influence sociale est un déterminant significatif pendant l’adolescence, et la perception des risques a tendance à diminuer au fur et à mesure que la prévalence de celui-ci augmente parmi ses proches. (Roditis et Halpern-Felscher, 2015).

La probabilité qu’un jeune adopte un comportement donné  comme le vapotage – sera accrue s’il perçoit peu de risques contre de nombreux bénéfices. La diffusion d’un comportement sera d’ailleurs simple lorsque celui-ci est perçu comme peu risqué, et inversement pour un comportement connu comme dangereux pour lequel la diffusion sera plus complexe. Avec les connaissances actuelles sur la toxicité de la cigarette classique, la propagation du tabagisme dépend aujourd’hui d’un mécanisme de contagion complexe, contrairement à la cigarette électronique. (DiMaggio et Garip, 2011) Pourtant, il est vrai que les jeunes témoignent encore d’une forte motivation à fumer.

Objectifs de l’article : question de recherche et hypothèses

L’utilisation de l’e-cigarette est-elle un tremplin vers une consommation de tabac classique ? Voilà une question récurrente à laquelle aucune réponse claire ne peut être apportée actuellement en raison de l’apparition récente de ce dispositif de plus en plus en vogue. Le risque est certes réel mais trop peu d’informations sur le long terme sont disponibles pour le confirmer. Ce manque d’information ne permet toutefois pas d’infirmer cette hypothèse. C’est notamment cette incertitude qui justifie le principe de vigilance à l’égard des cigarettes électroniques.

Les jeunes constituent un sujet fréquemment mis sur la table dans les revues scientifiques car ils se présentent comme un groupe à risque pour l’utilisation de cigarettes électroniques. Cette observation inquiète et pose question. Le présent travail vise à éclaircir la dynamique existante dans l’utilisation occasionnelle ou persistante d’e-cigarettes par des jeunes. En d’autres mots, cet article s’intéresse à l’utilisation de la cigarette électronique et aux perceptions qu’en ont les jeunes, ainsi qu’à la manière dont ils justifient leur comportement.

Hypothèses :

  • La toxicité moindre et donc sa légitimité d’utilisation, la nouveauté technologique qu’elle incarne ainsi que ses nombreux aspects ludiques (objet, goûts, odeurs), et le fait qu’elle mime la gestuelle du tabac sont autant de facteurs qui influencent l’expérimentation de la cigarette électronique et son éventuel maintien chez les jeunes.
  • Les effets de pairs participent à la diffusion du vapotage dans la population. Les adolescents y sont d’autant sensibles en raison de leurs compétences plus faibles en évaluation des risques et prise de décisions.
  • Actuellement, la diffusion de la cigarette classique dépend d’un mécanisme de contagion complexe tandis que la diffusion de cigarette électronique s’opère via un mécanisme de contagion simple.

Méthodologie

Choix de la méthode

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Étant donné que cette étude vise la compréhension ainsi que l’émission d’hypothèses d’interprétation du processus d’expérimentation – voire d’adoption – de la cigarette électronique chez les jeunes, le choix de la méthode s’est axé vers une recherche qualitative. L’objectif  n’est pas la quantification, mais bien la compréhension de ce nouveau phénomène.

Public cible de notre recherche

L’intérêt de cette étude porte sur les jeunes, et plus spécifiquement les jeunes âgés de quinze à vingt-quatre ans car il s’agit de la tranche d’âge la plus curieuse face à ce nouveau dispositif selon l’OMS. Dans la mesure où ce public ne semble pas concevoir la cigarette électronique comme un outil de sevrage, la présente étude s’intéresse aux représentations de ces jeunes ainsi qu’aux raisons de leur attrait.

Échantillonnage

Pour participer à l’étude, les jeunes devaient répondre à deux critères de sélection:

  • L’utilisation de cigarettes électroniques : La distinction entre les jeunes utilisateurs actuels de la cigarette électronique et ceux qui ne l’ont testée qu’épisodiquement est parfois difficile à percevoir dans la littérature. Dans le cadre de cette étude, sélectionner ces deux profils d’utilisateur est pertinent car le récit de leurs expériences permet d’explorer l’attrait pour l’e-cigarette. Aussi, interroger les vapoteur réguliers et occasionnels offre la possibilité d’explorer les facteurs favorisant le maintien ou non du comportement. C’est pourquoi les jeunes pouvaient être sélectionnés même s’ils n’avaient consommé que quelques fois l’e‑cigarette.
  • L’âge : Les jeunes devaient être âgés de quinze à vingt-quatre ans. Comme c’est à l’adolescence (chiffré entre treize et dix-huit dans l’étude SILNE menée en Belgique par l’Université Catholique de Louvain) qu’ont lieu les premiers contacts avec la cigarette, il est apparu intéressant de se focaliser davantage sur une population la plus jeune possible comme les jeunes en années d’études d’humanité et âgés de moins de seize ans. De plus, le milieu scolaire étant le lieu central de socialisation des jeunes (Lorant V. et al. 2015), se focaliser sur un public d’adolescents est pertinent tant ils représentent un âge sensible à l’effet de pairs en quête de nouvelles expériences.

L’échantillon a été contacté via les réseaux sociaux mais également par le biais du « bouche‑à‑oreille ». Précisons que le mode de sélection utilisé présente le risque de rencontrer des personnes avec des réalités communes et ayant des profils comparables.

Analyse des données

Neuf entretiens semi-directifs ont été menés avec des jeunes. Les répondants étaient âgés de 16 à 24 ans et étaient utilisateurs actuels ou avait expérimenté l’e-cigarette dans le passé. Parmi ces derniers, trois des plus jeunes répondants témoignaient de leurs expériences à l’âge de 13ans seulement. L’échantillon comptait trois filles contre six garçons. Chacun des récits des jeunes a été retranscrit dans son intégralité. L’analyse a débuté de façon descriptive avec l’extraction du discours des jeunes. Ce sont les concepts théoriques développés en introduction qui ont permis le cadrage par catégories prédéfinies. Celles-ci sont nécessaires pour la structuration ainsi que l’analyse des propos des jeunes interrogés. La phase interprétative a ensuite permis de donner des significations aux différentes tendances ainsi que d’expliquer les thèmes descriptifs et d’établir des liens entre eux.

Résultats

L’initiation et le maintien

Utilité perçue

Aucun jeune n’affirme l’innocuité de la cigarette électronique mais tous assurent qu’elle est moins nocive que le tabac. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils ont choisi ce nouvel outil pour leur sevrage tabagique.
« C’est de la nicotine sans le goudron donc c’est mieux que la cigarette, et ça te procure la nicotine dont tu as besoin. » « Ça m’étonnerait que tu meures d’un cancer après la cigarette électronique. Après je n’en sais pas plus (…) mais au moins, je n’ai pas de jaunissement des dents. » « Sur le long terme, je ne sais pas… » « Je ne pense pas que ce soit nocif parce que je le ressens. »

Les jeunes sont plus sensibles aux effets observables à court terme qu’aux risques à long terme. Même s’ils avouent ne pas s’être renseignés davantage, le plaisir immédiat prend le dessus sur les éventuels risques futurs. Leurs ressentis contribuent donc à l’image positive qu’ils ont de la cigarette électronique. Le fait de percevoir la cigarette électronique comme moins risquée que le tabac suffit donc à ces jeunes pour justifier leur choix de comportement.

Le phénomène technologique attribué à l’e-cigarette est sans conteste l’une des explications de l’intérêt des jeunes ainsi que de son succès grandissant. Lorsqu’ils envisagent d’arrêter de fumer, ils se tournent spontanément vers ce dispositif de sevrage sans même envisager d’autres solutions qui leur paraissent ridicules. Pourtant, l’un des jeunes interrogés est non-fumeur et explique malgré tout avoir été attiré par la cigarette électronique pour sa ressemblance avec la consommation de tabac et son côté « fun ». On note effectivement que même lorsque la motivation initiale est l’arrêt du tabac, la cigarette électronique peut prendre la place d’un gadget ayant une fonction de loisir.

« Moi j’adore tout ce qui est technologie donc j’ai trouvé ça vraiment terrible. » « C’est comme passer d’un Nokia 3310 à un Iphone. » « T’as envie d’acheter un truc super beau. Tu peux vraiment la personnaliser. »  « On a vu qu’il y en avait des super belles… le design nous intéressant fort aussi. J’en voulais une sophistiquée. » « Je suis certaine que c’est la nouvelle technologie pour arrêter de fumer. » « Si t’as quelque chose de mieux de la cigarette électronique, je peux être preneur mais il faut que ce soit un truc qui soit un peu fun quoi. » « C’est vite devenu une fantaisie plus qu’autre chose… » « À partir d’un moment, c’est devenu un loisir. Quand t’es jeune, ça devient plus un loisir. »

De toute évidence, la matérialisation de l’objet ainsi que sa sophistication technologique et visuelle apparaissent comme très importantes pour les jeunes. Malgré cela, il faut préciser que le niveau d’investissement (temps, financier, apprentissage) dans ce nouvel objet et le type d’utilisation semble varier selon le genre de l’utilisateur ainsi que ses besoins et désirs.

« Je regardais sur un site hier, et j’avais l’impression qu’on achetait une fusée. Pour moi, ça doit être simple d’utilisation sinon je ne vois pas l’intérêt. (…) en tout cas, pour les filles, les simples c’est le mieux. »

La cigarette électronique s’apparente au tabac par la possibilité de simuler certains rites tabagiques auxquels les jeunes fumeurs se sont habitués. Ils souhaitent d’ailleurs retrouver des similitudes entre leur consommation de tabac et leur utilisation de cigarette électronique. Lorsqu’un maximum d’aspects est retrouvé, cela faciliterait le maintien de l’utilisation.

« C’est surtout pour le geste et quand je suis avec des amis qui fument… me dire que moi aussi j’ai quelque chose. » « Sortir fumer avec les autres aux pauses, etc. » « T’es pas là avec ton patch à te caresser le bras. »

Si la cigarette électronique plaît aux jeunes car elle mime les habitudes sociales, les gestuelles et les ressentis tabagiques, certaines de ses différences – comme la variété des goûts et odeurs – en font un dispositif encore plus attirant.
« Il y a plein de goûts » « Il y a plein de choix. » « Je ne sentais plus mauvais. »

Bien que la cigarette classique et la cigarette électronique impliquent des comportements à la fois identiques et différents, c’est l’imitation gestuelle qui justifie la présence des vapoteurs avec les fumeurs à l’extérieur. En réalité, la cigarette électronique leur permet de maintenir les habitudes sociales du tabac, et donc de garder leur place dans un groupe auquel ils n’appartiennent plus réellement.

L’influence sociale

Si les amis constituent le point commun de l’initiation des jeunes interrogés, les jeunes expliquent également observer de plus en plus de vapoteurs dans leur vie courante. Les récits confirment l’influence des leaders d’opinion dans leur choix d’adoption du comportement, mais ils démontrent également que l’augmentation de la visibilité de la technologie et de son accessibilité occasionne un changement de perception et d’utilité perçue.

« On en voit de plus en plus dans la rue.» « C’est devenu un effet de mode d’avoir une belle cigarette électronique. » « Quand j’ai commencé (…) il y avait vraiment un mouvement à l’école. »  « Moi ce n’est pas pour me donner un ’’genre’’ si je fume la cigarette électronique, mais c’est parce qu’on a commencé ça dans le groupe. » « À la base, j’ai surtout commencé pour l’effet de mode. »

La pratique – qui se transmet par effets de réseau – semble effectivement de plus en plus observable dans les groupes de jeunes. Les deux cadets comparent l’e-cigarette à une mode éphémère comme les cartes Panini ou Pokémon, et expliquent leur achat en raison de l’engouement présent dans leur école.

Selon les jeunes, la cigarette électronique dégage une certaine image de soi qui permet d’attirer l’attention de ses pairs. Beaucoup de jeunes utiliseraient donc l’e-cigarette pour le côté « m’as-tu-vu » de l’objet. L’image dégagée par le jeune vapoteur a visiblement une grande influence sur l’initiation à ce comportement.

« Les jeunes qui fument la cigarette électronique, c’est vraiment :’« j’ai envie de montrer que je fais de la fumée !». »  « C’est stylé de fumer la cigarette électronique. » « Quand je me suis acheté ma cigarette électronique, c’était un peu pour faire mon malin je dois dire. »

Notons que lorsque les jeunes n’apprécient pas la cigarette classique, celui-ci peut percevoir la cigarette électronique comme une opportunité. Effectivement, grâce à ses goûts et sa ressemblance avec la cigarette classique, l’e-cigarette offre la possibilité d’adopter un comportement comparable au tabac sans ses inconvénients (santé, odeurs, goûts). Vapoter leur permet donc de s’apparenter au groupe de fumeurs tout en utilisant un dispositif différent.

« Je savais ce que c’était la cigarette tout court mais je n’aimais pas alors que la cigarette électronique, j’aimais vraiment bien ça… c’était un truc de nouveau et ça avait vraiment un bon goût. »

Le support social

Lors de son initiation, il semblerait que le vapoteur débutant doit persévérer car un temps d’adaptation est nécessaire. Les jeunes expliquent les premiers désagréments de la cigarette électronique de différentes façons, et notamment par la nécessité de se familiariser avec ce nouvel outil et ses multiples produits. Le jeune doit donc prendre le temps d’identifier ce qui lui convient le mieux pour sa consommation personnelle, et le groupe – présent durant cette période d’apprentissage – lui apporte le soutien dont il a besoin. Le temps d’apprentissage jugé nécessaire par certains peut parfois constituer une source d’abandon pour d’autres.

« Je me suis forcé au début. » « La première fois, j’ai toussé comme pas possible. » « Quand j’ai commencé, c’était dégueulasse mais je l’ai refait plusieurs fois et ça a été progressif. »

Lorsque les jeunes ont acquis un certain niveau de connaissance de la pratique grâce à leurs utilisations et échanges avec le groupe, la cigarette électronique devient plus agréable et offre de nombreuses perspectives. À ce stade, le jeune met alors en avant ses capacités d’exploitation et en fait profiter les autres.

« Moi ça m’amuse de faire ma petite popote et mélanger les goûts pour avoir vraiment ce que je recherche, mais ça pas mal de gens ne savent pas le faire ! » « Les adultes ils auront une cigarette basique mais ils vont s’en satisfaire. Ils ne vont pas aller chercher un truc méga puissant. »

En plus de l’apprentissage social, l’e‑cigarette semble développer un autre caractère que le tabac qui n’est autre que le partage d’expérience. Effectivement, les relations sociales semblent basées davantage sur les expériences propres à l’utilisation de cigarettes électroniques. Ainsi, les jeunes vapoteurs échangent du matériel, testent les saveurs des autres, se conseillent, et discutent de leurs lieux d’achat ainsi que la satisfaction de ceux-ci. Parce qu’ils partagent un comportement analogue et parce qu’ils échangent sur leurs expériences personnelles, les vapoteurs se distinguent des autres et s’identifient comme faisant partie d’un même groupe.

« On s’échangeait des goûts. » « On teste entre nous. » « C’est vraiment un truc de partage. » « Les gens qui ont une cigarette électronique dans la rue, tu les regardes et tu souris tu vois… c’est une sorte de groupe. » «  « C’est une sorte de groupe, c’est vraiment devenu un petit réseau. »

Le vapoteur : un « entrepreneur de moral » (Becker)

« C’est complètement inutile de faire venir un tabacologue à l’école avec un discours moralisateur… »

Il est intéressant de remarquer que les jeunes – souvent critiques face aux discours des professionnels de la santé à l’égard du tabagisme – tiennent des propos relativement similaires et engagés dans leurs entretiens.

« C’est toujours mieux que la cigarette. » « C’est mieux que le tabac. » « Ce n’est pas un jeu (=cigarette électronique), il ne faut pas prendre ça à la légère. »

Effectivement, les récits des jeunes sont sans équivoque ; la cigarette électronique constitue un outil plus bénéfique pour lutter contre le tabagisme que les autres solutions apportées par les acteurs de la promotion à la santé. C’est à ce titre qu’ils démontrent une volonté de défendre la cigarette électronique auprès des plus sceptiques, et une volonté d’initier les plus curieux. S’ils perçoivent l’e-cigarette comme la solution aux dangers du tabac et qu’ils considèrent cette nouvelle pratique comme totalement légitime, ils la font valoir et s’en font les promoteurs.

« Mon ex en a acheté une, je me suis dit que c’était l’occasion d’essayer d’arrêter de fumer. Mais je ne l’ai pas acheté de mon plein gré. On me l’a vraiment mis sous le nez.» « J’ai des potes qui ont été en acheter une après que j’ai parlé avec eux. » « Celui qui fume, je vais essayer de le convaincre. »

Pour certains des jeunes interrogés, l’existence de goûts et leur grande variété constituent l’atout majeur de la cigarette électronique. Selon eux, cet aspect doit être mis en avant pour rendre ce nouveau dispositif encore plus séduisant pour les jeunes, et ainsi déjouer leur attrait du tabac.

« Je crois qu’ils devraient mettre ça encore plus en avant pour les jeunes et au moins ils passeront directement par là et pas par une cigarette normale nocive qui leur fera du mal aux poumons. » « Les jeunes c’est mieux s’ils pouvaient passer par la cigarette électronique directement. »

Toutefois, si certains n’ignorent pas que la cigarette électronique n’est pas une consommation totalement anodine, cela ne les empêche pas de relativiser le risque pris.

« Un coca-cola, c’est nocif aussi et pourtant t’en trouves partout et ils en font de la pub… » « Sans prise de risques, t’as l’impression d’être un robot en fait. » « Jupiler a été le sponsor des diables rouges.»

Discussion

L’attitude des vapoteurs peut être qualifiée d’ambigüe lorsque d’un côté, ils souhaitent maintenir leur appartenance sociale au groupe de fumeurs ; et de l’autre côté, ils revendiquent la singularité de leur nouvelle pratique ainsi que l’exemplarité de ses adeptes. Selon eux, vapoter à l’intérieur est égal étant donné que la cigarette électronique n’a pas les mêmes implications que le tabac. L’aspect olfactif – qualifiée de non dérangeante par les jeunes – semble d’ailleurs légitimer le vapotage passif tant il n’impacte pas le confort d’autrui. Aucun des jeunes n’associe la vapeur dégagée par la cigarette électronique au tabagisme passif, et les vapoteurs passifs eux-mêmes semblent être plus tolérants.

Aussi, en tant qu’ « entrepreneurs de moral » (Becker), c’est-à-dire en tant qu’individu qui valorisent et cherchent à prôner l’utilisation de la cigarette électronique, le discours des jeunes vapoteurs est parfois équivoque. En effet, ils défendent l’innocuité de la cigarette électronique d’une part, et considèrent qu’il faut promouvoir ses atouts. Selon eux, c’est le côté ludique de ce nouvel outil technologique qui doit être mis en avant afin de séduire toujours plus de jeunes et éviter leur initiation au tabac.

Alors que d’autre part, ils valorisent une exploitation précautionneuse de l’e-cigarette, et estiment qu’elle ne peut être considérée comme un jeu. Notons que même lorsque la motivation initiale est l’arrêt du tabac chez les jeunes, la cigarette électronique semble plus facilement prendre la place d’un gadget ayant une fonction de loisir par ses diverses sophistications et personnalisations.

Les résultats sont catégoriques quant à la compréhension et intégration des discours préventifs sur le tabagisme par les jeunes. Effectivement, l’e-cigarette leur donne un sentiment de sécurité étant donné qu’ils l’envisagent comme un outil moins nocif ; ce qui suffit à la légitimer. Dans leurs entretiens et via leurs récits, les jeunes illustrent parfaitement l’évolution des représentations du tabagisme, et témoignent que ce dernier est de moins en moins accepté.

Une étude qualitative réalisée par Pertti‑Watel et Constance (2009) allait déjà dans ce sens en expliquant que le tabac devenait socialement stigmatisé. Peretti-Watel et al. (2014 ; 2007a) expliquent une partie de la dénormalisation du tabac par la culture du risque et le culte de la santé présents dans les sociétés occidentales. La culture du risque est caractérisée par l’importance d’être entrepreneur de sa propre existence et prendre sa vie en main, tandis que le culte de la santé consiste à faire de la santé un objectif en soi. C’est grâce aux informations de prévention qui distinguent les conduites saines de celles qui ne le sont pas, que l’individu peut rester en bonne santé.

Les personnes qui adoptent les conduites malsaines ou dites « à risque » – comme le tabac – voient se réduire leurs chances de coloniser le futur, les comportements choisis diminuant leur espérance de vie. En s’écartant et/ou ne se conformant pas aux différentes normes, ces individus sont alors considérés et/ou stigmatisés comme déviants.

Dès lors, vapoter apparaît comme un comportement rationnel car celui-ci imite les rites tabagiques tout en se conformant aux normes actuelles. La cigarette électronique offre la possibilité aux jeunes de coloniser leur futur lorsque le tabac ne le permet plus. En quelque sorte, c’est la dénormalisation de la consommation de tabac avec l’intégration des messages préventifs qui amène à la normalisation de la cigarette électronique.

Une observation inquiétante est le rachat des productions d’e-cigarettes par l’industrie du tabac. Par ce biais, l’industrie du tabac tente de donner une image fun et positive à ce nouveau type de consommation moins nocif pour la santé. Paradoxalement, une telle démarche est en contradiction avec la lutte contre le tabagisme tant elle pourrait entraîner la renormalisation du tabac par imitations gestuelles et sensorielles de la cigarette classique. (CSS, 2015 ; FCTC, 2014).

Aussi, l’OMS s’inquiète de la porte d’entrée vers le tabac que représenteraient les cigarettes électroniques. (FCTC, 2014) La crainte formulée – qui se base sur le modèle théorique « gateway » ou effet de « porte d’entrée » de Kandel (1975) – est que les non-fumeurs, en particulier les plus jeunes, commencent à consommer de la nicotine de façon plus importante que si ces dispositifs n’existaient pas, et qu’ils passent ensuite vers une consommation de tabac.

Comment la cigarette électronique est-elle parvenue à s’introduite si aisément dans le quotidien des jeunes ? Pour ce qu’il en est de la diffusion du vapotage, appuyons-nous sur la théorie de DiMaggio et Garip (2012). Ces deux auteurs ont mis en place cinq critères qui mesurent les barrières et difficultés que peut rencontrer un individu en adoptant un comportement : la complication (complexity), l’observabilité (observability), le risque (risk and uncertainty), la légitimité (legitimacy) et enfin, l’autonomie (sustainbility). Certains de ces critères sont applicables à la pratique de la cigarette électronique et permettent d’éclaircir les mécanismes de sa contagion parmi les jeunes.

Tous les jeunes interrogés ont commencé par l’intermédiaire d’un proche et témoignent de l’engouement existant pour la cigarette électronique dans leur groupe de pairs. Ainsi, ils font référence à une augmentation de l’observabilité de cette pratique. Pour les plus jeunes vapoteurs, l’école constitue d’une part le lieu où ils ont pris connaissance du dispositif, et d’autre part le lieu où ils ont été témoins de son augmentation parmi leurs pairs. Lorsque l’on sait que l’utilité qu’un individu perçoit d’un comportement augmente si sa présence est élevée dans le groupe, le milieu scolaire apparaît comme un endroit clé de visibilité du comportement ainsi que le lieu d’initiation de nombreux jeunes.

Aussi, les jeunes sont attirés par la cigarette électronique tant il s’agit d’un public très demandeur de nouvelles technologies qui leur permettent de se mettre en avant. Malgré que l’utilisation de cigarette électronique doive parfois être cachée aux adultes, l’effet de mode qui y est associé entraîne incontestablement une augmentation de son observabilité dans les réseaux de jeunes.

Au regard des entretiens, l’initiation à la vapote ne semble pas être complexe mais relativement aisé pour un novice alors que le maintien de la pratique semble facilité par le soutien d’un groupe. Parallèlement avec l’étude réalisée par Becker sur les changements d’attitudes des fumeurs de marijuana, devenir vapoteur impliquerait de passer par différents stades encadrés par un groupe. Lorsque le vapoteur est débutant, le groupe (et les vapoteurs « experts » le constituant) ont tendance à le rassurer en minimisant les effets désagréables. C’est pourquoi l’interaction avec les pairs est d’une importance capitale tant elle influence le sentiment de sensations agréables du novice et motive donc sa consommation. Mais jusqu’à quel point la pratique nécessite-t-elle le support des autres ?

Dans cette même étude, Becker insiste sur l’importance du groupe dans le maintien du comportement. En effet, le groupe dans lequel le jeune vapoteur s’intègre lui offre un univers où son comportement n’est pas une déviance mais constitue la norme. Dans les entretiens, on remarque que les jeunes ont effectivement tendance à s’identifier comme appartenant à un groupe au sens large du terme. Le sentiment d’appartenance est occasionné par le partage du comportement en marge de la société. Ce réseau les aide à interpréter et faire face aux jugements sociaux qui pèsent sur leur usage et les stigmatisent. La vapote constitue donc un comportement nécessitant le support des autres, mais celui-ci ne peut durer qu’un temps. En effet, lorsque le jeune a intégré le fonctionnement de cette nouvelle technologie et qu’il est en confiance, celui-ci est autonome dans sa nouvelle pratique.

Les jeunes perçoivent l’e-cigarette comme non nocive, ou moins nocive que le tabac, ce qui suffit à justifier leur choix de comportement. Certains d’entre eux se sont même tournés vers ce dispositif pour en finir avec les risques liés à leur consommation de tabac. Notons que cette absence de risque perçue n’est pas toujours combinée avec une recherche approfondie sur le sujet, et ne représente donc pas toujours le risque réel. C’est l’augmentation de l’observabilité du comportement dans leurs groupes de pairs et les effets de réseaux d’une part, ainsi que les effets du marketing et messages des leaders d’opinions d’autre part qui influencent leurs perceptions des risques et croyances sur l’e-cigarette.

C’est grâce à l’évolution des normes et à l’intégration des messages préventifs à l’égard du tabac que la cigarette électronique se présente comme une solution idéale. Vapoter apparaît comme un comportement légitime car celui-ci imite les rites tabagiques tout en se conformant aux normes actuelles. En quelque sorte, l’e-cigarette est légitimée par les jeunes tant elle leur apporte un équilibre entre croyances et comportements.

La cigarette électronique n’est pas un exemple de contagion complexe car elle ne concorde pas avec les cinq critères développés. En revanche, comme présupposé, ce nouveau dispositif semble se diffuser via un mécanisme de contagion simple car il suffit qu’une personne dans son réseau l’adopte pour être susceptible de l’adopter à son tour. Une fois l’e-cigarette adoptée, les jeunes développent un sentiment d’appartenance à un réseau de vapoteurs.

D’une part, ce « petit réseau » apporte un support social aux jeunes car il les aide à se prémunir des critiques à l’égard de la cigarette électronique – qui ne constitue pas encore une norme acceptée par toute la société – et à justifier son utilisation préférable à celle de la cigarette. De toute évidence, ce sentiment d’appartenance facilite la justification du choix de leur comportement et apparaît essentiel au maintien de celui-ci.

D’autre part, le besoin et le sentiment d’appartenance à ce réseau entraînent une sorte de contrôle social avec la création d’une hiérarchisation par les vapoteurs eux-mêmes. L’intégration des messages de prévention à l’égard du tabagisme les a persuadés de la légitimité de l’e-cigarette et de la nécessité de défendre cette pratique. Seulement, s’il existe déjà une stigmatisation des vapoteurs envers les fumeurs qui ne se conforment pas aux normes actuelles, les jeunes établissent également des distinctions entre les utilisations d’e-cigarette et légitimités de celle-ci. Ainsi, en tant qu’entrepreneurs de moral, ils se sentent investis d’une mission de défendre la cigarette électronique comme un outil de sevrage, et non comme un comme outil strictement ludique. Comme déjà expliqué, cela semble paradoxal lorsque l’on sait que les jeunes interrogés ont initialement été attirés par la nouveauté technologique de la cigarette électronique et ses variétés d’exploitation, et qu’ils affirment que leur utilisation est plus élaborée que celle des adultes.

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Pour conclure, il est incontestable que l’e-cigarette a le vent en poupe et attire la curiosité des plus jeunes. Lorsque l’on sait que les innovations technologiques se répandent plus facilement dans les groupes favorisés que dans les groupes défavorisés, la cigarette électronique ‑ en partant du postulat qu’elle améliore la santé – pourrait constituer un nouvel outil susceptible de ne profiter qu’aux plus aisés. Sachant que la vapote se diffuse rapidement au moyen des effets de pairs, l’hypothèse qu’elle maintienne la stratification sociale voire augmente les inégalités de santé devrait être envisagée plus sérieusement (DiMaggio et Garip, 2011).

Si l’adoption de la cigarette électronique semble constituer une solution évidente aux dangers du tabac, la présente étude qualitative démontre que le comportement associé au fait de vapoter est une matière aussi vaste que complexe qui suscite avis variés et propos ambivalents de la part des jeunes utilisateurs eux-mêmes. Paradoxalement, ce sont les normes sociétales actuelles et les discours sanitaires défendus par les autorités qui contribuent à l’essor du vapotage ; ce même comportement qui par son succès ascensionnel et fulminant – notamment auprès des jeunes – en vient à inquiéter la santé publique et s’insérer dans l’agenda politique.

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