En Région bruxelloise
La Ligue bruxelloise francophone pour la santé mentale organise la troisième édition d’un projet pédagogique intitulé «A la rencontre de l’autre», sous forme de concours vidéo destiné aux jeunes de la Région de Bruxelles-Capitale. Ce projet s’adresse aux étudiants du secondaire supérieur, général, technique ou professionnel et aux structures bruxelloises alternatives à la scolarité ainsi qu’aux groupes parascolaires sociaux et/ou culturels. Le concours se déroule par équipe et un professeur ou un éducateur (animateur, coordinateur,…) doit en être nommé responsable.
Via la réalisation d’un film vidéo de court métrage par chaque équipe participante, ce projet propose de promouvoir la santé mentale en sensibilisant les jeunes à la différence et à l’importance des liens tissés par chaque être humain avec autrui.
Lorsque tout va bien, cela semble facile: on se côtoie, on se parle, on s’apprécie et on partage des moments et des actes mais quand tout à coup l’existence se complique, la vie paraît s’échapper: les amitiés et les soutiens s’amenuisent, les obstacles s’accumulent sapant petit à petit le courage, l’énergie et la volonté de celui ou celle qui y est confronté.
Ces moments difficiles, nous les connaissons tous mais face à eux nous ne sommes pas toujours égaux. Certains trouvent le moyen de se reconstruire et d’autres en souffrent plus profondément.
A la Ligue, nous pensons que parler de la santé mentale est primordial. Avoir une santé mentale, qu’elle soit bonne ou défaillante, fait partie du quotidien de chacun. Tous nous connaissons ce que l’on appelle pudiquement « des hauts et des bas », « des moments avec et des jours sans » et dans ces derniers, ce qui est salutaire c’est souvent l’inattendu : un regard attentif, un petit geste d’affection, un mot qui déculpabilise, une oreille qui écoute avec simplicité… Ce n’est pas grand chose et pourtant c’est essentiel, sans cela l’être humain se fragilise et finit par douter de lui-même… En n’y étant pas attentif, nous l’excluons de lui-même, de la société et du monde et nous nous privons d’une rencontre avec quelqu’un d’unique !
Les participants aux deux premières éditions l’ont bien compris. Ils ont choisi de s’intéresser aux toxicomanes, aux tentations qui guettent les jeunes d’un quartier défavorisé, aux femmes sans domicile fixe, aux usagers d’un service de santé mentale et à ceux d’un centre thérapeutique de jour, aux enfants qui résident au Petit Château,…
Voici comment ils parlent de l’expérience ainsi vécue : «Nous avons choisi le sujet par un brainstorming qui recueillait toutes nos idées. Nous en avons sélectionné quelques-unes. Puis nous en avons discuté toutes ensemble et effectué un vote. Ensuite, nous avons trouvé intéressant de réfléchir aux idées que nous nous faisions par rapport aux personnes que nous voulions rencontrer.»
Il nous est apparu tout à fait impensable de ne venir que pour filmer comme si nous n’étions que des voyeurs. Nous avons donc décidé de revoir notre conception préliminaire de la chose pour privilégier le contact et l’établissement d’une confiance mutuelle entre nous et ceux que nous voulions rencontrer. C’est précisément là que se trouve le succès de notre entreprise. Nous pensons également que si tout se passe bien à ce niveau, tout le côté reportage vidéo se fera sans problème.»
«Les jeunes ont apporté boissons et collations, ils souhaitent que la rencontre soit conviviale… Mais petite déception, peu d’usagers sont présents… Est-ce à cause de nous ? On nous rassure, le nombre des participants varie souvent… «C’est un peu comme chez nous » remarque un élève . On ne peut pas vouloir pour l’autre …
… Et puis la communication s’établit. Il s’agit de garder une trace de cette première rencontre qui sera décisive pour la suite. Les élèves sont contents de ce premier contact mais à ce stade, la finalité du projet n’est pas le plus important : «même si on n’arrive pas à filmer, au moins nous les aurons rencontrés, on aura appris quelque chose .
Dans cette expérience de « la rencontre de l’autre», nous avons certes éprouvé les difficultés du cheminement mais aussi ses bienfaits. S’attarder, dans le sens de prendre son temps, porte ses fruits. Il est bon qu’une action réfléchie et approuvée soit menée à son terme, qu’un projet aboutisse, même si c’est, dans une certaine mesure, pour que s’opère la magie de l’identification, de la reconnaissance. Je me souviendrai toute ma vie de cette expérience»… .
Pour cette troisième édition comme pour les deux précédentes, chaque équipe est libre de déterminer le thème de son choix pour autant qu’il touche à la santé mentale et privilégie la rencontre avec les personnes concernées: ceux qui souffrent, leur famille, leur entourage et les professionnels de l’aide psycho-médico-sociale; il peut s’intéresser à des situations spécifiques qui provoquent de la détresse chez celles et ceux qui, individuellement ou en groupe, les vivent: exil, vieillissement, harcèlement moral, migration, toxicomanie, pauvreté, dépression, séparation, précarité ou perte d’emploi, deuil, sans-abrisme, difficultés socio-professionnelles ou scolaires,…
Le concours peut aussi amener les jeunes à découvrir des “bonnes pratiques en santé mentale”, c’est-à-dire des initiatives qui dynamisent les personnes et, par là même, contribuent au maintien, ou à la re-construction, d’une bonne santé mentale. Ces initiatives peuvent provenir des institutions ou associations mais également de citoyens et de patients: groupes d’entraide, expositions organisées par les usagers, animations intergénérationnelles,…
Les équipes qui s’y sentent prêtes et le souhaitent sont également encouragées à aller plus loin et à envisager d’aborder le domaine plus spécifique de la maladie mentale; il s’agirait alors, par exemple, de découvrir le cheminement d’une personne ayant connu un parcours psychiatrique, d’appréhender les difficultés psycho-sociales du malade et celles de ses proches, d’interroger les questions liées à l’opinion du grand public, à l’exclusion, voire à la maltraitance…
Chaque équipe dont le projet aura été retenu pourra, à sa demande, bénéficier:
– d’une animation “Santé mentale” – généraliste ou orientée en rapport avec la thématique choisie par l’équipe effectuée par un permanent de la L.B.F.S.M.;
– d’une formation à l’outil vidéo et d’une aide technique ponctuelle à la réalisation dispensée par le Centre de Formation d’Animateurs (C.F.A.), 40 rue du Houblon – 1000 Bruxelles et financée par la L.B.F.S.M.
Un jury, composé, entre autres, de jeunes, de professionnels de la santé mentale, des médias et de l’enseignement, sélectionnera les projets qui seront primés. Une séance sera organisée, vers la mi-mai 2002 , où seront favorisés les aspects à la fois festifs et de rencontres entre le public et les équipes; dans la mesure du possible, toutes les vidéos réalisées, qu’elles soient ou non primées, pourront y être appréciées et discutées par tous.
Ce concours est doté d’un premier prix de 1.240 € (50.000 F). Celui-ci, accordé par la L.B.F.S.M., récompensera la meilleure réalisation tant sur le plan du fond que sur celui de la forme.
Un second prix de 620 € (25.000 F), attribué par la Fondation Nationale Reine Fabiola pour la Santé Mentale est destiné à encourager à la fois la qualité du contact dans la rencontre avec un autre particulièrement fragilisé ainsi que la continuité des liens ainsi établis.
Un prix de 248 € (10.000 F), sera remis à la réalisation plébiscitée par le public présent lors de la séance publique de remise des prix qui sera organisée vers la mi-mai 2002.
D’autres prix, actuellement en cours de discussion, viendront sans doute s’ajouter à ces derniers. Date limite de rentrée des projets: mercredi 14 novembre 2001 .
Eric Messens et Françoise Herrygers
Pour tous renseignements et pour recevoir le règlement et le programme complet du projet pédagogique «A la rencontre de l’autre»: Ligue Bruxelloise Francophone pour la Santé Mentale 53, rue du Président – 1050 Bruxelles, tél: 02-511 55 43 de 9h. à 17h. fax: 02-511 52 76, mél: lbfsm@skynet.be
En Région wallonne
‘A la rencontre de l’autre’ est un projet pédagogique de sensibilisation à la différence et de lutte contre l’exclusion. Ce projet sous forme de concours, s’adresse aux jeunes de l’enseignement secondaire supérieur tous réseaux confondus et s’étend sur tout le territoire wallon.
En 2000-2001, treize écoles se sont mobilisées dans ce projet de sensibilisation à la santé mentale. Les élèves se sont intéressés aux ‘autres’, les ont rencontrés et, dans la plupart des cas, ont réalisé une activité commune dont ils ont témoigné lors d’une présentation publique le 26 avril. Ce projet a bénéficié de l’appui des centres PMS.
Le grand gagnant de ce concours était la classe de 6e Humanités sportives de l’Athénée Royal de Jambes. Les douze jeunes de cette classe ont été à la rencontre des SDF: ils ont réalisé deux activités: une soupe-trottoir le jour de la Saint-Valentin pour leur réchauffer le cœur et un café-trottoir un mois plus tard pour lier d’autres connaissances et partager davantage, connaître leur passé, leurs conditions de vie, leurs problèmes. Sur scène le 26 avril, ils ont proposé une pièce de théâtre sous forme de monologue et chant.
Ont également été primés: l’Athénée Royal de Marchienne-au-Pont pour son projet ‘Expressions réalisé avec des jeunes en phase de décrochage , en collaboration avec l’Hôpital Van Gogh (service de neuro-psychiatrie) et l’Institut Sainte-Marie de Seraing pour son projet ‘Une soupe pas comme les autres’, un témoignage haut en couleur de l’acceptation des différences.
La quatrième édition de ce projet sera lancée en novembre 2001. Si vous êtes intéressé par ce projet, vous pouvez déjà contacter la Ligue wallonne pour la santé mentale au 081-23 50 10.