Mars 2013 Par Institut de Santé Publique (ISP) Centre Fédéral d'Expertise des Soins de Santé (KCE) Institut national d'Assurance- Maladie (INAMI) Initiatives

Le Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE), en collaboration avec l’INAMI et l’ISP (Institut scientifique de santé publique) a étudié la performance du système de santé belge. Les résultats ont été comparés avec ceux de 14 autres pays européens.

De nombreux points positifs sont à relever, tels que le taux de vaccination chez les enfants, la survie à 5 ans après un cancer du sein ou du côlon, la relation avec le médecin généraliste, l’utilisation croissante des médicaments bon marché, etc.

Certains points restent à améliorer, entre autres la participation aux dépistages du cancer du sein et du cancer du col de l’utérus ainsi que le suivi des patients diabétiques. En outre, trop d’antibiotiques sont encore prescrits et les Belges sont encore trop exposés aux radiations médicales. Enfin, le vieillissement des médecins généralistes est préoccupant, ainsi que les inégalités sociales de santé.

Un taux favorable de vaccination chez les enfants, une bonne qualité des soins et une efficience satisfaisante

Le taux de vaccination chez les enfants se situe au-dessus de la moyenne européenne. La qualité des soins enregistre des résultats positifs comme en témoigne la très bonne survie à 5 ans après un cancer du sein ou du côlon. Les Belges entretiennent en outre une très bonne relation avec leur médecin généraliste et plus de 90 % des personnes interrogées se déclarent satisfaites de leurs contacts avec le secteur des soins de santé. Quant à l’efficience globale de notre système de santé, elle n’a pas été mesurée en tant que telle mais le nombre croissant d’hospitalisations de jour et le recours grandissant aux médicaments bon marché indiquent que nous allons dans la bonne direction.
Il est important que l’attention accordée à ces efforts ne se relâche pas afin de conserver ces bons résultats.

Les points d’attention : le nombre élevé de suicides, la surcharge pondérale, le screening insuffisant de certains cancers, les inégalités sociales…

En comparaison avec les autres pays européens, le taux de suicide est très haut en Belgique. En outre, le nombre d’habitants en surpoids est en augmentation et nous faisons trop peu d’exercice physique. Les femmes appartenant au groupe cible pour les dépistages du cancer du sein ou du col de l’utérus se font trop peu dépister tandis que celles en dehors du groupe cible pour le dépistage du cancer du sein y ont trop recours. Ce qui est contre-productif pour la santé publique et aboutit à une mauvaise allocation des moyens financiers.

Les personnes appartenant aux classes sociales défavorisées bénéficient souvent d’une moins bonne santé: elles vivent moins longtemps et leur santé se dégrade plus vite, elles souffrent plus souvent de surcharge pondérale et la mortalité infantile est plus élevée parmi elles. Elles mènent aussi un mode de vie moins sain (mauvaise alimentation, tabagisme, manque d’exercice physique). Enfin, elles participent moins au dépistage du cancer et sont moins bien suivies en cas de diabète.

Les antibiotiques sont encore trop prescrits, et, hormis chez les enfants, on ne remarque guère d’amélioration dans ce domaine. Le suivi des patients diabétiques n’est pas assez conforme aux recommandations cliniques de bonne pratique. Le nombre de césariennes continue d’augmenter, avec une grande variabilité entre les hôpitaux.

Quoiqu’ayant légèrement diminué en 2011, l’exposition aux radiations médicales demeure très élevée. Enfin, le nombre de patients bénéficiant d’un dossier médical global reste encore assez faible.

L’âge moyen des médecins généralistes augmente de manière inquiétante. En outre, les quotas d’entrée prévus par la Commission de planification (SPF Santé publique) ne sont plus rencontrés depuis déjà plusieurs années.

Un must : la disponibilité des données de santé…

Une amélioration notable a eu lieu dans la disponibilité des données depuis le rapport précédent de 2010 sur la performance. Certaines lacunes subsistent néanmoins dans les sources de données actuelles, et les chercheurs font à ce propos une série de recommandations pour les améliorer.

Ce rapport met aussi en lumière certains points d’attention qui devront être étudiés de manière plus approfondie. Dans certains cas, les décideurs politiques sont déjà conscients des problèmes et ont commandité des études supplémentaires afin de déterminer les mesures à prendre.

Ce rapport, qui rend compte de la situation actuelle, a pour objectif final l’amélioration tangible de la performance. Les responsables politiques devraient donc fixer des objectifs mesurables qui tiennent compte de ses recommandations.
Cette mesure de la performance fait suite et élargit le champ du premier rapport KCE-INAMI-ISP publié en 2010 (rapport KCE n°128). Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la Charte de Tallinn, signée en 2008 par tous les pays européens, qui se sont engagés à mesurer et évaluer régulièrement la performance de leur système de santé.

Le prochain rapport belge sur la performance paraîtra en décembre 2015.

Vrijens F, Renard F, Jonckheer P, Van den Heede K, Desomer A, Van de Voorde C, Walckiers D, Dubois C, Camberlin C, Vlayen J, Van Oyen H, Léonard C, Meeus P. La performance du système de santé belge Rapport 2012. Health Services Research (HSR). Bruxelles: Centre fédéral d’expertise des soins de santé (KCE). 2012.
KCE Report 196B. D/2012/10.273/111.
Ce document est disponible en téléchargement sur le site du KCE, https://kce.fgov.be/fr

La présentation qui précède ne donne qu’une faible idée du travail considérable réalisé en amont de la publication de ce rapport, et notamment du processus de sélection des 74 indicateurs finalement retenus, avec l’appui d’une soixantaine d’experts. Certains indicateurs et experts sont issus de la promotion de la santé, ce qui est assez inédit. Nous y reviendrons plus longuement dans un prochain numéro.