Septembre 2014 Par FEDITO BXL Initiatives

Les risques de plus en plus importants auxquels font face les usagers de drogues ne peuvent plus être ignorés

Le jeudi 26 juin 2014, des centaines d’activistes de plus de 75 villes dans le monde ont fait entendre leurs voix dans le cadre de la campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ (‘Support. Don’t Punish’). Le but de cette journée d’action était de sensibiliser l’opinion publique quant aux dommages causés par les politiques actuelles relatives aux drogues.La campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ demande aux gouvernements de mettre fin à la guerre contre la drogue. Cette guerre n’a réussi à réduire ni la demande ni la consommation de drogues. Elle a entraîné des épidémies de sida, de tuberculose et d’hépatites dans le monde entier. Elle a également alimenté les violations des droits humains et a mené à l’incarcération massive des plus vulnérables et des plus pauvres. Sa mise en oeuvre a coûté des milliards de dollars.«La campagne met en lumière l’amplitude de la catastrophe causée par la guerre contre la drogue depuis un demi-siècle» affirme Ann Fordham, Directrice du Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC). «Nous savons que cette guerre est impossible à gagner et génère des dépenses injustifiées. Au lieu de punir les usagers de drogues, nous devrions leur offrir des services répondant aux problèmes sociaux ou de santé auxquels ils/elles sont confronté(e)s, tout en respectant leurs droits humains».En matière de politique des drogues, le monde bouge. Bruno Valkeneers, responsable de Liaison Antiprohibitionniste, nous explique que «Ce mouvement a été amorcé avec la Déclaration de Vienne en juillet 2010 appelant à des politiques des drogues fondées d’abord sur la santé publique. La guerre à la drogue menée depuis 50 ans est un échec: malgré les moyens policiers, militaires et financiers considérables dépensés, les drogues restent disponibles et consommées, les organisations criminelles liées au trafic sont toujours plus puissantes, violentes et prospères. La répression et la pénalisation de l’usage de drogues, sans réduire le nombre de consommateurs, aggrave les dommages encourus et rend difficile l’accès à l’information et aux outils dont les consommateurs ont besoin pour prendre soin de leur santé».Catherine Van Huyck, directrice de l’asbl Modus Vivendi, poursuit: «Dans ce cadre les programmes de réduction des risques peinent à essayer d’introduire une certaine justice sociale, un rééquilibrage timide pour les usagers de drogues qui ne peuvent pas ou ne veulent pas rentrer dans les chemins tracés de l’abstinence. Si la réduction des risques liés à l’usage des drogues est efficace en termes de santé publique, elle n’est possible que si les consommateurs sont respectés dans leur existence et dans leurs droits en tant que citoyens, selon les principes démocratiques rappelés dans la Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé (OMS)».La consommation de drogues n’est donc pas qu’une question médicale ou juridique. C’est d’abord et avant tout une question de société, c’est-à-dire sociale, éthique et culturelle.Sébastien Alexandre, directeur de la Fedito bruxelloise insiste: «Saviez-vous qu’en Belgique, 62 % des dépenses publiques liées aux drogues illégales sont affectées à la sécurité, 34 % à l’assistance et seulement 3 % à la prévention et 1 % à la réduction des risques? Il est temps qu’on rééquilibre quelque peu cette balance. Temps aussi qu’on reconnaisse la réduction des risques comme un des piliers de notre politique de santé en matière de drogues -en complémentarité aux volets préventifs et curatifs – et qu’on définisse un cadre législatif clair qui facilite la mise en place des actions tout en protégeant les travailleurs et en garantissant l’accès des usagers de drogues à ces services».Alexis Deswaef, président de la Ligue des droits de l’Homme, plaide pour la mise sur pied d’une politique volontariste de réduction des risques. «En optant pour une approche exclusivement sécuritaire de l’usage de drogues, les gouvernements successifs s’éloignent d’une approche globale et intégrée du phénomène. Or, il conviendrait de mettre l’accent sur des considérations de santé publique dans ce domaine. Il est dès lors urgent que le prochain gouvernement belge clarifie la réglementation de l’usage de drogues et mette en oeuvre une politique de réduction des risques volontariste et respectueuse des droits et libertés des usagers. Dans la foulée, le Parlement doit initier un débat éthique approfondi sur l’opportunité de décriminaliser les comportements entourant l’usage de drogues, comme c’est notamment le cas au Portugal».Le 26 juin était aussi la Journée internationale des Nations Unies contre l’abus et le trafic illicite de drogues. Ce jour est utilisé par de nombreux gouvernements pour célébrer la guerre contre la drogue et est même l’occasion dans certains pays d’organiser des exécutions publiques. La campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ cherche à se réapproprier cette journée et à promouvoir une approche qui soit plus efficace et plus humaine, basée sur la santé publique et les droits humains.En Belgique, la campagne était pilotée par Liaison Antiprohibitionniste, La Ligue des Droits de l’Homme, le Centre d’action laïque, Modus Vivendi, la Fédération bruxelloise francophone des institutions pour toxicomanes, Dune et l’International Drug Policy Consortium. Ces acteurs espèrent susciter une plus large mobilisation dans notre pays à l’avenir.

La campagne ‘Soutenez. Ne punissez pas’ en quelques mots

Il s’agit d’une initiative mondiale menée par le Consortium International sur les Politiques des Drogues (IDPC), le Réseau International des Consommateurs de Drogues (INPUD), l’Association Internationale de Réduction des Risques (HRI), et l’Alliance Internationale pour le VIH/SIDA.Elle plaide pour que les gouvernements commencent à investir dans des réponses plus efficaces et plus rentables de réduction des risques pour les usagers de drogues, pour la dépénalisation des usagers de drogues, ainsi que pour la suppression d’autres lois entravant les services de santé publique.Plus d’informations sur www.supportdontpunish.org/fr.