Septembre 2010 Par Emilie VANDERSTICHELEN F. DEKEYSER Initiatives

Pour la troisième année consécutive, le service Promotion Santé des Mutualités Libres organise des sessions de groupe pour arrêter de fumer. Cette année, il s’est associé au Service d’Étude et de Prévention du Tabagisme (SEPT). Ce sont donc deux acteurs de la promotion de la santé qui ont uni leurs forces pour le mieux-être des personnes songeant à se libérer de la fumée… Le slogan de cette saison: ‘Ensemble, c’est mieux’.

Le modèle de Prochaska et Di Clemente comme référence

La référence au modèle transthéorique a guidé les choix thérapeutiques et stratégiques du programme, afin de ne pas confronter prématurément le patient fumeur à ce qui devait longtemps plomber sa démarche: la violence du sevrage.
En effet, ce que représente, aux yeux du fumeur, la vie sans tabac, c’est un cauchemar autant qu’un rêve. Aussi doit-on passer du rêve au projet . Puis du projet possible (apprivoisé, rendu personnel), à sa mise en œuvre, à l’action. L’accent doit être enfin porté sur l’anticipation de la rechute afin d’armer le fumeur abstinent, de le rassurer dans un choix parfois pénible et profondément courageux.

Des objectifs élargis

En amont de la visée comportementale, symptomatique, cognitive, en amont de la visée du sevrage, la première ambition de nos sessions de groupe est de permettre aux participants:
-de questionner leur(s) dépendance(s) et leur ambivalence à l’égard du tabac;
-de mieux cerner la fonction de la cigarette, afin d’envisager des réponses alternatives;
-de renforcer leur sentiment d’efficacité personnelle ainsi que leurs motivations;
-de solidariser leurs défis, de mutualiser les ressources et moyens mis en œuvre au sein du groupe;
-d’évoluer sereinement vers un niveau propice à l’action (se trouver prêt à l’arrêt ).
Par ailleurs, il s’agit d’accompagner le processus au-delà d’un arrêt qui remue bien des choses et de consolider la démarche engagée par les participants. L’espace de parole où tout prend plus de sens, et la dynamique de groupe y contribuent largement: nous pouvons tabler sur l’émulation du groupe et sa capacité à faire émerger l’objectif commun.
Construire, aménager, poser les jalons d’un projet devenu prioritaire; le faire ensemble et cependant pour soi-même, au nom de ses valeurs et d’un projet de vie personnel: voilà qui nous attache à la notion d’empowerment.

Une approche par étapes

Une première séance se présente sous la forme d’une conférence illustrée, ouverte à quiconque se questionne sur le thème du tabac: fumeurs, ex-fumeurs, non-fumeurs. Interactive, elle se rapporte à l’imagerie publicitaire qu’a déployée l’industrie du tabac durant le XXe siècle afin de conserver ses plantureux bénéfices au-delà de la mort semée dans les rangs de ses consommateurs.
Suivront cinq animations, destinées à un groupe de maximum 15 personnes qui souhaitent arrêter de fumer, quel que soit le stade auquel elles se situent. En effet, ce programme est ouvert aux personnes encore hésitantes face à l’arrêt autant qu’aux personnes déjà prêtes à passer à l’action.
Les cinq séances ont une durée de 1h30 à 2 heures. Elles sont encadrées par un duo constitué d’un psychologue et d’un tabacologue.

Le ‘phone coaching’ comme soutien supplémentaire

Innovant, ce ‘phone coaching’ permet aux participants de recevoir un soutien supplémentaire après les séances de groupe. Pendant les entretiens téléphoniques, ‘le coach’ évalue la situation du participant en fonction de ses objectifs, de son parcours et de son vécu. Il lui procure ensuite des conseils personnalisés de sorte à le soutenir dans sa démarche de sevrage.

Une récompense pour encourager la participation

Le participant ayant été présent aux cinq séances de groupe recevra un cadeau destiné à deux personnes. Pour la motivation dans un processus de sevrage, cette notion de récompense est importante, aussi bien pour le participant que pour son entourage.

Une évaluation de type qualitatif

Au-delà des aménagements (de l’arrêt, notamment) qui peuvent être actés, s’agissant du comportement tabagique, il nous semble opportun – serait-ce au niveau modeste, exploratoire , où nous limitons notre investigation – de mettre en lumière des profits latéraux, moissonnés presque incidemment par les participants grâce aux rencontres, aux échanges, aux réflexions. L’expérience acquise auprès des publics fragilisés nous permet d’affirmer que les bénéfices d’un tel programme ne se limitent pas à la question tabagique: ils peuvent se révéler beaucoup plus globaux et pourront affecter d’autres dimensions de la qualité de vie des participants.
Pour des infos complémentaires: stoptabac@mloz.be. Internet: http://www.mloz.be/stoptabac
François Dekeyser , responsable Service d’Étude et de Prévention du Tabagisme (SEPT asbl) et Émilie Vanderstichelen , chargée de la promotion de la santé aux Mutualités libres