Une journée de défis pour l’ONE et la Promotion de la Santé à l’École
La sixième réforme de l’État et ses conséquences au niveau de la répartition des compétences santé intra-francophones, n’ont (presque) plus de mystère pour les professionnels. Ils n’ignorent pas que la vaccination, les dépistages néonatals, la promotion de la santé buccodentaire et la PSE (Promotion de la Santé à l’École) n’ont pas été transférés aux régions.
Ces matières sont restées sous la tutelle du Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles mais sont dorénavant gérées par l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) et non plus par le Ministère de la Fédération Wallonie-Bruxelles via sa (défunte) Direction générale de la Santé.
Un nouvel interlocuteur donc pour les professionnels de la PSE, qui a saisi l’occasion, lors d’une première journée de formation organisée le 8 septembre 2016 pour le secteur, de se présenter et de rassurer.
Rien ne change… ou presque
Le rôle de l’Office est, comme l’était celui de la Direction générale de la Santé, de procéder à l’agrément des services PSE, d’en gérer les subventions et d’en assurer l’accompagnement et le contrôle selon les modalités prévues par les décrets en vigueur et leurs arrêtés d’exécution. Il assure de même le secrétariat de la Commission de la Promotion de la Santé à l’École.
Cependant, outre ces aspects administratifs, l’ONE veille également à la formation continuée du secteur et lui fournit un accompagnement, entre autres, au niveau scientifique et de la médecine préventive. Pour ce faire, il continue à collaborer avec les Services communautaires de promotion de la santé (SCPS).
Une nouvelle équipe, issue du personnel transféré de la Fédération Wallonie-Bruxelles, a été constituée au sein de l’ONE pour former la Direction de la Promotion de la Santé à l’École. Son rôle est de poursuivre les missions liées aux subventionnements, à l’agrément et à la gestion administrative et financière du secteur. Elle trouve sa place dans l’organigramme de l’ONE au sein du Département de l’Accompagnement.
Conjointement à la Direction de la Promotion de la Santé à l’École, la Direction Santé de l’ONE a été renforcée afin d’appuyer le travail des équipes sur le plan médical, scientifique et d’éducation/promotion de la santé.
Un médecin coordinateur, une assistante administrative, une référente éducation pour la santé ainsi que trois médecins conseillers constituent la base de ce pôle; il est complété par des expertises du pôle ‘Recueil de données sanitaires’, du pôle ‘Politique de vaccination’, du pôle ‘Communication-formation-information’ et du secrétariat de la Direction Santé.
Leurs missions consistent, entre autres, à proposer des orientations en matière de santé publique et de promotion de la santé, à collaborer à l’élaboration de lignes directrices et de recommandations de bonnes pratiques fondées sur les preuves, à rendre des avis sur les questions médicales, à organiser des échanges de pratiques entre services et des journées de formation continuée etc.
L’ONE a la volonté de continuer les partenariats existant précédemment et les différentes collaborations avec le secteur, que ce soit la Commission de la Promotion de la Santé à l’École bien sûr, les différents Services Communautaires, Provac ou la Fondation pour la santé dentaire par exemple.
Le premier défi que l’ONE a dû relever et qui est, il l’espère, sur le point d’aboutir, est de toiletter les textes législatifs afin d’adapter l’existant au nouveau contexte dans lequel la promotion de la santé à l’école s’inscrit maintenant. Le texte du projet de nouveau décret réalisé par l’ONE, en concertation avec la Commission de la Promotion de la Santé à l’École, se trouve actuellement sur la table de la nouvelle ministre en charge de l’Enfance, Alda Greoli.
Et qu’en pensent les représentants du secteur?
La Promotion de la Santé à l’École ne fut pas en reste pour présenter ses inquiétudes et ses espérances.
Car si apprendre à se connaître demandera sans doute un peu de temps, le secteur de la Promotion de la Santé à l’École et l’Office partent avec l’avantage, selon Fabienne Henry, présidente de la Commission PSE, de partager des valeurs communes. Elles se traduisent par le souci de veiller à la santé des jeunes et des enfants, le souci de les aider à promouvoir leur capital santé et le souci, autant que faire se peut, de réduire les inégalités sociales de santé. Ayant évolué dans la même direction en passant d’un modèle biomédical à une conception holistique de la santé des enfants et des jeunes, et portant une attention aux déterminants sociaux de celle-ci, il est possible pour les deux partenaires de construire ensemble autour de ces valeurs communes.
Néanmoins, selon Fabienne Henry des défis s’annoncent: assurer plus d’homogénéité organisationnelle dans le secteur (tous les services et les centres doivent assurer les mêmes missions), trouver des solutions au problème récurrent de pénurie de médecins et d’infirmiers au sein des services PSE, réaliser une évaluation objective pour rendre compte de la diversité des modalités et de l’intensité de la réalisation des missions pour construire et essayer d’améliorer la situation sur le terrain.
Autre défi important, l’actualisation du décret et de ses arrêtés d’application. Plusieurs points doivent être revus: le cadre légal de la visite d’école, l’harmonisation des pratiques (notamment des pratiques vaccinales)…
Enfin, il serait nécessaire de repenser le recueil standardisé des données sanitaires (qui doit s’inscrire dans l’ensemble des systèmes de récolte de données existants), de se donner les moyens d’assurer la continuité du service et de ses qualités de prestation, de remettre au sein des services une direction médicale spécifiquement rémunérée comme référent médical permanent, et de réaliser une analyse des besoins de formations de base et continuée.
La population scolaire change, la Promotion de la Santé à l’École doit toujours s’adapter, réfléchir à de nouvelles stratégies!
Se revoir
Cette première journée de formation, organisée en partenariat avec le Service Communautaire Question Santé, avait le triple objectif de rencontrer le secteur, de mieux se connaître et d’aller plus loin sur des thématiques pouvant être utiles aux professionnels.
Pour ce faire, plusieurs intervenants sont venus faire le point sur leur recherche: l’APES-ULg a présenté quelques résultats de ses travaux sur les projets de service; le Professeur Szmalec a abordé les caractéristiques des cerveaux bilingues; le Dr Sonck est venu exposer la recherche action réalisée par l’ONE sur le soutien au développement du langage, tandis que le professeur Maillart faisait état de l’avancement de ses recherches sur les freins et les soutiens à l’acquisition du langage chez les enfants fréquentant l’enseignement maternel…
Enfin les médecins inspecteurs d’hygiène des deux régions sont venus faire le point sur les modalités de coopération pour les Services PSE depuis la régionalisation de la surveillance des maladies infectieuses.
In fine, la journée, riche en rencontres et en échanges, a permis à chacun d’exprimer ses questionnements mais également ses éventuelles inquiétudes suscitées naturellement par le changement. Chacun a pu retourner chez lui avec à tout le moins l’assurance que l’intégration de la promotion de la santé à l’école dans les missions de l’ONE est au fond un gage d’approfondissement de la cohérence du continuum du suivi des enfants, des consultations prénatales à l’école.
Si la nouveauté peut générer des angoisses, la volonté de l’Office est de continuer à offrir un support quotidien au secteur, pas seulement au niveau administratif mais également par un accompagnement de qualité tout en tenant compte de ce qui existe déjà et des partenaires présents. De telles journées sont amenées à se réaliser régulièrement. Elles souhaitent répondre aux attentes de formation continuée du secteur et prendront en compte besoins et suggestions.